La troisième journée de la phase de qualification n’a certes rien livré de définitif, le marathon ne faisant que débuter, mais elle a montré quelques signes intéressants.

bandeauedition

Suivez les éliminatoires sur LOTV !

Trois journées, c’est évidemment bien peu pour tirer des conclusions sur le dénouement d’un marathon qui commence à peine. Reste que si prendre un bon départ ne garantit en rien de décrocher le Graal final, le manquer pour rapidement causer quelques remous. Et dans ce domaine, les cas de la Bolivie et du Pérou sont inquiétants. La Verde accueillait l’Équateur, qui avait perdu d’un rien en Argentine avant de gagner d’un rien face à l’Uruguay, et devait enfin se lancer après deux cartons pris face aux mastodontes de la zone. Et la Bolivie a encore failli. D’abord par manque de capacité à créer du danger, le premier acte fut ainsi assez pauvre en occasions et les deux portiers, Guillermo Viscarra et Moisés Ramírez l’ont grandement passée de manière tranquille. Ensuite car elle laisse beaucoup d’espaces. C’est l’un d’entre eux que Moisés Caicedo a exploité pour lancer la pépite Kendry Páez et permettre au gamin de seize ans d’ouvrir la marque en inscrivant son premier but sous les couleurs de la Tri. À deux doigts d’être de nouveau punie d’entrée de second acte, la Bolivie a cependant enfin haussé le curseur en deuxième période, les entrées d’Henry Vaca et Rodrigo Ramallo n’y étant pas étrangères, Moisés Ramírez étant alors plus souvent menacé. L’égalisation de Ramallo a un temps ravivé l’espoir à La Paz, celui de voir la Bolivie retourner le match, mais une fois encore, le peuple vert a été douché par une dernière offensive équatorienne et un nouvel oubli de la défense, laissant Kevin Rodríguez tranquillement ajuster Viscarra et ainsi offrir un précieux succès à une Tri qui n’a certes pas été des plus brillantes, mais avance.

De son côté, le Pérou se déplaçait chez le rival du sud, le Chili, pour un choc entre équipes qui sentent déjà le danger se rapprocher. La Roja avait été dépassée en Uruguay, s’était montrée impuissante face à la Colombie, elle n’avait d’autre choix que celui de lancer sa campagne. La chance des hommes de Berizzo est que la Blanquirroja est encore plus inquiétante qu’elle. Incapable de générer le moindre danger, le Pérou a tout d’une victime et a donc souvent subi. S’il n’est resté en course dans ce match, c’est avant tout par la maladresse des offensifs chiliens qui ont gâché bon nombre d’occasions et ont finalement dû attendre l’entrée du dernier quart d’heure pour enfin prendre les devants et la toute fin de partie pour enfin respirer. La victoire chilienne a donc été incontestable et pratiquement incontestée, le Pérou de Juan Reynoso confirme les inquiétudes qu’il générait. Et que son sélectionneur ne semble pas disposer de solution, celle d’Advíncula et Polo pour s’ajouter à Corzo et Trauco et miser sur la vitesse en contre et générer des centres n’a pas fonctionné. Le Pérou n’a toujours pas cadré le moindre tir en trois sorties et de fait, est totalement inoffensif. Impossible dans ces conditions d’avancer.

