Quelle journée incroyable ! Alors que les trois premières journées ont délivré un classement étrange, certaines équipes étaient dans l’obligation de gagner afin de ne pas louper le bon wagon. Résultat, de la tension et des buts à la pelle.

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Groupe A : la Corée du Sud déçoit

Après deux victoires étriquées face au Liban et à la Syrie, les hommes de Bento se déplacent en terres hostiles pour faire face aux Iraniens. Heureusement pour eux, le stade Azadi sonne creux. Et alors qu’on pensait que les Iraniens imposeraient leur puissance physique et leur jeu ultra-vertical à domicile, les voici qui laissent le ballon aux Coréens. Il ne se passe pas grand-chose si ce n’est ce double sauvetage de Kim Seung-gyu sur une frappe de Azmoun et un retourné de Taremi. Il ne fallait par contre pas arriver en retard pour la deuxième mi-temps, une passe lumineuse de Lee Jae-sung trouvant Son en bout de course qui ajuste facilement Beiravand (0-1, 48e). Les Coréens sont devant et c’est donc à ce moment-là que leurs ennuis commencent. Ezatolahi s’offre un rush solo dont l’envoi termine sur le poteau. Cet avertissement n’est pas sans conséquence. Sur la phase suivante, Azmoun est décalé sur la droite. Le gardien ne sort pas complètement, Azmoun a tout le temps de centrer pour Jahanbakhsh dans une défense passive. Sa tête, pas d’une puissance folle, rentre dans les filets coréens, bien aidée par les appuis en mousse de Kim Seung-gyu (1-1, 75e). Deux minutes plus tard, Taremi envoie un énorme cachou qui s’écrase lui aussi sur le poteau. Les Coréens sont bien payés, mais c’est à eux que revient la dernière occasion, une frappe de Na Sang-ho bien déviée par Beiravand dans le temps additionnel. Une bonne opération pour les Coréens qui ressortent indemnes de leur déplacement le plus compliqué.

Dans un stade King Abdullah II drapé d’une superbe ambiance des supporters syriens, Syrie et Liban se retrouvent pour un derby toujours chargé d’histoire. Les Syriens n’ont pas démérité face à la Corée du Sud et auraient même pu créer l’exploit sans ce but encaissé en fin de match. En face, les hommes d’Ivan Hašek n’ont jamais été ridicules et attendent toujours de jouer à la maison pour montrer ce qu’ils valent. Ce sont pourtant bien les Syriens qui démarrent la rencontre pied au plancher. Le Liban prend l’eau en contre-attaque et sur un énième débordement d’Al-Mawas, le matador Khrbin met les Aigles de Qasioun en tête (1-0, 20e). Les Libanais ne s’en sortent pas et Al-Somah marque le deuxième, but mais il est signalé hors-jeu (45e). C’est à ce moment-là que tout se décante. Haidar décale Maatouk qui fait danser Weiss et centre pour Kdouh qui trompe Alma (1-1, 45e+ 1). À peine le temps de se remettre de ce goal que Kdouh, servi par Nader Matar, envoie un missile qu’Alma ne peut dévier (1-2, 45e+3). Gros coup de bambou pour les Syriens, mais Sonny Saad leur assène un dernier coup au moral sur un beau tir hors de la surface qu’Alma juge mal (1-3, 53e). Ce but va sonner la révolte des Syriens et Al-Somah s’offre un superbe tir en pivot pour redonner de l’espoir aux siens (64e). S’ensuit un siège désordonné de la surface libanaise, mais Mostafa Matar veille au grain. Au bout du temps additionnel, Khrbin voit sa tête s’écraser sur la transversale et l’arbitre siffler la fin du match. Superbe opération pour le Liban qui explose son compteur but et prend la troisième place du groupe en ayant déjà joué quatre de ses cinq matchs à l’extérieur. Grise mine pour la Syrie qui ferme la marche du groupe.

Mal de point et devant absolument s’imposer pour décoller des tréfonds du classement, Émirats arabes unis et Irak concluaient la journée du groupe. Mabkhout aurait pu bénéficier d’un penalty à la 15e, mais l’arbitre japonais ne semble pas ému par sa chute. Qu’à cela ne tienne, Caio Canedo ouvre le score à la 33e sur une accélération émiratie et une défense iraquienne apathique. Une défense toujours à la rue et qui pense voir le 2-0 mais Mabkhout rate son tir. Mais les Émiratis se sabordent dans les grandes largeurs. Al-Ammari centre et Al-Attas dévie dans son propre goal (1-1, 74e). Un quart d’heure plus tard, Al-Ammari laisse passer le centre de Mhawi et Aymen Hussein met l’Irak devant (1-2, 89e) ! On pense la victoire proche pour les hommes d’Advocaat mais une nouvelle défense approximative permet à Mabkhout d’égaliser sur le gong (2-2, 94e), laissant les deux équipes en queue de peloton.

