À l’aube d’une prochaine vague d’expansion à un championnat à douze équipes, l’édition 2019 de la A-League va tourner autour d’un grand thème, celui de la redistribution des cartes. Derrière les ogres Sydney FC et Melbourne Victory, ils sont nombreux à vouloir se faire entendre. Avec des effectifs grandement bouleversés, les deux cadors de la ligue peuvent-ils conserver leur domination ?
Sydney FC et Melbourne Victory au sommet de la montagne
Depuis le titre de Premiership (meilleure équipe de la saison régulière) acquis par le Sydney FC en 2016, le championnat australien est bleu : bleu de succès où Melbourne Victory et son rival, Sydney FC, se partagent les derniers titres mis en jeu. Sydney FC s’est emparé du Premiership la saison précédente avant de voir le Melbourne Victory l’éliminer en demi-finale et soulever, à son tour, le Championship (titre décerné au terme des play-offs) devant une sensationnelle équipe des Jets de Newcastle. L’intersaison aura cependant porté préjudice à ces deux géants australiens. Tout comme Melbourne Victory, Le Sydney FC a dû laisser partir ses meilleurs joueurs mais surtout son coach. Graham Arnold aura donc quitté le club pour prendre les commandes de la sélection australienne. Aujourd’hui, les Sky Blues sont dirigés par un ancien de la maison bleue, Steve Corica. Il est clair que Corica aura fort à faire en prenant la succession d’un Graham Arnold qui a propulsé le club sur le toit du pays. Corica n’est pourtant pas un nouveau venu dans la famille des Sky Blues. L’ancien milieu de terrain de Wolverhampton Wanderers aura participé à plus de cent rencontres et est venu intégrer le staff du club en 2011. Corica aura l’expérience du succès et surtout conserver une part importante des joueurs champions lors des saisons passées, ainsi Alex Brosque, Joshua Brillante, Milos Ninkovic et Brandon O’Neill sont restés dans la maison bleue ciel tandis que le club a laissé partir leur attaquant brésilien Bobô, Adrien Mierzejewski et à moindre mesure, David Carney. L’équipe s’est montrée poussive lors de son entrée en FFA Cup, bataillant longtemps pour arriver en finale mais surtout a déjà lancé son année en se déplaçant chez son ennemi du Western Sydney Wanderers, lors de la demi-finale de cette compétition où les joueurs de Steve Corica, gonflés par les arrivées d’Adam Le Fondre, Siem de Jong ou encore Jop van der Linden, se sont permis d’écarter leur rival par trois buts à zéro. Une montée en puissance vitale pour le début du championnat. Corica possède déjà un nouveau groupe, les leaders sont déjà en marche et Sydney ne devrait pas manquer le coche pour son entrée en scène.
De son côté, le Big V du Melbourne Victory n’a pas impressionné en se faisant écarter précocement de la FFA Cup par la talentueuse équipe de NPL New South Wales (deuxième division) de l’APIA Leichhardt Tigers. Pourtant, en coulisse, le Melbourne Victory paraît taillé comme un champion hors-catégorie à raison de son recrutement : l’international suédois, Ola Toivonen, et l’international japonais, Keisuke Honda. Si il ne pourra faire oublier le légendaire Besart Berisha, meilleur buteur de l’histoire du championnat australien, l’ancien attaquant du Toulouse FC reste néanmoins un international et mondialiste ayant une expérience suffisante pour effrayer les défenses adverses. Pour le second, Keisuke Honda est la recrue phare de ce mercato australien. Pas aussi rayonnant qu’un Del Piero, Honda est une part du football mondial et son vécu en Asie, en Europe ou en Amérique latine sera une donnée importante pour un Big V à la recherche de renommée sur la scène continentale. Melbourne Victory est réellement le favori de la A-League 2019 et ne pas arriver à s’octroyer les premières places seraient un réel échec pour le club. Kevin Muscat est prévenu même si le technicien australien sait manager ses hommes. Le club au scapulaire a également conservé ses meilleurs éléments, et, si ces derniers n’ont pas la lumière d’un Toivonen ou d’un Honda, Kosta Barbarouses reste une pièce maîtresse de ce club.
