Peu nombreux sont les français à avoir tenté l’expérience sud-américaine. Loin des Trezeguet et autres André-Pierre Gignac, Walter Vaz est parti tenter sa chance en Uruguay. Dans l’ombre du Peñarol et du Nacional, il a ainsi posé ses valises chez l’autre River du rio de La Plata. De la clandestinité aux USA à l'Uruguay, il raconte son incroyable histoire.

Tu as un parcours extraordinaire puisque tu as quitté la France assez jeune.

Exactement, j’ai vécu 17 ans en France et ensuite on a décidé de déménager aux Etats-Unis pour des raisons économiques et familiales qui ont fait que ma mère a voulu changer d’air, passer à autre chose et commencer une nouvelle vie. Le problème c’est qu’on n’était absolument pas préparés, on est parti comme ça du jour au lendemain. Et on a galéré aux Etats-Unis. Il a fallu s’adapter au pays.

Parce qu’en plus, vous êtes tous partis comme ça, sans visa ni rien ?

Oui. On est arrivés dans un pays très strict, sans visas, sans papiers. C’était presqu’impossible, ne serait-ce que d’entrer sur le sol américain. Ils ne comprenaient pas ce qu’on venait faire dans ce pays sans visa, sans famille, sans rien du tout.

On a essayé de se concentrer sur ce qu’on voulait faire et sur le fait de survivre.

Et comment avez-vous tous réussi à passer ? J’imagine qu’à l’aéroport on vous a immédiatement bloqué…

On avait acheté un vol qui nous faisait faire escale à Philadelphie avant de nous amener à Miami. Quand on est arrivés à Philadelphie, on est restés toute la soirée, toute la nuit à parler avec la douane qui ne voulait pas nous laisser entrer. On n’avait aucune raison d’entrer dans ce pays, on n’y avait aucune famille. On était les premiers de ma famille à poser les pieds sur le sol américain. On a passé près d’un jour à parler, à mentir, à essayer de convaincre qu’on était de bonnes personnes qui ne voulaient faire aucun mal si ce n’est vivre. On leur a dit qu’on allait à Miami en vacances, jamais qu’on voulait y rester sinon ils nous auraient renvoyés, que si on n’avait pas beaucoup d’argent, on avait quelqu’un qui pourrait nous aider économiquement à passer ces deux semaines de vacances. Je crois qu’ils en ont eu un peu marre de nous et ont fini par nous laisser passer.

Ce qui a fait de vous des clandestins…

Exactement. Avec la vie qu’on avait, essayer de vivre et trouver du travail, il ne nous ait jamais passé par la tête de faire appel à un avocat, essayer de faire les démarches pour avoir les papiers. Il nous fallait d’abord trouver une maison, de la nourriture, une voiture, on n’avait pas le temps de se concentrer sur ça.

Et comment survit-on dans ces conditions ? Ce devait être la galère absolue ?

La galère, on l’a prise jour après jour en fin de compte. On a essayé de se concentrer sur ce qu’on voulait faire et sur le fait de survivre. Je crois que c’est le mot : survivre. 5 – 10 dollars par jour, vivre jour après jour. C’est comme cela qu’on s’en est sorti. On était presque huit, c’était incroyable. On était dans un pays où vivre sans papiers, c’est comme vivre chaque jour comme s’il était le dernier. Un simple contrôle de police et c’était fini…

…obligé de se cacher en permanence…

Exactement. Ca rendait les choses très compliquées.

Et pourtant, c’est aux Etats-Unis que l’opportunité de l’Uruguay va se présenter à toi.

C’était une surprise totale. Jamais je n’aurais pu penser qu’un agent allait me trouver aux Etats-Unis. A ce moment-là, le football aux Etats-Unis n’était pas aussi important que le basket ou le foot US peuvent l’être. A Miami, il n’y avait pas véritablement d’équipe professionnelle, il n’y avait qu’une équipe de seconde division…

…d’autant que pour toi, sans papiers, les périodes de tests organisées par les clubs US (et qu’on avait évoquées avec Leandre Griffit - voir Léandre Griffit : « J’ai toujours voulu aller vivre aux Etats-Unis ») t’étaient inaccessibles ?

