Après quatre saisons passées en Australie, le Franco-Tunisien Fahid Ben Khalfallah a annoncé sa retraite professionnelle. Si FBK était souvent moqué en France, en Australie, le joueur passé par Melbourne Victory et Brisbane Roar, laissera une empreinte conséquente : celle d’un joueur qui a aidé la ligue australienne à progresser. S’il n’est pas arrivé comme une star mondiale, il quitte la A-league comme étant l’une de ses vedettes.

banlomag

D’un scapulaire à l’autre

Avant d’être joueur du Melbourne Victory, Fahid Ben Khalfallah évoluait aux Girondins de Bordeaux. C’est avec les Marines et Blancs qu’il a fait le plus long séjour de sa carrière française puisqu’il évolue avec le club entre l’été 2010 et juillet 2014 et remporte une Coupe de France, jouant ainsi presque une centaine de matchs avant de rejoindre l’Aube. S’en suit une dizaine de match en Ligue 2 avant de faire un grand bond, d’une dizaine de milliers de kilomètres direction l’Australie.

À Melbourne, l’idée est de rehausser le club à son standing initial. Leader incontesté sur le plan national, le Big V de la région du Victoria était à la poursuite d’un titre après son dernier soulevé – celui du doublé de 2008-09 –. Pour cela, la Direction du club avait placé à la tête de l’équipe, Kevin Muscat, une ancienne gloire de l’équipe. Pour l’aider à reconquérir le championnat, Fahid Ben Khalfallah a fait partie d’un ensemble d’arrivants qui resteront plus tard comme les pierres angulaires d’une saison XXL. Fahid Ben Khalfallah est arrivé dans l’objectif de renforcer une attaque à trois avec notamment Besart Berisha, buteur vedette du championnat également arrivé au même moment. Dans cette même fenêtre de transfert, le Melbourne Victory renforçait son secteur défensif avec Matthieu Delpierre – toujours considéré comme le meilleur défenseur ayant porté le maillot du Big V – et Daniel Georgievski.

Le 28 septembre 2014, Fahid Ben Khalfallah était présenté sur le site officiel du club. Le même jour, en match amical d’avant saison, Melbourne Victory s’offrait un derby face à Sydney FC. FBK ne prenait pas le temps de s’acclimater à la météo et marquait le but égalisateur (1-1) en un-contre-un face à Ivan Necevski. Suite à ce match, Ben Khalfallah s’impose peu à peu, même si Perth Glory sortira ensuite Melbourne en quart de finale de la FFA Cup. Mais en championnat, le plan FBK fonctionne : Dans une saison très disputée où Wellington Phoenix devenait dangereux, Josep Gombau transformant un Adelaïde United en redoutable outsider et surtout un Sydney FC jouant à arme égale, l’apport et l’arrivée de Fahid Ben Khalfallah était très importante dans le trio de tête. Pour mettre en valeur Besart Berisha, il lui faut des ballons à exploiter et FBK a pu servir à plusieurs reprises son coéquipier albanais et aussi profiter en face des buts. Avec cinq buts et sept passes décisives cette saison-là, FBK a été une pièce maitresse, respectée par ses coéquipiers et supporters. À l’issue de la phase régulière, l’ancien girondin avait contribué à construire le nouveau Melbourne, champion de saison régulière.

En phase finale, Melbourne Victory terminait un travail de vingt-sept journées de championnat. Qualifié directement en demi-finale par sa place de leader en saison régulière, le club du Victoria écartait son ennemi, Melbourne City (3-0) puis écrasait les Sky Blues (3-0) de Jacques Faty et Marc Janko dans une Grande Finale où Fahid Ben Khalfallah était impliqué directement dans les deux derniers buts de la rencontre. Quant au bilan de la saison, le club récompensait Ben Khalfallah comme étant le meilleur joueur de la saison au club et la ligue plaçait Ben Khalfallah comme « star » de l’année. L’ancien pensionnaire de Ligue 1 redevenait courtisé sur le marché des transferts, même en France. Fort heureusement, pour la ligue et le club, FBK restait à Melbourne et prolongeait son contrat pour deux nouvelles saisons. On saura plus tard que sa fille, Anna, aura été importante dans la volonté de prolonger au club. La fille du n°14 adorait la chanson Stand By Me à l’entrée des joueurs du Big V sur le terrain de l’AAMI Park.

Après un doublé Premiership – Championship, le Melbourne Victory continuait d’être l’ogre qu’il avait été. En octobre 2015, les joueurs de Muscat soulevaient la coupe nationale (FFA Cup) face à Perth Glory (2-0). Durant cette saison 2015-16, Melbourne Victory n’était plus aussi fort en championnat et n’était plus tant redouté. Jouant la Ligue des Champions à travers l’Asie et subissant le départ de Mark Milligan et la maladie de Carl Valeri, le Big V perdait une partie de son squelette. Fahid Ben Khalfallah se montrait cependant toujours aussi présent, toujours au travail et ce jusqu’au terme de son contrat où il fut remplacé par l’excellent Leroy George, en 2017.

Âgé de 35 ans, Fahid était encore performant pour aller aider un club australien à se redresser comme il a pu le faire avec Melbourne Victory. En 2017, il signait ainsi chez l’autre géant du football australien, Brisbane Roar. Arrivé également pour épauler Massimo Maccarone et l’autre Français Eric Bauthéac, Fahid a continué de faire parler tout son talent sur et en dehors des terrains. Même si les statistiques n’étaient pas au rendez-vous, Fahid était là pour encadrer les jeunes joueurs du club comme Nicholas D'Agostino ou Shannon Brady. Malheureusement, sa première saison avec le club du Queensland n’était pas du même niveau que celle de Melbourne Victory. Englué dans des performances en dent de scie, il était le premier à élever la voix dans la presse régionale lorsqu’il évoquait que ces résultats étaient uniquement de leur faute. Des mots importants tant la fin de saison de Brisbane fut redressée, leur permettant d’atteindre la phase finale, phase finale où Fahid Ben Khalfallah connaîtra un nouvel échec, face à Melbourne City (2-0). C’est à l’issue de cette ultime défaite que Fahid Ben Khalfallah annonçait sa retraite du monde du football et son départ de la ligue australienne.

fbk

Un exemple

En quatre années passées sur le sol australien, Fahid Ben Khalfallah a soulevé tous les trophées du pays. Arrivé avec un statut d’inconnu, le Franco-tunisien quitte l’île australe comme exemple à suivre pour tout club de la Ligue, toujours désireux de développer son football par l’import de joueurs venus d’Europe. L’Australie n’a pas besoin de « super-star » internationale – elle ne peut de toute façon pas se le permettre – mais de joueurs expérimentés qui sauront servir d’exemple à suivre et par leur implication permettront au championnat, toujours en pleine expansion, de hisser toujours un peu plus son niveau de jeu. En atteste ses propos pointant notamment le manque au pays au niveau de la formation des jeunes (à lire sur Four Four Two – article en anglais). Quelques stars sont passées en Australie, de Fowler à Heskey en passant par Del Piero. Mais au pays, ceux qui ont véritablement laissé une empreinte dans leurs clubs et dans le championnat ne sont pas obligatoirement des joueurs de ce statut. Comme le furent des Thomas Broich, Matthieu Delpierre ou Marc Janko pour ne citer qu’eux, Fahid fait partie de ces grands qui se sont imposés sur et en dehors du terrain. Arrivé pour une seule année, Fahid Ben Khalfallah sera resté quatre ans sur l’île. Et que ce soit auprès des jeunes, du club et de la communauté des supporters Marines et Blancs et ceux du Queensland, il restera dans les mémoires.

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.