Journée totalement folle au Cameroun. Si la Tunisie déroule, les surprises se sont succédées jusqu’au coup de tonnerre : la défaire de l’Algérie.

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Le Mali et la Gambie ouvraient la journée et sans le savoir ont lancé une série de scénarios assez fous. Les Aigles avaient pourtant pris le match par le bon bout, s’installant dans le camp adverse, se procurant les premières situations du match, notamment par Massadio Haïdara et Djenepo. Mais au fil des minutes, la domination est devenue stérile, les idées et le mouvement semblaient manquer. Pire, les Aigles se faisaient peur sur deux coups francs : un missile de plus de trente mètres de Musa Barrow qui venait fracasser la transversale de Mounkoro, un, plus proche mais excentré, d’Ablie Jallow, qui s’écrasait sur le montant gauche du portier malien. Ces deux alertes semblaient calmer les ardeurs maliennes et à l’exception d’une occasion pour Bissouma, les hommes de Mohamed Magassouba peinaient à trouver des idées. Ils en trouvaient en début de second acte, emmenés notamment par un Noss Traoré tout juste entré mais déjà précieux dans sa capacité à trouver des espaces entre les lignes. Le joueur d’Hatayspor se montrait de plus en plus, notamment à l’entrée du dernier quart d’heure lorsque son débordement côté droit cherchait Bissouma au sol et sur l’action suivante, après un contre gambien rapidement avorté, sur un service d’Ibrahima Koné, il voyait sa frappe sortie sur la ligne par Colley. Qu’importait au final, car le VAR intervenait et revenait sur l’occasion précédente pour accorder un penalty au Mali pour une faute d’Adams sur Bissouma. Koné transformait la sentence, on pensait alors que l’affaire était pliée, d’autant que Moussa Doumbia s’offrait une nouvelle situation. Inoffensifs en seconde période, les Scorpions allaient pourtant piquer. Ebrima Colley repiquait dans l’axe de la surface à deux minutes de la fin, son centre était détourné par la main de Bissouma et offrait un penalty tout aussi logique à la Gambie que Musa Barrow transformait. Le Mali pouvait donc nourrir quelques regrets, même si sa qualification ne devrait être que simplement retardé, il a manqué l’occasion de s’offrir un dernier match tranquille.

Après le nul entre les deux autres membres du groupe, Aigles de Carthage et Mourabitounes se devaient de prendre les trois points pour garder intactes leurs chances de qualification. Privée de six éléments positifs à la COVID-19, la Tunisie a changé son fusil d’épaule par rapport à la configuration du premier match en repassant à une défense à quatre, avec un 4-3-3 favorisant potentiellement une animation offensive plus entreprenante : Ben Slimane et Chaalali appelés à se projeter et combiner avec le trio de devant pour obtenir plus d’occasions, Wahbi Khazri repositionné un cran plus bas avec cette fois-ci un vrai point de fixation dans la surface en la personne de Jaziri. Côté mauritanien, l’arrière-garde à cinq derrière n’aura vécu que dix minutes après une entame catastrophique.

En effet, bien plus incisive, l’équipe de Mondher Kebaier a démarré les débats tambour battant, avec deux buts dans les huit premières minutes, une demi-volée de l’arrière droit Mathlouthi, et le 23e pion de Wahbi Khazri sous le maillot tunisien, sur un beau décalage de Ben Slimane. Dans les deux cas, la volonté d’aller vers l’avant et de combiner et créer du surnombre dans les vingt mètres adverses a été récompensée pour les Tunisiens, qui ont par la suite géré le reste de la mi-temps face à une formation reconfigurée tactiquement par Gomes Da Rosa, mais en s’exposant tout de même à quelques coups de pied arrêtés mal exploités par la Mauritanie et des situations de contre fauchées illicitement et ayant valu un avertissement à Iffa et Ben Slimane. Un nouveau coup d’accélérateur a été initié au retour des vestiaires par les Aigles de Carthage pour submerger un adversaire qui a commencé à piocher physiquement, une phase de pression menée par un Wahbi Khazri, intenable, qui a porté son compteur à vingt-quatre buts internationaux en concluant un jeu en triangle de qualité et une remise dans le bon tempo de Chaalali (64e), avant de se muer en passeur décisif pour Seifeddine Jaziri (66e), l’avant-centre du Zamalek a été récompensé de son très bon match, dans les appels, le pressing et l’agressivité, et donc une finition soignée pour clore le score. Mondher Kebaier ayant entrepris de faire tourner et la Mauritanie s’évertuant à éviter que l’addition ne soit pas plus alourdie, le dernier quart d’heure a été uniquement marqué par les bonnes actions de Hamza Rafiaa, et un second pénalty manqué dans cette compétition, cette fois-ci par Msakni, mais anecdotique au vu de l’écart. Un match plein pour les Tunisiens, portés par un Khazri impérial, et des titularisés qui ont marqué des points (Jaziri, Ben Slimane, Chaalali), la Tunisie qui avec ce carton embellissant la différence de buts s’assure à 99% la qualification au minimum dans les meilleurs troisièmes en cas de match nul contre la Gambie, mais devra s’imposer pour essayer d’avoir le meilleur classement possible dans ce groupe. Eliminée, la Mauritanie tentera de sauver l’honneur face au Mali.