Exactement. J’avais entendu parler de ces camps d’entraînements, de ces détections organisées, mais je ne pouvais y aller. Ca m’a tué parce que je commençais à avoir un sacré niveau, je commençais à me faire un nom dans Miami. C’était dur de savoir que ma condition m’empêchait de viser plus haut.

Le risque c’est qu’en te faisant un nom dans Miami, tu exposais aussi ta famille aux autorités ?

Ma mère avait peur de cet effet papillon. Je me faisais un nom et les gens voulaient connaître mon histoire. Ma chance est d’avoir rencontré des gens qui sont venus m’aider plutôt que m’enfoncer.

Tu avais toujours eu cette envie d’être footballeur ? Tu jouais déjà à haut niveau en France ?

Je n’ai jamais été pro en France. Je suis né en région parisienne avant de déménager et grandir dans l’Oise. Je jouais dans le club du village, j’ai joué 2-3 ans à Clermont mais je n’ai jamais eu l’idée que le football serait ce que je ferai de ma vie. Ce n’est qu’après être arrivé aux Etats-Unis que je me suis rendu compte que je pourrai peut-être viser plus haut.

Et c’est donc aux Etats-Unis qu’arrive la possibilité d’aller en Uruguay. Comment est-ce possible d’être repéré par un club uruguayen ?

Ca a été une surprise totale. Ce qu’il s’est passé c’est que le meilleur ami de mon agent est dirigeant d’une équipe à Miami dans laquelle je jouais. Il me demandait toujours si je voulais vivre du football, ce à quoi je lui répondais : « bien sûr ! ». Il m’a dit qu’il connaissait un agent un Uruguay qui pourrait me trouver une équipe pro là-bas. Je ne l’ai pas cru, ce n’était pas la première fois que quelqu’un venait me dire ça, que j’avais du talent, qu’il connaissait quelqu’un, donc vraiment, je n’y croyais pas. Jusqu’au jour où l’agent est venu d’Uruguay pour me voir. Il voulait alors m’emmener avec lui pour voir si j’avais la possibilité de passer pro au pays. J’ai d’abord dit non pour deux-trois raisons notamment parce que je ne pouvais pas laisser ma famille comme ça. Ma mère, mes frères et sœurs, entre l’anglais, l’école…j’étudiais tu vois. Et surtout je ne pouvais pas partir sans garanties, sans sécurité.

Parce que dans ton cas, départ signifiait surtout impossibilité de revenir ?

Exactement. Si j’allais là-bas, c’était uniquement si j’avais la certitude de jouer pro. Alors j’ai d’abord refusé son offre. Il m’a alors dit « ok, le jour où tu te sens prêt, tu m’appelles ». Je ne l’ai jamais appelé parce que je pensais que ce n’était pas sérieux. L’Uruguay, c’était un pays totalement inconnu pour moi, je ne connaissais pas la langue. C’est comme si tu me disais d’aller au Laos ! (rires) Un an plus tard, il revient avec la même proposition. Ma situation était meilleure. Localement, je dominais le foot à Miami, j’étais bien connu, les choses allaient mieux pour la famille, les enfants étaient à l’école. J’ai alors pris le risque de partir.

Le football ici en Uruguay, c’est autre chose. Ils jouent comme si c’était la finale de Coupe du Monde.

Et donc débarquer à Montevideo sans aucun mot d’espagnol…

J’avais peut-être 15-20 mots que j’avais appris dans les films ! C’était une galère incroyable parce qu’outre la langue, je changeais encore de pays. Tout était différent, la mentalité des gens…

Et au niveau du foot aussi. L’Uruguay n’est pas un pays qui a une tradition d’accueil de joueurs étrangers autres que les voisins sud-américains. Ca s’est passé comment ?

Je suis arrivé à River Plate où j’ai directement intégré l’équipe. Au bout de deux semaines, ils m’ont fait signer un contrat. C’était dur parce qu’il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’européens qui sont en Uruguay. Ca complique les choses parce qu’ils ne te comprennent pas sur et en dehors du terrain. On ne bouge pas de la même manière sur un terrain par exemple. Le football ici en Uruguay, c’est autre chose. Ils jouent comme si c’était la finale de Coupe du Monde. A chaque entraînement, ils jouent avec cette obsession de toujours gagner. Pour nous le foot c’est plus un spectacle, on va voir un match avec les parents pour voir du beau football…ça a totalement changé ma vision du foot.

