Fondé en 1924 à Curitiba, l’Athletico Paranaense a alterné les périodes de gloire et de disette avant de s’installer comme l’un des plus solides clubs brésiliens au cours des dernières années.
Le Club Athletico Paranaense est fondé le 26 mars 1924 à Curitiba et naît de la fusion de deux clubs, l’International Foot-Ball Club, fondé en 1912, et de l’América Futebol Clube, qui est créé deux ans plus tard par des sócios dissidents de l’International. En 1924, les deux clubs se réunissent à nouveau pour donner naissance à l’Athletico Paranaense, qui reprend les couleurs de l’International (noir et blanc) et de l’América (rouge et blanc), devenant ainsi le Rubro-Negro. L’Athletico Paranaense dispute son premier match le 6 avril 1924, maillot de l’International sur le dos, et bat Universal 4-2. Le club joue ses matchs à domicile à la Baixada do Água Verde, stade qui est renommé en 1934 stade Joaquim Américo Guimarães, du nom du fondateur de l’Internacional.
La naissance du Furacão
L’Athletico remporte son premier championnat paranaense dès 1925, mais termine ensuite trois fois consécutivement à la deuxième place, respectivement derrière Palestra Itália, club des Italiens, Coritiba, club des Allemands, puis Britânia, sans lien avec la colonie anglaise, mais qui est un club du peuple, le premier de la ville avec accepter des joueurs noirs. De son côté, l’Athletico est lié à l’élite brésilienne de Curitiba et remporte le championnat paranaense en 1929 et 1930, à chaque fois en terminant invaincu. L’équipe retrouve le titre en 1934 avec comme gardien Caju, dix-neuf ans à l’époque, et qui deviendra au fil des années l’une des plus grandes idoles de l’histoire du club. Après la réforme orthographique de 1931, la presse écrite abandonne peu à peu la lettre H au cours des années trente, l’Athletico devient ainsi l’Atlético sans qu’aucun changement dans ses statuts n’ordonne la nouvelle orthographe.
L’Atlético a été de nombreuses fois un pionnier dans l’histoire du football paranaense, notamment en 1949 lorsqu’il devient le premier club de l’État à disputer un match à l’étranger, avec une tournée de trois matchs au Paraguay. Cette année-là, le club écrase le championnat paranaense avec onze victoires et une seule défaite, lors du dernier match alors que le titre est déjà assuré. L’équipe marque plus de quatre buts par match, giflant notamment le grand rival Coritiba sur le score de 5-1. Le 20 mai 1949, le journal Desportos Ilustrados parle de la victoire du Furacão, l’ouragan, qui est encore aujourd’hui le principal surnom du club. L’Atlético ne remporte plus le titre jusqu’en 1958, devenant ainsi l’année suivante le premier représentant du Paraná à disputer la Taça Brasil, le premier championnat national brésilien, créé en 1959. Le club rubro-negro débute par une victoire sur le terrain de Hercílio Luiz, club de Santa Catarina. L’Atlético passe le premier tour, mais bute en finale régionale face au Grêmio.
Président historique
Le Furacão vit une nouvelle période de disette et vit sa pire année en 1967. Cette année-là, l’Atlético remporte seulement trois des vingt-deux matchs du championnat paranaense et termine dernier, synonyme de relégation en deuxième division. Jofre Cabral e Silva n’accepte pas cette décision et est élu président du club en fin d’année. Jofre Cabral e Silva est à l’origine du surnom du club rival, Coritiba, appelé « Coxa-Branca », la cuisse blanche. Lors d’un Atletiba en 1941, alors simple supporter, Jofre Cabral appelle le défenseur allemand de Coritiba, Hans Egon Breyer, « Coxa-Branca » afin de se moquer de sa couleur de peau blanche. Le surnom prend et s’étend à tout le club pour souligner les origines européennes du Coritiba, qui finit par accepter le surnom et l’adopter. Devenu président de l’Atlético, Jofre Cabral e Silva refuse catégoriquement la relégation, déchirant le règlement à la télévision. Il s’en prend à José Milani, président de la fédération paranaense, qu’il accuse d’être un simple dentiste quand lui est avocat. Jofre Cabral parvient à réaliser l’impossible, il convainc de Ferroviário, Água Verde et même Coritiba, que le championnat va perdre de son intérêt sans l’Atlético, qui est finalement autorisé par les clubs à rester en première division.
