À un mois du verdict final de la zone CONMEBOL, l’occasion était donnée aux multiples prétendants à la qualification de se placer de la meilleure des manières pour aborder la dernière ligne droite. Si l’Uruguay et le Pérou y parviennent, Argentine et Chili se retrouvent en pleine tourmente. Et pourraient ne pas s’en relever.

Assomé à domicile par le Paraguay, le Chili ouvrait la soirée chez son rival de voisin, la Bolivie. Il y avait des odeurs de piège à l’Hernando Siles de La Paz, entre déclarations fracassantes des uns et des autres avant le match, l’affaire des points perdus qui embrasait la Bolivie et le début de crise de nerfs côté chilien, la soirée ne pouvait pas mieux débuter. Et le piège s’est refermé sur la Roja de Pizzi. Il suffisait de voir Vidal en pleurs, Alexis tête baissée pour se rendre compte de l’immensité du drame vécu par le Chili. Comme la semaine dernière les deux stars sont passées à côté de leur match, comme la semaine passée, elles ont déversé leur frustration par médias et réseaux sociaux interposés. Pizzi avait planté une défense à quatre avec Isla et Beausejour totalement plantés en défense, avait musclé son milieu à trois avec el Gato Silva, Díaz et Hernández et laissé ainsi totale liberté au trio Vidal, Vargas, Alexis chargé de faire ce qu’il pouvait. Etait-ce la peur qui a fait que le Chili a oublié ses principes de jeu ? La Bolivie n’a pas fait d’état d’âme. La Verde a pris le contrôle de la partie, s’est créée les premières situations (Martins devant Bravo) et n’a laissé que 10 minutes d’espoir au Chili, les dix dernières du premier acte quand Vidal a manqué un but tout fait, quand Alexis et Vargas ont semblé pouvoir faire la différence. Mais au retour des vestiaires, l’affaire était pliée. Les cadres aux abonnés absents, le milieu dépassé comme face au Paraguay, le Chili a vécu 45 minutes de souffrance et logiquement craqué sur une main du malheureux Marcelo Díaz qui a permis au Conejo Arce d’inscrire le seul but de la rencontre sur penalty. Pizzi a tout tenté sur son banc, espérant encore que le duo colocolino Paredes – Valdivia allait le sortir de la galère, allant jusqu’à sortir Vidal pour faire entrer Leo Valencia. Mais rien n’a fonctionné. Un match nul n’était pas un bon résultat, le Chili a fait pire, il a perdu. 17 ans que cela ne lui était pas arrivé à La Paz. Lors de ces éliminatoires-là, le Chili avait raté la qualification pour le mondial asiatique. 17 ans plus tard, le risque d’un nouvel échec est plus que jamais réel. Avec ses cadres qui évoquent désormais leur envie de tout stopper, il se pourrait que le peuple rouge dise au revoir à l’une de ses plus belles générations d’ici quelques semaines.

Du côté de Barranquilla, l’heure n’était pas aux coups de blues personnels, la réception du Brésil et ses huit victoires consécutives venant s’ajouter au fait que la Seleção est la bête noire de la sélection cafetera étant l’occasion rêvée de finir de convaincre les sceptiques que cette Colombie-là peut envisager un voyage en Europe en 2018. Les hommes du Profe Pekerman l’ont fait. Car ce choc entre les deux premiers des éliminatoires a tenu ses promesses, les deux formations proposant un football rythmé où le Brésil, par son jeu de transition rapide, a posé bien des soucis au jeu plus posé, plus patiemment construit des Cafeteros. Alors les deux formations se sont répondues coup pour coup. Aux tentatives de Willian qui faisait briller Ospina, Cuadrado, Falcao, James et Cardona répondaient en menaçant Alisson. Alors que l’on pensait rentrer aux vestiaires sur un score nul et vierge, une dernière banderille brésilienne allait faire mouche lorsque Neymar remisait sur Willian qui allait trouver la lucarne opposée d’Ospina. 1-0 à la pause pour le Brésil, le coup était rude mais cette Colombie sait les digérer, bien aidée par son capitaine buteur qui, sur un centre de Santiago Arias venait couper de la tête et tromper Alisson. Alors qu’elle semblait avoir un peu de mal dans le jeu, la Colombie était revenue au score. Le « coup pour coup » se poursuivait. A un coup franc colombien sauvé par Alisson, Ospina répondait par un sauvetage devant Firmino, à James répondait Neymar. Mais le score n’allait plus évoluer, les deux leaders de la zone se sont neutralisés, si le Brésil ne risquait rien, la Colombie prend un précieux point là où personne n’y parvenait depuis 8 matchs et reste accrochée au bon wagon.

