Iran – Irak et Japon – Emirats Arabes Unis. Les deux dernières affiches des quarts de finale ont offert aux amateurs de football un moment de folie pure et une énorme sensation.

Incroyable Iran – Irak

Le football a de magique qu’il aime à déjouer les pronostics. Iran – Irak, quart de finale annoncé fermé entre deux grosses défenses et faibles attaques, s’y est employé. D’entrée de partie, les iraniens pressaient leur voisin irakien et allaient logiquement ouvrir la marque peu avant la demi-heure de jeu par l’inévitable Azmoun, déjà seul buteur du dernier affrontement entre les deux formations en préparation de la Coupe d’Asie au début du mois. Il fallait alors un coup du sort pour changer la rencontre. Peu avant la pause, Mehrdad Pooladi était très sévèrement exclu par Ben Williams, l’arbitre australien de la rencontre. Cela permettait aux irakiens de prendre la rencontre en main en seconde période. Replié en défense, l’Iran restait dangereux en contre mais allait se faire reprendre peu avant l’heure de jeu. Les deux équipes se rendaient alors coup pour coup, l’inévitable prolongation allait faire rentrer ce quart de finale dans la légende. 93e minute, Younis Mahmoud donnait l’avantage aux siens d’une magnifique tête plongeante. Poussé par son douzième homme, l’Iran réussissait l’exploit : une tête surpuissante de Morteza Pouraliganj et les hommes de Queiroz recollaient. Le KO n’était pas loin, chaque équipe faisait vaciller l’autre à chaque offensive. 116e minute, le jeune Dhurgham Ismail, 20 ans, redonnait l’avantage à l’Irak sur penalty mais alors que tout semblait enfin plié, sur un dernier corner, l’impensable se produisait, Reza égalisait de nouveau. Le cœur des iraniens, à 10 contre 11 pendant 75 minutes leur offrait une séance de tirs au but qui elle aussi restera dans l’histoire. Huit tireurs de chaque côté, des merveilles de frappes (la palme pour la panenka de Mahmoud à 5-4 pour l’Iran) et l’Irak réussit son exploit : il retrouvera la Corée du Sud en demi-finale. L’Iran quitte la Coupe d’Asie en ayant offert à ses suiveurs le match de la compétition.

 

Le piège émirati

Qualifié en patron face à la Chine, l’Australie attendait de retrouver le Japon en demi-finale de son épreuve pour enfin prendre sa revanche de la dernière finale. Il n’en sera rien. Toujours aussi peu efficace, avec des joueurs qui paraissaient émoussés (Endo et Kagawa ont par exemple totalement raté leur match), ce qui devrait alimentera la polémique de l’absence de rotation effectuée par Aguirre lors du dernier match de poule, le Japon s’est fait piéger comme un enfant par les Emirats Arabes Unis. Emmenés par le merveilleux Omar Abdulrahman, les émiratis ont en effet joué 10 minutes, confisquant le ballon aux Samurais Blue (65 % de possession) et se procurant leurs meilleures occasions. 10 minutes pour que Mabkhout, après un premier échec, vienne faire trembler les filets japonais. Les coéquipiers d’Honda, sonnés, ne se doutaient pas que le piège venait de se refermer. Car les émiratis se repliaient alors et se concentraient à bien défendre face aux offensives japonaises parfois stéréotypées, souvent conclues de manière maladroite. A neuf minutes de la fin, un bel intérieur du pied de Shibasaki ramenait enfin le Japon dans le match, le plus dur semblait fait. La pression s’accentuait sur la défense émiratie qui passait plusieurs fois à deux doigts de craquer. Mais le Japon n’en finissait plus de manquer d’efficacité. Une dernière énorme occasion manquée de Kagawa n'y changeait rien, il fallait jouer 30 minutes supplémentaires. La fatigue aidant, le danger se faisait moindre pendant la prolongation (malgré un beau coup-franc de Shibasaki), les émiratis arrachaient alors les tirs au but. Kagawa et Honda manquaient le leur, les Emirats Arabes Unis réalisent l’exploit des quarts et défieront l’Australie en demi-finale. Pour la première fois depuis 1996, le Japon est absent du dernier carré. Un cataclysme.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.