Pour l’année 1968, Jofre Cabral e Silva met en place de grands moyens et recrute deux champions du monde, Bellini et Djalma Santos, mais aussi Zequinha, Nilson Borges, Sicupira ou encore Dorval, ancien ailier-droit du Santos double champion du monde et encore aujourd’hui sixième meilleur buteur de l’histoire du Peixe. Jofre Cabral e Silva ne verra pas longtemps son Atlético : le 2 juin 1968, alors qu’il assiste à un match entre Paraná et l’Atlético, il meurt d’un arrêt cardiaque dans les tribunes. Juste avant sa mort, il aurait dit : « Ne laissez jamais mourir mon Atlético ». Le Furacão termine finalement deuxième du championnat paranaense, mais remporte le tournoi Jofre Cabral e Silva, qui désigne le représentant paranaense pour le tournoi Roberto Gomes Pedrosa, qui remplace la Taça Brasil comme championnat national. Le club rubro-negro termine cinquième de son groupe, s’offrant des victoires de prestige contre Fluminense, l’Internacional, le Corinthians mais aussi le futur vainqueur Santos, qui perd cette saison-là seulement douze de ses quatre-vingt-quatre matchs. L’Atlético remporte enfin le championnat paranaense en 1970, après douze ans de disette, le dernier titre en carrière de Djalma Santos, quarante-et-un ans. Le meilleur buteur du tournoi est Sicupira, qui est encore aujourd’hui le meilleur buteur de l’histoire de l’Atlético avec cent-cinquante-huit buts entre 1968 et 1976.
Du « Casal 20 » à la « revolução atleticana »
L’histoire de l’Atlético est faite de périodes de disette, après le titre de 1970, le Furacão attend à nouveau douze ans pour remporter le championnat paranaense. Cette fois, l’équipe est portée par un duo d’attaque incroyable, Assis – Washington. Le duo est surnommé « Casal 20 » du nom d’une série télévisée à succès de l’époque et marque plus de la moitié des buts de l’équipe dans le championnat paranaense 1982. Dans le Brasileirão 1983, l’Atlético atteint la demi-finale face au grand Flamengo de Zico. Sèchement battu 3-0 lors du match aller au Maracanã, le Furacão fait trembler Flamengo avec une victoire 2-0 et un doublé de Washington au retour devant 67 391 spectateurs, record historique du football paranaense. Insuffisant cependant pour voir la finale, l’Atlético est éliminé et vend son duo Assis – Washington au Fluminense, où ils continueront d’écrire l’histoire, comme nous vous le racontions dans le deuxième numéro de notre magazine. Sans son « Casal 20 », l’Atlético remporte le championnat paranaense en 1983, 1985 et 1988 mais est relégué en deuxième division brésilienne à l’issue du Brasileirão 1989.
L’Atlético fait plusieurs fois l’ascenseur et concède en 1995 une historique défaite 5-1 contre le grand rival, Coritiba. Un mois plus tard, après avoir fait une campagne pour isoler le président en exercice Hussein Zraik, l’homme d’affaires Mário Celso Petraglia, originaire du Rio Grande do Sul et ancien directeur de l’Atlético Paranaense, parvient à prendre la présidence du club. L’épisode est connu comme la « revolução atleticana », par la prise de pouvoir, mais aussi par le changement de dimension du club. L’Atlético remporte la deuxième division brésilienne, devant Coritiba, et atteint l’année suivante les quarts de finale du Brasileirão. Petraglia modernise le club, il améliore les finances en réduisant les dépenses futiles, ce qui permet d’acheter un nouveau centre d’entraînement et de lancer la reconstruction du stade Joaquim Américo Guimarães, abandonné depuis huit ans. Le stade est réinauguré en 1999, le futur Rennais Severino Lucas marquant le premier but de l’Arena da Baixada et est le premier stade au Brésil à être aligné aux normes européennes. L’Atlético Paranaense remporte le championnat d’État en 1998, une première depuis huit ans, et dispute l’année suivante la Seletiva para a Libertadores, tournoi national dont le vainqueur est qualifié pour la Libertadores. L’Atlético écarte Coritiba, l’Internacional et São Paulo avant de battre Cruzeiro en finale, pour s’offrir sa première participation à la Copa Libertadores.