Le bon wagon, Equateur et Pérou entendaient bien le prendre. Chacun n’avait donc qu’un seul objectif, s’imposer à l’Olímpico Atahualpa. Malheureusement pour les supporters de la Tri équatorienne, le ressort s’est cassé, surtout offensivement. Car si Banguera veillait à garder son équipe dans le match face aux offensives péruviennes bien plus tranchantes, la domination équatorienne restait plutôt stérile, les Juan Cazares, Antonio Valencia, Enner Valencia et autres Felipe Caicedo semblant sans véritables idées pour déstabiliser la défense de la Blanquirroja. Pourtant, la meilleure occasion du premier acte restait la barre trouvée par le centre-tir de Jefferson Orejuela en milieu de premier acte. Le Pérou allait attendre le second acte pour véritablement faire parler son organisation. Parfaitement plantée, tournant offensivement autour du pivot Paolo Guerrero, les Flores, Cueva tournant autour, la Blanquirroja de Gareca avait décidé de prendre en main son destin, elle posait alors le pied sur le ballon contrôlait la partie. Cueva et Guerrero plantaient les deux premières banderilles, les récupérations hautes des visiteurs allaient finir par payer. Sur l’une d’entre elles, Edison Flores avançait balle au pied et, n’étant pas attaqué, déclenchait sa frappe, Banguera ne pouvait que la toucher, le Pérou ouvrait le score. À peine le temps de souffler qu’un nouveau contre péruvien était lancé. Guerrero avançait, temporisait, décalait Cueva qui rattrapait son contrôle raté par un autre décalage pour Paolo Hurtado, 2-0, l’Olímpico Atahualpa s’éteignait, l’émotion d’un exploit envahissait les cœurs péruviens. À plusieurs reprises le Pérou pouvait tuer le match, Guerrero manquant le 3-0 et malgré la réduction du score signée Enner Valencia sur penalty consécutif à une faute de Christian Ramos (qui lui valait un rouge), les hommes de Gareca tenaient leur exploit. Jamais le Pérou ne s’était imposé à Quito, ce 5 septembre, une bande d’hommes en rouge et blanc l’a fait. Ils se retrouvent désormais quatrième et donc en position de qualifiés pour la prochaine Coupe du Monde à deux journées de la fin. 35 ans après la dernière apparition en phase finale d’une Coupe du Monde.

