Le 16 mars 1930, la sélection cubaine dispute le premier match international de son histoire. 77 ans plus tard, alors que les relations diplomatiques entre le pays et son voisin américain se sont détendues, le football cubain ne fait que poursuivre sa révolution. Et continue de chercher un équilibre.
Même si Cuba est l'une des grandes nations sportives du Monde, les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsqu’il s’agit de définir cette île des caraïbes sont toujours les mêmes : « Révolution », « Fidel Castro », « Che Guevara » ou encore « Plages paradisiaques ». Autant dire que la question du football cubain ne semble pas se poser.
Un siècle de championnat amateur, la sélection comme seule fenêtre sur le monde
Le football arrive sur l’île à la fin de la première décennie du XXe siècle importé par des étudiants locaux revenant d’Europe. Parmi eux, Manolo Rodríguez et Raúl Lombardo, les fondateurs de la première association de football cubaine.
Ce sont les immigrants anglais qui sont à l’origine du premier match de football répertorié sur l’île (Sport Club Hatuey - Rovers Athletic Club en décembre 1911) et de la première compétition officielle : la Copa Orr de 1912 (du nom de Richard Orr, administrateur des chemins de fer). Malgré les tourments politiques, le football cubain continue d’exister devenant une activité majoritairement pratiquée par les espagnols. La fédération voit le jour en 1916 et est affiliée à la FIFA dès le milieu des années 20. C’est à cette période que les clubs de La Havane effectuent leurs premiers voyages (Fortuna Sport Club se déplacera au Costa Rica) et que la première équipe étrangère vient taper dans le ballon sur l’ile (le Galicia Sporting Club). De 1925 à 1930, suivront l’Espanyol Barcelone, le Real Madrid, le Nacional de Montevideo (de José Nasazzi), Colo-Colo, Vélez, Libertad ou encore le MTK Budapest. C’est alors que la sélection nationale va voir le jour et prendre le relai dans le rôle de vitrine du football local.
La sélection cubaine de football dispute le premier match de son histoire un 16 mars 1930 contre la Jamaïque en s'imposant 3-1. Elle sera affiliée à la FIFA deux ans plus tard, en 1932 donc, et pourra disputer les éliminatoires de la Coupe du Monde 1934 en Italie desquels elle sortira avec les honneurs en se faisant éliminer par le Mexique au second tour. Mais c'est en 1938 que Cuba va marquer a jamais l'histoire du football dans cette région du monde.
Après le retrait des USA, de la Colombie, du Costa Rica, du Mexique, du Salvador et de la Guyane néerlandaise dans les éliminatoires, Cuba est directement qualifié pour la phase finale en France et devient la première nation des Antilles à participer à une phase finale de Coupe du Monde ! Lors de cette compétition, les Leones del Caribe (Lions des Caraïbes) affrontent lors du premier match la Roumanie et réussissent l’exploit d’obtenir un résultat nul de trois partout après prolongation avec un doublé José Antonio Magrina et un but de Hector Socorro. Deux jours plus tard le match est rejoué et Cuba réalise l'exploit de battre les roumains 2-1 avec un nouveau but de Socorro puis de Fernandez et se qualifie pour les quarts de finale. Face à lui se dressera l'ogre suédois mais le miracle n'aura pas lieu. Cuba subi la plus lourde défaite de son histoire encaissant un cinglant 0-8. Fin d'une belle aventure. Dans un climat de seconde guerre mondiale, le football est ensuite laissé de côté sur l'île et reprendra son cours en 1947 où la sélection cubaine nommera à sa tête Marcelino Minsal qui aura alors pour mission de qualifier l'équipe pour la Coupe du Monde 1950 au Brésil au moment où son championnat devient professionnel. Devancé au tour préliminaire par les USA et le Mexique., Cuba n’ira pas au Brésil, il disparaît quasiment des radars mondiaux.