Six dans la cordée
Sur le flanc de la montagne qui mène au titre, six équipes vont tenter l’ascension en espérant atteindre le sommet. Toutes sont capables de se placer entre la troisième et la septième place. Les parcours se joueront sur des détails, des tactiques, des réussites au recrutement ou des échecs d’autres clubs promis à de meilleurs horizons. Dans cette prochaine bataille figure nos deux français, Eric Bauthéac et Florin Bérenguer. Dernier arrivé en date, Bérenguer, est allé signer un contrat chez les Citizens de Melbourne, club n’ayant pas encore apposé son empreinte dans l’histoire du pays en raison notamment d’une irrégularité dans les résultats et d’une défense trop souvent pointée du doigt. On se remémorera le contrôle complètement manqué d’Osama Malik en demi-finale de play-offs contre Newcastle Jets. Surtout pour Melbourne City et Warren Joyce, l’idéal du club serait de ne plus vivre dans l’ombre de son rival de la même ville. Melbourne Victory aspire toutes les passions, en terme footballistique ou de fréquentation, Melbourne City ne joue pas dans la même cour. Pourtant les deux clubs offrent des duels intenses et divisés, aucun des deux clubs a une nette domination sur l’autre lors des derbies. Depuis la nouvelle ère du club de Melbourne à la suite de son rachat par le City Football Group, les Citizens se sont permis d’arracher neufs fois le derby contre douze pour son rival. Malheureusement, l’écart se creuse sur le palmarès où son rival est indiscutable et surtout riche d’une expérience de vainqueur. City grandit néanmoins d’année en année et le club se construit. Les erreurs défensives sont toujours présentes mais Warren Joyce et son staff travaillent là-dessus. Ce Melbourne City paraît tout autant agressif qu’avant, Bruno Fornaroli et Dario Vidosic ont vu leur secteur offensif s’équiper de nouvelle tête dont le français Bérenguer. Le nominé Prix Puskas, Riley McGree, est arrivé au club avec Lachlan Wales sans parler du retour d’Anthony Caceres. C’est surtout dans le secteur défensif que le mercato a fait le plus parler pour City, le club sous pavillon du CFG a fait signer Ritchie De Laet et rapatrié Curtis Good. Ces deux nouveaux éléments viendront compléter la charnière Bart Schenkeveld, Iacopo La Rocca et Osama Malik.
Dans le Queensland d’Eric Bauthéac, le club au lion veut de nouveau rugir et en faisant le choix de la continuité. En conservant John Aloisi sa tête, le Brisbane Roar se doit de jouer les outsiders dans une saison où de nombreuses équipes ont leur place dans la zone de play-offs. Comparativement au Melbourne Victory, recrutant le milieu de terrain japonais Keisuke Honda, le Brisbane Roar ne s’est pas attaché un joueur international et au rayonnement international faute de budget. Qu’importe. Brisbane Roar a travaillé et a conservé l’ailier Eric Bauthéac dans ses filets. Sans faire de folie dans sa fenêtre des transferts, le club du Queensland a fait des recrutements malins sur le papier. Il faut ainsi dire que John Aloisi a perdu beaucoup d’expérience durant son mercato : Fahid Ben Khalfallah, Massimo Maccarone ou encore le duo défensif Jade North et Ivan Franjic. Pour autant, Brisbane a remplacé tous ses joueurs et s’est offert notamment le recrutement d’Adam Taggart, de retour d’une longue période de blessure et s’étant relancé à Perth Glory (38 matchs, 20 buts), ainsi que celui de Stefan Nigro, transféré depuis le Melbourne Victory. Brisbane avait également la possibilité de sécuriser l’international français Mathieu Flamini. Si le dossier est définitivement fermé pour une arrivée du Français, Brisbane s’est remis à travailler pour la quête d’un milieu de terrain et a jeté son dévolu sur l’Espagnol Alex Lopez dernier arrivée à la suite de Stefan Mauk et Tobias Mikkelsen du Nordsjaelland. Sur le papier, Brisbane a de quoi faire parler et frapper un grand coup. Dans cette saison où chaque club pourrait se placer, Brisbane a le plus à jouer et surtout John Aloisi. Le technicien australien semble avoir la meilleure équipe qu’il ait eu aux commandes du club, rajeuni durant cette période de transfert, mais gardant un squelette d’expérience passant de Jamie Young, Avraam Papadopoulos, Thomas Kristensen, Henrique, Eric Bauthéac à la dernière vertèbre Adam Taggart. De ces joueurs peuvent ainsi s’accrocher de jeune joueur prometteur à l’image de Dylan Wenzel-Halls. Aloisi a tout pour ramener le club au sommet du football australien. Après une élimination précoce en FFA Cup, Brisbane fut chassé dans le premier tour par Melbourne City et son insatiable Bruno Fornarol, Brisbane aura eu le temps d’apprendre de ses erreurs. Eliminés en août, les Oranges ont continué à travailler et se sont permis de ne pas perdre en amical de présaison contre le Wellington Phoenix (victoire 2-1), Melbourne City, Sydney FC et le Melbourne Victory (tous soldés par un match nul avec un but partout).