J’allais y venir. Quand on suit le football sud-américain et uruguayen notamment, on se rend compte que si les joueurs sont extrêmement techniques, l’intensité est souvent démesurée. J’imagine que si en plus on est français, il faut faire deux fois plus ses preuves.

Exactement. J’ai toujours cette charge supplémentaire sur les épaules. Je suis français donc pour beaucoup, je dois faire des choses différentes, exceptionnelles. Sans me faire connaître, sans avoir beaucoup joué dans le club, je suis déjà une petite célébrité parce que je suis français, parce que je joue différemment, je parle différemment. Juste parce qu’ils ne sont pas habitués. Sur le terrain ici, le foot est dix fois plus dur dans l’aspect physique, les joueurs doivent être à 100 %. A chaque match, à chaque entraînement, il faut poser ses tripes, tu ne te reposes jamais. Eux, ils sont habitués, ils ont grandi dans cette ambiance, c’est là où j’ai éprouvé le plus de problème. Je ne connaissais pas ce football qui est vraiment superbe et qui aujourd’hui m’aide beaucoup. Aujourd’hui, je suis différent, je suis devenu un meilleur joueur grâce à tout ça mais c’est vrai que parfois, c’est dur de consumer toute cette intensité qu’il y a dans le football, qui peut vraiment te stresser.

C’est intéressant parce qu’on a souvent la vision véhiculée dans les médias français que le football européen est pourtant plus physique, plus technique.

L’intensité ici, il faut la tenir.

Tu dirais qu’une fois qu’on a joué en Uruguay, on peut jouer partout ?

Sans aucun doute. Si tu arrives à t’imposer ici, tu peux jouer n’importe où dans le monde. Le football sud-américain, c’est le plus dur. Techniquement ou physiquement peut-être qu’en Europe ils ont un autre niveau, je pense que le football européen est plus tactique, plus travaillé, mais ici, celui qui va gagner, c’est celui qui a la plus grosse tête, la plus grosse attitude. Ca se joue sur les nerfs. Si tu te laisses faire, ils te mangent. Il y a une rage collective supérieure à l’Europe. Ca fait la différence. Quand on regarde la sélection uruguayenne lorsqu’elle joue, on voit la différence.

On sent aussi que l’écart au niveau technique s’est réduit ces dernières années. On sent qu’il n’y a plus beaucoup d’écart entre les deux continents.

La vision que j’avais du foot sud-américain, c’était des équipes qui jouent bien mais qui sont jeunes dans les aspects physiques, techniques et tactiques. Je n’avais jamais pensé qu’il y avait des équipes qui sont en train d’évoluer très vite. Mais ces 5 dernières années, ça a explosé. On l’a vu lors des deux dernières Coupes du Monde. Techniquement, ce qu’ils peuvent faire est impressionnant. Ca a été un choc pour moi. Quand je suis arrivé, j’ai découvert tout cela et j’étais content de prendre part à un football tel que celui-là. Jamais je n’aurais pensé qu’ils jouaient comme ça ici, j’ai toujours vu le football sudam comme un football inférieur au football européen.

J'ai sacrifié ma famille pour le foot, mais je ne veux pas vivre avec le regret de ne pas avoir tenté cette expérience

Ca te donne envie d’y rester ? En Uruguay ou ailleurs ?

Ce serait pas mal de rester. C’est ma deuxième année ici, j’avais signé un an et j’ai renouvelé pour une saison en janvier dernier. Ce serait super bien. Rester ne serait pas un problème pour moi. J’ai la chance de faire ce que je rêvais de faire dans ma vie mais c’est vrai que le rêve absolu pour moi serait de retourner jouer en France. Parce que c’est mon pays, là où j’ai grandi et que tous mes amis sont là-bas. J’ai grandi en regardant Telefoot et ce serait l’idéal pour moi de rentrer.

Le souci, c’est que lorsqu’elle pense à regarder en Uruguay, la France ne vient chercher que des gamins de 18-19 ans.

C’est vrai. C’est un peu dur mais je pense qu’il y a des possibilités pour être repéré par l’Italie ou l’Espagne en premier et de là arriver en France. J’ai déjà quelques propositions en France, quelques clubs intéressés.