26 juillet 1953, le football est de nouveau mis de côté du fait d'un événement qui marquera à jamais l'histoire du pays. Une centaine de guérilleros attaquent la caserne de Moncada. Bon nombre d'entre eux seront tués mais certains, comme Fidel Castro et son frère Raúl, sont capturés peu de temps après. Fidel Castro fera de son procès une tribune politique et parlera pendant près de quatre heures pour assurer sa défense. Il finira par ces mots devenus mythiques : « peu importe que je sois condamné, l'Histoire m'acquittera ». Il est condamné à 15 ans de prison sur l'Île de la Jeunesse. Son frère est également condamné à 13 ans de prison. Tous deux seront libérés deux ans plus tard en raison de la pression de personnalités civiles, de l'opposition générale et des jésuites qui avaient participé à l'instruction de Fidel Castro. Le dictateur Batista décide également de libérer tous les prisonniers politiques, y compris les attaquants de Moncada. L'histoire du pays et du sport cubain en général va définitivement basculer.
Le sport au cœur de la politique de la révolution
« En ces temps d'anxiété d'esprit, il faut fortifier son corps pour se maintenir. Dans les villes surtout, où l'air est pesant et étouffant. Pour les enfants, il faut renforcer le corps à mesure qu'ils se renforcent l'esprit »
Les mots sont signés José Marti, artisan de l'indépendance à Cuba, fervent défenseur de l'éducation physique. Poursuivant les principes de Karl Marx selon lesquels « l'éducation repose sur trois notions : l'éducation intellectuelle, l'éducation physique et l'éducation technique », le leader spirituel de la révolution de 1959 va ainsi inspirer le régime Castriste dans la politique sportive qu'il va mettre place. En 1961 (Année de l'éducation à Cuba), de nombreuses réformes sociales vont voir le jour et vont concerner toutes les couches de la population. L'une d'entre elles porte sur le sport et sa pratique, chose inimaginable quelques années plus tôt sous la dictature de Batista où le sport était seulement réservé aux classes les plus aisées. « Il faut que la révolution s'occupe de l'éducation physique et du sport de manière fondamentale pour notre pays. Pour l'oligarchie exploitante, cela n'a jamais été une priorité mais pour la révolution si. Tout simplement parce que dans l'éducation physique et le sport il y a la santé de notre peuple » déclarait en 1962 Fidel Castro. C’est également cette année-là que la Fédération Cubaine de Football devient membre de la CONCACAF et que le gouvernement cubain va mettre en place une institution qui révolutionnera le sport sur l'île : l'INDER (Institut National des Sports, de l'Education physique et des Loisirs). Sa mission est simple, il doit viser à favoriser la pratique des loisirs, établir les programmes d'éducations physiques, former les cadres nécessaires au développement de l'éducation physique et organiser les compétitions nationales et internationales. Le sport va alors devenir un droit du peuple et entrer dans la vie des cubains comme un outil éducatif et idéologique.
Au début des années 90, cette politique sportive a été payante. Les résultats plaident en sa faveur, le nombre de médailles obtenues dans les compétitions internationales le prouvant. Tout amateur de sport a à l’esprit quelques grands noms de sportifs cubains qui font partie de l’élite mondiale, d’hier et d’aujourd’hui. Citons par exemple Alberto « El caballo » Juantorena en athlétisme, double champion olympique du 400 et du 800 m, le sprinter Leonard, le coureur de haies Casañas, le sauteur en hauteur Javier Sotomayor ou encore le champion olympique de saut en longueur Iván Pedroso. On pense aussi naturellement aux boxeurs comme Savon, Rigondeaux et Kindelán notamment qui sont autant d’exemple d’une compétition olympique largement dominée par des Cubains raflant en général les trois quarts des médailles ! On y ajoutera bien évidemment, le Base-Ball (Beisbol) le sport national, le plus pratiqué et le plus populaire où l'équipe nationale collectionne depuis longtemps les titres olympiques et mondiaux. En outre, d'autres sports ont été développés à partir de 1959, comme le volley (l'équipe féminine a été triple championne olympique), l'escrime, le basket ou encore le judo. Cuba est le premier pays sportif d’Amérique latine et doit ses succès à la politique sportive de la révolution.
