La moitié des confrontations pliées dès l’aller, il fallait encore finir le job dans cinq matchs tendus, mais les favoris sont finalement à la fête.

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Ils n’étaient sûrs de rien

Singapour, et son déclin footballistique patent, a failli se faire très peur face aux modestes insulaires de Guam. Alors que les Lions menaient tranquillement 2-0 au match aller, ils ont encaissé un but stupide de la légende Cunlife, trente-neuf ans, qui promettait un match ouvert au retour. Sous les tropiques de Dededo, les Lions sont passés à deux doigts de l’élimination, mais le but de Shawal Anuar en fin de match leur permet de se qualifier au tour suivant dans la douleur. Versés avec la Corée du Sud, la Chine et la Thaïlande, il y a de fortes chances qu’ils finissent avec un zéro pointé au compteur, vu leur forme abyssale.

L’Afghanistan, qui accueillait la Mongolie à Dushanbeh au Tadjikistan, a réussi à surmonter l’instabilité qui entoure la sélection pour s’offrir un précieux succès 1-0 face à ses voisins. Le retour à Ulanbaator s’annonçait compliqué face à une équipe en progression et dure à jouer à la maison. Finalement, le capitaine Farshad Noor délivre son équipe à vingt minutes du terme et offre un peu de bonheur à ce peuple-martyr. À l’étape suivante se dresseront Qatar, Koweït et Inde, soit deux équipes déjà rencontrées aux dernières qualifs, mais qui ne représentent pas non plus un obstacle insurmontable. Si un nouvel entraîneur parvient à ramener un peu de sérénité à la place du psychopathe Al-Mutairi, une surprise n’est pas à exclure.

Ils l’ont fait ! Merci Constantine, le sorcier aux lunettes fumées ! Sevrés de victoire depuis des temps immémoriaux, les Pakistanais ont enfin triomphé d’un adversaire en match officiel et se qualifient par la même occasion pour le tour suivant. Accrocheurs à l’aller au Cambodge avec un 0-0 qui augurait d’une bonne stabilité défensive (une gageure vu les derniers matchs), les Shaheens trouvaient finalement la faille à Islamabad grâce au jeune Harun Hamid, dix-neuf ans et toutes ses dents. La prochaine étape risque d’être plus salée car leur groupe comprend l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Tadjikistan, trois équipes bien rodées qui ne devraient probablement pas perdre trop de plumes face aux verts. Mais méfiance car le Pakistan entrevoit enfin le bout du tunnel et prendra toute rencontre comme un moyen d’engranger de l’expérience. Qui sait s’il n’y a pas moyen de grapiller un point ou deux à la maison…

Maldives et Bangladesh ont l’habitude de se rencontrer et qui ont un niveau plutôt similaire restent difficile à départager. Le Bangladesh a pourtant plus de ressources et de certitudes, mais la suspension de cinq joueurs majeurs à la suite d’une sombre histoire d’importation d’alcool pouvait faire craindre le pire. Et après un aller dans lequel tout s’est décidé dans les dernières minutes (Saad répondant à la 92e à Nazeem qui avait ouvert le score à la 87e), le match retour était similaire niveau tension. Le Bangladesh se retrouve à mener 2-1 mais Sohel Rana décide de laisser ses partenaires à dix. Les Bengalis ont tenu jusqu’au bout et retrouveront l’Australie, le Liban et la Palestine, en espérant ne pas se manger de raclées trop sévères.

Dans le duel de cancres entre le Népal et le Laos, la chance est tombée du côté du premier. Malgré avoir été surpris à Kathmandou (1-1), les Gorkhalis ont réussi à renverser la vapeur dans la chaleur de Vientiane grâce à un but de Dangi. Les Laotiens ne revenaient pas dans le match et stagnent dans les bas-fonds du classement asiatique, tandis que le Népal retrouvera les EAU, Bahreïn et le Yémen. Une bonne occasion pour sa diaspora de garnir les tribunes.

C’était réglé

Après des années cauchemardesques, le Yémen commence tant bien que mal à sortir la tête de l’eau. Même ses équipes de foot reprennent leur marche en avant, la sélection U17 remportant le WAFF Championship de sa catégorie. Ses joueurs ont enfin signé dans des clubs « compétitifs » en Irak et les tauliers sont toujours là. Ils ont facilement réussi à se défaire d’un Sri Lanka qu’on attendait new-look avec sa diaspora, mais qui, au final, n’a aligné qu’une majorité de locaux de faible niveau. Le 3-0 bien sec de l’aller disputé à Djeddah a trouvé confirmation dans la pluie de Colombo avec Matari ouvrant le score dès la 4e minute, avant que Rathnayake n’égalise en fin de partie. Le Yémen retrouve donc ses voisins émiratis et bahreïnis dont on ne donnerait pas sa main à couper de la qualification, ainsi que du Népal.

Le foot n’est pas vraiment le reflet de la société. Sinon comment expliquer qu’un pays parmi les mieux classés dans le niveau de vie, Macao, se fasse rosser sans ménagement par un autre qui fait partie des mauvais élèves mondiaux, le Myanmar ? Larges vainqueurs à Yangon 5-1, les Birmans confirment leur tradition de jeu technique et soyeux. Le 0-0 au retour n’a aucune conséquence et le Myanmar accède au tour suivant. Espérons juste qu’ils ne se fassent pas trop ratatiner par les Japonais, les Nord-Coréens et les Syriens.

Dire que Taïwan a le vent en poupe serait un peu prématuré, mais toujours est-il que l’ile de Formose n’a concédé qu’une seule défaite sur ses sept derniers matchs. Pour un pays plutôt axé basketball et baseball, ce n’est pas un mince exploit ! Dans le cas présent, les Taïwanais se sont facilement débarrassés du Timor oriental, toujours joueur mais manquant cruellement de tout. Un 4-0 propre et net au premier match, un 3-0 des familles au retour, tous les deux disputés à Kaohsiung (le stade de Dili n’étant pas aux normes FIFA), et voilà les Blue Wings propulsés au tour suivant. Face à eux, Oman, le Kirghizistan et la Malaisie. Pas des poids lourds du continent, mais néanmoins il serait irréaliste de penser à une qualification.

Hong Kong avait probablement hérité du tirage le plus facile de ce premier tour (avec l’Indonésie). Confrontés aux sympathiques himalayens du Bhoutan, les Dragons n’ont fait qu’une bouchée de leurs adversaires. Le 4-0 de l’aller qui marque l’éclosion du jeune Udebuluzor, pensionnaire d’Ingolstadt, est suivi d’une défaite 2-0 anecdotique à Timphu. L’Iran, l’Ouzbékistan et le Turkménistan se dresseront sur leur route, une route qui ne devrait probablement pas échapper aux deux premiers cités et dont les hommes d’Andersen essaieront de terminer au moins à la troisième place.

Dans l’affiche la plus déséquilibrée de ce premier tour, l’Indonésie a facilement justifié son statut et atomisé son voisin de Brunei. 6-0 à Jakarta, 6-0 au retour et les voilà face à une montagne. Le groupe de la mort du second tour avec le Vietnam, l’Irak et les Philippines. Impossible de dire, à l’instant T, qui seront les deux qualifiés, tant les dynamiques semblent vertueuses dans chaque équipe (un peu moins pour les Philippines disons). En tout cas, ça nous promet des confrontations alléchantes !

 

Photo une : AAMIR QURESHI/AFP via Getty Images

 

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.