Le Furacão réalise une phase de groupes historique lors de la Copa Libertadores 2000 en remportant seize points sur dix-huit possibles, mais chute en huitièmes de finale contre l’Atlético Mineiro, en étant éliminé aux tirs au but. Le club rubro-negro fait encore mieux lors du Brasileirão 2001 avec un Alex Mineiro en état de grâce : un but lors de la victoire 2-1 contre São Paulo en quarts de finale, puis un triplé en demi-finale, permettant de battre Fluminense 3-2. Le Furacão atteint pour la première fois la finale du Brasileirão, face à São Caetano, finaliste malheureux l’année précédente. À l’Arena da Baixada, l’Atlético Paranaense s’impose 4-2 avec un triplé d’Alex Mineiro. Au retour, Alex Mineiro, encore et toujours lui, marque le seul but du match, l’Atlético devient le troisième club hors des quatre États principaux du Brésil à remporter le championnat national après Coritiba et Bahia. Éliminé au premier tour de la Copa Libertadores 2002, l’Atlético complète cette année-là un tricampeonato paranaense, le premier de son histoire, après les titres de 2000 et 2001.
Changement de dimension
L’Atlético devient une référence parmi les clubs brésiliens et termine deuxième du Brasileirão 2004, porté par les trente-quatre buts de Washington, toujours un record aujourd’hui pour le championnat national. L’Atlético Paranaense innove également sur le plan marketing en cédant aux naming rights, une première au Brésil, l’Arena da Baixada devenant jusqu’en 2008 la Kyocera Arena. Lors de la Copa Libertadores 2005, l’Atlético dispute une nouvelle fois une séance de tirs au but en huitièmes de finale, mais élimine cette fois le Cerro Porteño. Le Furacão se joue ensuite de Santos grâce à un doublé d’Aloísio au match retour et élimine en demi-finale Chivas Guadalajara. L’Atlético devient le neuvième club brésilien à atteindre la finale de la Copa Libertadores, avant des clubs comme le Corinthians, l’Atlético Mineiro ou Fluminense, et offre la première finale 100 % brésilienne de la Libertadores, puisque l’adversaire est São Paulo. La finale aller est délocalisée au Beira-Rio, l’Arena da Baixada ne disposant pas de 40 000 places assises, le Furacão obtient le match nul 1-1, mais craque au retour au Morumbi avec une défaite 4-0, sacrant les partenaires de Rogério Ceni.
2005, la première de l’Athletico Paranaense
Malgré la déception, l’Atlético continue son développement, atteint la demi-finale de la Copa Sudamericana 2006 et lorsque le Brésil se voit attribuer un an plus tard la Coupe du Monde 2014, Mário Celso Petraglia saute sur l’occasion et obtient des aides de la mairie et du gouvernement pour réformer l’Arena da Baixada et en faire l’un des plus modernes du pays, accueillant même l’UFC 198 en 2016. Avant les travaux, l’Atlético est relégué en deuxième division en 2011, une première depuis quinze ans, mais se relève vite : le Furacão remonte après un an au purgatoire et réalise une saison 2013 historique, avec une finale de Coupe du Brésil, perdue contre Flamengo, et une troisième place dans le Brasileirão, permettant de jouer une nouvelle Copa Libertadores. Après la Coupe du Monde, l’Atlético Paranaense devient le premier club brésilien à opter pour une pelouse synthétique, le stade ne recevant pas de lumière naturelle sur l’ensemble de la pelouse. Le club opte alors pour des entraîneurs qui privilégient le jeu de passes au sol, à l’image de Fernando Diniz, nommé entraîneur en 2018.
