Absent de la Coupe du Monde 2014, on pourrait penser que le Paraguay se prépare à sombrer dans une dépression post-Martino, enterrant définitivement les rêves et espoirs suscités par une génération dorée. Et si finalement le meilleur n’était pas à venir ?
1er juin 2014, Allianz Riviera de Nice. En pleine préparation, l’équipe de France s’offre une avant-dernière sortie avant la Coupe du Monde brésilienne. Face à elle, le Paraguay, non qualifié, a au mieux tout du sparring partner, au pire, comme annoncé par la presse, tout de la victime expiatoire. Ce que l’équipe de France et ses suiveurs ne savaient pas, c’est que Victor Genes, le sélectionneur paraguayen avait profité de la rencontre pour préparer l’avenir de sa sélection.
Les générations Sudamericano
Face aux bleus, Victor Genes, sélectionneur intérimaire mais encore en place aujourd’hui, a appelé quatre joueurs qui ont participé au Sudamericano des moins de 20 ans disputé en Argentine l’année précédente et au cours duquel la sélection de jeune guaranies termine deuxième après avoir perdu le dernier match synonyme de finale face à la Colombie. Capitaine de la sélection, Gustavo Gómez, solide défenseur central a depuis émigré vers l’Argentine pour s’installer dans l’axe de la défense d’un Granate en pleine lutte pour le titre. Autre défenseur présent au Sudamericano, Junior Alonso est aujourd’hui l’un des réguliers sur le côté gauche de la défense du Cerro Porteño, quart de finaliste de la dernière Sudamericana, poste auquel il alterne avec Cesar Benitez, ancien international des u20 époque Sudamericano 2009, terminé également à la deuxième place. Cette génération 2009 est également présente en sélection A avec Iván Piris, aujourd’hui en Italie ou encore Hernán Pérez, qui évolue en Espagne.
Devant, deux autres membres de la sélection 2013, deux joueurs passés par Benfica mais partis briller ailleurs depuis : Derlis González et Jorge Rojas. Le premier s’offre du temps de jeu et une visibilité en Ligue des Champions avec Bâle, le second, auteur du coup-franc qui amènera l’égalisation des Guaranies face aux bleus, est toujours sous contrat avec le club portugais mais évolue aujourd’hui en Argentine et s’est installé sur le côté du Gimnasia. Si ces quatre joueurs de la génération 2013 sont déjà installé avec les A, d’autres ont profité de l’année 2014 pour se montrer lors de compétitions continentales majeures. C’est le cas de Cecilio Domínguez et Brian Montenegro, auteur d’une belle campagne de Libertadores avec le Nacional qui, un an après Olimpia, s’est hissé en finale de l’épreuve. Brian Montenegro est depuis parti retenter sa chance en Angleterre en Championship après avoir déjà foulé les pelouses anglaises avec les moins de 20 ans de West Ham il y a quelques saisons.
Les pépites locales
Aux côtés de cette génération prometteuse de moins de 22 ans, comme nous l’avons indiqué, Victor Genés pioche aussi dans la génération du Sudamericano 2009 mais aussi dispose d’un autre réservoir de joueurs d’âge intermédiaire par rapport à ces deux génération et qui brillent d’abord au pays, commençant à montrer sur le continent avant, pour certains, de s’exporter.
C’est le cas des jumeaux Ángel et Óscar Romero. Révélés avec le Cerro Porteño, ils sont depuis séparés pour quelques temps, Ángel étant déjà aux Corinthians alors qu’Óscar, auteur d’une belle campagne de Sudamericana, ne l’y rejoindra qu’en 2015. C’est aussi le cas de Silvio Torales et Derlis Orué, deux membres essentiels du Nacional pendant sa campagne de Libertadores. Ajoutez à ce casting la nouvelle sensation du football local Fernando Fernández, véritable machine à but de Guaraní (32 buts en 45 apparitions en championnat à 22 ans !) qui ne devrait plus tarder à frapper à la porte de la sélection et vous pouvez ainsi mesurer la taille du vivier sur lequel l’actuel sélection (ou le futur – Genés étant encore intérimaire) pourra s’appuyer.
Encadrés par les anciens comme la légende Justo Villar et les expérimentés, Roque Santa Cruz, Victor Cacéres et autres Cristian Riveros, cette nouvelle génération n’a rien à envier à la génération dorée des années 90 ni à celle de l’ère Martino à qui elle doit désormais succéder. Ne lui reste qu’à prendre le temps de grandir ensemble. Et si le Paraguay n’est pas dans la liste des favoris pour la prochaine Copa América, il se servira de ce vivier pour l’aider à apprendre et ainsi poser les jalons de la sélection de demain, celle qui a tout du parfait outsider pour les prochaines qualifications à la Coupe du Monde 2018, celle qui verra cette jeune génération arriver à maturité.