Après avoir bouleversé l’échiquier mondial du marché des transferts, la Chine va désormais pouvoir se concentrer sur son football avec la reprise de la CSL. Avec toujours la même question : qui viendra mettre fin au règne de Guangzhou Evergrande ?
S’il est bien une ligue qui aura fait parler d’elle sans que nombreux soient ceux à réellement parler football, c’est bien la Chinese Super League. En ayant affolé le marché des transferts, venant directement percuter les riches européens, la Chine a une fois encore braqué les projecteurs sur sa CSL ne concentrant malheureusement que les regards des économistes (en herbe ou pas) sur son football tout en oubliant une fois encore le rôle de la CSL dans le plan de développement du football chinois : celui de générer du rêve.
Sur ce sujet : Qian Xin Yan et Soufiane Khellaf (UNIREN) : « Un football chinois va naître »
La grande question est donc de savoir si sur le terrain, la CSL version 2017 sera capable de générer du rêve. Cela passera par la possibilité de disposer de véritables concurrents capables de venir menacer l’hégémonie de Guangzhou Evergrande et ses six titres consécutifs. Ce pourrait bien être le cas.
Jiangsu et les Shanghai, principales menaces ?
Choisir d’analyser la CSL 2017 par le prisme de l’économie est d’autant plus faussé que la plupart des grands clubs n’ont finalement pas bousculé leurs effectifs, la règle des quotas d’étrangers jouant un rôle à ne pas négliger mais sans pour autant ne pas oublier que si les clubs de CSL disposent de moyens colossaux, la grande conclusion du marché d’hiver est qu’ils ont surtout montré la recherche d’équilibre. C’est le cas notamment du dauphin de la saison dernière, le puissant Jiangsu Suning qui a fait le choix d’être discret sur le marché des transferts. Le club conserve ses vedettes, les Ramires, Alex Teixeira et autres Roger Martínez mais perd l’un de ses meilleurs éléments défensifs, Trent Sainsbury qu’il envoie à sa filiale italienne et remplace notamment par l’ancienne promesse de Dalian, Yang Boyu. Choi Yong-soo dispose ainsi d’un groupe peu remanié et va ainsi poursuivre son travail destiné à combler l’écart qui le sépare du géant Guangzhou après une remarquable saison 2016.
Du côté des deux Shanghai, les retouches sont plus nombreuses (et médiatiques) même si elles ne viennent pas non plus bouleverser le groupe. Le Shenhua perd Demba Ba et le remplace par Carlos Tevez, signant le transfert qui aura fait le plus parler cette saison. Un remplacement poste pour poste donc, un dosage homéopathique pour un groupe auteur d’une excellente saison l’an passé et disposant d’un fond de jeu sur lequel le nouveau coach, Gus Poyet pourra s’appuyer. Changement de coach également chez le frère ennemi du SIPG avec l’arrivée d’André Villas Boas et s’offre un renfort de poids au milieu en signant Oscar et d’expérience en défense en prenant l’agent libre Ricardo Carvalho. De quoi une fois encore donner un meilleur équilibre à une formation qui a terminé à la troisième place du dernier championnat avec la deuxième attaque et la quatrième défense.
Reste qu’il faudra s’accrocher pour suivre le rythme annoncé effréné du multiple champion. Un champion qui ne suit aucune mode, sûr de sa force et du fait de posséder le groupe plus qualitatif du championnat. Alors que chacun s’affaire à trouver des talents étrangers de renom, les Evergrande ne bousculent pas leur groupe, conservent leurs vedettes, notamment le trio brésilien Alan – Goulart – Paulinho et ajoute à son groupe Kim Hyung-il, libéré par Jeonbuk (lire notre guide de la K-League 2017) et Zhang Chenglin, deux renforts pour apporter de la rotation en défense. Rien de nouveau donc pour la bande de l’éternel capitaine Zheng Zhi qui ne vise rien d’autre que le quadruplé. La première étape a déjà été remportée, Guangzhou s’adjugeant la Supercoupe face à Jiangsu.
