Mardi 01 février 2011

Japon

L'édition 2011 s'est soldée par la victoire du Japon au bout du suspense. Mais derrière la volée magistrale de Lee à la 110e minute, quels enseignements peut-on tirer de cette Coupe d'Asie ?

La quinzième Coupe d'Asie des Nations s'est terminée ce week-end sur la victoire du Japon de Zaccheroni devant une belle équipe australienne. L'heure est donc venue de faire un bilan d'une édition qatarie de grande qualité.

Le Qatar cherche à convaincre.

Après la décision d'offrir une Coupe du Monde au Qatar, les yeux du monde allaient forcément se tourner vers cette Asian Cup pour y scruter tout dysfonctionnement. Si tout se passait pour le mieux, l'organisation de la vente de tickets pour la finale laissa naître les premiers griefs. 3000 personnes ont en effet été laissée en dehors du stade alors que 700 d'entre elles possédaient un billet valable. Certains fans ont accusé la police de violences démesurées. C'est le point noir de la compétition avec le peu d'affluence dans les stades. Car en dehors et sur le terrain, le Qatar a prouvé qu'il pouvait accueillir un événement majeur.

Jusqu'ici victime expiatoire, la sélection nationale a réussi le pari de franchir le premier tour avant de tomber avec les honneurs face au futur vainqueur (but signé Inoha dans les dernières secondes du match). A 11 ans de la Coupe du Monde, cette Asian Cup aura donc été une réussite et porteuse d'espoirs.

L'est écrase l'Asie.

Une réussite comme la domination sans partage de l'Asie de l'Est. Japon vainqueur devant l'Australie, la Corée du Sud, trois mondialistes, trois représentants d'un Est ultra-dominateur. Car à l'image d'un Ouzbékistan balayé en demi-finale face à l'Australie, le niveau affiché par les trois mondialistes fut largement supérieur aux autres.

La domination de l'Est semble partie pour durer. Privés de nombreux titulaires (notamment le magnifique duo Tulio Tanaka – Yuji Nakazawa), les japonais ont en effet présenté une équipe ne comptant qu'un seul trentenaire ! Quant aux sud-coréens, leur niveau ne cesse de progresser, leurs clubs dominent l'AFC et les jeunes issus des centres de formation commencent à éclore. Reste le problème australien qui devra résoudre ses soucis locaux pour espérer perdurer après la génération des Cahill/Kewell. Lucarne Opposée vous l'a souvent écrit, l'Asie de l'Est pourrait être l'avenir du football mondial et n'en fini plus de le montrer à chaque compétition internationale.

Le Japon gagne en intelligence.

Avec la prise de confiance générée par la prestation en Coupe du Monde, le Japon est apparu encore plus fort notamment grâce à l'intelligence tactique affichée  durant cette épreuve. Alberto Zaccheroni qui a pris les commandes de la sélection en s'imposant devant l'Argentine, frappe un nouveau coup. Rigoureux, il a modifié les habitudes d'entraînement et surtout offre un regard tactique nouveau aux Samurais blue. En replaçant certains joueurs à des postes clés, il a redonné une force collective à une équipe déjà conquérante. Meilleur exemple, Yuto Nagatomo. Le latéral de Cesena, déjà dans les meilleurs latéraux pendant le mondial sud-africain a illuminé la compétition au poste de milieu offensif gauche. La prochaine Copa America à laquelle participera cette redoutable équipe nippone s'annonce déjà passionnante et bien évidemment, sera à suivre sur Lucarne Opposée.

Le onze type de Lucarne Opposée.

A l'image de la compétition, le onze type de Lucarne Opposée est essentiellement issu de l'Est.

Eiji Kawashima (Japon).

Malgré son match manqué face au Qatar en quart de finale, Eiji Kawashima a survolé la demie et la finale. Auteur d'une séance de tirs au but héroïque, il s'est transformé en rempart inviolable en finale. Si Schwartzer aurait pu prétendre à cette place, l'impact des performances de Kawashima sur le résultat final fait gagner ce dernier.