Des succès de plus en plus prestigieux
Fernando Diniz ne dirige pas l’équipe lors du championnat paranaense puisque le club prend l’habitude d’aligner pour le championnat d’État son équipe de jeunes, entraînée par Tiago Nunes. Les U23 du Furacão remportent le championnat paranaense en battant en finale Coritiba, puis l’équipe principale débute idéalement deux compétitions : un 3-0 contre Newell’s Old Boys en ouverture de la Copa Sudamericana, suivi trois jours plus tard d’un 5-1 contre Chapecoense pour débuter le Brasileirão. Pourtant, sur les dix-sept matchs suivants, l’Atlético ne va connaître qu’une seule victoire ! Tiago Nunes succède à Fernando Diniz, qui a peiné à mettre en place ses idées de jeu, et redresse l’équipe. Le club sort de la zone de relégation dans le Brasileirão et enchaîne les victoires en Copa Sudamericana : 2-0 et 4-1 contre Penãrol puis 2-0 et 2-1 contre Caracas. Face à Bahia, l’Atlético Paranaense fait le plus dur en s’imposant 1-0 à l’extérieur lors du match aller, mais craque au retour avec une défaite 1-0 à domicile. Lors de la séance de tirs au but, Santos détourne la tentative de Vina, le Furacão file en demi-finales, contre Fluminense. Deux victoires 2-0 plus tard, le club rubro-negro retrouve une finale continentale, treize ans après celle de Libertadores.
Avant les demi-finales, le président Mário Celso Petraglia annonce un changement d’identité au club, avec notamment un nouveau logo plus moderne et un retour au H originel, l’Atlético redevenant l’Athletico, afin notamment de se différencier de l’Atlético Mineiro. L’Athletico fait désormais partie des grands clubs brésiliens, reléguant même au second plan certains clubs historiques des grands pôles du football brésilien. La présence du Furacão en finale de la Copa Sudamericana n’est pas le fruit du hasard, avec certainement la plus forte équipe de son histoire : Santos dans les buts, Thiago Heleno et Léo Pereira dans l’axe, Jonathan et Renan Lodi sur les côtés, Lucho González, Bruno Guimarães et Raphael Veiga au milieu, Nikão et Marcelo Cirino sur les ailes et Pablo en pointe. Avec également Paulo André et Rony sur le banc, l’Atlético aligne un efficace mélange entre jeunesse et expérience, dont le point commun des joueurs est finalement une intelligence de jeu au-dessus de la moyenne. En finale aller face à Junior, Pablo, lancé en profondeur par Nikão, ouvre le score, mais Junior égalise dans la foulée. Au retour, plus de 40 000 spectateurs accompagnent à l’Arena da Baixada le dernier match de l’histoire de l’Atlético Paranaense, qui cède ensuite sa place à l’Athletico Paranaense. Une nouvelle fois, Pablo ouvre le score, une nouvelle fois Junior égalise. Le titre se joue aux tirs au but, les gardiens n’effectuent aucun arrêt, mais Gabriel Fuentes, Teo Gutiérrez et Renan Lodi ne cadrent pas. Thiago Heleno a l’histoire du Furacão au bout du pied, en force, il permet au club de remporter son premier titre continental.
La Copa Sudamericana 2018 est suivie d’une année 2019 historique et riche en titres : championnat paranaense en début d’année, Copa Suruga Bank contre le vainqueur de la Coupe de la ligue japonaise, Shonan Bellmare, sèchement battu 4-0 et surtout en fin d’année la Coupe du Brésil, éliminant notamment le Flamengo de Jorge Jesus et le Grêmio de Renato Gaúcho avant de battre deux fois l’Internacional en finale. En 2021, grâce à un but de Nikão, l’Athletico bat le Red Bull Bragantino et remporte une deuxième Copa Sudamericana, rejoignant Boca Juniors et Independiente en tête du palmarès. Depuis, l’Athletico a augmenté ses revenus télévisuels, vendant les droits à la chaîne Twitch de Casimiro, là aussi une exception au Brésil, et apparaît à la cinquième place du classement des clubs établis par la CBF. Le club est même le dixième meilleur du monde selon le classement IFFHS. Nul doute que le Furacão peut encore progresser et accomplir pourquoi pas la promesse faite en 2015 par son président Mário Celso Petraglia : remporter le Mondial des clubs avant le centenaire de l’Athletico Paranaense, en 2024.