Agent incontournable au Costa Rica, Joaquim Batica représente notamment des joueurs comme Joel Campbell ou Yeltsin Tejada. Entretien avec l’un des hommes forts du football au Costa Rica.
Au Costa Rica, Joaquim Batica est une célébrité. Le jeune agent français est notamment l’agent des plus grandes stars locales, citons par exemple Joel Campbell, Yeltsin Tejeda, ou encore John Jairo Ruiz, et a participé aux transferts d’autres internationaux comme celui de Celso Borges à La Corogne, de Ronald Matarrita au New York City ou encore de Rodney Wallace à Arouca puis à Sport, ce dernier devenant ainsi le premier joueur costaricain à évoluer en Serie A brésilienne. Il s’est ainsi bâti une solide réputation au pays grâce à un travail de fond et de long terme, qui contribue encore aujourd’hui à faire changer les regards européens sur les joueurs costaricains qu’il représente, joueurs qui grâce à lui s’exportent, découvrent de nouveaux championnats et de fait aident à la progression du football tico.
En une dizaine d’années, Joaquim Batica est ainsi devenu un incontournable du football costaricain. Au point qu’aujourd’hui, un documentaire lui est dédié et sera diffusé dans les salles du pays. Ce documentaire, c’est l’occasion pour Lucarne Opposée de discuter avec Joaquim. Entretien exclusif.
— TDMás (@tdmas_cr) 10 juin 2017
Joaquim vous êtes un agent de joueur important du Costa Rica, vos clients sont nombreux avec, parmi les plus connus Joël Campbell et Yeltsin Tejeda. Pourquoi vous êtes-vous tournés vers le Costa Rica ?
Je me suis tourné vers le Costa Rica parce qu’en 2008, j’assistais au tournoi de la Copa Chivas à Guadalajara au Mexique et je me suis rendu compte que l’équipe de Saprissa était sûrement la meilleure équipe du tournoi, même si elle a perdu en demi-finale. Je pense même que c’était la meilleure équipe du tournoi. J’ai bien aimé les joueurs qui composaient cette équipe. J’ai donc noué des liens avec Saprissa, j’ai voyagé au Costa Rica. Cette année-là, j’ai invité David Guzmán à participer à des essais en France, à Sochaux. L’année suivante, il fait des essais au Havre avec Mynor Escoe qui signera ensuite un contrat de stagiaire à Lorient. Ces deux joueurs-là ont fait un test au Havre à l’époque où il y avait Paul Pogba dans l’équipe de CFA. Pogba était surclassé car il était plus jeune que tous, mes joueurs sont nés en 90-91, Pogba est de 93. Et j’ai alors commencé à bosser avec le Costa Rica sur cette base-là, cela fait donc maintenant une dizaine d’année. Mais tout est parti d’un tournoi que j’ai vu au Mexique.
Aujourd'hui un film sort à votre sujet. Pouvez-vous nous dire comment cela s'est fait ? Qui a eu l'idée de ce film ?
Effectivement il y a un documentaire qui sort le 22 de ce mois-ci. Le producteur Esteban Quesada m’a contacté via mon site internet l’année dernière, en novembre je crois, pour me présenter ses activités et me dire qu’il avait envie de faire un documentaire sur ma vie d’agent au Costa Rica. Je suis allé au Costa Rica en décembre pour des affaires courantes, aller voir les joueurs, visiter les clubs. J’ai eu l’occasion de le rencontrer, il m’a présenté son projet, nous avons continué à discuter. Cinq ou six jours plus tard, il m’a envoyé un plan de travail, venir à Paris, me suivre pendant plusieurs jours, voyager en Europe pour voir les joueurs costaricains que je représente. Il m’a proposé un projet que j’ai accepté et c’est comme ça que ce travail est né.
On évoquait Joel Campbell, c'est la star du Costa Rica. Comment expliquer qu'il n'a jamais réussi à s'imposer dans ces différents club (Arsenal, Olympiakos, Villarreal, Sporting ) ? Quel regard portez-vous sur la gestion de son cas par les Anglais qui ne semblent pas compter sur lui et le prêtent chaque année ?
A l’Olympiakos, Joel a eu un succès important puisque l’Olympiakos va essayer à plusieurs reprises de l’acheter. Il était titulaire indiscutable, pièce maîtresse du club qui est champion, fait la Ligue des Champions où il marque contre Manchester United notamment même s’ils sont ensuite éliminés. Arsenal l’a en effet prêté plusieurs fois, je souligne toutefois que l’année dernière, il a joué une trentaine de matchs en tout. Au Sporting, je pense que de façon globale cela a été une saison difficile pour le club et en fin de saison, on joue moins lorsqu’on est prêté, c’est normal, le club favorise les joueurs qui lui appartiennent. Je pense qu’un joueur de 24 ans qui a joué la Champions League, a joué un quart de finale de Coupe du Monde, a participé à des championnats comme l’Espagne, la France, l’Angleterre, la Grèce, le Portugal, a un bagage très important et bien évidemment ses objectifs restent importants. Il continue à travailler tous les jours pour accumuler un nombre important de matchs chaque année.
Quel est le regard des clubs français sur les joueurs costaricains ? A-t-il évolué ces dernières années ?
Je pense que le football costaricien n’est pas très connu en France. Il l’est un peu plus depuis la Coupe du Monde 2014. Evidemment les regards ont évolué depuis l’époque où Joel Campbell fait des tests, avec Felipe Chavez, joueur qui évolue aujourd’hui au Costa Rica mais qui avait fait les essais avec Joel en 2010. A l’époque quand j’appelais les clubs pour proposer des joueurs, les clubs étaient assez surpris devant l’origine des joueurs. Aujourd’hui c’est un peu plus dans l’air du temps… ça ne reste pas facile à promouvoir mais beaucoup plus dans l’air du temps.
Propos recueillis par Grégory Chaboche pour Lucarne Opposée