À l’inverse, le Western Sydney Wanderes et Perth Glory ont changé d’entraîneur. Marcus Babbel a pris en charge le WS Wanderers tandis que le Glory a fait revenir Tony Popovic en Australie. Oui, le très grand Popovic est de retour. Qui mieux que Popovic peut vous faire gravir n’importe quel obstacle ? Seul entraîneur australien à avoir porté un club de A-League à soulever le titre de champion d’Asie en Ligue des Champions, son palmarès local parle également pour lui : à la tête du Western Sydney Wanderers, Popovic a placé son club trois fois en finale des play-offs, deux fois en dauphin de saison régulière mais n’a finalement pu se garantir le titre de champion en 2013 en remportant la saison régulière. Un roi sans couronne mais une recrue parfaite pour un Perth Glory sans histoire dans la nouvelle réforme de l’élite du football australien depuis 2005. Le club violet a une histoire couronnée de succès lorsque le club évoluait en National Soccer League (ancêtre de la A-League) mais qui n’a jamais été déranger les géants de ce nouveau championnat sauf durant la saison 2011-12 où le club avait perdu en finale. Tony Popovic aura cet objectif : faire briller le club de l’Ouest Australien. Pour cela, la tactique reste la même : des performances par une défense. Popovic se sera empressé de travailler sur les prochains meneurs dans son secteur défensif avec trois internationaux Socceroos et finalistes de la AFC 2015. Le NiB Stadium sera maintenant la nouvelle maison de Jason Davidson, Ivan Franjic, Matthew Spiranovic. Ensuite, Popovic a cherché des éléments offensifs. Le départ d’Adam Taggart a déplu très fortement au club et Popovic a répondu par les actes : Brendon Santalab (le super-sub du WS Wanderers et soldat fidèle à Tony Popovic), Fabio Ferreira et surtout, Chris Ikonomidis. Acheté à la Lazio, l’Australien avait fait forte impression lors de son prêt au WS Wanderers et en cas d’énorme succès avec le club du Western Australia, la porte de la sélection pourrait s’ouvrir. Couplé à Andy Keogh, Joel Chianese et Chris Harold, cette alchimie pourrait être un franc succès. Sans compter qu’au NiB Stadium l’on a également ajouté Tomislav Mrcela, défenseur australien parmi les meilleurs éléments défensifs de Corée du Sud lorsqu’il évoluait au Jeonnam Dragons.
D’une côte littorale à l’autre, le Western Sydney Wanderers s’est également engagé avec l’allemand Markus Babbel. Le maillot du Wanderers sera une nouvelle fois élu plus beau kit de l’année, mais pour l’équipe est encore en pleine bourrasque. Pourtant l’attaquant espagnol Oriol Riera avait refusé une offre d’une équipe de deuxième division espagnole pour un contrat de trois ans mais ce dernier avait refusé pour « rester gagner des titres », malheureusement en demi-finale de FFA Cup, le WS Wanderers s’est fait lourdement sortir par un trois à zéro. Même si ce score cache une première mi-temps intéressante par les joueurs de l’Est de Sydney, il score reflète pourtant beaucoup de choses, les Rouge et Noir ne sont plus aussi craints qu’avant sous l’ère Tony Popovic. Marcus Babbel essayera de redresser la barre et à également utilisé son vécu afin de faire venir Patrick Ziegler et Alexander Baumjohann, allemands comme lui. Si Babbel adore déjà la vie australienne, son travail sera long et semé d’embuches.
Son compatriote allemand, Marc Kruz sera également dans la même philosophie.
En prenant le ticket de la finale de FFA Cup, Adelaïde a montré toute la palette de son talent mais surtout le retour de Craig Goodwin dans son pays. L’aillier multiposte, vainqueur du doublé Premiership-Championship en 2014 avec Adelaïde United n’a rien perdu de sa superbe après sa carrière en Europe. Étincelant en tours préliminaires de la coupe nationale, Goodwin devrait dynamiser la saison de son club. Malgré ça, Adelaïde United a perdu beaucoup en expérience et le groupe paraît encore frais. Les recrues et leur nom, aux carrières riches d’expériences, devraient combler le vide comme Ken Ilso et Mirko Bolland où le second a déjà fait parler son flair devant les buts. Les deux techniciens allemands seront opposés et à suivre via des groupes de joueurs à l’expérience égale dans leurs équipes respectives puisqu’Adelaïde United et Western Sydney Wanderers comptent comme les clubs avec le meilleur public.
Fermant la marche dans cette cordée, les Jets de Newcastle ont suivi une autre voie. Clôturant une saison réussie, les Jets seront attendus au tournant et devront faire deux fois plus que la saison passée pour rester sur les mêmes bases avec une place de dauphin en championnat et finaliste en play-offs. Ernie Merrick et son sourire discret ont cru à une chose, assez rare pour être soulignée : la conservation du groupe.