Avancer, c’est ce que la Colombie souhaitait faire en accueillant l’Uruguay et son redoutable trio du milieu Ugarte – Valverde – De La Cruz. L’affaire a d’abord paru compliquée, l’Uruguay se montrant le plus dangereux, gâchant trois belles situations, mais petit à petit, la sélection de Néstor Lorenzo a trouvé son rythme, s’appuyant sur une surprise du coup d’envoi et plaisir de retrouver à un tel niveau, James Rodríguez. Le capitaine cafetero était un danger permanent sur les quelques situations qu’il pouvait se procurer, bien aidé en cela par Luis Díaz, et délivrait le Metropolitano, contre le cours du jeu. Car le premier acte avait donc été globalement contrôlé par la Celeste, bien plus équilibrée et animée que son hôte, Jhon Arias associé à Matheus Uribe pour aider Wilmar Barrios était le souci du déséquilibre au milieu côté Colombie. Mais bizarrement, le but colombien a fait déjouer l’Uruguay, qui a cru pouvoir se relancer en égalisant d’entrée de second acte, mais a subi un trou d’air qui aurait pu, aurait dû, lui coûter une défaite, encaissant un but discutable d’Uribe dans les minutes suivantes avant que les espaces laissés notamment après la sortie de Nahitan Nández dans le couloir droit entraînent une multitude d’occasions pour la Colombie – dont une folle séquence avec un poteau et une barre. Il n’en fut rien et la Colombie ne pouvant s’appuyer sur une défense suffisamment solide a trébuché en fin de partie. Le nul apparait donc finalement assez logique, il peut satisfaire les deux formations à la condition d’enchaîner ensuite. Et pour l’Uruguay, la prochaine séquence, Brésil à la maison puis Argentine chez le voisin, s’annonce celle de tous les dangers.

Un Brésil qui a montré quelques signes de faiblesse face à une équipe qui lui pose de plus en plus de problème, le Venezuela. Une Seleção qui est apparue assez maladroite – le terrain de l’Arena Pantanal n’aidant aucune des deux équipes – et qui n’a finalement pas montré grand-chose si ce n’est quelques fulgurances. Pire, le Brésil de Diniz a montré quelques carences défensives qu’il n’exposait pas sous Tite. La faute à une équipe qui ne semble plus savoir quand presser l’adversaire, s’exposant ainsi par les espaces qu’elle laisse dans son dos, que ce soit entre sa ligne défensive et le milieu, ou sur les côtés. Autant maladroit et parfois désorganisé fut-il, le Brésil aurait pu l’emporter, s’il avait fait preuve de plus d’efficacité offensive et de justesse technique. L’ouverture du score de Gabriel sur un corner d’un Neymar moins mobiles qu’auparavant mais souvent le plus juste dans son jeu, aurait pu permettre aux hommes de Diniz de s’installer davantage et creuser l’écart. Mais il n’en fut rien, la faute à une équipe qui a fini par perdre son organisation et laissé un Venezuela toujours aussi intéressant balle au pied, se rapprocher. Le but égalisateur – une merveille signée Eduard Bello – est ainsi venu récompenser des hommes de Fernando Batista qui peuvent véritablement commencer à entretenir ce rêve de premier mondial, se montrant bien plus convaincants depuis le début des éliminatoires que certaines équipes qui seront leurs concurrents directs. À commencer par le Chili, prochain adversaire alors que dans le même temps, le Brésil devra retrouver son équilibre à l’heure de se rendre au Centenario.

Il reste tout de même quelques valeurs sûres comme l’Argentine, qui continue d’avancer tranquillement selon un schéma aussi immuable qu’efficace. D’abord, l’Albiceleste est un rouleau compresseur. Malgré l’absence de son iconique capitaine, les hommes de Scaloni ont totalement étouffé un Paraguay venu pour essayer de lutter les yeux dans les yeux, mais qui n’a fait que subir durant une bonne demi-heure, encaissant un but d’entrée de partie sur une merveille signée Nicolás Otamendi, son premier but en sélection depuis une égalisation au Venezuela en septembre 2016, devant ensuite essuyer de nombreuses vagues. Mais aussi impressionnante est cette Argentine lorsqu’elle appuie sur l’accélérateur, elle n’est cependant pas parvenue à prendre le large. Et s’expose. Les incursions des Miguel Almirón et autre Ramón Sosa ont parfois fait passer quelques frissons et la menace d’un retour guaraní est restée constant. L’entrée – le retour – de Lionel Messi a redonné du dynamisme à l’Argentine, la Pulga trouvant la barre sur une tentative d’olímpico di maríesque, son coup franc trouvant ensuite le poteau de Carlos Coronel, mais l’Argentine s’est donc contentée d’une victoire minimale, comme face à l’Équateur en ouverture. Qu’importe au final, car le champion du monde est désormais le seul à avoir signé trois victoires en trois matchs sans avoir encaissé le moindre but.

Classement

 

Photo une : AIZAR RALDES/AFP via Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.