Pour le trentième anniversaire de la création de la J.League, les dirigeants de la ligue professionnelle nippone souhaitaient mettre les petits plats dans les grands en organisant plusieurs rencontres dans le Stade National, glorieuse enceinte sportive tokyoïte qui a pris un coup de jeune fin 2019. Deux matchs étaient programmés ce weekend, avec le FC Tokyo et Kashima Antlers à l’honneur. Ailleurs, Vissel Kobe affermit sa domination sans partage sur le championnat, tandis que Yokohama FC réalise le hold-up de la journée. Consadole Sapporo a une fois de plus régalé.
Depuis sa résurrection fin 2019, le Stade National accueille depuis la saison dernière des rencontres de J1. Rebelote en cette saison commémorative, et ce stade historique a accueilli non pas un match mais deux lors de la 13ème journée. Premier club à entrer dans l’arène, le FC Tokyo accueillait vendredi Kawasaki Frontale pour le derby de Tamagawa. Qu’il est loin le temps où les deux clubs – alors dénommés respectivement Tokyo Gas Soccer Club et Fujitsu Kawasaki Football Club – s’affrontaient en Japan Football League, le premier échelon amateur qui était de fait l’antichambre de la J.League, en 1992. Qu’il est loin le temps où les deux clubs, qui ont changé de nom entretemps pour leur dénomination actuelle, étaient des équipes accompagnant la création la deuxième division professionnelle nippone, la J2, en 1999. Dès l’année suivante, les deux équipes continuaient à en découdre en J1 et ne se quitteront – quasiment – plus à partir de la saison 2005 au plus haut niveau. En cinquante-cinq rencontres en championnat, les quadruples champions de J1 l’emportent haut la main avec vingt-sept victoires pour dix-huit défaites. Le club de la capitale n’a plus remporté un clasico depuis 2018… Cette rencontre, devant plus de 56 000 spectateurs, était le moment rêvé pour remettre les pendules à l’heure. Dans une belle ambiance, le match partait sur les chapeaux de roue avec un but clin d’œil de votre webzine préféré : excentré sur son côté gauche, le latéral gauche Shuhei Tokumoto récupérait le cuir quasiment au poteau de corner ; il se remettait dans le sens du jeu et pénétrait dans la surface pour envoyer une frappe enroulée Lucarne Opposée©. Dix minutes plus tard, l’ancien joueur de Fagiano Okayama, décalé par Diego Oliveira, se muait en passeur lorsqu’il remettait le ballon ras-de-terre dans le paquet pour le tacle glissé de Shuto Abe. Malgré ce désavantage précoce de deux buts, l’équipe aux couleurs du Gremio Foot-Ball Porto Alegrense (couleurs choisies délibérément) ne baissait pas les bras et tentait de recoller avant la pause. Taisei Miyashiro croyait remettre ses coéquipiers dans le droit chemin en reprenant plein axe une frappe déviée d’Akihiro Ienaga, mais son tir puissant dans les sept mètres était stoppé par un grand Jakub Slowik. L’ancien portier de Vegalta Sendai ne pouvait par contre rien sur la deuxième occasion franche de Miyashiro : lancé par Tatsuki Seko, il fixait Yasuki Kimoto et déclenchait un tir dans le petit filet opposé. D’une haute intensité en première mi-temps, la deuxième était plus hachée. Symbole de l’agressivité des visiteurs, le capitaine Wakizaka était prié d’aller prendre sa douche avant les autres à la suite d’un tacle au mollet sur Teruhito Nakagawa cinq minutes après la reprise. Malgré cet avantage numérique, les gaziers ne parvenaient pas à creuser l’écart : Ryoma Watanabe trouvait la barre peu après la seule expulsion du match. Dans le dernier quart d’heure, les dauphins poussaient et les deux tentatives de Daiya Tono était par deux fois repoussées par des grosses parades du gardien polonais (2-1). Les coéquipiers de Yuto Nagatomo pouvaient savouraient avec leurs supporters et replongeaient dans le doute les dauphins.
