Après que quarante-deux athlètes, dont vingt footballeurs, ont remporté une médaille d'or aux Asian Games, une polémique est née en Corée du Sud : pourquoi des sportifs et une star comme Son Heung-min peuvent-elles obtenir une exemption de service militaire et non les stars d'un boys band comme BTS ? La polémique ayant fait son chemin, la possibilité de revoir le règlement d'exemption de service militaire aussi. Explications.
Asian Games 2018 : la difficile route vers l'or des Sud-Coréens
BTS est un groupe de K Pop sud-coréen qui fait un carton dans le monde entier trustant par deux fois en un an la première place au célèbre classement américain Billboard 200. Pour une petite comparaison, seule les Beatles, Elvis Presley et Frank Sinatra ont réussi cet exploit. Il est donc naturel que les fans de ce groupe de K Pop ne voient pas d'un très bon œil que l'armée leur enlève leurs idoles pendant deux ans. Alors quand les ARMY (le nom des fans de BTS) voient Son Heung-min et des joueurs de baseball considérés comme « non performants » faire la une des journaux pour avoir réussi à remporter une médaille d'or et une exemption de service militaire, ça les met en colère arguant que ce n'est pas juste qu'un sportif puisse obtenir une exemption et pas tous les artistes. Pour rappel, la loi sud-coréenne permet à des athlètes et à des artistes de ne pas effectuer leur devoir militaire sous certaines conditions. Les sportifs doivent remporter une médaille d'or aux Jeux Asiatiques ou une médaille aux Jeux Olympiques. Les artistes doivent terminer premier ou second d'un concours national ou international, reconnu par le gouvernement. Ce qui se limite à la musique classique ou à la danse.
Une petite tempête qui est remontée jusqu'aux oreilles de Ki Chan-soo, commissaire de l'Administration Militaire, et de Lee Kee-heung, président du Comité Olympique sud-coréen. Le premier a indiqué à Yonhap prévoir « un réexamen complet du système [de conscription] dans les domaines du sport et des arts […] Nous commencerons par examiner si le programme d'exemption est équitable ». Pour les sportifs, Lee Kee-heung apporte directement un projet : implanter un système de points obtenus en participant à des compétitions internationales. Après avoir obtenu assez de point, le sportif obtiendrait son exemption de service militaire. Il ne suffirait donc plus de remporter une médaille d'or aux Asian Games ou une médaille aux Jeux Olympiques puisque dans « compétitions internationales », Coupe du Monde et Coupe d'Asie seraient prises en compte. Ce qui éviterait d'abuser du système à l’image de ce qu’il s’est passé avec le joueur de baseball Oh Ji-hwan. Ce dernier a repoussé son service militaire pour faire partie de l'équipe sud-coréenne aux Asian Games. Il est ouvertement critiqué en Corée du Sud car ses performances n'auraient pas dû lui permettre d'entrer dans l'effectif. Malgré cela, la victoire de la sélection nationale lui offre cette exemption.
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En revanche, le député de l'opposition Ha Tae-keung, présidant la Commission Parlementaire sur la Culture, les Sports et le Tourisme, n'est pas en faveur de ce système qui, pour lui, n'empêcherait pas les abus. Il souhaiterait que les sportifs effectuent leur un « service alternatif » une fois leur carrière achevée. Ha Tae-keung considère également qu'il faut étendre les exemptions de service militaires aux stars de K Pop. Pourquoi un artiste qui figure en très bonne position dans un classement international ne pourrait-il pas obtenir lui aussi une dérogation ? L'idée peut faire son chemin. Du côté du gouvernement sud-coréen, on entend parfaitement ce débat. Le porte-parole du Ministère de la Défense, Choi Hyun-soo, a déclaré que le Ministère ne cherchait pas à apporter d'importants changements sur le système à l'heure actuelle, mais que le gouvernement allait consulter d'autres agences pour rendre l'ensemble plus équitable. Le Premier Ministre Lee Nak-yeon a reconnu qu'il fallait probablement revoir les règles d'exemption de service militaire, surtout pour les athlètes. Mais quoi qu'il arrive, il a assuré que les nouvelles mesures ne seraient pas rétroactives. Cela constitue cependant un premier pas pour que les situations vécues et les débats provoqués aux quatre coins du monde cette année pourraient être un lointain souvenir d’ici quelque temps.


