Parce qu'il vaut mieux qu'une simple rubrique faits divers ou un « un club brésilien méconnu », portrait de l'Associação Chapecoense de Futebol.

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Chapecó, une ville de l'ouest de l'Etat du Santa Catarina au Sud du pays, à quelques encablures de l'Argentine et des magnifiques chutes d'Iguaçu. Avec 200 000 habitants environs, Chapecó est, à l'échelle du Brésil en tout cas, une petite ville, un microcosme là où les aires urbaines tournent rapidement autour du million. Chapecó, c’est « le lieu d'où l'on voit le chemin des champs » en tupí-guaraní, la langue des indiens qui peuplèrent une bonne partie de l’Amérique du Sud et dont les traces se retrouvent d’Argentine jusqu’à la Colombie. C’est ici, à l’extrémité du Brésil, aux portes de l’Amérique du Sud hispanophone que va naître l’histoire d’un petit Verdão qui deviendra géant, l’histoire d’un Índio qui croit sur les terres des Caingangues et n’oubliera jamais ses racines.

Le club d’une ville

Dans les années 70, alors que le football cataraninense est largement dominé par Avaí et Figueirense, deux vieilles institutions régionales, une poignée de sportifs et de passionnés locaux décident de réveiller leur paisible cité chapecoense. Le 10 mai 1973, Alvadir Pelissier, Altair Zanella, Lorario Immich, Vicente Delai, les supporters de l'Independente Chapecó ainsi que ceux de l'Atlético Chapecó, se réunissent tous dans la boutique du couturier Heitor Pasqualotto pour fonder l'Associação Chapecoense de Futebol, l'équipe qui devra porter haut les couleurs de Chapecó. Presque instantanément, les habitants de la région, du plus pauvre au plus puissant, du simple ouvrier au riche entrepreneur, se rangent derrière la bannière verte porteuse d'espoir du Chape. Ce qu’on ne sait pas encore, c’est qu’un tel ralliement sera la clé des futurs succès du club. Il est d’autant plus unanime que les joueurs d'alors sont des locaux, semi-professionnels, dont l'unique moteur est la passion pour le sport et leur ville, « beaucoup ne recevaient rien, ils allaient sur le terrain avec envie et hargne alors que les fonds de Chapecoense étaient petits » raconte Alvadir Pelissier, trésorier d'alors.

Arrivant au monde directement avec le statut de club professionnel donc, Chape accède dès sa seconde saison à l'élite régionale, mais il faudra attendre quatre ans pour les voir briller pour la première fois. En 1977, le Verdão réalise une saison fantastique lors d'un championnat catarinense alors marathon (46 matchs) et rencontre Avaí pour la décision finale. Un match très tendu sur le terrain comme en dehors, les joueurs du Leão rival, regagneront les vestiaires au pas de course, protégés par un cordon policier. La seconde mi-temps n'ira pas en améliorant les choses : après quelques minutes de jeu, un supporter mécontent rentre sur le terrain pour toucher deux mots à Alvir Renzi, au sifflet ce jour-là. La veille déjà, alors qu'un animateur radio le critique pour son manque de sérieux, Alvir saute dans un taxi pour s'expliquer avec le journaliste : « Je suis venus pour demander la paix, pour que la fête soit plus belle. J'entends votre colère, mais laissez-moi faire mon travail ». Au final, Chapecoense l'emporte d'un petit but. Porté par l'allégresse, la foule attrape l'homme en noir et le porte en héros. C'est dans ce n'importe quoi typique du football brésilien, mélange d'imprévu, de passion délirante et de chaleur humaine, que Chapecoense remporte le premier titre de son histoire. 

Parmi ses champions de 77 se trouve Jandir Moreira dos Santos. Janga jouera pendant 10 ans au club, « tout a commencé ici. J’ai joué pendant 10 ans au club entre 1976 et 1986. J’ai été champion catarinense en 1977, champion de la Taça Santa Catarina en 1979 et disputé un Brasileirão en 1978 ». Il y a vingt ans, il achète deux charriots pour vendre des hot-dogs en ville. Après de nombreuses années de dur labeur, la petite affaire de Janga parvient jusqu'aux oreilles de la direction de Chape. En juin 2016, le club lui fournit un stand dans les travées de l'Arena Conda et un van tout neuf aux couleurs du Verdão.  Si vous passez par Chapecó peut être aurez-vous la chance de tomber sur le petit combi de l'ancien milieu défensif, vous pourrez y déguster l'un de ses fameux hot-dogs et surtout participer à son activité favorite : parler de Chapecoense, le club qui n’oublie pas ses idoles, n’oublie pas ses racines locales.

