Qui pourra empêcher Guangzhou de décrocher un nouveau titre ?

Fini les recrutements clinquants, la Chinese Super League se la joue humble et remet le bleu de chauffe. Reste que sur le terrain, il risque d’être compliqué de venir lutter contre les Evergrande.

Après deux années de flamboyance sur le marché des transferts, la Chinese Super League semble revenue à la raison. Les dépenses à outrance n’ayant finalement pas eu les résultats escomptés pour la plupart des clubs, ils sont plusieurs cette saison à réduire la voilure et recruter localement tout en maîtrisant les dépenses. Cure d’austérité peut être, l’occasion surtout de ne pas bruler les étapes.

Symbole de ce revirement, le mercato des Dalian Aerbin : départs des hauts salaires Hoarau, Keita, Rochemback, arrivées de joueurs moins connus. De même, la plupart des clubs locaux ont d’abord recruté en Asie avant d’aller chercher plus loin. Citons par exemple Jiangsu qui attire le buteur vedette du FC Séoul, Dejan Damjanović, Liaoning qui attire le belge Kevin Oris auteur d’une superbe saison en Corée du Sud à Jeonbuk.

Reste que l’ogre Evergrande semble encore bien loin devant à l’orée de cette nouvelle saison. Même si les troupes de Lippi sont désormais orphelines de la perle Dario Conca, le champion d’Asie 2013 s’offre une recrue star avec l’arrivée d’Alessandro Diamanti, premier international encore en activité en sélection à rejoindre la Chine, exception faite par le club qui avait décidé de ne recruter que des joueurs de moins de 30 ans. L’arrivée de l’italien aura une nouvelle fois braqué les projecteurs sur le géant chinois qui, en plus de conserver un effectif que l’on annonçait en fin de cycle, en a également profité pour s’offrir un contrat publicitaire record avec le groupe Nissan, s’offrant une manne financière sans aucune concurrence au pays. Les Evergrande, qui ont aussi profité de l’hiver pour prolonger le contrat de Lippi semblent encore sans concurrence.

Walter Montillo, nouveau maître à jouer de Shandong

Pourtant, derrière, certains se sont montrés ambitieux. A commencer par ceux qui devraient être l’adversaire numéro 1 des Evergrande : leur dauphin 2013 Shandong Luneng. Après s’être séparés de Radomir Antic, Shandong s’offre Cuca sur le banc, l’homme qui a conduit le Galo de Ronaldinho à la Libertadores l’an passé. Avec lui, Shandong attire le génial et sous côté Walter Montillo et profitent de l’hiver agité du Shenhua (nous allons y revenir) pour attirer l’un des meilleurs gardiens de la ligue : Wang Dalei, provoquant la fureur des supporters du club de Shanghai (et ce n’est pas la seule). Avouez que Montillo pour alimenter Vágner Love, le tout coaché par Cuca, Shandong a de quoi faire trembler quelque temps les Evergrande.

Avec Shandong, on suivra également avec attention Beijing. Habituels prétendants à une place en Ligue des Champions, les Guoan ont dit adieu à Frédéric Kanouté pour attirer Pablo Batall et Ha Dae-sung, l’ancien capitaine du FC Séoul. Venant ajouter ces éléments à une pépinière de talents, symbolisée par le convoité Zhang Xizhe (un temps annoncé du côté du Celtic) et avec l’énigme Chen Zizhao, premier chinois du championnat brésilien avec ses deux apparitions avec les Corinthians, Beijing a tout du sérieux outsider. Reste à enfin savoir se montrer régulier et ne plus abandonner de points bêtement lors de déplacements face aux mal-classés, grande spécialité du Guoan.

