La messe est dite pour cette phase de poules de la Coupe d'Afrique des Nations 2019. Lucarne Opposée fait le bilan de cette première étape de la compétition phare du continent africain.

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groupeA

L’Égypte est le grand favori de cette compétition. Déjà parce qu’elle évolue à domicile devant une ambiance incroyable. Mais aussi parce qu’elle a en elle l’ADN de cette coupe (sept victoires en vingt-deux participations, finaliste au Gabon pour son retour après avoir manqué trois éditions consécutives). Les Pharaons ont assuré avec trois victoires sans encaisser de buts, et l’icône Mohamed Salah est déjà bien en forme (deux buts). Le onze titulaire est bien en place et Javier Aguirre a du monde sur le banc pour venir débloquer un match si nécessaire (je pense notamment au génial Walid Soliman). Le tableau final sera compliqué. Si l’Afrique du Sud devrait être une formalité, les affiches qui se profilent en quarts (Nigeria) et en demies (Algérie) seront bien plus tendues.

L’Ouganda a surpris beaucoup de monde en battant la RDC en ouverture de la compétition. Il n’a pourtant fait que confirmer son excellente campagne de qualification qu’il a dominée sans trembler. Les Cranes, qui n’étaient pas sorti de la phase de groupes il y a deux ans, ont obtenu leur premier succès dans la compétition depuis 1978. Ils ont tellement fait souffrir l’Égypte, malgré le score final (0-2), que le Sénégal n’a pas intérêt de les sous-estimer. Outre Denis Onyango (meilleur gardien africain), Sebastien Desabre s’appuie sur l’excellent duo Emmanuel Okwi (Simba SC, Tanzanie) - Farouk Miya (Gorica, Croatie), qui a marqué les trois buts de l’équipe. Avec un effectif composé de quinze joueurs évoluant sur le continent, l’Ouganda est la caution « CAF » de ces huitièmes.

La RDC est passée par la petite porte et peut encore remercier le Kenya. Les Léopards ont manqué de chance, en touchant les poteaux à de nombreuses reprises lors des deux premiers matchs (0-2 ; 0-2). Une réussite qui a resurgi contre le Zimbabwe avec un 4-0 salvateur pour une qualification à la différence de but. Après avoir souffert dans la poule du pays hôte, la RDC croisera le fer avec Madagascar en huitièmes, puis la Tunisie ou le Ghana en quarts. Un novice donc. D’autres équipes auraient voulu pareille concurrence pour arriver dans le dernier carré.

Derniers de la poule avec un point, les Warriors du Zimbabwe courent toujours après un succès en CAN depuis 2006. Ce sera pour la prochaine fois, car on ne voit pas comment les coéquipiers de Khama Billiat ne pourraient pas se qualifier avec cette formule à vingt-quatre équipes. Ils ont montré de très belle chose et ont souvent manqué de réussite contre l’Ouganda et l’Égypte.

groupeB

La plus grosse surprise de cette phase de poules nous arrive directement du groupe B, avec les Bareas de Madagascar qui empochent sept points, et se permettent le luxe de finir premier de la poule. Une équipe courageuse et solidaire, qui risque cependant de se heurter au mur RDC. Après cela ressemble quand même à un conte de fées, et un conte de fées qui s’arrête en huitièmes ne pourrait pas vraiment avoir de fin heureuse.

Le Nigeria a donc laissé filer la première et peut nourrir d’énormes regrets. En étant qualifié après ses deux premiers matchs, Gernot Rohr a décidé de faire tourner pour le troisième match. Exit Alex Iwobi et Ndidi, welcome John Ogu et Samuel Kalu. Si la volonté était de maintenir tout le monde impliqué, la défaite a de lourdes conséquences. Kalu à tout raté, Ogu est sorti à la mi-temps et les Super Eagles se retrouvent dans le tableau de l’hôte égyptien…. La Guinée termine troisième avec quatre points. Sans vraiment pouvoir s’appuyer sur son maitre à jouer Naby « Deco » Keita, toujours ennuyé par des blessures. Le huitième contre l’Algérie sera très compliqué et Paul Put risque de devoir affronter une presse véhémente à son retour à Conakry. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Le Burundi est venu pour apprendre, et repart avec une vingt-deuxième position. Le prix de l’apprentissage.