Traversée du désert, première renaissance

Le club fait un anecdotique passage en Brasileirão 1978 et 1979, deux années au cours desquelles dans ce marathon alors appelé Copa Brasil se jouait à 74 puis 94 clubs et championnats lors desquels Chape termine 51e puis 91e. Puis il retombe dans l’anonymat durant la décennie 80 avant de réapparaître dans les années 90. En net progression depuis 90 où l'équipe finit troisième de l'estadual (le championnat régional), les joueurs accueillent un nouveau venu aux avant-postes : le bien nommé Indio.

En 1995, alors qu'il se morfond avec la prestigieuse Portuguesa de São Paulo, sa boucle d'oreille ne plaisant pas au technicien en poste à l'époque, L'attaquant de poche décide de changer d'air. Criciúma, club catarinense rival alors en première division, est sur le coup, mais c'est pourtant le petit Chapecoense, troisième division nationale, qui rafle la mise. La légende raconte que l'entreprise de réfrigérateurs Chapecó, originaire de la ville éponyme, qui sponsorisait alors la Lusa paulistana, aurait influencé l'opération. Toujours est-il qu'Indio débarque aux côtés de Paulo Rink, milieu qui aura son petit succès en Allemagne quelques années plus tard (il deviendra le premier brésilien naturalisé allemand à jouer avec la Mannschaft), 

pour animer les offensives vertes. Et cela fonctionne à merveille : dès la première saison le club se hisse en finale d'estadual face à… Criciúma. Malgré un bon au match aller, Chapecoense est défait d'un petit but et ne part pas favori pour le retour à la maison. L'équipe va pourtant rivaliser avec le Tigre et atteindre la prolongation en tenant le 0-0 jusqu'au bout malgré une pluie de cartons et une confusion totale : le Verdão finit la partie à huit contre un adversaire réduit à dix ! Courageux, le groupe bricole un 3-2-2 et tient le coup jusqu'au coup de sifflet final. Trop peu pour remporter le titre malheureusement.

Le groupe né de cette mésaventure, renforcé par l'expérimenté Cuca en fin de carrière, poursuit toutefois sa bonne dynamique et retrouve la finale du championnat du Santa Catarina l'année suivante en 1996, grâce à notre fameux Indio qui devient alors le meilleur buteur de l'histoire de Chapecoense. Cette fois-ci c'est Joinville qui se dresse face à eux. Une fois encore, Chape repart défait du match aller, à l'extérieur, de manière plus nette ce coup-ci, deux buts à rien. Pour le match retour, les joueurs adverses sont logés dans le plus bel hôtel de Chapecó. Un brin taquin, les supporter verts ne les laisseront pas fermer l'œil de la nuit, offrant un festival de feux d'artifices à ses hôtes. Chafouin, le président du JEC se pointe le lendemain devant la commission de la fédération du Santa Catarina et demande la victoire sur tapis-vert, rien que ça. Ce n'est que six mois plus tard, après un procès fleuve, que le match aura finalement lieu. Grâce à un but de Marquito dans le temps réglementaire, Chapecoense emmène Joinville en prolongation : trente minutes supplémentaires comptant alors comme un troisième match à part entière, dont le résultat désignera le vainqueur. Pensez-en ce que vous voudrez, Gilmar Fontana fait trembler les filets du JEC et donne la coupe au Chape. Pour la seconde fois de son histoire Chapecó fête un titre jusqu'au petit matin.

À Chapecó, l'entrée dans le XXIe siècle est synonyme de galère point de vue ballon. Ce sont les années « Chape de plomb ». Ou presque : en 2001, le Verdão finit dernier de l'estadual et doit passer par une phase de qualification l'année suivante pour rester parmi l'élite catarinense. En 2003 ce sont des dettes abyssales qui mettent le club en péril. Grâce à un tour de passe-passe juridique, Chape sauve les meubles en catastrophe mais frôle de peu la disparition pure et simple. Heureusement, une nouvelle direction débarque fin 2005, remet le club sur pied financièrement et place Agenor Piccinin à la tête des troupes. À cet instant précis, Chapecoense se trouve au pied d’une montagne mais plus personne n'arrêtera son ascension.