Yuto Nagatomo (Japon).

Sans hésitation l'homme de la compétition. Virevoltant à gauche, sa finale en milieu offensif fut d'une qualité unique. Décisif face en demie, décisif encore en finale, celui qu'Arsène Wenger avait nommé dans son onze type de la Coupe du Monde a une nouvelle fois illuminé l'épreuve. Et on apprend qu'il vient de signer à l'Inter.

Lucas Neill (Australie).

Deux petits buts encaissé. Certes, il y en a un de trop mais la défense australienne aura été la meilleure du tournoi et il aurait été anormal de ne pas en citer un de ses joueurs. L'élu est Lucas Neill. Associé au meilleur joueur d'Asie 2010 Saša Ognenovski, Neill s'est mué en véritable rock.

Odil Ahmedov (Ouzbékistan).

Il a ouvert l'épreuve d'un missile de 30 mètres, il aura surtout ébloui les suiveurs par son habilité technique, son intelligence tactique et sa solidité défensive. Même lors du naufrage face à l'Australie, Odil Ahmedov a montré qu'à 23 ans, il pourrait bien être un grand talent de demain.

Cha Du-Ri (Corée du Sud)

Le clone parfait de Nagatomo en version coréenne. Sans aucun doute le meilleur latéral droit du tournoi, le joueur du Celtic aura enfin montré tout son talent. Ancien ailier droit, The Chaminator a probablement enfin trouvé sa vraie place.

Matt McKay (Australie).

L'une des révélation du tournoi. Remplaçant en début de compétition, il entre et éclate face à l'Irak en quarts, offrant la victoire à l'Australie. Il ne quittera plus le onze de départ, offrant 3 des 6 buts à ses partenaires en demi. Le capitaine des Roar, leader incontestable de la A-league a enfin éclaté sur la scène internationale.

Makoto Hasebe (Japon).

L'homme clé de la sélection de Zaccheroni. Le capitaine et cœur du système nippon est l'homme clé de l'animation collective des Samurais Blue avec Endo. Distributeur de génie, il a régalé les suiveurs de ses passes et autres offrandes à ses partenaires.

Keisuke Honda (Japon)

La révélation de la Coupe du Monde sud-africaine a tout juste confirmé. Si sa performance ne fut pas forcément aussi magistrale en Afrique du Sud, il aura été systématiquement dans les coup décisifs japonais. Ses dédoublements avec Nagatomo notamment auront régalé les observateurs.

Server Djeparov (Ouzbékistan)

L'Ouzbékistan a atteint le dernier carré pour la première fois de son histoire. Si la défense conduite par Ahmedov l'y a aidé, il doit également cette performance à son meneur de jeu Server Djeparov. Prêté au FC Séoul avec qui il fut sacré champion de Corée du Sud, Djeparov a réalisé un tournoi quasi parfait.

Koo Ja-Cheol (Corée du Sud)

L'un des hommes clé de l'excellente saison de Jeju en K-league aura tenu la sélection nationale à bout de bras. Meilleur buteur du tournoi, placé juste derrière le seul attaquant de pointe de la sélection des guerriers Taeguk, Koo Ja-Cheol a convaincu. Il devrait rapidement débarquer en Europe.

Shinji Okazaki  (Japon)

Trois buts contre l'Arabie Saoudite, son entrée fut décisive face à la Syrie et la Jordanie. Virevoltant, accrocheur et intelligent, celui dont le style n'est pas sans rappeler Carlos Tevez (en moins tueur) va bientôt venir montrer son talent en Bundesliga. Et il est immense.

Entraîneur : pour les raisons évoquées plus haut, ce ne peut être qu'Alberto Zaccheroni.

 

Pour rappel, l'ensemble des buts est à voir ou à revoir sur la chaine Lucarne Opposée sur youtube.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.