Ta maman, tes frères et sœur sont restés aux Etats-Unis. L’idée est donc pour tout le monde de revenir en France ?

L’idée c’est de se retrouver. La France, ce serait vraiment le pays où on pourra se retrouver si tout ne se passe pas comme prévu. Le plan aujourd’hui est que tout le monde reste aux Etats-Unis. Les petits frères vont à l’école, ont commencé leur vie. Ils cherchent un moyen d’obtenir des papiers pour vivre légalement. Si ça ne marche pas, on peut toujours revenir et être en France pour se retrouver. Mais je pense que ça fait partie des sacrifices. Dans la vie, il faut toujours en faire. J’ai dû sacrifier ma famille pour réaliser mon rêve et aujourd’hui, je suis là.

C’est aussi ce qui rend cette histoire absolument incroyable. Je ne suis pas sûr que nombreux sont ceux qui envisageraient de tels sacrifices

Je ne pense pas non plus parce que c’est vraiment dur. J’essaie de ne pas trop y penser sinon, j’me tue mais c’est un sacrifice dont j’ai longtemps parlé à ma mère et mes frères et sœurs. C’est pour ça que j’ai longtemps hésité à partir parce que je ne sais pas quand je pourrais revenir. Ce peut être demain ou dans dix ans. C’est un dur prix à payer pour réaliser un rêve, mais je ne veux pas vivre avec le regret de ne pas avoir tenté cette expérience.

La chance que tu as c’est qu’à River, il y a la perspective de la Libertadores en 2016, pour l’exposition, c’est toujours un plus.

Jouer la Libertadores, c’est comme un rêve. Jouer une compétition internationale…je n’avais jamais pensé que j’arriverai à ce niveau-là. Jouer, passer à la télé, c’est un sentiment incroyable. J’ai eu la chance de jouer la Sudamericana l’année dernière, j’ai vraiment aimé. Tu arrives à un tel niveau de jeu. On joue contre des équipes incroyables, qui ont une histoire incroyable, des super grands clubs. De savoir qu’on peut jouer à un tel niveau, c’est vraiment génial. Mon contrat se termine en décembre, je ne sais pas encore si je vais rester en janvier mais si tel est le cas et que j’ai la chance de faire la Libertadores, c’est sûr que je ne vais pas dire non.

Contre Nacional et Peñarol, sur le terrain, tu es seul contre tous

L’avantage, c’est qu’en Uruguay, question géants, entre Nacional et Peñarol, vous êtes servis. Tu les as déjà joués ?

J’ai joué Peñarol avec la réserve. Nacional, c’était mon premier match. J’ai joué 12-13 minutes sur le terrain je crois, c’était incroyable, un rêve. J’étais ému. Jouer contre le Nacional, c’était un rêve.

Il y avait encore Recoba ?

Oui, Recoba, Alonso. Très bonne équipe. Un vrai grand moment pour moi, je pense que je ne l’oublierai jamais.

J’imagine. Peñarol et Nacional, en Uruguay, ce sont des monstres. J’imagine qu’ils occupent 90% de l’attention dans les médias.

Clairement. Même plus. Ici c’est comme Real et Barça. Nacional et Peñarol sont partout, les gens sont super fanatiques de l’un ou de l’autre, c’est toujours dur de gagner face à ces équipes ne serait-ce que par ce qu’ils sont, ce qu’ils représentent. Ce sont les emblèmes du pays. Ils ont cette force, ce truc… ils doivent gagner, les gens viennent pour les voir gagner. Ils appellent un peu tout le monde à être contre toi. C’est le sentiment que tu as quand tu es sur le terrain, tu es seul. Si tu n’as pas une équipe unie, tu perds face à eux.

Vous allez jouer contre eux ce dimanche d’ailleurs (River affronte Peñarol).

On est déjà en train de préparer le match, d’essayer de voir comment on va sortir de l’impasse dans laquelle on est en ce moment. River ne joue pas de la manière espérée. On a perdu des matchs qu’on ne devait pas perdre…

Juan Ramón Carrasco se retrouve sous pression. C’est un sacré personnage d’ailleurs. Est-ce qu’il est aussi fou qu’il en donne l’impression dans les médias ?