Irrésistible ascension

Le Furacão retrouve ainsi la finale du catarinense dès 2007 et Criciúma, son bourreau de 95. Cette fois-ci, Chape va prendre l'avantage au match aller en s'imposant d'un but à la maison. Au retour, le Verdão rentre aux vestiaires mené au score et réduit à dix. Le fantôme de 95 plane sur eux, mais les joueurs de Piccinin vont l'exorciser à coup de détermination : alors qu'ils avaient cru au nul victorieux grâce à une tête de Jean Carlos, le pauvre défenseur Bilica coupe un centre du Tigre et pousse la balle dans ses propres filets. Chape garde la tête froide, fait fi du mauvais sort dont il semble être l'objet, et parvient à héroïquement à égaliser par Fabio Wesley à dix minutes du coup de sifflet final. C’est le troisième titre pour les verts de Chapecó mais surtout le début d’une nouvelle ère.

Fin 2008, Sandro Pallaoro prend la présidence du club. Cet entrepreneur basé à Chapecó va alors changer le mode de fonctionnement du club. « Quand je suis arrivé au club, on payait les déplacements avec notre argent propre. En 2009, le club avait une dette de 1.5M R$ par an. Aujourd’hui, nous avons un chiffre d’affaire annuel de 40M R$. Tout ce que nous faisons est un investissement, toujours réalisé en fonction de nos possibilités réelles. Mais le grand secret est que notre communauté croit en l’idée et est derrière l’équipe. La stratégie est de ne dépenser que ce que nous pouvons. C’est ainsi que nous avons pu toujours payer les salaires des joueurs dans les temps et que nous avons gagné en crédibilité. Nos partenaires n’ont alors eu de cesse de nous accompagner en totale transparence », déclarait-il, lorsqu’il fut décoré du titre de meilleur entrepreneur de l’année en 2015. La clé de la réussite est ainsi donnée, elle accompagne une ascension digne du plus beau conte de fée footballistique.

En 2009, le club atteint les demi-finales de Serie D et de fait, se retrouve promu en Serie C qu’il avait quittée deux ans plus tôt. Chape apprend alors vite, très vite. En 2010, Chape manque la montée pour un petit but qui jamais ne vînt et quart de finale face à Boa. En 2011, le club cède lors du second tour, doublé par Ipatinga qui le fait plier à deux reprises. Deux saisons pour se calibrer, la troisième est la bonne. Après avoir conquis son quatrième catarinense l’année précédente, le club, décroche la promotion en Serie B. L’année de son quarantenaire, l’Associação Chapecoense de Futebol commence à se faire une place parmi les plus grandes équipes auriverdes.

À quelques semaines du début du championnat, en janvier 2013, Bruno Rangel, alors 32 ans, pose ses valises chez dans l'ouest du Santa Catarina. Peut-être que Bruno était tout simplement venu y exercer son métier de footballeur professionnel, comme il l'avait déjà fait auparavant dans plus plusieurs taules du pays, comme Paysandu, Guarani ou l'un des grands rivaux des verts de Chapecó, Joinville. Quoi qu'il en soit, c'est ici que Bruno Rangel va devenir une légende et c'est avec lui que Chapecoense va changer son destin. Il lui faudra attendre la seconde journée du championnat catarinense et une rencontre face au géant local Avaí, pour fouler pour la première fois le pré vêtu de la tunique verte. Après une vingtaine de minutes de jeu en seconde période, le coach Gilmar dal Pozzo, le fait rentrer à la place de Ronaldo Capixaba : deux minutes plus tard, le natif de l'Etat de Rio faisait déjà trembler les filets. S'il n'allait répéter cela qu'à deux reprise lors de l'édition 2013 du championnat local, c'était probablement pour mieux préparer la réalisation de son rêve, comme il le déclarait lui-même lors d'un exercice de motivation de Gilmar : devenir meilleur buteur de la Série B.