Tension maximale au Monumental où l’Argentine n’avait pas le droit à l’erreur en accueillant la lanterne rouge vénézuélienne. Les résultats de la soirée ne pouvaient pas ne pas être connus et les faits étaient clairs : une victoire et l’Argentine prendrait provisoirement une inespérée deuxième place, mais surtout aurait son avenir entre ses mains. Alors, plus que vaincre le sentiment d’impuissance généré par le nul au Centenario, l’Albiceleste devait gagner. Alors, l’Argentine a fait du Sampa. Pression totale, intensité et rythme effréné, d’entrée de partie, le Venezuela s’est retrouvé acculé dans son camp, frappé de toute part. Troisième minute, Mascherano trouvait Icardi pour lancer le bal des offensives. Messi distribuait au cœur du jeu, Ángel Di María et Lautaro Acosta n’en finissaient plus de débouler sur leurs ailes. Et, à l’image d’Icardi, continuait de gâcher soit par maladresse, soit parce qu’elle allait faire la connaissance d’un pibe que tout suiveur de LO connait parfaitement, Wuilker Fariñez qui, après avoir été le héros face à la Colombie allait récidiver face à l’Argentine. Rafael Dudamel avait demandé à ses joueurs de se montrer intelligents, de savoir gérer les moments dans le match, sa Vinotinto allait le faire à merveille. Car à 0-0 à la pause, l’Argentine, qui avait perdu un excellent Di María en milieu de premier acte, commençait à désespérer et allait commettre une erreur. Banega perdait le ballon au milieu, le Venezuela bondissait, Córdova lançait Murillo, plus vertical, ça n’existe pas, Sergio Romero pouvait se coucher, les visiteurs venaient d’ouvrir le score. Panique à bord en Argentine, surtout à la télévision qui commençait alors à implorer l’entrée de Dario Benedetto à base de gros plans, mais sur le terrain, le onze de l’Albiceleste avait du cœur et répliquait immédiatement. Le taureau Acuña n’est certainement pas le joueur le plus élégant de l’histoire du football argentin, son énième débordement se transformait en centre que Feltscher, pressé par Icardi, poussait dans son propre but. Cette fois, c’était sûr, l’Argentine avait du caractère, elle allait passer la vitesse supérieure. Benedetto entrait, non pas à la place d’Icardi mais de Dybala, Sampa terminait donc à deux avant-centres, mais rien n’y faisait. Pire, les minutes défilant, le même sentiment d’impuissance que celui ressenti au Centenario laissait place à l’écrasante domination et le Venezuela s’offrait quelques situations de semer davantage le doute. Le Monumental commençait à gronder, Icardi sortait, Pastore entrait, cela ne changeait rien. L’Argentine concède un nouveau nul, prend 2 points sur les 9 derniers disponibles et reste désespérément ancrée à cette place de barragiste, plus que jamais sous la menace du voisin situé de l’autre côté des Andes et grand perdant de la journée, le Chili.

Si l’Argentine n’a donc pas profité de la soirée pour se replacer, l’autre grand gagnant est aussi un proche de celle-ci, c’est l’Uruguay. Jamais la Celeste ne s’était imposée à Asunción, le nul ramené en 2011 étant le seul point pris en éliminatoire. C’est désormais chose faite. En reconduisant à un Ángel Romero près le onze qui avait délivré une leçon d’intelligence tactique à Santiago, Chiqui Arce pensait bien en faire de même avec la Celeste de Tabárez. C’était mal connaître le maître uruguayen qui avait décidé de planter un doble cinco Vecino – Valverde, donnant sa première titularisation au gamin de 19 ans, pour répondre à cela. Dans un premier temps, l’Uruguay a tenu la rencontre, le duo Godín – Giménez absorbant le moindre débordement paraguayen, les Almirón et autres Romero venant s’y casser les dents. Dans un second, elle a fait parler son intelligence collective. Le trio du milieu a pris le contrôle du ballon, exploitant à merveille les espaces laissés par les locaux., l’Uruguay s’est créé la meilleure occasion du premier acte avant de se replier en seconde période comme pour mieux attendre le moment. Il venait à la 75e minute sur une frappe détournée de Valverde qui prenait Silva à revers. Le mal était fait pour le Paraguay d’autant que cinq minutes plus tard, Suárez éliminait Silva et provoquait un csc de Gustavo Gómez après un rebond sur la barre. 0-2, affaire pliée. Car si Ángel Romero réduisait l’écart, il ne restait que trop peu de temps. La Celeste retrouve sa deuxième place alors qu’il ne lui reste plus qu’à jouer les deux derniers de la zone.

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.