Avec deux énormes chocs au programme et notamment le début d’un triptyque de tous les dangers pour l’Uruguay, la soirée d’éliminatoires sud-américains promet d’être intense. Notamment au Chili qui abat sa dernière carte.

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22 heures, Bolivie – Pérou

Après le voisin et rival du Sud, place au voisin de l’Est. Victorieux à Lima, le Pérou doit désormais capitaliser en déplacement en se rendant à La Paz. Bonne nouvelle, la fédération bolivienne a annoncé autoriser la présence de supporters de la Blanquirroja à l’Hernando Siles pour le duel.

Sur le terrain, la situation de la Bolivie est toujours aussi inquiétante – voire perdue – mais le sélectionneur César Farías veut y croire encore affirmant en conférence de presse qu’il y a « une colère interne et de bonnes vibrations dans le groupe » et ajoutant « nous avons deux matchs à domicile qui arrivent, Pérou et Paraguay, ce sera l’occasion de faire ce que nous n’avons pas pu montrer contre l’Équateur ». César Farías annonce également quelques modifications dans son onze, devant également faire sans Erwin Saavedra, positif à la COVID-19. On devrait ainsi revenir à une ligne de quatre derrière et se veut plus ambitieuse dans le jeu histoire de rappeler au Pérou ses mauvais résultats à La Paz. Car sur le terrain, le Pérou n’a jamais gagné à La Paz en six matchs d’éliminatoires, la seule victoire l’ayant été sur tapis vert (et ayant contribué à envoyer la Blanquirroja en Russie).

Une Blanquirroja qui doit faire sans Miguel Trauco, suspendu, ni Paolo Guerrero et Edison Flores, blessés et qui s’ajoutent aux absences de Raúl Ruidíaz, Renato Tapia, André Carrillo et Yordy Reyna, alors que Sergio Peña est incertain. Les dernières sessions laissent penser que le Tigre Gareca ne changera cependant pas son système, plaçant Gabriel Costa à la place de Flores et lançant l’un des héros de Quito, Gianluca Lapadula seul en pointe.

22h30, Venezuela – Équateur

Après le match de préparation de Guayaquil, la Tri équatorienne se rend au Venezuela, autre équipe du fond du classement avec l’idée de capitaliser et se rapprocher davantage du Qatar. Après un peu plus d’un an à la tête de la sélection, Gustavo Alfaro, qui a affirmé « avoir désormais une base » a réaffirmé les ambitions des siens : « L’idée est que l’Équateur joue avec la même attitude à domicile et à l’extérieur. Notre objectif est de gagner chaque match, nous savons clairement ce que nous jouons en affrontant le Venezuela. Je dispose de joueurs jeunes qui possèdent une très grande ambition associée à ce sentiment de fierté et d’appartenance que leur transfèrent les plus âgés ». Sur le terrain, la Tri devra faire sans Byron Castillo, blessé et s’interroge encore sur la possibilité d’aligner sa machine à perforer Gonzalo Plata. Sur le papier, la Tri reste sur quatre matchs sans défaites face au Venezuela, ayant ramené au moins un point des deux derniers déplacements à Caracas et n’a encaissé qu’un seul but lors des quatre derniers matchs d’éliminatoires, celui de la défaite en Uruguay.

Face à la Tri, la Vinotinto veut poursuivre sur la voie montrée lors des derniers matchs, notamment face au Brésil où « l’effort fut maximal ». Le sélectionneur Leo González a pointé « les erreurs tactiques qui ont coûté les buts » et exhorte les siens à « rester concentrés durant quatre-vingt-dix minutes face à un rival très difficile, très différent du Brésil. Ils vont nous presser haut et être très rapides sur les transitions offensives, il faudra être très disciplinés ». La Vinotinto devra cependant faire sans Joshua Mejía, blessé, et ne pourra compter sur Sergio Córdova, rentré en Allemagne pour raisons personnelles. Mais la Vinotinto pourra s’appuyer sur son élément déstabilisant et auteur d’un grand match face au Brésil : Yefferson Soteldo. La dynamite de Toronto est le joueur le plus impliqué dans les buts de sa sélection (trois passes décisives et un but soit une implication sur quatre des six buts de la Vinotinto) et celui qui a créé le plus d’occasions (dix-sept). Il sera évidemment l’atout principal de Leo González dans ses rêves de décrocher enfin une victoire.

23 heures, Colombie – Brésil

Par Pierre Gerbeaud

Forte de son point arraché en Uruguay, la Colombie essaiera d’être la première équipe à prendre des points face au Brésil dans l’enfer de Barranquilla. L’enfer parce que pour la première fois de ces éliminatoires la Colombie jouera à 16 heures, à un moment où le soleil ne sera pas couché et donc avec une température qui devrait osciller entre trente et trente-cinq degrés et une grosse humidité. Interrogé sur le sujet Reinaldo Rueda a reconnu qu’il « ne savait pas si c’était vraiment un avantage. » Le sélectionneur colombien devra faire minimum un changement puisque Juan Guillermo Cuadrado est suspendu pour ce match après avoir reçu un avertissement jeudi. Pour le remplacer Juan Fernando Quintero apparait comme la solution la plus probable, même si Luis Sinisterra pourrait être la surprise du chef. L’autre changement majeur devrait être en point avec la titularisation de Duván Zapata. L’attaquant formé à l’América a raté une énorme occasion jeudi et il a l’occasion de se rattraper, lui qui n’a plus trouvé le chemin des filets depuis un an avec la sélection. 

