Les deux clubs de Melbourne se qualifient au terme de rencontres différentes dans leurs contenus mais finalement sans surprise. Si pour City, la qualification s’est jouée dans la tranquillité, Melbourne Victory s’est remis à son très grand buteur, Besart Berisha.

banlomag

City : pas de panique sur la ville

Quelle leçon devrons-nous retenir de cette prestation ? Quel rêve pouvons-nous adosser sur les épaules de Daniel Arzani ? Quel destin pour ce Melbourne City ? En tout cas, Warren Joyce tient dans ses mains quelque chose de grand. Forcément, Aaron Mooy restera la « super-star » de ce Melbourne version City mais Daniel Arzani pourrait être le successeur. Contre une équipe de Brisbane Roar refusant le jeu, le duo offensif Bruno Fornaroli – Daniel Arzani s’est donné à cœur joie pour faire trembler les filets adverses. Melbourne City a gagné à l’usure. D’abord les dernières passes étaient souvent manquées, l’efficacité fuyante dans les derniers mètres. Daniel Arzani, parvenant à trouver des espaces dans la charnière défensive, peinait à trouver le dernier espace pour trouver Fornaroli ou quelconque adversaire démarqué. Dans son ensemble, Arzani a fait preuve d’un très grand sens du collectif, sans en faire trop et surtout à ne pas s’enfermer dans un rôle de soliste qu’il pourrait très bien endosser. À force de pousser et d’y croire, porté par ses supporters dans l’enceinte de l’AAMI Park, Melbourne a ouvert le score lorsque Bruno Fornaroli trouvait son coéquipier Stephan Mauk. Brisbane se réveillait beaucoup trop tard, Eric Bauthéac et Fahid Ben Khalfallah ne pouvaient rien faire de mieux. Seulement quatre petits tirs pour les joueurs du Queensland, bien trop peu pour faire trembler Dean Bouzanis sur sa ligne. Melbourne City allait jusqu’à tuer toutes les maigres espérances du club de l’Est, toujours sur le côté droit, Nick Fitzgerald expédiait le centre de Dario Vidošić au fond des filets. Le break et le score restait figé jusqu’à la fin du temps imparti.

Armé pour le titre final, Melbourne City a tous les signaux au vert pour y croire. La prestation affichée contre une équipe très défensive montre la capacité à déjouer ce système, système clé du côté du Sydney FC (possible futur adversaire final) et son repli défensif très compact. Warren Joyce rabâche une nouvelle fois son « X-factor » Arzani, tant le très jeune prodige australien peut créer l’étincelle et faire basculer le match. Accompagné par l’Uruguayen Fornaroli, faisant oublier sa rupture des ligaments croisés quelques mois plutôt, et de Vidošić, Melbourne City peut sérieusement y croire. Il faudra surpasser les Jets de Newcastle qui s’apprêtent à remplir leur McDonald Jones Stadium à leur réception ce vendredi prochain. Côté Brisbane, les questions restent les mêmes, John Aloisi a-t-il la capacité à tirer une équipe vers les titres nationaux ? Le technicien australien devra faire mieux et sans Fahid Ben Khalfallah qui a annoncé prendre sa retraite, ni sans Massimo Maccarone (10 buts en 30 matchs), autre victime d’une envie de rajeunissement dans le Queensland. Eric Bauthéac sera très probablement un Roar la saison prochaine mais il faudra impérativement créer une équipe beaucoup plus compétitive autour du Français, sans quoi, Brisbane Roar ne pourra évoluer.

Besart Berisha, l’homme providentiel

Le rôle d’un attaquant est d’être là au bon moment, au bon endroit. Besart Berisha était au bon moment, au bon endroit. Le numéro 8 du Melbourne Victory a donné la victoire finale au Big V, face à des Reds piégés dans leur défaut saisonnier. Contrairement au match précédent, lui-aussi joué à l’AAMI Park, Adelaïde s’est montré beaucoup plus joueur et expérimenté dans l’exercice. Menés par l’entraîneur allemand, Marco Kurz, les Reds ont débuté cet Original Rivalry de la meilleure des manières avec le pied sur le ballon. Les premières minutes étaient à Adelaïde mais Melbourne Victory restait imprenable défensivement et Adelaïde trop moyen offensivement. Les minutes défilèrent et le duo d’entraîneurs s’affrontait dans une partie d’échec intense dans l’entrejeu. Adelaïde United a pu ouvrir le score sur une action rapide, via coup de pied arrêté, où la défense de Melbourne fut prise de court. La fougue des Rouges les récompensait mais ils se faisaient punir dans l’immédiat par Leroy George. Melbourne Victory avait passé la seconde, le but les avaient réveillés. Adelaïde United n’a pas baissé la tête et est allé chercher l’ultime but, celui pouvant les délivrer et sortir l’immense Victory. Mais Adelaïde United n’avait pas prévu, qu’à la toute fin de match, Besart Berisha enverrait le ballon au fond des filets. Dans une action menée de bout en bout, le Kosovar eut la merveilleuse idée de se s’envoler et tenter le geste aussi fou que génial. À deux centimètres du gant de Paul Izzo, à cinq centimètres du poteau. Le football est parfois fait de peu de choses et de choses incalculables. Le probable futur citoyen australien donnait la victoire aux siens de la plus belle des manières, jusqu’à faire monter l’image dans la tête de son fils qui n’a pas arrêté de répéter le geste de son père lorsque tous les joueurs étaient aux vestiaires. Comme son fils, les supporters de Melbourne Victory étaient aussi ébahis et heureux d’avoir un attaquant de la poigne de Berisha. Certainement dépassé par Bobô ou Bruno Fornaroli, Berisha reste néanmoins une valeur très sure de ce championnat et son expérience parle une nouvelle fois pour lui. Melbourne s’en sort, Adelaïde sort fièrement. Si l’avenir de Marco Kurz n’est pas scellé au club du South Australia, l’Allemand retiendra l’expérience de cette phase finale pour revenir plus fort l’année prochaine.

Les Reds d’Adelaïde United sortent par la grande porte de ce championnat. Marco Kurz a fait parler tout son talent, son caractère et son sens managérial pour pousser vers le haut des joueurs ne donnant pas ou une moyenne satisfaction. Nikola Mileusnic se montre comme une pièce très intéressante à retrouver la saison prochaine, Kurz a également relancer Ryan Kitto et surtout montrer le futur de la sélection australienne avec le portier Paul Izzo. Il faudra maintenant renouveler les contrats, il n’est pas dit que les cadres restent à l’image de Jordan Elsey ou Johan Absalonsen et c’est surtout l’avenir de Marco Kurz qui est en jeu. Arrivé tambours battants, l’ancien entraîneur du 1899 Hoffenheim, a tapé dans l’œil de la direction du Sydney FC en quête de trouver un successeur à Graham Arnold. Au Olympic Boulevard, Kevin Arnold devra se charger de sortir le Sydney FC. Battu lors du sacre final, Kevin Muscat voudra se venger de cette élimination et fêter la prolongation de son contrat de deux ans. Contre Sydney FC, la rencontre s’annonce électrique à l’Allianz Stadium, dans l’espoir de voir sortir Sydney FC, le Big V pourra alors espérer avoir le privilège de battre Melbourne City, chez eux. Le titre serait alors le plus beau de leur histoire.

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.