Aux côtés des tournois inter-école, il est une autre compétition de jeunes qui anime les entrailles du football japonais : la Prince Takamado Cup. Découverte.

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Depuis maintenant une dizaine d’années, le football japonais se développe à une vitesse folle. La sélection nationale nippone est désormais une habituée des phases finales de Coupe du Monde avec une participation systématique depuis plus de vingt ans. Le football féminin quant à lui compte parmi ce qui se fait de mieux dans le monde avec une victoire en phase finale de Coupe du Monde en Allemagne en 2011, et, plus récemment, les moins de 20 ans remportant la Coupe du Monde en France en 2018. La J.League parvient à attirer des de plus en plus de joueurs et le football est tout près de passer sport national, devant le baseball.

Au cours des années, le football japonais s’est progressivement structuré, professionnalisé et laisse désormais très peu place à l’amateurisme. Tous les acteurs du football prennent leurs responsabilités très au sérieux, de l’entraîneur, à l’arbitre, en passant par la direction technique, etc… Bien que la structure du football national est complètement différente du modèle européen, on peut remarquer qu’il y a une vraie ligne de développement sur laquelle le Japon mise : celle de la jeunesse. À travers les tournois inter-écoles, la création de tournois U12/U15/U18 et prochainement U23, le Japon mise sur sa jeunesse afin de faire progresser le niveau national. Parmi les compétitions mises en place au pays, il est un événement majeur, un tournoi national U18 créé en 2011, la Prince Takamado Cup.

Ce tournoi a rapidement éveillé l’intérêt des fans de football à travers le pays et s’est imposé comme la première compétition de jeunes du pays. Dans un premier temps, il est important de rappeler qu’avant la création de ce tournoi, il n’existait que des championnats régionaux au Japon. Cela avait notamment pour effet d’isoler le football de chaque région, chacune ne pouvant se confronter aux meilleures équipes à un niveau national. La création de ce tournoi a eu pour effet de permettre aux équipes de s’ouvrir à des échanges sportifs à travers le pays. Il est ainsi plus facile d’avoir une vision nationale de ce qui se fait de mieux. Par ailleurs, ça a également eu pour effet de hausser le niveau national, d’acquérir de l’expérience, de permettre aux meilleurs talents de briller et de commencer leur carrière avec des contrats professionnels. Car en effet, ce tournoi sert directement aux clubs de J.League pour recruter leurs nouveaux joueurs.

La Prince Takamado Cup U18 Premier League fait aujourd’hui pleinement partie du paysage footballistique japonais et est l’un des évènements majeurs au même titre que le All High School. La catégorie U18 au Japon suscite un très vif intérêt, et est la catégorie la plus suivie, quasiment au même niveau que la J.League. Il s’agit d’une année décisive ou les joueurs deviennent professionnels et rejoignent la J.League ou non. Aujourd’hui, le trophée est au sommet de sa popularité. La compétition préliminaire accueille des équipes locales issues des neuf régions du pays. Vingt équipes se qualifient pour la phase finale, où elles sont réparties en deux groupes (Est et Ouest) de dix, qui se déroulent comme un championnat, avec des matches aller-retour. Les deux vainqueurs des groupes disputent ensuite une finale afin de déterminer le champion, tandis que les deux derniers de chaque groupe sont relégués en deuxième division.

Le plus intéressant est que les phases qualificatives sont ouvertes à toutes les formes d’équipes locales, ce qui veut dire que ça peut être tant une école, qu’un club. Ce dispositif a permis de mettre en valeur des résultats qui peuvent paraître surprenant vu d’Europe, mais tout à fait normaux vu du pays du Soleil Levant. Les équipes d’écoles (High School) parviennent à se hisser à la phase finale et rivaliser avec les U18 de J.League. C’est ainsi qu’Aomori Yamada High School parvient à se classer première d’un groupe très relevé composé de Kashima Antlers, Kashiwa Reysol, etc… D’autres écoles telles qu’Ichifuna Funabashi (préfecture de Chiba) ou Higasahi Fukuoka (préfecture de Fukuoka) jouent régulièrement les trouble-fêtes en s’imposant régulièrement face à des clubs de J.League.

Les écoles produisent alors de nombreux joueurs, et les clubs de J.League forment de plus en plus de jeunes joueurs qui rejoindront le championnat national. Cette dynamique permet au Japon de posséder un énorme vivier de talents et a révélé de nombreux jeunes joueurs. Takefusa Kubo, considéré comme le futur « Messi » japonais, Takumi Minamino, Genki Haraguchi, Takehiro Tomiyasu, sont par exemple issus de cette génération, et composent en partie la sélection nationale nippone, finaliste de la dernière AFC Asian Cup.

Résumé de la dernière finale (Kashima Antlers 1-2 Sanfrecce Hiroshima)

Ibrahim Ouazzani
Ibrahim Ouazzani
Expert du Football Japonais et Responsable du programme joueurs Elite chez Amazing Sports Lab Japan Inc. Correspondant Tokyo pour LO