Le sprint final est lancé. À moins de deux semaines du coup d’envoi de la compétition, les derniers matchs amicaux doivent permettre aux engagés de se rassurer ou de confirmer leur dynamique. En chantier jusqu’ici, l’Australie a confirmé sa montée en puissance.

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Il y avait eu la débâcle en ouverture et les premiers pas plus rassurants face à la Colombie. Autant dire que le troisième test des Socceroos version Bert van Marwijk était attendu avec impatience. L’adversaire du jour, la République Tchèque avait participé au dernier EURO et avait échoué dans la course à la Russie en terminant troisième de son groupe, derrière le champion du monde allemand et l’Irlande du Nord. De quoi donc offrir une opposition intéressante pour continuer à travailler.

Un faux 4-2-3-1

Lors des deux dernières sorties, l’Australie avait clairement affiché son nouveau système, le 3-5-2 de Postecoglou était à ranger au rayon des archives de la sélection, van Marwijk revenait à une défense à quatre plus équilibrée et musclait son milieu. Aussi, la surprise était réelle lorsqu’au coup d’envoi, on nous annonçait un nouveau schéma, un 4-3-3 un poil plus offensif que le 4-2-3-1 des deux précédentes sorties (même le twitter officiel a annoncé le 4-3-3). On aura été rapidement rassuré, pas de 4-3-3 avec le technicien néerlandais. La défense à quatre était de nouveau de mise et gardée par une ligne de quatre joueurs, Leckie et Kruse désignés joueurs de couloir étant positionnés très bas autour du duo plus technique que physique Luongo – Mooy. Devant, alors que Rogić était placé dans le rond central (on va y revenir), Nabbout avait pour mission de rester seul en pointe.

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Car pendant une bonne demi-heure, l’Australie s’est contentée de défendre. Laissant le ballon à une équipe tchèque pourtant loin d’être virulente, les ‘Roos se sont contenté d’attendre bien regroupés et de fermer le moindre espace. Les occasions concédées étaient rares, surtout en raison des mauvais choix des rouges. Puis l’Australie est sortie une première fois, sur une action type de ce qu’on devrait voir son BvM tant elle s’est ensuite répétée. Un départ d’action d’un côté, des relais au milieu, un décalage créé côté opposé et un ballon joué dans la surface où on suit en nombre. Avec des noms, cela donnait centre de Risdon, remise au deuxième poteau de Kruse et but de Leckie dans des cages vides. 1-0 sans rien avoir réellement montré, de quoi tout de même se rassurer. D’autant que dans la foulée, un copier-coller terminait par une frappe de Rogić puis Mooy chauffait encore les gants de Kubek. Les ‘Roos avaient pris le contrôle de la partie, celui-ci allait s’accentuer en deuxième période après le but en solitaire de Nabbout dès le retour des vestiaires. Le match était plié, la République Tchèque avait alors déposé les armes, l’Australie pouvait dérouler. Mooy remontait d’un cran au milieu et distribuait à merveille, Behich et Risdon mangeaient la craie dans leur couloir mais les occasions franches manquaient. Qu’importe au final car Leckie s’offrait un doublé, Degenek provoquait le csc de Jugas et l’Australie pouvait ainsi s’offrir un large succès 4-0 qui va clairement faire du bien au moral des troupes et surtout lui offrir quelques certitudes.

Attention au trompe l’œil

Car si la victoire permet de se rassurer, elle donne une confiance au groupe et surtout a permis de montrer clairement quelle sera la philosophie de BvM avec ces ‘Roos-là, notamment quand l’opposition sera plus musclée. Oublié le pressing tout terrain, la recherche d’agression de l’adversaire pour récupérer le ballon, oublié le désir de posséder le ballon, des caractéristiques de l’Australie de la Coupe des Confédération par exemple, la nouvelle Australie mise sur l’occupation de l’espace, cherche à réduire les possibilités adverses en se regroupant dans son camp et mise sur la vitesse des hommes de couloir et la vista de Mooy pour contrer. Cela peut fonctionner, à la condition de ne pas se laisser surprendre dans le dos comme ce fut le cas à certaines reprises lorsque les passes se montraient plus verticales (souci déjà aperçu lors de la débâcle norvégienne), même si le duo Sainsbury – Milligan a souvent bien couvert l’axe. Balle au pied, cette Australie a de la qualité, le duo Luongo – Mooy lui en apporte énormément dans l’entrejeu et pose de nouveau la question de la présence ou non de Jedinak dans le onze de départ. Face à une République Tchèque peu concernée cela passe mais face à des nations qui vont imposer plus d’impact, plus d’intensité, on ne sait pas encore si ce duo pourra résister ou s’il faudra encore revoir les plans en profitant de la puissance du milieu d’Aston Villa.

Mais la grande nouvelle de cet amical est que l’on a enfin vu ce que BvM allait proposer offensivement avec ses ‘Roos. Ces derniers montrent ainsi une volonté systématique d’aller chercher la largeur plutôt que la profondeur, disposent des hommes qu’il faut dans le couloir (et du réservoir capable de prendre le relai sur le banc), la rampe de lancement que constitue le duo Mooy – Luongo est essentielle, Rogić est un point d’ancrage précieux et quasi-indispensable au cœur de l’attaque, n'hésitant pas à redescendre pour se coller aux deux centraux, mais ce système condamne Nabbout à se contenter de miettes devant. L’autre souci posé par cette recherche systématique des couloirs est qu’elle est parfois un peu mécanique, peut être anticipée. Malgré cela, l’ensemble se met en place, après deux premières sorties pauvres en occasions créées, l’Australie a montré qu’elle pouvait construire, qu’elle pouvait jouer. Il ne lui reste désormais plus qu’un match pour définitivement s’en assurer et confirmer sa nette montée en puissance. Pour cela, elle pourra s’appuyer sur la confiance et les certitudes acquises ce vendredi.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.