Les OlyWhites néo-zélandais tirent l’un des plus difficile groupe des Jeux Olympiques de Paris 2024. Malgré cela, leur sélectionneur Darren Bazeley ne cesse de croire fermement à une médaille après les quarts de finale de Tokyo.

Le mercure indique vingt-huit degrés Celsius au-dessus de La Turbie. Au centre d’entraînement de l’AS Monaco, les tuniques rouges et blanches ont laissé place au noir de la sélection néo-zélandaise, une couleur peu idéale sous le bouillant soleil du bord de la Méditerranée. Sur le bord du terrain, Darren Bazeley fixe son regard sur les essais de Sarpreet Singh face au but et ceux des autres offensifs convoqués pour Paris 2024. À deux pas du trophée d’Auguste, sur le flanc du mont Agel, Bazeley rêve aussi de titre de grand dirigeant comme l’empereur romain. Avec ses OlyWhites il « croit fermement que tout peut arriver ».

Le sport olympique néo-zélandais brille par ses performances sur l’eau, en aviron, une institution à quatorze médailles d’or et vingt-neuf médailles toutes confondues dont une première apparition en 1920, en Belgique, avec la médaille de bronze de Darcy Clarence Hadfield en skiff (épreuve individuelle). Les archives des OlyWhites aux Jeux Olympiques remontent quant à elles à plus récemment : 2008, en Chine, puis 2012 à Londres. Les deux apparitions avec un résultat anonyme : quatorzième puis bon dernier quatre ans plus tard avec le même bilan aucune victoire, un nul et deux défaites, un but marqué contre sept et cinq encaissés. Disqualifiés des Jeux de Rio en 2016 lors des qualifications océaniennes – en raison d’avoir aligné un joueur inéligible – ceux de Tokyo 2020 ont tout changé avec les débuts d’une génération un peu à part. Quart de finaliste avec une victoire historique en phase de groupe face à la Corée du Sud (1-0), la Nouvelle-Zélande possédait des jeunes pousses portées par le football : Liberato Cacace, Ben Waine accompagné par Chris Wood qui claquait un but contre le Honduras (défaite 2-3) après celui de la victoire contre les Guerriers Taeguk.

Évidemment, quatre ans plus tard, le casting est différent. Il reste Joe Bell, joueur du Viking FC, qui a joué les quatre matchs de 2020. Nottingham Forest a refusé de laisser partir Wood cet été, donnant du crédit à une génération de remplaçants en 2020 pressés de faire leur preuve sur les bords de la Méditerranée contre les États-Unis, la France et la Guinée. La Nouvelle-Zélande tout comme sa proche cousine australienne couve une souche de jeune ayant le football comme sport de prédilection. Bournemouth n’a-t-il pas recruté Alex Paulsen après une excellente saison à Wellington ou encore l’AS Saint-Etienne, à partir de la data, n’a pas hésité à enrôler Benjamin Old. Seule ombre au tableau, Marko Stamenić que l’Olympiakos n’a pas libéré. Après avoir explosé à l’Étoile Rouge de Belgrade, le Serbo-néo-zélandais a été acheté par Nottingham Forest pour cinq millions d’euros puis envoyé en prêt en Grèce. La force de ce groupe néo-zélandais est sa continuité. Onze des quinze joueurs possèdent une ou plusieurs apparitions en équipe nationale, dix viennent tout juste d’être couronnés du titre de champion d’Océanie, le 30 juin, comme Sam Sutton. À défaut d’avoir les meilleurs à chacun des postes, le groupe se connaît déjà.

Photo : Hannah Peters/Getty Images

Bazeley, le cap à suivre

Né à cent kilomètres de Londres à Northampton en 1972, Darren Bazeley commence sa carrière de défenseur à Watford où il évolue pendant dix ans dans les années quatre-vingt-dix avant de finir sa carrière au pays insulaire océanien en 2005 dans la franchise désormais éteinte des Knights. Naturalisé néo-zélandais en 2015, il évolue sur l’ensemble des bancs nationaux, U17, U20, U23 puis l’équipe A nationale. Son historique parle pour lui : en 2015, 2017 et 2023, il fait des All Whites U20 des huitièmes de finaliste mondiaux. « Je veux être ce groupe courageux avec de la volonté sans laisser le ballon à l’adversaire », confiait-il. De là à croire à la médaille ? « Ce sera un énorme challenge, mais on est une très bonne équipe. Je crois fermement que tout peut arriver ».

Mais alors que ses OlyWhites feront face à une équipe de France cherchant l’or et une nation des USA qui reste un mauvais souvenir pour Bazeley avec la lourde défaite au Mondial U17 en huitièmes de finale en Corée du Sud (0-6), le sélectionneur se montre confiant. Et n’oublie pas que ces Jeux Olympiques, qui font suite au titre continental soulevé en juin, seront des étapes essentielles dans l’objectif de la Coupe du Monde 2026, le véritable objectif des All Whites.

 

Photo une : Fiona Goodall/Getty Images

 

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.