Dernier match pour le Liban, au bord du gouffre, face à l'équipe la plus abordable, les toujours aussi mystérieux Nord-Coréens. La dernière rencontre entre les deux équipes s’était achevée par un sévère 5-0 infligé par les Cèdres aux Chollima. Les Libanais vont-ils remettre les couverts pour s’assurer une troisième place synonyme de huitième de finale ? Ils ont intérêt à faire pleuvoir les buts pour y arriver !

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XI du Liban : Khalil - Ismail, R. Melki, Oumari, Mansour - Maatouk, Ayass, G. Melki, Matar, M. Haidar - El Helwe

La victoire d'Oman un peu plus tôt dans la journée ne laisse au Liban qu'une seule chose à faire : gagner par au moins quatre buts d'écart. Mais vu le niveau proposé depuis le début de la Coupe, les doutes sont permis dans les rangs libanais. La composition est peu ou prou la même que lors des autres matchs, ce qui donne peu ou prou la même chose. Les Coréens mettent directement le feu à la défense libanaise et se permettent même d'ouvrir le score sur coup franc par Pak Kwang Ryong dès la neuvième minute ! Le Liban doit marquer cinq fois pour se qualifier...

Commence alors le brouillon libanais, fait de chandelles, de passes mal ajustées et de combinaisons ratées. Mais, sur un festival de Maatouk côté gauche, le ballon atterrit dans les pieds de Melki qui fusille de près. 1-1 à la 27e, rien n'est perdu ! Les Cèdres gâchent encore quelques cartouches mais ne semblent pas pouvoir faire basculer le match. La deuxième mi-temps reprend sur les chapeaux de roues mais les Libanais montrent toujours autant de maladresse, rien ne veut rentrer ! Jusqu'à la 67e et ce débordement de Haidar qui trouve la superbe demi-volée de El Helwe dans la surface, 2-1, la tension monte ! Le Liban continue à pousser et se voit récompenser par un penalty à la 79e que Maatouk transforme ! 3-1, les 4 000 supporters basculent dans la folie ! Plus que deux buts ! Les dix dernières minutes sont un condensé d'enfer pour les cardiaques, le ballon tournoyant de l'un à l'autre camp sans répit. Et au bout du bout du temps additionnel, El Helwe envoie une minasse dans le plafond du but qui fait exploser le stade ! Mais hélas, trois fois hélas, le Liban échoue à la cinquième place suite à un plus grand nombre de cartes jaunes que le Vietnam et quitte donc la Coupe d'Asie à la pire des places, celle des regrets...

Si nous dressons le bilan du Liban (et non pas l'inverse), c'est la déception qui nous envahit. Si les défaites contre le Qatar et l'Arabie saoudite sont totalement logiques, c'est l'opposition proposée par les Libanais qui a déçu, tant l'incohérence tactique et le manque de fraîcheur physique ont primé. L'état d'esprit, absent de tout sentiment de révolte, a également marqué les supporters. Radulovic est également au premier rang des coupables, ses compositions improbables et l'impression que les joueurs ne mettaient plus un pied devant l'autre lui sont imputables. La large victoire du dernier match ne suffira pas à masquer les manques entraperçus tant l'adversaire était faible. Au rayon des joueurs, mention plus plus pour Robert Melki et Mehdi Khalil qui ont tenu la baraque derrière. Devant, les offensifs n'ont pu se mettre en évidence que lors du dernier match, étant passés à travers les deux premiers. Mention moins pour Oumari, Faour ou El Zein dont l'expérience n'aura pas suffi à boucher les trous d'une défense trop souvent poreuse. Notre ballon de plomb revient à George Melki, symbole d'un naufrage annoncé : malgré sa taille, il perd énormément de duels, ne presse pas, est systématiquement en retard, loupe des occasions (si on excepte le match contre la Corée où le ballon lui tombe dessus), abandonne son marquage et, pour couronner le tout, fait preuve d'une mentalité assez douteuse envers coéquipiers et adversaires. Si Robert est une réussite, George ne devrait pas s'éterniser dans le onze de base de Radulovic.

Le sélectionneur nous a grandement déçu, variant son système de manière suicidaire contre l'Arabie et ses flancs véloces, tâtonnant en défense, reléguant Maatouk sur le côté alors qu'il aurait pu bénéficier de ses appels en profondeur en pointe, et a persisté avec Melki au milieu de terrain, secteur le plus importante. L'apport de Radulovic a été indéniable et les progrès effectués sous son mandat sont énormes, même s'il a été dur de s'en apercevoir lors du tournoi. S'il est trop tôt pour savoir s'il continuera après la Coupe d'Asie, il faut espérer qu'il puisse se renouveler tactiquement ou que son potentiel successeur parvienne à gommer les défauts et rajeunir la défense, trop souvent prise de vitesse.

On se quitte donc avec des sentiments mélangés, celui d'avoir assisté à la première victoire du Liban en Coupe d'Asie, et les regrets d'avoir échoué au pied du mur, pour un but en moins. Ah, si seulement l'arbitre avait validé le but contre le Qatar lors du premier match, nous aurions peut-être pu continuer à rêver...

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.