groupeC

Le groupe où s’affrontaient deux favoris et deux novices n’a pas eu beaucoup de suspense au final. Un round d’échauffement pour les deux favoris. Avec notamment une Algérie très impressionnante qui peut nourrir de grosses ambitions à la vue des performances de son onze et de ses remplaçants. Mention spéciale à Baghdad Bounejah et Belaili qui ont été énormes, et qui ont relayé les stars européennes au second plan. Du cœur, de l’envie et de la passion. La recette du foot africain. Le Sénégal est monté en température, tout comme Sadio Mané. Tant mieux, car les Lions de la Teranga auront besoin de leur star pour espérer faire aussi bien qu’il y a deux ans.

La Tanzanie et le Kenya ont explosé dans la dernière journée avec une défaite 3-0 pour chacun. Il y a quand même du positif à retenir de part et d’autre. Le Kenya était dans la course jusqu’au dernier match alors que côté Tanzanie, Samatta confirme l’immense joueur qu’il est. Par contre il va falloir régler le problème des gardiens, car les Taifas Stars ne peuvent rien faire avec des portiers qui tournent à minimum deux erreurs par match. Pour l’anecdote, la Tanzanie finit avec la cuillère de bois.

groupeD

Le groupe semblait compliqué sur le papier avec trois « gros ». Finalement le Maroc a fait le service minimum à chaque fois (1-0 ; 1-0 ; 1-0). Cette équipe va devoir faire monter son niveau de jeu quand ce sera nécessaire (en quarts contre le Bénin), car pour l’instant les Lions ronronnent encore.

La Côte d’Ivoire a deux victoires mais n’a pas rassuré. Pépé n’est clairement pas à la hauteur alors qu’il devait être une des stars du tournoi. Le choc contre le voisin Malien va être l’affiche de ces huitièmes. C’est passé aussi pour l’Afrique du Sud à la différence de but, mais c’était déjà difficile, alors contre l’Égypte

groupeE

La Tunisie s’en sort avec trois nuls, mais que ce fut poussif. Heureusement que le Mali a illuminé ce groupe avec de très bons matchs, de très beaux buts et une jeunesse insouciante que l’on aimerait aller voir loin dans cette compétition. L’Angola et la Mauritanie sont éliminés avec deux points. Preuve que les équipes de ce groupe se sont toutes accrochées, et que ça s’est joué à peu de choses.

L’Angola était même toute proche de se qualifier face à la Tunisie, et la Mourabitounes se sont livrés sans compter et ont fait couler des sueurs froides à leurs adversaires. Si Corentin Martins poursuit son travail du côté de Nouakchott, ne soyez pas surpris de voir les maillots verts venus du Sahara aller plus loin dans le tournoi.

groupeF

C’est passé pour le Ghana, le Cameroun et le Bénin, mais ce n’était pas flamboyant. C’était clairement la poule la plus faible du tournoi. La seule qui nous a offert une journée faite de 0-0. Après avoir mis le bus contre le Ghana et la Guinée Bissau, le Bénin semble avoir renoué avec sa formule naturelle, en 4-3-3 avec des ailiers (Djigla/Dossou) qui débordent et se projettent sans arrêt vers l’avant. C’est aussi une confiance accordée aux joueurs formés localement alors que les deux premiers matchs se sont faits avec quasiment que des binationaux sur la pelouse. On verra quel onze Michel Dussuyer va aligner contre le Maroc, il en dira beaucoup sur les ambitions et les intentions des Écureuils.

Le Cameroun de Seedorf n’a pas été séduisant, et c’est un euphémisme tant Njie et Bassogog ont tout raté. Les Lions indomptables ont encore une chance de se rattraper contre le Nigeria. Peut-être que le statut d’outsider leur ira mieux… Même constat pour le Ghana, même si en soi les performances sur le terrain étaient plus agréables. Mais comme pressenti en amont du tournoi, on ne voit pas comment l’une de ces deux équipes pourrait passer les quarts de cette CAN.

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.