Une passion pour le football en pleine croissance
S’il est un fait indéniable, c’est bien que football est en réelle croissance que ce soit à La Havane, Cienfuegos ou encore Guantanamo où l'on peut apercevoir de plus en plus de gamins de quartiers populaires improviser des parties de football dans les rues. La diffusion des grandes compétitions internationales (Ligue des Champions, Coupe du Monde etc.) sur les chaînes d'Etat en est en grande partie responsable mais les résultats de l'équipe nationale en pente ascendante y contribuent également.
En 2012, Cuba a remporté pour la première fois de son histoire la Coupe Caribéenne des Nations en s'imposant 1-0 en finale face à Trinité et Tobago. La même année l'île envoie pour la première fois une sélection des moins de 20 ans à la Coupe du Monde en Turquie. L'année suivante en 2013, Cuba se qualifie à nouveau pour les quarts de finale de la Gold Cup au terme d'un match de fou face à Belize (4-0) mais chutera ensuite lourdement face au Panama 1-6. Malgré des qualités physiques, de vitesse, d'endurance, l'augmentation constante du nombre de pratiquants du football conduit logiquement à la production de davantage de talents. Mais l'apprentissage au plus haut niveau reste long.
Football, idéaux révolutionnaires et défections
Si le leader Fidel Castro était décrit à l'époque par son ancien camarade universitaire, Armando Montes, comme « un joueur de football de qualité. Un joueur corpulent, très physique mais surtout très brave. Il jouait occasionnellement, mais adorait le Football », comme tous les cubains, Fidel Castro était surtout un passionné de Base-Ball, un sport vu comme une religion dans le pays. Ce désamour rejaillit sur le football cubain. En 1966, après ne pas avoir été inscrit en 1954, 1958 et 1962, Cuba participe de nouveau au tour préliminaire de la Coupe du Monde de Football mais se verra devancé par la Jamaïque et les Antilles Néerlandaises. Deux nouvelles non-inscriptions suivront, en 1970 puis en 1974, l'année où Fidel Castro faisait une nouvelle déclaration d'amour au sport « Le sport est une des activités qui exprime le mieux la révolution ». En guise de consolation, Cuba participera à sa première Coupe des Nations de la CONCACAF (devenue depuis Gold Cup) en 1971 au cours de laquelle il décroche une honorable 4ème place. En 1978, la sélection cubaine continue son long chemin de croix en étant battue par Haïti au second tour préliminaire avant en 1982 de finir avant-dernière, devant Haïti cette fois, mais derrière le Honduras, le Salvador, le Canada et le Mexique, avant une nouvelle non-inscription en 1986 et une nouvelle désillusion en 1990 au premier tour face au Guatemala. Pendant ce temps, le Campeonato Nacional de Futbol de Cuba, qui avait vu le jour en 1912 et est dominé au palmarès par le FC Villa Clara (13 titres), ne sort jamais du cadre de la compétition amateur (le sport professionnel est aboli par la Révolution). Outre le désamour du leader, le principal frein au développement du football à Cuba réside dans la difficulté qu’il aura à concilier les valeurs moderne de ce sport aux idéaux révolutionnaires. Conscient du rôle social joué par le football, le régime castriste va pourtant vouloir tenter d’aider à son développement. Mais il va subir des situations assez inattendues.
1995. Après une victoire record dans l'histoire du pays (9-0 face à Porto Rico), les Lions des Caraïbes décrochent la troisième place lors de la Coupe Caribéenne des nations, compétition de football organisée conjointement par la Caribbean Football Union (CFU) et la CONCACAF depuis 1978 et qui voit s'opposer les sélections des différents pays et territoires des Caraïbes (depuis 2007, elle sert de tournoi de qualification pour la Gold Cup, le championnat de football des nations de la CONCACAF (les quatre demi-finalistes de la Coupe caribéenne des nations sont qualifiés)). Finaliste en 1996, Cuba participe au tour préliminaire de la Gold Cup la même année. Les nouveaux succès de la sélection sucsitent de nouveaux espoirs. Après la participation au tour préliminaire de la Coupe du Monde 1998, Cuba se rend alors à la Gold Cup aux Etats-Unis, une première dans l'histoire de la sélection qui auparavant refusait systématiquement de participer à des compétitions sur le territoire américain. La situation politique et économique du pays est préoccupante, la perte de l'allié Soviétique au début des années 90 et le blocus permanent des USA sur l'île des Caraïbes n'améliorent pas les choses (euphémisme). La sélection cubaine va en subir les conséquences. A chaque déplacement, ses joueurs vont en profiter pour s’enfuir.
