À quatre journées de la fin de la phase régulière, le championnat ressemble à ces road-trains australiens, ces camions immenses de 35 mètres de long parcourant les longues routes de l’intérieur du pays. De cette immense structure routière, Sydney FC en garde les mains sur le volant mais Newcastle reste proche espérant jouer un mauvais coup. Dans les rétroviseurs, les autres et, au bout, Wellington Phoenix qui contemple le paysage et pense déjà au lendemain.

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« Bye Wellington ! », un jargon de plus en plus populaire dans le championnat d’élite australien. Tout juste remis d’un départ d’entraîneur, Chris Greenacre a laissé Andrija Kaludjerovic au repos. L’attaquant des ‘Nix, enfermé dans une spirale négative n’a plus trouvé le chemin des filets depuis le 23 Décembre 2017. Leur avant-centre serbe n’a pas été le seul à changer d’air. Wellington Phoenix a déménagé dans le sanctuaire du défunt New Zealand Knights (club disparu en 2006) et les ‘Nix auront plus ou moins respecté leur aïeul. Face à eux, un Newcastle Jets très amoindri de par la blessure de Nigel Boogaard et le départ d’Andrew Nabbout. Mais les rouges et bleus auront eu le plaisir de retrouver le très soyeux Ronald Vargas et Patricio Rodriguez. Lors de la 17ème journée, les Néo-Zélandais avaient fait tomber Newcastle, cette fois, à Auckland, au QBE Stadium, les Jets ont répliqué en montrant de la hargne, à l’image de Jason Hoffman. Hoffman a encore régalé et validé une victoire essentielle pour la suite du championnat. Les Jets réalisent leur second objectif, sécuriser une place dans le top 2, leur garantissant l’étiquette d’hôte pour une des demi-finales de la phase finale. Derrière cette défaite, Nathan Burns est allé encourager ses partenaires en évoquant une prestation de meilleur augure. Certes mais c’est trop tard. Wellington est comme son pays, en dehors de l’Australie. Si géographiquement la Nouvelle-Zélande ne sera pas recollée à l’Australie avant des millions d’années, Wellington Phoenix a sept mois pour se refaire et ne pas donner l’envie à la FFA de les exclure du championnat.

Au bout de ce road-train, Central Coast est également très loin de la cabine de pilotage. Dans l’AAMI Park, les Mariners avaient déjà la lourde statistique de ne plus y avoir obtenu le moindre résultat depuis 2009. Le club de l’Est-Australie avait pourtant fait de grandes tirades avec Alan Baro : « Nous devons corriger nos erreurs et finir sur une bonne note ». C’est raté. Ces Mariners auraient dû se jeter dans le fleuve Yarra mais ils ont préféré se laisser dévorer par un animal bien trop puissant, l’aigle. Besart Berisha l’Albanais passé sous passeport Kosovar a démembré ce qui restait de bien à Central Coast. Du pied droit, du pied gauche et de la tête. Terminé. Central Coast avait pris part au combat dès le début, Rhys Williams avait sauvé Lawrence Thomas sur sa ligne mais à ne pas conclure, Central Coast a épuisé toutes ses cartes. De l’autre côté, Leroy George avait enfilé une nouvelle perle. Le footballeur néerlandais pourrait même venir jouer des épaules à Adrian Mierjewski dans la lutte au titre de meilleur joueur de l’année. La conclusion ? Kosta Barbarouses a eu le temps de réparer le filet déchiré du but de Ben Kennedy, bien aidé par ses coéquipiers. Devant le sourire de Besart Berisha, montrant une nouvelle fois la qualité du buteur et son talent. Il ne s’est pas hissé au titre de meilleur buteur de l’Histoire de ce championnat en trichant. Kevin Muscat, fraichement prolongé aura apprécié la montée en puissance de Christian Theoharous. Melbourne Victory avait le sourire, moins au Central Coast même avec deux buts tardifs, perdant le match, Antony Golec (vraisemblablement une fracture du tibia) et une nouvelle saison. Sans victoire au prochain tour, fin de saison.

A Crissane Road, on regarde cette performance du coin de l’œil. On se rappelle des nombreux titres « Melbourne City enchaîne quatre victoires d’affilée, les derniers ayant fait ça ont fini champion ». Maintenant, Warren Joyce et ses joueurs sont à la suite de quatre matchs sans victoires. En cette fin de saison, cette série n’est pas la bienvenue surtout que ces Citizens laissent une nouvelle fois le Melbourne Victory passer devant. Marco Kurz avait retrouvé le Danois, Johan Absalonsen, plus vu depuis la 3ème journée (blessure) et pouvait compter sur 8'000 supporters poussant corps et âme leur franchise. Dans la Ville des Eglises, le Père se nommait Izzo. Du haut de ses 23 ans, Izzo ressemble à ce que Maty Ryan faisait. On fait de lui le futur de la sélection. Stoppant un pénalty important sur une tentative de Bruno Fornaroli, son compteur d’arrêt est maintenant à trois dans cet exercice. La prestation d’Adelaïde United était pourtant en deçà des espérances. D’excellents débuts avec 15 à 20 minutes de possession puis un léger relâchement que Melbourne City prit à bras le corps en réduisant la marque avant l’heure de jeu. Johan Absalonsen avait signé son retour peu avant la fin de la première mi-temps en ouvrant le score. Melbourne City avait réellement de quoi finir son match et prendre les trois points. Marco Kurz allait lui aussi dans ce sens en parlant de « chance » lorsque Melbourne City avait les occasions de tuer le match. La chance, elle était sur la ligne du but.

On se questionne. On se demande ce qu’il se passe. Les Sky Blues sont en plein malaise et sont entrés dans une ronde négative. Graham Arnold partira à la fin de la saison, la Ligue des Champions, malgré de bonne prestation est loin d’être convainquante. Sur le plan national, Sydney FC s’est pris les pieds dans le tapis au point d’enchaîner une deuxième défaite de rang, une première depuis deux ans ! Un malaise jusque dans les vestiaires. Lorsqu’Arnold décidait de sortir David Carney, l’ailier Australien ne l’entendait pas de cette oreille et est allé sur le parking du stade s’enfermer dans sa voiture personnelle. Une scène incroyable dans un club se voulant comme une référence sur le plan national. De leur côté, les Brisbane Roar ont continué de surfer sur leur forme olympique et se sont mis dans d’excellentes conditions avant la réception de Wellington Phoenix. La semaine passée, Eric Bauthéac a été à l’honneur en délivrant l’unique but de la rencontre. Le Français s’est fait plus discret tout en ayant un rôle capital avec une passe décisive délivrée. Face à l’armada offensive de Sydney FC, ce sont d’autres hommes de Brisbane qui furent important : Daniel Bowles, Jacob Pepper, Matt McKay et Thomas Kristensen ont été des éléments essentiels à l’importante et l’extraordinaire victoire dans une Allianz Stadium qui n’était plus tombée aux mains de l’adversaire depuis deux ans. Sydney devra se refaire et Brisbane assuré face à Wellington quand ses adversaires directs jouent plus haut qu’eux au classement. Dans la dernière rencontre de la journée, le Western Sydney Wanderers a glané le point du match nul face à Perth Glory perdant Liam Reddy, expulsé. La fin de saison s’annonce intense pour les places de troisième à huitième.

Résultats

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Classement

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Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.