Côté brésilien l’évènement sera le retour de Neymar, suspendu contre le Venezuela. Le Parisien profitera de l’occasion pour prendre seul la cinquième place au classement du nombre de sélections, laissant derrière lui Pelé et Djalma Santos, la presse brésilienne se demandant ce dimanche ce qu’il doit faire pour « être respecté ». S’il n’avait pu arriver à temps pour le premier match en raison de sa convocation tardive, Douglas Luiz est bien à la disposition de son sélectionneur et pourrait pourquoi pas débuter vu les difficultés entrevues jeudi contre la Vinotinto. Avec le billet presque validé Tite pourrait faire tourner et continuer sa revue d’effectif, ayant déjà annoncé qu’en plus de retour de Ney, il devrait procéder à d’autres modifications, la question se posant sur le fait qu’il pourrait se passer de l’un des deux Gabriel devant ou alors retirer l’un des milieux alignés à Caracas, le choix se portant entre Gerson, Lucas Paquetá et Everton Ribeiro. Mais n’allez pas lui parler de test, Tite vous répondra : « Je n'aime pas utiliser le terme « test ». Mais je le comprends et je le considère comme une opportunité. Les athlètes, avec le niveau qu'ils ont, sont déjà suffisamment testés dans leurs clubs. Ils se livrent à une concurrence loyale. Casemiro n'est pas là, mais Fabinho joue. J'encourage ce type de concurrence ».

L’historique est assez simple à faire. Jamais la Colombie n’a réussi à battre le Brésil en éliminatoires (six victoires brésiliennes et six matchs nuls). C’est dire si rien que prendre un point serait un exploit pour la sélection cafetera

1h30, Argentine – Uruguay

Avec Jérôme Lecigne

Début d’une trilogie de tous les dangers pour l’Uruguay avec un clásico del Río de la Plata pour débuter avant de se rendre au Brésil. C’est un match toujours particulier que ce clásico. Plus de cent vingt ans d’histoire charriée par vingt-deux acteurs sur le rectangle vert. C’était le dernier match qu’avait joué les deux équipes avant la crise de la COVID-19, en novembre 2019. Les deux se sont aussi déjà retrouvés au Brésil pour une victoire serrée mais logique de l’Argentine. Le match ici sera moins capital, l’Albiceleste étant déjà en très bonne voie pour se qualifier et l’Uruguay ne comptant pas vraiment sur ces trois points très difficiles à obtenir. Cela fait en effet cinq matchs de qualifications que l’Uruguay n’a pas battu l’Argentine, la dernière fois étant en 2013 (3-2, au Centenario). Mais qui sait, ce match peut justement être l’occasion d’une bonne surprise. L’Uruguay va se présenter diminué avec la suspension de Bentancur et les blessures de Giménez et De Arrascaeta. Bentancur est remplacé au milieu par Torreira, De Arrascaeta par De la Cruz et Giménez par Araujo. En défense, cela veut dire quelque chose puisque cela « relègue » Coates à un poste de numéro 4 dans la hiérarchie. Araujo prend du grade et monte petit à petit en puissance. Les deux autres changements sont logiques. En attaque, on retrouvera Suárez qui a fait une très bonne première mi-temps contre la Colombie avant d’être remplacé, mais on ne retrouvera toujours pas Cavani qui devrait rester sur le banc. Une autre indication d’un changement de hiérarchie et d’un changement de style : l’Uruguay va désormais sans doute jouer avec une seule pointe. Tábarez a présenté ce match et le suivant au Brésil comme une sorte de test alors que l’Uruguay a la chance de montrer que c’est une « grande équipe » face aux meilleurs du monde. En cas de victoire, ce serait une première, l’Uruguay n’ayant jamais fait mieux qu’un match nul en Argentine lors de matchs des éliminatoires de Coupe du Monde.