Eduardo Cebranco-Rodriguez sera le premier cas d’exil. Il abandonnera l'équipe nationale et son pays suite à la défaite à la défaite face au Costa Rica. D’autre vont suivre. Quatre ans plus tard, après le tour préliminaire de la Coupe du Monde, lors du retour aux USA pour la Gold Cup, Alberto Delgado et « el primo » (le cousin) Rey Ángel Martínez s’enfuient en courant lors du petit déjeuner après l'élimination de Cuba face à la Corée du Sud à Los Angeles (les guerriers Taegeuk étaient invités). En 2005, Maykel Galindo et Yaikel Perez s’échappent à leur tour, quittant la sélection après la rencontre face au Costa Rica à Seattle lors de la Gold Cup alors que Cuba sortait d’une finale de la Coupe Caribéenne des Nations. A chaque déplacement aux Etats-Unis, « cette terre où les traîtres de la patrie ont toujours trouvés refuge » comme l’écrit Fidel Castro dans sa dernière autobiographie intitulée « Les chemins de la victoire » parue en 2012, le risque de désertion pèse sur la sélection. Depuis 2005, elles sont très nombreuses et fréquentes. Alors qu'il était (et est toujours actuellement) meilleur buteur de l'histoire de la sélection avec 29 buts, Lester More abandonne la sélection lors de la Gold Cup 2007 dans le New Jersey, à la suite de la défaite face au Mexique. Quelques jours plus tard, c'est au tour d’Osvaldo Alonso d’en faire de même à Houston juste avant le match qui allait opposer Cuba et Honduras. En Mars 2008, lors du tournoi préolympique organisé à Tampa en Floride, sept joueurs vont à nouveau quitter l'équipe nationale. Cette fois-ci c'en est trop pour la fédération cubaine qui décide de déclarer forfait pour la Gold Cup 2009 laissant sa place à Haïti. Cuba participera de nouveau à la Gold-Cup dès 2011 en se faisant sortir dès le premier tour. Malgré une certaine évolution dans la réglementation de l'île aux cigares, la défection ne faiblit pas. Yosniel Mesa prend la fuite de l'hôtel. Les derniers cas en date sont Maikel Chang, Heviel Cordovés et Odisnel Cooper lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 2014 à Toronto pour un match face au Canada. Ils portent le nombre d'exils à plus d'une vingtaine toutes catégories confondues, malgré des résultats de plus en plus prometteurs. Lors de la Gold Cup 2015, Cuba atteint les quarts de finale mais voit quatre joueurs quitter les rangs de la sélection. Parmi eux, Ariel Martínez, qui sort du match face au Guatemala les larmes aux yeux. De retour à l’hôtel il annonce à son sélectionneur qu’il s’en va. Il signe alors en USL avant, une fois ses papiers à jour, de rejoindre le Miami FC où il évolue encore aujourd’hui. Le réchauffement des relations diplomatiques sous la président d’Obama a fait un temps craindre que la vague migratoire ne s'accentue. La fin de la loi « wet foot, dry foot », qui n'avait fait qu’accentuer ce phénomène en offrant une voie de sortie rapide, semble capable aujourd'hui de freiner ce phénomène.
Au point que la fédération et les plus hautes instances de l’état sont désormais obligées d’adoucir leur position. En juin 2013, Raúl Castro revient sur un des piliers de la Révolution cubaine : autoriser ses sportifs à avoir des contrats professionnels à l’étranger. Appliqué au base-ball, plus rien ne semble désormais s’opposer à ce que les footballeurs en bénéficient. Laisser ses talents partir poursuivre leur développement dans de grands clubs étrangers. Tel est le prix à payer pour éviter les désertions et permettre à la sélection de poursuivre son ascension et enfin donner à un peuple gagné par ce virus, le pain qu’il attend. Signe de cette prise de conscience de l'importance du football par les plus hautes instances, la lettre adressée par Fidel Castro à son ami Diego Maradona en plein mondial brésilien.