Bruno Rangel va faire bien mieux encore : avec 31 buts, il devient en 2013 le meilleur buteur de l'histoire de la Série B brésilienne, tout simplement. Porté par son Power Rangel, plus de la moitié des buts de son équipe sont pour sa pomme, Chapecoense, sur qui personne n'aurait parié un réal au départ, réalise une saison canon. Seule escouade à suivre le rythme du mythe en repentance Palmeiras, Chape termine deuxième derrière l'autre Verdão et accède à l'élite pour la première fois depuis les seventies. Mais cette fois-ci sera la bonne. En 2009, à l’occasion de sa demi-finale de Serie D l’opposant à Macaé et organisée en ouverture du Fla-Flu, les cariocas présents au Maracanã avaient demandé à l’avocat Marcelo Zolet « qui est cette équipe verte ? » Quatre ans plus tard, le Chape n’était plus une inconnue. Il devient une belle histoire.

À l'image de Vitorino Condá, chef indien du peuple Caingangues qui avait lutté à la fin du XIXe siècle pour les droits territoriaux des tribus locales et à qui l’Arena du même nom, antre du Chape rend hommage, Chapecoense n'allait pas se laisser intimider et lutterait pour le droit de ses habitants à avoir un grand dont ils pourraient être fiers. Cela passera par le maintien, que le Verdão obtiendra non sans difficultés. L'apprentissage est dur, mais la fierté du Chape aura fait sa première victime, l'Internacional de Porto Alegre, qui en prend cinq dans le buffet. Mieux, le club termine à la quinzième place du général, quinzième  place qui, spécificité du football brésilien, lui ouvre les portes du continent. Après avoir bousculé le Brésil, Chapecoense s’attaque à la Sudamericana.

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2015 sera ainsi l’année de la confirmation en Serie A, avec une quatorzième place et quatre points de plus que l’année précédente. Cette année-là, c'est Palmeiras qui passe à la moulinette : 5 à 1 dans les gencives du porc. C'est également lors de cette saison 2015 que le héros Rangênio va définitivement inscrire son nom dans l'histoire de Chapecoense, en devenant face à Avaí, sa première victime avec le Verdão, le meilleur buteur de l'histoire du club dépassant Indio, le petit buteur chapecoense des années 90. Bruno Rangel, qui avait un temps cédé aux sirènes des dollars qatariens avant de rapidement se raviser et rentrer à la maison, oubliant son juteux contrat, devient alors une icône locale. Mais 2015 reste surtout l’année du parcours fou en Sudamericana. Après avoir atomisé Ponte Preta au second tour, l’indien de Chapecó se paye le scalp de Libertad et se retrouve opposé au tenant du titre, River Plate. Tombé au Monumental, Chape passe à un rien de renverser un géant dans son imprenable Arena Condá, le Millo étant sauvé par un Barovero en feu et parfois aidé de ses montants. Là encore, le Chape apprend, retient la leçon. Car la quatorzième place décrochée en Serie A lui offre un nouveau ticket pour la Sudamericana, une nouvelle chance. La force de l’indien venu du sud est dans son calme, sa maturité. Ovni dans le paysage brésilien, n’hésitant pas, via son président à rappeler qu’« au Brésil, le football est encore plus corrompu que la politique, il faut donc être prudent », le club ne déroge pas à la règle de ne pas dépenser plus que ce qu’il possède, conserve une gestion saine qui fait qu’avec un budget sept fois moindre que les gens Palmeiras ou Flamengo, il peut tout renverser.