Beijing outsider numéro 1
Après avoir connu une domination sans partage, la CSL devrait donc être animée par un quatuor de tête. Reste à savoir si d’autres peuvent espérer venir jouer les trouble-fêtes. Sans faire de bruit, le Beijing Guoan, ancien grand du championnat avant l’arrivée des Evergrande, a donné les clés du camion à l’ancien adjoint de Gregorio Manzano lorsque celui-ci gérait la destinée du club, José González qui revient donc en Chine après avoir sauvé Grenade de la relégation l’an passé. Le technicien espagnol ne vient pas seul, il amène dans ses valises la machine à but la plus sous-cotée d’Europe, Jonathan Soriano. L’homme aux 172 buts en 202 matchs avec le Red Bull Salzburg est l’un des jolis coups réalisé cet hiver (l’un des moins médiatisés aussi) et devrait donner au Guoan une force offensive qui a fait défaut l’an passé, Beijing pointant à une triste 11e place au classement des attaques malgré une cinquième place au général. De quoi en faire certainement un véritable outsider pour les places en ACL.

Si du côté du Guoan, l’équilibre existait déjà, le recrutement hivernal cherchant uniquement à apporter une plus-value, la recherche de l’équilibre semble plus compliquée à trouver du côté d’Hebei et passe par un profond chamboulement. Avec une seule victoire lors des 7 matchs qu’il a dirigés, Manuel Pellegrini va se retrouver devant un sacré défi : faire de Lavezzi un joueur de football et trouver une cohérence à son équipe. Alors si Hebei recrute Hernanes pour en faire son Paulinho et exister quelque peu sur la scène médiatique, c’est son recrutement caché qui semble plus intéressant : les internationaux Zhao Mingjian et Ren Hang viennent se placer dans les couloirs et renforcer l’arrière garde avec Zhao Yuhao et l’ancien de Seoul, Kim Ju-young pour prendre l’axe. Au milieu, Hebei fait dans l’international chinois avec les arrivées de Zhang Chengdong et Yin Hongbo. Seul invariable de l’histoire, Aloísio, monsieur 0.5 but par match en CSL devrait rester devant. Le chantier s’annonce important, reste à savoir si Pellegrini aura le temps nécessaire à la construction du projet.
Le temps, le promu Tianjin Quanjian n’en a pas. Voulant reproduire la folle histoire des Evergrande, le champion de League One dirigé par Fabio Cannavaro s’est montré des plus actifs, sur la scène médiatique mais aussi la scène locale. Alexandre Pato et Júnior Moraes viennent dynamiser l’attaque et lui donner une saveur brésilienne qui plait tant en Asie (fonction occupée par le duo Jádson – Luis Fabiano l’an passé), Axel Witsel vient pour donner une stabilité au milieu, là encore à la Paulinho ou Ramires. Pour le reste, le promu fait donc dans l’expérience locale avec deux anciens internationaux, Wang Xiaolong au milieu, Yang Shanping en défense, ce dernier quittant Liaoning après 11 ans passés au club et Wang Yongpo qui pour sa part quitte Shandong après 13 ans au club ! Difficile de donc de prévoir ce que sera la saison de Tianjin, les ambitions étant grandes, le temps pourrait vite manquer dans une CSL nettement plus compétitive qu’à l’époque de l’émergence des Evergrande.
Ces équipes semble cependant capables de se mêler à la lutte pour les accessits aux côtés de Shandong. Après un début de saison catastrophique, le Luneng s’est repris sous la conduite de Felix Magath et espère y voir une dynamique lui permettant de retrouver les premiers rôles. Voyageant entre la deuxième et la quatrième place entre 2013 et 2015, le club veut donc oublier sa triste 14e place l’an passé mais ne bouleverse pas son effectif pour autant, étant surtout touché par quelques départs importants comme celui de Walter Montillo. Il faut dire que le club possède quelques joueurs de qualité, de l’international brésilien Gil à Graziano Pellé en passant par Diego Tardelli et Papiss Cissé pour les « stars » de l’équipe. Reste enfin le cas du Guangzhou R&F de Dragan Stojković qui avait su séduire l’an passé malgré une fin de championnat plus poussive et dont on attend avec une certaine excitation l’association Eran Zahavi, probablement le meilleur rapport qualité/prix de la CSL 2016, Júnior Urso. Les supporters du FC Metz suivront pour leur part avec attention Yi Teng passé par la réserve du club il y a quelques années.

Pour les sept autres équipes, la saison devrait se résumer à une lutte pour le ventre mou et parfois le maintien. Ça n’empêche pas quelques jolis coups sur le marché à l’image d’Henan qui s’en va chercher Christian Bassogog, meilleur joueur de la dernière CAN (lire CAN 2017 : parfum d’histoire pour un grand cru), Liaoning qui attire un joli duo australien Robbie Kruse – James Holland ou encore le Tianjin Teda qui s’offre John Obi Mikel et dont le duo d’attaque Mbaye Diagne – Brown Ideye peut rapidement d’avérer redoutable.
Le programme de la 1ère journée