A suivre avec attention : l’autre club de Guangzhou et Guizhou. Les Argenlic de Sven-Göran Eriksson furent l’une des équipes les plus perméables la saison dernière. Pour y remédier, Guangzhou s’offre un défenseur international sud-coréen Jang Hyun-Soo et son compatriote Park Jong-Woo pour densifier son milieu. Reste que le gros souci des Argenlic sera devant. S’ils parviennent à stabiliser leur défense (vaste programme), les départs conjugués de Rafael Coelho et Yakubu ont lourdement amoindri leur force offensive, soit ce qui les aura sauvé la saison dernière. Tous les espoirs portent désormais sur le jeune marocain Abderrazak Hamdallah et le danois Ken Ilsø. De son côté, Guizhou, surprenant quatrième l’an passé et qui a privé les Evergrande d’un triplé historique en les battant en finale de la Coupe, ajoute à son duo bosnien Muslimović – Misimović, un jeune brésilien inconnu Hyuri, l’international polonais Krzysztof Mączyński et l’australien Jonas Salley. Coaché par l’ancien assistant Gong Lei assisté du portugais Bruno Oliveira, l’homme qui écrivit la méthode Mourinho aux côté du Special One, Guizhou a largement de quoi venir lutter pour les accessits continentaux.

Comment enfin ne pas évoquer le club de Shanghai, celui par lequel passèrent les Drogba et autres Anelka. S’il est une chose qui ne change pas avec le Shenhua (si on peut l’appeler ainsi, vous allez voir), c’est que justement chaque saison apporte son lot de changements. Reste que 2014 pourrait être l’année de la libération pour les fans du grand club de Shanghai : l’incompétent Zhu Jun est enfin parti ! Le club vendu, tous les espoirs étaient permis pour ses supporters. C’était sans compter sur le retour de manivelle. Zhu Jun leur offre un cadeau empoisonné en vendant des joueurs clés comme Wang Dalei, Dai Lin et Song Boxuan dans ses dernières heures de président avant que le groupe Greenland, décide de renommer le club Shanghai Greenland. Plusieurs semaines de protestations plus tard, rien n’est encore décidé, les nouveaux propriétaires ayant promis le retour du nom Shenhua d’ici la fin de l’année. Sur le terrain, c’est donc l’exode. Outre les trois joueurs cités ici, Shanghai perd Rolando Schiavi, qui malgré son âge avait su apporter à la défense, Patricio Toranzo (qui restera une déception) et Dady. Seule arrivée notable, le défenseur central champion d’Amérique du Sud Paulo André, en provenance des Corinthians, viendra pour apporter son expérience dans une nouvelle doublette centrale 100% étrangère qu’il composera avec le sud-coréen Cho Byung-Kuk. On regardera également avec attention le nouveau buteur colombien Luis Carlos Ruiz, auteur d’une belle année 2013 avec Junior. Reste que le Shenhua dépendra encore de son prodige Gio Moreno et surtout de sa volonté d’enfin se remettre à jouer au football après avoir longtemps boudé suite à un transfert avorté au Qatar. Tous ces paramètres mis ensemble, on voit tout de même mal le Shenhua jouer le titre, mais la fin de l’ère du n’importe quoi méritait un focus particulier.

Premières journées : Guangzhou tombe déjà

Sensation de la troisième journée, les Evergrande sont tombés à domicile face à Changchun. L’évènement est de taille puisque depuis son retour en Super League, le champion sortant n’avait perdu qu’une seule de ses 47 rencontres disputées à domicile, c’était en 2012. Ce revers profite à l’autre club de Shanghai East Asia, meilleure attaque du championnat, qui s’impose à Hangzhou grâce à son buteur suédois Tobias Hysén, co-meilleur réalisateur du championnat avec son coéquipier Wu Lei et le marocain Hamdallah avec 3 buts en 3 matchs, et à Guizhou, qui arrache son deuxième succès en trois matchs à Liaoning. Mais le grand vainqueur de ces trois premières journées reste Beijing qui, avec trois victoires en trois matchs, est seul leader de la Super League.

Les résultats :

Guangzhou R&F 0 – 0 Liaoning Whowin

Shanghai SIPG 5 – 1 Shanghai Shenxin

Shanghai Shenxin 1 – 3 Guangzhou R&F

Henan Jianye 2 – 2 Dalian Aerbin

Jiangsu Sainty 2 – 1 Harbin Yiteng

Hangzhou Lucheng 1 – 2 Shanghai SIPG

Liaoning Whowin 1 – 2 Guizhou Renhe

Tianjin Teda 1 – 1 Shandong Luneng

Guangzhou Evergrande 1 – 3 Changchun Yatai

Beijing Guoan 2 – 0 Shanghai Shenhua

Le classement :

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.