Dimanche avait eu lieu dans ce même Stade National la rencontre entre deux historiques de la J.League. Ces deux se connaissent très bien pour l’avoir inauguré en 1992 lorsqu’elle se disputait en format coupe pour se muer en championnat l’année suivante : Kashima Antlers et Nagoya Grampus méritaient bien cet honneur, eux qui ne se sont quittés qu’une année lorsque les orques passaient la saison 2017 au purgatoire de la J2. En effet, l’ancien club de Zico a été sacré champion à huit reprises (record absolu), a raflé cinq coupes de l’Empereur, six coupes de la Ligue et une Ligue des Champions asiatique tandis que l’ancien club de Gary Lineker a remporté une seule fois le championnat en 2010, deux coupes de l’Empereur et une coupe de la Ligue. Autant dire que ce sont deux monuments qui s’affrontaient à nouveau devant plus de 56 000 spectateurs. Yuma Suzuki était l’homme de la première période : dès la première minute, il envoyait un premier signal mais sa frappe s’envolait. Dix minutes plus tard, il reprenait victorieusement le corner de Yuta Higuchi, mais son but était refusé par le VAR de façon peu évidente au grand effarement du capitaine. Ce n’était que partie remise : avant la demi-heure de jeu, le même Higuchi pour le même front de Suzuki qui ouvrait pour de bon le score, ce dernier allant même presque défier l’arbitre… Dans les arrêts de jeu du premier acte, Suzuki ouvrait côté opposée pour Hayato Nakama, mais sa reprise s’envolait au-dessus de la barre de Langerak. Lors du second acte, pas grand-chose à se mettre sous la dent jusqu’aux dix dernières minutes de la rencontre, le moment choisi pour Kei Chinen pour libérer le peuple de Chiba : il faisait parler sa ténacité et son abnégation pour arracher l’avantage définitif à son équipe. Les dernières tentatives de Noriyoshi Sakai et Haruya Fujii ne donneront rien pour les visiteurs (2-0). Kashima Antlers poursuit sa série incroyable de cinq victoires pour cinq blanchissages.
Vissel Kobe solide leader
En accueillant Sanfrecce Hiroshima, Vissel Kobe avait un bon coup à jouer s’il l’emportait face à l’un de ses concurrents au titre, à trois points avant le coup d’envoi. Une rencontre à laquelle n’a pas pris part la révélation de la saison dernière, Makoto Mitsuta, gravement blessé lors de la dernière journée et qui ne devrait pas refouler les pelouses de J1 cette saison. Les débats étaient équilibrés en première période sans qu’aucune des deux équipes ne se montrent réellement dangereuse. L’entame de la seconde voyait toutefois dès sa reprise les vaches prendre l’avantage. En situation de contre, la passe en profondeur de Yoshinori Muto vers son capitaine Yamaguchi dans le dos d’Hayato Araki poussait le défenseur central à tacler le ballon dans ses propres filets. Alors que les Trois Flèches cherchaient à égaliser, les grenats se créaient les meilleures opportunités en procédant par contre et c’est sur l’une d’elles que Muto, en solitaire, enterrait tout espoir pour les violets de récupérer des points au Stade Noevir dans les arrêts de jeu (2-0). Grampus et Sanfrecce battus, la concurrence aux leaders lâchait du lest. À voir la performance de Yokohama F-Marinos avant de se frotter les mains…
Car le champion en titre avait un déplacement abordable, mais risqué, au Stade Denka Big Swan de l’Albirex Niigata, sur une série de quatre matchs sans victoire pour un point pris. Dominateurs en première mi-temps, les Tricolor se créaient de nombreuses occasions mais Ryosuke Kojima était toujours aussi impeccable. Les oranges se montraient menaçants en contre à l’image du jeune ailier Yota Komi qui aurait bien aimé ouvrir la marque mais il perdait son duel face à Jun Ichimori au terme d’une longue chevauchée. Toutefois, c’était bien les actuels dauphins au classement qui viraient en tête dans les arrêts de jeu par Joel Chima Fujita sur un service de Yan, toujours décisif depuis qu’il a pris la place de titulaire il y a trois journées. La deuxième mi-temps voyait les visiteurs vite déchanter : l’incontournable Ryotaro Ito permettait à son équipe de recollait au score : lancé dans la surface par Koji Suzuki, il égalisait en remportant avec sang-froid son duel avec Ichimori. Puis vint le missile de la journée : servi au-delà des vingt-cinq mètres plein axe, Shunsuke Mito, vingt ans et formé au club, avançait balle au pied sans être attaqué. Il lâchait une frappe flottante qui laissait Ichimori sans mouvement et qui donnait la victoire finale à Albi (2-1). Toujours dauphins, Kevin Muscat et ses hommes se retrouvent à 5 points de la première place.
Yokohama FC réaliste
Une ribambelle d’occasions, la possession, des adversaires peu dangereux… à la pause, Kashiwa Reysol avait déjà tenté dix-huit fois contre seulement quatre pour Yokohama FC. Quand on connait les carences à tous les niveaux de Fulie, la pause était à l’optimisme du côté du Stade Sankyo Frontier de Kashiwa. Matheus Savio et Mao Hosoya, les deux principales cartouches offensives des jaunes et noirs, ne parvenaient toutefois pas à surprendre la défense adversaire et c’est naturellement sur un fait de jeu que la rencontre basculait en deuxième période : le piston gauche de la lanterne rouge Kotaro Hayashi débordait et tentait un centre en première intention que Eiichi Katayama, venu pour contrecarrer ses intentions, touchait de l’avant-bras. Résultat : pénalty que Koki Ogawa, le buteur en chef maison, transformait sans sourciller. Ce sera le seul but de la rencontre (0-1). En décrochant un deuxième succès cette saison, les vainqueurs de ce duel sortent de la zone et reviennent à deux longueurs de leurs adversaires du jour.