C’est un personnage. Fou, il ne l’est pas. Il a une manière de travailler qui est différente mais il est direct. C’est quelqu’un qui travaille autour du foot, il adore le foot, il veut qu’on joue au foot et nous fait travailler comme des malades. C’est un perfectionniste. C’est ce qui est vraiment dur à avaler. Il veut que son équipe joue d’une certaine façon, il est un peu capricieux mais dans le fond c’est un super coach. Il ne pense qu’au football, il parle de foot tout le temps.

On connait le personnage médiatique, on se souvient tous de son célèbre discours d’avant-match avec l’histoire de la vache et du taureau…

(rires) Il est extraordinaire. Il est vraiment complètement différent, il a une manière de voir le jeu différente. Je n’avais jamais connu un football comme celui de Carrasco mais c’est un bon coach. Il dit toujours ce qu’il pense, il est direct. Tu l’aimes ou tu l’aimes pas, il n’en a rien à foutre.

Du coup, c’est extrêmement différent d’Almada que tu as connu en arrivant ?

Almada était plus défensif alors que Carrasco est super offensif. On est toujours en train de travailler autour du neuf, des attaquants. Almada me voulait plus comme un neuf qui attend dans les 18 mètres, qui lorsqu’il reçoit le ballon, le lâche en deux-trois touches. Je n’avais jamais vraiment la chance et la liberté de jouer avec le ballon, de montrer mes capacités techniques. J’ai eu du mal à changer mon jeu, à m’adapter à ce système de numéro neuf qui touche quasiment jamais le ballon. Aujourd’hui, avec Carrasco, j’ai vraiment plus la liberté de toucher le ballon, de courir avec, d’avoir le but devant moi au lieu de travailler dos au but.

A tes côtés dans l’escouade offensive, il y a celui dont tout le monde parle, Michael Santos qui vient d’arriver en sélection.

C’est une superbe personne. C’est quelqu’un aussi qui a une histoire. Il a eu une vie difficile et il le transmet à chaque fois qu’il touche le ballon. Chaque fois qu’il est sur le terrain, il joue pour sa famille. C’est aussi quelqu’un de talentueux. Quand je suis arrivé, il n’était personne encore. Je l’ai vu évoluer, grandir, travailler jour après jour. Je peux te dire que c’est vraiment un exemple pour nous. A chaque match, à chaque entraînement il se donne à fond. Il a eu la chance de travailler avec Almada qui en a fait un meilleur joueur parce qu’il a vu quelque chose que nous n’avions pas vu. C’était une surprise pour nous de le voir exploser comme ça. Il a toujours été là à travailler mais jamais on s’était dit qu’il finirait en sélection.

Pour le club, ça doit être sacrément gratifiant. En Uruguay, derrière les deux géants, la sélection pioche le plus souvent côté Danubio ou Defensor qui sont connus pour être de sacrées écoles…

C’est super pour le club. En plus, ça fait deux trois ans qu’on se qualifie pour des compétitions continentales. Avant River était un club de seconde division, il a dû passer en première division en 2005 et là on est en Libertadores. C’est vraiment quelque chose de grand. Mais c’est vrai que Danubio et Defensor sont des équipes très intéressantes qui chaque année présentent une équipe meilleure avec des joueurs jeunes, explosifs et avec un grand futur. Ce sont vraiment des équipes qui ont fait leur place dans le championnat.

On connait tous les spectaculaires barras du Nacional et du Peñarol, comment sont les hinchas de River ?

Ils sont bien. On n’a pas plus de 5 – 10 000 fans dans le pays mais j’pense qu’on a plus ou moins surtout des gens du troisième âge comme supporters. Mais c’est pareil, l’énergie et l’envie de gagner est la même. On n’est sûrement pas à la même échelle que Peñarol et Nacional mais tant qu’on arrive à faire aussi bien sur le terrain.

C’est aussi l’un des charmes de l’Uruguay. Passer du Centenario à un petit stade planqué au fin fond du pays à la pelouse absolument terrible

(rires) C’est pour ça que je te dis que le foot est compliqué ici. Mentalement ça te tue. Tu peux jouer dans un superbe stade et le lendemain jouer à côté des vaches dans un village perdu. Et pourtant, il faut aller là-bas, mettre la même énergie, gagner et ce, même si le terrain est foutu.

 

Propos recueillis par Nicolas Cougot

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.