Et il renverse tout. Après avoir décroché son cinquième catarinense en début d’année, terminant neuvième de Serie A en fin d’année, meilleur classement de l’histoire du club au sommet de la pyramide brésilienne, Chapecoense marche sur le continent. Arrivé en même temps que Bruno Rangel, Danilo a mis plus de temps pour se faire une place dans les buts. Prêté par Londrina en 2013, il débute sur le banc, barré par Nivaldo. La blessure de ce dernier offre une chance que Danilo va saisir. Il fait ses débuts en novembre 2013 et voit son prêt transformé en achat définitif en début d’année 2014. Installé dans les buts pour le catarinense, il ne cèdera plus sa place. Au point de devenir une révélation de l’année 2014, d’être adoubé par Rogerio Ceni en personne, qui vante son jeu au pied, et d’être élu meilleur joueur du Chape par les fans. Ses performances, régulières en 2015, vont encore s’améliorer en 2016. Au point d’en faire le héros de la Sudamericana. Le premier acte des exploits de Danilo se produit en huitièmes de finale face au géant Independiente. Deux matchs sans but, seule une séance de tirs au but parviendra à départager les deux équipes. Elle est irrespirable, le duel opposant Danilo et Campaña animant celle-ci. Mais le petit gardien brésilien sort vainqueur du duel. Un dernier arrêt sur une tentative de Tagliafico et Chapecoense se retrouve en quarts.

2017, l’année historique de Chapecoense

L’Arena Condá n’est pas au bout de ses émotions. Au tour suivant, dans des conditions dantesques, Chapecoense étrille Junior et s’offre un dernier carré continental face à un autre géant argentin, San Lorenzo. Le Chape réalise un match énorme au Nuevo Gasómetro, Danilo brille encore, ses coéquipiers manquent à plusieurs reprises de tuer le suspense. Le suspense est donc entier, immense au retour. Chapecoense maitrise son adversaire mais ne marque pas. Les minutes défilent, la tension monde, le peuple vert et blanc ne respire plus. Si San Lorenzo semble incapable de percer la muraille dressée par Caio Júnior, l’homme arrivé au club en cours d’année et qui l’a aidé à poursuivre sa croissance, le danger reste réel. Jusqu’à cette dernière occasion, ce ballon qui traine dans la surface et qu’Angeleri reprend à bout portant. Ce ballon qu’un réflexe venu d’ailleurs de Danilo repousse dans le ciel de Chapecó. Depuis les images de ce geste fou hantent les esprits des amoureux du Verdão. Personne ne peut oublier celles de Danilo, à genoux, ivre de bonheur au coup de sifflet final. Personne ne peut oublier cette folle histoire d’un petit indien devenu géant, d’un club tout juste adolescent venu bousculer l’ordre établi et qu’un drame sans commune mesure est venu frapper de plein fouet sur la route d’une finale tant rêvée. Chapecoense est une bouffée d’oxygène dans le paysage brésilien. En 2015, son président Sandro Pallaoro déclairait : « Mon rêve est de voir Chapecoense remporter la Libertadores. Je ne sais pas combien de temps cela demandera mais je crois que cela est possible ». En 2017, le petit Chape découvrira la plus prestigieuse des compétitions continentales. Et malgré la douleur, le Verdão sera prêt, animé d’une force nouvelle, celle qui coule dans les veines et s’inscrit dans l’ADN de tout géant du continent sud-américain, une force faite de sueur et de larmes. L'année 2017 est une année folle. À la participation à la Libertadores, la Chape y ajoute une victoire en championnat catarinense, un passage en Sudamericana, est un temps leader du championnat brésilien avant d'assurer son maintien à trois journées de la fin puis surtout de se qualifier de nouveau à la Libertadores. 2018 marque le début de contrecoup. La Chape sauve sa place en Serie A à la dernière journée grâce à une victoire face à São Paulo, ne se hisse pas en phase de groupes de la Libertadores, perd le catarinense et sort rapidement en Coupe du Brésil. Le club glisse progressivement et l'année suivante, après avoir de nouveau perdu le catarinense, après avoir usé quatre entraîneurs différents au cours de l'année, Chapecoense est relégué en Serie B.

Mais Chapecoense, c’est l’histoire folle d’un indien venu du Sud, c’est l’histoire du plus digne représentant de Vitorino Condá, l’homme qui lutta contre l’ordre établi pour défendre son peuple et qui est devenu depuis un symbole de paix et d’union. C’est l’histoire d’un club, d’une communauté, d’une ville d’une région qui ont unifié et pacifié tout un continent. Et qui, à n'en point douter, n'a pas fini d'écrire l'histoire.

Par Simon Balacheff et Nicolas Cougot

Simon Balacheff
Simon Balacheff
Médiateur culturel, travailleur humanitaire et bloggeur du ballon rond tourné vers l'Amérique Latine. Correspondant au Brésil pour Lucarne Opposée