Dernier rendez-vous australien avant la Coupe du Monde. Les yeux étaient tournés vers Newcastle pour la finale de A-League 2018 opposant les Jets aux Victory. Et si le résultat n’est pas sans polémique, l’expérience des grands a fini par parler.
Le football australien était en fête, enfin on retrouvait une finale de Championship dans un stade régional. Le McDonald-Jones Stadium était comble avec 29 410 supporters (plus grosse affluence du club depuis 2007), même les tribunes scindées entre siège et herbe ne faisaient qu’une, coupant avec la réalité en championnat. Un stade complet pour accueillir la 13ème édition du Championship, celle opposant un monstre national qu’est le Melbourne Victory (trois victoires en compétition), et le Newcastle Jets (une étoile acquise en 2008 contre le Central Coast Mariners). Une finale également par les retrouvailles : celle de Georgievski, perdant à l’édition précédente avec ce même Melbourne Victory contre le Sydney FC, et qui croisait ainsi ses anciens partenaires pour essayer de s’adjuger ce titre qu’il attend encore, celle des entraîneurs, amis et partenaires, le calme Ernie Merrick face à la hargne de Kevin Muscat, son capitaine lorsque le premier dirigeait Melbourne en 2006-07.
Sans Rhys Williams ou Christian Theodarous, Kevin Muscat titularisait le même onze que face au Sydney FC. Même son de cloche côté Newcastle Jets, où l’International Néo-Zélandais Glen Moss prenait la place de Jack Duncan sur la ligne des buts, suite à la blessure de ce dernier en demi-finale. Sur le banc, Ivan Necevski venait compléter et prendre la place de gardien n°2 pour la finale.
Si les deux compositions d’équipes étaient équivalentes à celles des demi-finales, le scénario avait aussi un air de déjà-vu. Newcastle Jets avait le rôle de favori, ayant l’opportunité de jouer à domicile, et Melbourne Victory d’outsider. Les Jets prenaient tout de suite les rennes de la rencontre. Dimitri Petratos ou Ronald Vargas voire Riley McGree étaient les premiers à donner le tempo favorale aux hôtes. Nigel Boogaard signait la toute première frappe mais le capitaine et défenseur des Jets envoyait cependant son tir dans la tribune. Les Jets étaient intraitables, leur système de jeu proposé les aidait à facilement se créer des espaces jusqu’à la dernière ligne de la défense du Victory muraille infranchissable. Et comme d’habitude et en demi-finale, les Jets allaient se faire surprendre sur coup de pied arrêté : Leroy George envoyait son coup-franc vers le deuxième poteau, Donachie remettait de la tête pour Kosta Barbarouses. Le Néo-Zélandais inscrivait le but le plus rapide de l’histoire des finales (9 minutes). Malheureusement, les images étaient sans équivoque : sur le coup franc de George, trois joueurs du Big V, Donachie inclus, étaient hors-jeu. On aurait pu alors s’attendre à ce que ce but soit refusé, malheureusement encore, et surtout pour les fans des Jets, le VAR validait pourtant cette ouverture du score, malgré des images pourtant claires et nettes. Les détracteurs de la vidéo auront ainsi du grain à moudre, d’autant que ce but sera décisif.
Ernie Merrick envoyait ses joueurs retourner au front. Dimitri Petratos était l’artilleur principal des hôtes. Sur son côté gauche, face à Stefan Nigro, Petratos centrait à tour de bras sans pour autant trouver une tête Jets à la retombée. Lorsqu’un coéquipier était à la reprise du centre, c’est Lawrence Thomas qui était capable de sortir une prestation digne des plus grands gardiens de but. Thomas, ancien gardien n°3 dans la hiérarchie du Big V, c’est imposé en trois ans comme un des meilleurs du pays. Aujourd’hui, il a sauvé par trois fois ses partenaires : Une frappe de Roy O’Donovan, une de Riley McGree et sauvetage in extremis devant Jason Hoffman. Dans une finale où tout se jouait sur des détails, Thomas endossait le rôle d’homme de la soirée.
La mi-temps passée, le jeu était plus haché, les joueurs montraient la fatigue accumulée. Melbourne Victory semblait plus fatigué mais restait néanmoins les plus dangereux face au but adverse. Chaque occasion des joueurs du Victory se montrait très dangereuse. Les Victorians étaient même proche d’aller faire le break si Jason Hoffman ne sauvait pas sur sa ligne. Voyant leur équipe pêcher une nouvelle fois dans la finition, comme au tour précédent, les supporters des Jets essayaient de se lever et donner une impulsion supplémentaire à leurs joueurs qui avaient tout donné depuis le début de saison. Ernie Merrick essayait de se sortir de cette impasse en envoyant Patito Rodriguez aider ses coéquipiers. Les centres et les dribles de l’Argentin donnaient de l’air sans pour autant faire trembler la défense Melbourne. Thomas Deng, dans sa défense et Lawrence Thomas dans ses buts restaient tout deux bien vigilants. Le portier du Big V allait recevoir la Joe Marston Medal du Meilleur Joueur de la Finale. Car le score n’évoluera pas. Le club de la région du Victoria était trop puissant ce soir de finale et décroche le titre.
Malgré l’une des finales les moins spectaculaires de l’histoire, le Melbourne Victory, qui a terminé la rencontre à onze contre dix (Roy O’Donovan commentant une faute indiscutable sur Lawrence Thomas) devient ainsi le club le plus titré de l’histoire de la A-League avec un quatrième titre. Kevin Muscat peut être satisfait, présent sur le terrain lors des titres de 2007 et 2009, il décroche son deuxième titre en tant qu’entraîneur après celui de 2015. Avec deux Championships en tant qu’entraîneur, il s’assoit à la table d’Ernie Merrick, Ange Postecoglou et Graham Arnold.
Newcastle sortira de cette saison haute en couleur sans titre mais avec une expérience supplémentaire dans ce grand rendez-vous. Les larmes de tristesse de Steven Ugarkovic étaient bien là mais le numéro six des Jets aura encore tant à faire dans les prochaines saisons. Le McDonald Jones stadium se vidait, les supporters des Jets rentraient chez eux avec ce goût amer qu’ils ne connaissaient plus mais ne devraient pas rester triste trop longtemps : les Jets sont revenus sur le devant de la scène et devront désormais confirmer la saison prochaine. Newcastle pourra se consoler en rappelant qu’il représente ce football dont la ligue a tant besoin : une équipe avec un public, une équipe avec un vrai stade de football, une équipe avec de la volonté et surtout, une équipe avec de grands objectifs.