Sur l’autre rive du Río, Lionel Scaloni a livré une belle déclaration d’amour au voisin : « L’Uruguay est historiquement un rival difficile pour l’Argentine et vice-versa. Ce sont des sélections historiques et j’admire leur manière d’aborder la sélection, d’affronter les éliminatoires, les Coupes du Monde. J’ai des amis ici, des anciens coéquipiers que j’aime beaucoup. J’aime leur manière d’aborder le football, nous sommes très proches sur ce point. Quand je regarde l’Uruguay, la première chose qui me vient à l’esprit est que c’est une équipe dans laquelle tout le monde tire dans le même sens, qu’importe le système ou les hommes, c’est une équipe et c’est ce que j’aime le plus de cette sélection avec son mélange de jeunes et d’expérience. Ils possèdent un milieu très dynamique, avec des joueurs qui évoluent dans les meilleurs clubs du monde et des attaquants de très haut niveau. L’Uruguay tient tête aux meilleures sélections du monde, ce sera un match très difficile, très dur, comme le sont tous ces matchs d’éliminatoires mais avec un Uruguay qui est l’une des sélections les plus puissante au monde ». Une Argentine qui sait aussi que le danger n’est pas encore écarté, l’Uruguay n’étant qu’à trois points, comme l’Équateur. Mais une Argentine qui n’entend pas modifier ses plans, certaines de ses forces : « Je ne changerai pas ce que nous avons déjà fait, car je crois que nous l’avons bien fait, je veux continuer de potentialiser ce que nous avons et corriger certaines choses ». Concrètement, Lautaro fait son retour en pointe, les seules interrogations se trouvent à savoir si au milieu le duo Paredes – Lo Celso sera aligné de nouveau ou si Scaloni lui préfère Guido Rodríguez et Papu Gómez, auteur d’une belle entrée face au Paraguay et surtout, les couloirs. Le chantier reste le même, Nicolás Tagliafico devrait être testé à la place d’Acuña quand Montiel et Molina sont encore en concurrence de l’autre.

2 heures, Chili – Paraguay

Pression maximale sur la Roja. La défaite de Lima n’a pas seulement porté atteinte à la notion d’honneur mis à mal par le fait que le grand rival l’a emporté, elle a surtout sérieusement compliqué, voire anéanti les rêves mondiaux de la génération dorée. Avec désormais l’obligation de prendre dix-neuf et vingt-quatre points restants et d’envisager voir les équipes de devant vaciller, le Chili se retrouve face à un choix délicat : soit considérer que l’affaire est entendue et se mettre tout de suite au travail pour 2024/2026, soit rêver encore et repousser l’inévitable. L’espoir est la voie suivie par un Martín Lasarte qui dès le coup de sifflet final au Pérou a exhorté le peuple à suivre les siens et a poursuivi en conférence de presse d’avant-match : « Les deux derniers matchs n'ont pas été bons. Les trois derniers étaient en déplacement. Nous avons joué de bons matchs contre le Brésil et la Bolivie. Nous avons très bien joué. Contre l'Équateur, nous avons fait un bon match. Nous avons assez d’éléments pour rêver de cette possibilité [de se qualifier]. Je suis utopiste, mais je pense que c'est possible. La première chose que nous devons faire est de croire. Ne plaçons pas le football sur un plan aussi rationnel. Après une grande défaite peut venir un grand triomphe. J'y crois et mes joueurs y croient ». Il faudra en effet y croire alors que se présente un Paraguay qui ravive le douloureux souvenir d’un 3-0 qui avait déjà fortement compromis les rêves russes. La pression est ainsi à son maximum sur les épaules d’un Martín Lasarte qui pourrait ne pas résister à la triple fecha d’octobre et en est parfaitement conscient : « Au football, lorsque vous n'atteignez pas vos objectifs, vous subissez une pression externe et interne. Vous avez l'impression que vous n'avancez pas comme vous le souhaitiez ou le vouliez. J'ai eu beaucoup de bons et de mauvais moments. C'est le football et la vie. […] Si une évaluation doit être faite, elle le sera. Ce n'est pas la première fois. J'ai déjà travaillé ici, j'ai déjà quitté mon poste parce que j'avais compris que cela pouvait être mauvais. C'est ma façon de travailler, ma façon d'être. Je crois simplement que nous pouvons renverser la situation et entrer dans la lutte ». Une lutte qui débute donc par le Paraguay, devant à cinq points et avec un groupe quasi complet – Medel absent en défense – et avec le retour d’Arturo Vidal au milieu et un schéma annoncé en 4-3-3, Alexis et Jean Meneses devant entourer la pointe Ben Brereton.

Côté Berizzo, la belle performance face à l’Argentine est encore dans les mémoires et les certitudes présentes. « Nous avons une idée de ce que nous allons faire demain. Le Chili est un rival dynamique avec un milieu qui crée le jeu et des couloirs qui apportent de la profondeur. On s’attend à un match intense, nous devrons profiter des espaces qu’ils laisseront en défense. Nous avons montré nos forces, la dangerosité de notre ligne d’attaque, on espère poursuivre dans cette voie. Nous sommes une équipe verticale, rapide, nous sommes en confiance non pas à cause du résultat lui-même, mais parce qu’il nous a permis de mesurer notre force contre un grand rival et de croire que nous sommes capables de lutter ». Privé de Júnior Alonso et Mathías Villasanti (suspendus), Toto Berizzo devrait inclure Omar Alderete aux côtés de Gustavo Gómez et apporter Ángel Cardozo Lucena au milieu. Une question demeure : ajoutera-t-il un attaquant supplémentaire devant, auquel cas Alejandro Romero Gamarra serait le candidat numéro 1.

Le programme (heures française)

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.