Groupe B : La Japon sur un fil

Déjà défaits deux fois en trois matchs, les Japonais accueillent des Australiens qui viennent d’aligner onze victoires de rang. Un must win game pour les Nippons. Et s’il fallait ne retenir qu’un nom de ce match, c’est celui d’Aziz Behich. Dès la troisième, il se fait fumer par Ito qui foire son centre. Cinq minutes plus tard, Behich se troue sur un centre de Minamino, Tanaka croise parfaitement et met le Japon aux commandes (1-0, 7e). Attendant patiemment pour exploser en contre, les Japonais font déjouer les Australiens qui n’ont qu’une occasion, une frappe de Taggart déviée par Gonda sur son poteau. Mais les Japonais n’ajustent pas leurs centres (bien repoussés par les golgoths de la défense centrale) et Ryan est on fire dans ses cages. Résultat, à la 70e, Hrustic envoie un superbe coup-franc dans les filets de Gonda. On se dit que la naïveté nippone a encore payé et que l’écroulement est pour bientôt. Que nenni, à la 85e, Asano lobe Ryan et qui se trouve à la retombée du ballon pour le mettre dans son propre goal ? Notre ami Behich. Avec cette victoire, le Japon stoppe l’hémorragie et se rapproche de l’Australie.

Les deux petits poucets sont toujours là mais avantage aux Omanais, plus en confiance et à la maison. Dès la 15e, Al-Khaldi a la possibilité de mettre les Rouges en tête mais son penalty s’envole dans le ciel de Mascate. Du coup, but raté, but encaissé. Nguyễn Tiến Linh est à la retombée d’un tir dévié par Al-Busaidi et le voilà qui met le Vietnam en pole position (0-1, 39e) ! Mais les Omanais ont de la ressource et Al-Sabhi s’offre une bicyclette pour égaliser avant la mi-temps (1-1, 45e). Et il faut croire que ce but leur a donné des ailes puisque Al-Khaldi, qui avait loupé son penalty, s’offre un corner direct à la 48e (2-1). Finalement, la main de Đỗ Duy Mạnh dans la tronche d’Al-Sabhi offre un deuxième penalty à Oman. Cette fois-ci c’est Al-Yahyaei qui s’y colle et qui donne un avantage définitif aux Omanais (3-1, 63e). Nguyễn Công Phượng fait trembler une dernière fois le poteau mais la victoire n’échappe pas aux hommes d’Ivanković qui s’empare du troisième strapontin grâce à leur différence de but. Pour le Vietnam, c’est toujours un zéro pointé mais on ne s’ennuie pas avec les Golden Star Warriors.

Surfant sur une superbe vague de neuf victoires d’affilée (dont huit en Arabie saoudite, malgré tout), les Faucons avaient à cœur d’enfoncer une Chine complètement dans le doute et qui n’a battu le Vietnam que dans les arrêts de jeu. Et tout semble aller dans le sens des Saoudiens. Al-Najei profite d’une défense aux fraises pour envoyer un missile dans les cages de Yan Junling (1-0, 15e). Vingt minutes plus tard, Al-Najei est à la réception d’un centre d’Al-Ghanam pour faire le break (2-0, 37e). Mais les Chinois se rebiffent dès le retour des vestiaires. Luo Guofu (ou Aloisio pour les intimes) s’offre un lob spectaculaire pour remettre la Chine dans la partie (2-1, 45e). On croit les hommes de Tie Li de retour, mais Al-Birakan s’offre un deuxième but après celui importantissime contre le Japon la semaine dernière. Al-Kanoo à la passe et Al-Birakan à la conclusion et ça fait 3-1 pour les Saoudiens (71e). Mais il ne faut pas crier victoire trop vite. Wu Xi envoie un tir rasant qu’Al-Qarni laisse inexplicablement passer entre ses doigts en mousse (3-2, 86e). Le gardien se rattrape en stoppant la tentative de Luo Guofu dans les arrêts de jeu alors que Alan était démarqué. L’Arabie saoudite a eu chaud mais étend son avantage a douze points et devrait, sauf surprise, être de la partie l’année prochaine au Qatar.

Classements

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Photo une : 2021 Getty Images

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.