Haletant, bouillonnant, stressant et au bout du compte la A-League a offert aux yeux du monde deux des plus belles affiches qu’elles pouvaient espérer avant d’avoir ses deux finalistes. Le Western Sydney Wanderers a créé un exploit impensable dans un thriller de neuf buts et Adélaïde a offert une nouvelle haute prestation de football contre les Citizens.

Adélaïde ‘Barça’ United

Ils n’ont pas à rougir de ce surnom. Le club de la région du South Australia domine un championnat où Guillermo Amor a mis tout le monde d’accord. Le polyvalent Craig Goodwin avait dit précédemment à Goal Australia : “Je n’ai jamais travaillé autant, personne ne travaille comme nous. Nous avons appris à nous battre pour les autres de l’équipe”. Un sentiment de supériorité footballistique se faisait déjà ressentir dans une première mi-temps fermée mais à l’avantage d’Adélaïde United, les Reds pilonnaient à douze reprises les cages de Thomas Sorensen alors que les Citizens n’en cadraient que deux qu’Eugène Galekovic interceptaient sans grand mal. Dès reprise de la seconde période, Bruce Djite, à la récupération d’un ballon, terminait cette même action pour envoyer la sphère en pleine lucarne (47ème). Le portier Danois était également mis à l’épreuve sur le pénalty concédé par Jack Clisby sur le très remuant Bruce Kamau. Le buteur retrouvé, Bruce Djite, n’attendait pas plus longtemps et envoyait une seconde fois Thomas Sorensen chercher la balle au fond de ses filets (60ème). Dans cette situation, Melbourne City se devait de revenir au plus vite : dans un temps fort des bleus et ciel, Bruno Fornaroli attirait Craig Goodwin et Iacopo La Rocca laissant derrière eux l’espace nécessaire à Connor Chapman pour recevoir le ballon et retransmettre directement à Nick Fitzgerald en retrait. L’aide du poteau relançait les Citizens et leurs supporters présents au stade (72ème). Entrait ensuite une période de flottement, toujours en faveur des Reds, ces derniers trouvaient néanmoins une nouvelle faille sur corner, Dylan McGowan reprenait de voler devant toute la défense pour expédier un troisième ballon dans les filets de Melbourne City. Le but était un exploit, une balle de match telle qu’Eugène Galekovic couru toute la diagonale du terrain pour célébrer le but (88ème). Bousculé mentalement, City laissait à Adélaïde United toute la place nécessaire sur le terrain pour planifier ses phases de jeu et sur un dernier centre au second poteau, Pablo Sánchez, celui qui voulait “battre Melbourne City” en plaçant un émoticône de station essence pour représenter le club qataris après son commentaire, assénait le coup fatal sur un centre de Marcelo Carrusca (93ème). La région du South Australia pourra espérer au doublé des leurs, une première dans leur histoire. Se déplaçant à 15’000 personnes (6ème meilleure affluence du club), les supporters prévoient de prendre un maximum des 53’500 places de l’Adélaïde Oval pour la Grande Finale.

 

Le plus beau match de l’histoire

Bien avant l’entrée des joueurs sur le terrain du Pirtek Stadium, les chaînes de télévision Australiennes survolaient les rues allant aux portes du stade pour suivre les supporters du Western Sydney Wanderers. Le club qui fêtera sa quatrième année s’est pourtant dotée d’une armada de supporter la plus belle du pays et c’est tout logiquement que le groupe du Red and Black Bloc prenait place dans sa tribune. Les chants fusaient à l’entrée des joueurs et cette armada donnait déjà le sens de la rencontre en brandissant une pancarte à la gloire de Tony Popovic (l’entraîneur du club) qui devrait être lu et compris par bon nombre de club : “Le succès ne peut exister sans passion”. Une passion pour leur club et leur entraîneur mis durement à l’épreuve dès le premier quart d’heure du match et cela malgré la première domination des rouges et noirs, Brisbane Roar profitait d’une main d’Andreu pour mener la marque sur pénalty (16ème). S’en suit deux coups violent pour les supporters du Wanderers. Le malheureux Andreu était à la déviation d’un ballon sur un coup-franc de Corona, poussant la balle au fond de ses propres filets (20ème) puis Jamie Maclaren, dos au but, frappait, sa frappe légèrement déviée au départ du ballon par Alberto Aguilar battait Andrew Redmayne. Une pleine réussite gagnait le Rugissement de Brisbane, 3 tirs, 3 buts. Un concours de circonstance en leur faveur parce qu’après ce but, le Wanderers est allé puiser au fond de leur mental. Un retour amorcé par Romeo Castelen, l’ailier infatigable de Sydney profitait d’un mur mal placé sur coup-franc à l’entrée de la surface pour expédier une première fois la balle au fond des filets, 1-3 (29ème). Heureux en attaque, Brisbane était faible en défense. Dimas lançait le ‘SuperSub’ Brendon Santalab dans une course en profondeur, prenant de vitesse la dernière ligne défensive adverse, le No. 11 s’offrait ainsi une dixième réalisation (39ème) soit une unité de moins que l’ensemble de ses buts sur ces sept dernières années en A-League. La mi-temps passée, tout le monde croyait au retour du Wanderers et ses joueurs faisaient tout pour y faire croire. Acculé dans son camp par un Sydney assoiffé de but, Brisbane pliait un premier genou sur un tir à bout portant de Romeo Castelen (53ème), 3-3. Juste avant que ce même bourreau ne fasse éclater de joie le Pirtek Stadium d’une frappe de volée à l’entrée de la surface, mettant complètement Brisbane à genoux (59ème). Le déroulement était parfait mais John Aloisi conservait encore dans sa botte Henrique, le naturalisé Australien donnait encore raison à son coach : d’un centre-frappe, celui entré tout juste en jeu trouvait Jamie Maclaren pour redonner espoir à Brisbane (81ème). Le match touchait à son terme et la prolongation devait être jouée, Brisbane s’était relevé, le Wanderers était encore affamé. C’est une folle histoire que le football a encore vécu, surtout quand Dario Vidosic allumait Redmayne (102ème) donnant la balle de match au Western Sydney Wanderers savourant bien plus qu’un match. Comme un symbole, Dario fêtait son but et la victoire des siens avec leur douzième homme. Le Pirtek Stadium s’éteignait ensuite, sur sa dernière rencontre, la plus belle de toute, avant de se faire démolir dans les prochains moins. Certains étaient restés après le match pour fêter la finale, la victoire et leur petite mais déjà grande histoire là où ils ont été hébergé pour la première fois. Un adieu fêté haut la main par un des clubs les plus beaux d’Australie.

 
Photo : Cameron Spencer/Getty Images
Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.