Newcastle a laissé partir Riley McGree, mais ce dernier était en fin de contrat, et Jack Duncan à Al-Quadsiah pour un montant impossible à refuser. Du groupe de la saison passée, le club a eu l’intelligence de les conserver et de les faire prolonger pour les maillons les plus forts (Steven Ugarkovic, Dimitri Petratos, Jason Hoffaman, Nigel Boogaard) tout en venant apporter fraîcheur et concurrence aux éléments en place. Roy O’Donovan, toujours sous sa suspension de dix matchs, a obligé le club à recruter un attaquant de pointe en jetant leur dévolu sur Jair Eduardo tout en donnant une chance au jeune Kaine Sheppard de toucher ses premiers ballons en professionnel. Ernie Merrick a également recruté Matthew Ridenton, défenseur du Wellington Phoenix puis Mitch Austin, donnant une chance à l’ancien ailier du Melbourne Victory de se relancer à la suite de la rupture des ligaments croisés. Ernie Merrick devrait ainsi reprendre le fil des succès passé, or le club ne doit pas avoir une demande trop forte sur un groupe paraissant parfois en surrégime dans le championnat 2017-18 à raison que certains bookmakers australiens parient même sur une place dans le top 6 qui, au bout du compte, serait une belle place pour le club.
Opération survie
Loin du sommet de la montagne où gravitent les deux géants se trouve la vallée, celle où la survie est devenu un élément clé. C’est le cas du Wellington Phoenix qui, en cas d’une ultime rechute et d’une perte de compétitivité, pourrait vivre ses dernières heures dans le championnat de A-League et fermer une page du football professionnel en Nouvelle-Zélande. Le club jaune et noir est la seule porte d’entrée afin que de jeunes footballeurs néo-zélandais puissent acquérir une expérience professionnelle et se vendre à d’autre club. Afin de conserver cette dynamique,
le Phoenix doit se relancer et ne plus être le punching-ball des autres clubs du championnat. Un grand ménage a été effectué et la direction a voulu mettre un rookie à la tête de l’équipe en nommant Mark Rudan. Sans être un novice dans le métier, Rudan entraînera néanmoins sa toute première équipe de A-League, à la suite d’expériences acquises chez les U23 d’Adelaïde United ou en deuxième division australienne. Le meneur d’homme s’est d’ailleurs penché rapidement sur le recrutement en faisant arriver sept nouveaux joueurs dont Steven Taylor (auteur de plus de deux cent matchs professionnels avec Newcastle United), et des connaisseurs du championnat local comme David Williams – passé par Melbourne City – et Mitch Nichols – passé notamment par le Western Sydney Wanderers -, il faudra trouver une alchimie avec ces nouveaux venus et les autres éléments (Nathan Burns, Roy Krishna) pour tirer vers le haut un club habitué à vivre en bas. La réussite du club pourrait même tenir sur les épaules d’un jeune joueur de 19 ans. Comme Daniel Arzani à Melbourne City, Sarpeet Singh serait un espoir montant du football néo-zélandais pour son club.
De l’autre côté de la mer, à Gosford, devant la plage du Central Coast Stadium il y a le Central Coast Mariners et son joueur mis à l’essai Usain Bolt. Le Jamaïcain a dernièrement donné une publicité inimaginable au plus petit club du championnat mais pour autant, le club de New South Wales reste toujours en grande difficulté et a essuyé quatre années consécutives à migrer de la huitième à la lanterne rouge. Aujourd’hui, le Central Coast Mariners a des espoirs de succès à faire valoir dont un : Ross McCormack. Recruté la saison passée, en prêt de six mois par le Melbourne City, et ayant dynamité le championnat, l’Écossais a décidé de poser ses valises au CCM pour une année. Accompagné de Tommy Oar, on en oublierait que le club a laissé partir ses deux meilleurs éléments à Sydney FC, Daniel De Silva et Trent Buhagiar. Vaguant de matchs amicaux en matchs amicaux, Mike Mulvey a le casque d’un chef de travaux sur un chantier : le club a recruté quinze joueurs, tous ayant du potentiel. On notera l’excellent coup de recrutement des deux espoirs australiens, Jordan Murray et Josh Macdonald, recrutés en NPL. Une stratégie saine donnant une chance à ces joueurs d’intégrer la ligue australienne à l’inverse des autres équipes, pointées du doigt pour ne pas donner suffisamment cette chance. Même si ces joueurs ne permettront pas au club d’atteindre des sommets, ils auront de l’envie à revendre et pourraient pousser le club à chercher la porte des play-offs.
Programme de la première journée