"Mon inoubliable ami,
Tous les jours, j'ai le plaisir de suivre ton programme, sur Telesur, sur cette spectaculaire Coupe du monde de football et, grâce à lui, j'ai pu observer le niveau extraordinaire de ce sport universel.
Je ne crois pas possible une éducation adéquate pour les jeunes, dans quelque pays que ce soit, sans le sport, et dans le cas spécifique des jeunes garçons, sans inclure le football.
Aujourd'hui je suis un homme politique, mais lorsque j'étais enfant, adolescent et jeune, j'ai été sportif, et j'ai consacré à cette noble pratique l'essentiel de mon temps libre.
J'admire ta conduite pour de nombreuses raisons. J'ai eu le privilège de te connaître lorsque les idées les plus justes de notre peuple triomphaient, et aucun pouvoir n'a pu les écraser.
Comme latino-américains, nos relations n'ont alors jamais été aussi étroites. Tu as triomphé des épreuves les plus difficiles, comme athlète et comme jeune d'origine modeste.
Comme toi, je salue Messi, formidable athlète qui remplit de gloire le noble peuple d'Argentine, rien ne peut vous séparer, vous deux, qui avez la gloire et le prestige, si ce n'est les efforts mesquins des intrigants.
Je félicite également Telesur, qui a agrémenté heureusement cet été brûlant, et je salue fraternellement, comme toi, les excellents et prestigieux footballeurs de Notre Amérique, sans oublier évidemment, le magnifique et visionnaire Victor Hugo Morales, qui nous fait découvrir tes qualités et qui a tant fait pour la diffusion de la noble valeur du sport, et vous deux représentez honorablement le peuple argentin.
Naturellement, Diego, je n'oublierai jamais l’amitié et le soutien que tu as toujours apporté au Lider Bolivarien Hugo Chavez, promoteur du sport et de la Révolution d'Amérique latine et des peuples opprimés du monde.
Fraternellement
Fidel Castro Ruz"
Mais l'ennemi de la Révolution reste le statut pris par le football de nos jours et sa mondialisation. Le football est global, il fait éclater les frontières physiques et idéologiques. Les enfants du monde entier s’enivrent des performances des nouvelles stars envahissant tous les médias du monde, la jeunesse cubaine, qui vibre devant ses écrans, se prend à rêver de ses destins peu ordinaires, de ces histoires de footballeurs stars issus de la misère, nouveaux exemples à suivre. Ou comment les rêves dorés du capitalisme véhiculés par un sport devenu plus business que populaire s’immiscent dans les consciences de la jeunesse locale et viennent se confronter directement aux idéaux socialistes de la Révolution. La nouvelle génération intègre les valeurs du capitalisme à travers le football et se retrouve désormais confrontée à un dilemme : poursuivre l’idéal révolutionnaire ou choisir l'exil. « J'aimerais jouer à Barcelone, partager le vestiaire avec Messi et Neymar mais je respecte avant tout les décisions de la Révolution » témoigne ainsi le jeune Maykel Reyes, buteur lors de la Coupe du Monde des moins de 20 ans 2014 face à la Corée du Sud, auteur du but de la qualification face au Guatemala lors de la Gold Cup 2015. Jusqu’à quand ? Car sur le plan sportif, les dégâts sont considérables, la fuite de ses talents impacte directement la sélection quand elle n’enrichit pas les sélections étrangères et surtout freine considérablement le développement du football local. A l'heure où Cuba semble s'ouvrir de nouveau au monde, l'avenir de son football et son développement passe aussi par le devoir de trouver un équilbire entre ses idéaux et la réalité.
Par Bastien Poupat et Nicolas Cougot pour Lucarne Opposée