Car oui, une nouvelle équipe occupe la seule place de relégable : Gamba Osaka. Ce monument en péril a de nouveau été défait, par Urawa Reds, qui avait disputé par ailleurs un match en retard en milieu de semaine et s’était incliné à domicile face à Sagan Tosu (0-2). Tout avait pourtant bien commencé pour les vainqueurs des éditions 2005 et 2014 de la J1 : Issam Jebali se jouait d’Alexander Scholz dans la zone de vérité et battait Shusaku Nishikawa d’une frappe imparable. Néanmoins, ce même Scholz égalisait dans les arrêts de jeu du premier acte en transformant un pénalty provoqué une fois de plus sur un centre qui atterrissait sur un bras baladeur, remettant son équipe assez apathique sur une dynamique positive. Le défenseur danois était encore décisif dans le second acte en trouvant dans une surface adverse embouteillée Tomoaki Okubo qui surprenait Masaaki Higashiguchi, de retour dans les buts en tant que titulaire. Les Reds se mettaient définitivement à l’abri à l’heure de jeu en profitant des largesses de la défense osakaïte et donnait un coup fatal aux ardeurs nerazzurri par Kaito Yasui (3-1). Les hommes de Dani Poyatos sont plus que jamais dernier avec cette quatrième défaite de rang.
Consadole Sapporo puissance 4
Nouvelle belle prestation de la part de Consadole Sapporo, toujours étincelant offensivement et à la peine défensivement. Face à Shonan Bellmare, incapable de gagner depuis la sixième journée et de prendre un point depuis trois journées après cette nouvelle défaite. Le Trident a pourtant mené dans cette rencontre bien que l’ouverture du score fût pour les hiboux et signée Yoshiaki Komai sur un service du toujours décisif Takuro Kaneko. Au terme d’une première période où ils ne se sont pas montrés sous leur meilleur jour, les fluos revenaient en seconde période pas forcément avec plus de volonté mais parvenait à égaliser sur un coup du sort. Suite à un corner qui parvenait à Shuto Machino, la tentative de ce dernier touchait le bras de Daihachi Okamura. Pénalty, que convertissait ce même Machino pour sa septième réalisation de la saison. Quelques minutes plus tard, Hiroyuki Abe donnait l’avantage aux dépositaires du Stade Lemongas de Hiratsuka suite à une action hachée que Machino débridait en trouvant Abe totalement délesté de marquage plein axe, trompant avec aisance Sugeno oji-san parti à sa rencontre. Puis vint trente minutes de néant. Ou plutôt l’état de grâce pour Consa. Les rouges et noirs égalisaient tout d’abord sur une tête plongeante de Tsuyoshi Ogashiwa idéalement trouvé en profondeur par Shunta Tanaka. Toujours généreux en gourmandises, ils prenaient l’avantage par Yuya Asano, qui, bien que se trouvant dans une position excentrée, réglait rapidement la mire pour croiser sa frappe au ras du poteau d’un Song Bum-keun médusé. Et cerise sur le gâteau, le bijou de la star thaïlandaise Supachok : lui aussi dans une position excentrée sur la gauche de la surface, il préférait éviter la forêt de jambe face à lui et envoyait un enroulé puissant et léchée pleine Lucarne Opposée© (décidément) pour une victoire finale amplement méritée (2-4).
Beaucoup moins trépidant, le derby de Hanshin entre Kyoto Sanga et Cerezo Osaka a néanmoins accouché d’un vainqueur : le club sakura. Une action de billard a scellé l’issue de la rencontre : sur un centre l’avant-centre Mutsuki Kato, le ballon échouait sur Rikito Inoue qui l’envoyait à son insu sur le poteau et rebondissait derrière le crâne de Tomoya Wakahara qui avait anticipé. Impuissant, il regardait le ballon s’échouer lamentablement au fond des filets. L’action du match car dès lors, les coéquipiers de Shinji Kagawa attendaient de bien inoffensifs kyotoïtes et procédaient par contre. Malgré quelques occasions chaudes pour les roses, le score n’évoluait plus (0-1).
Enfin le derby de Kyushu entre Avispa Fukuoka et Sagan Tosu, bien que largement dominé par les frelons, n’a pas donné de vainqueur malgré une mi-temps complète à onze contre dix (0-0).
Les buts
Résultats et classement
En bref
Coupe d’Asie 2023 – tirage au sort. Le Japon rencontrera le Vietnam, l’Irak et l’Indonésie. Les Samurai Blue tombent dans un Groupe D qui ne semble pas aussi simple qu’il n’y parait, entre nations émergentes et traumatisantes, mais devrait s’en dépatouiller aisément. Initialement prévue durant l’été 2023 en Chine, la Coupe d’Asie aura finalement lieu au Qatar après le retrait de l’Empire du Milieu entre le 12 janvier et le 10 février 2024. Entrée en piste de la sélection nippone le 14 janvier face aux Guerriers de l’étoile d’or.