Le scénario de Mali – Gambie aurait dû alerter les Éléphants ivoiriens sur la nécessité de plier l’affaire lorsque l’on domine un match. Patrice Beaumelle avait décidé de modifier ses couloirs offensifs en envoyant Pépé et Zaha à la place de Gardel et Cornet, le début de match lui donnait raison, la Côte d’Ivoire se montrant rapidement dangereuse et Zaha filait côté gauche pour obtenir un penalty dès la neuvième minute. Ne restait plus à Kessié qu’à transformer la sentence. C’était sans compter sur l’immense Mohammed Kamara. Déjà héros face à l’Algérie, le portier des Leone Stars partait du bon côté et repoussait la tentative du Milanais. Sans conséquences pensait-on. Car la Côte d’Ivoire maintenait la pression, Kessié perdait un nouveau duel mais peu après la moitié du premier acte, Zaha lançait Sébastien Haller qui ajustait le portier sierra-léonais et ouvrait ainsi logiquement le score. Seul souci pour les hommes de Beaumelle, ce but n’assommait par les Leone Stars, parfaitement réveillées par l’énorme occasion offerte à Buya Turay en fin de premier acte sortie non moins parfaitement par Badra Ali Sangaré. Cette pression exercée par la Sierra Leone payait d’entrée de deuxième acte sur un enchaînement totalement fou de Musa Kamara dont l’énorme frappe ne pouvait que laisser le portier ivoirien à terre. Mais la Selefanto se réveillait de nouveau, reprenait sa domination et retrouvait rapidement son but d’avance, Haller servant Pépé qui frappait en première intention. De quoi alors se remettre les idées en place, surtout que Zaha et Hamed Traoré s’offraient des situations de 3-1. Une fois encore, faute de tuer le match, la Côte d’Ivoire se faisait quelques frayeurs, notamment sur les occasions offertes à Musa Kamara et Alhaji Kamara. Mais le chronomètre défilait, les Éléphants filaient vers un succès. Jusqu’à l’improbable. Un dernier ballon, une remise de Kossounou un peu loin du but que Badra Ali Sangaré allait chercher pour éviter un dernier corner. Le portier ivoirien plantait son genou dans la pelouse et lâchait le ballon, Steven Caulker, étrangement en position d’avant-centre, récupérait le cuir et servait Alhaji Kamara qui glissait mais pouvait se relever pour pousser le ballon au fond des filets. On jouait la 93e minute, la Sierra Leone s’offrait un nouveau match nul après avoir accroché l’Algérie. Et rend le final du groupe totalement dingue.

Dingue car si les Ivoiriens terminent avec des regrets mais finalement conservent leur destin en main, l’incroyable s’est produit ce dimanche sur la CAN. Personne n’aurait pu deviner ce qu’il allait se passer à Douala entre Algérie et Guinée équatoriale. Sur le papier, les Fennecs devaient tranquillement ajouter une unité à leur incroyable série d’invincibilité et se rapprocher encore du record italien. Sur le terrain pourtant, une fois encore, on a eu droit à des Fennecs bien trop nerveux et qui éprouvent toujours autant de difficultés à pouvoir poser leur jeu sur les terrains à l’état plus que discutables qui leur sont offerts. Il fallait attendre la vingt-deuxième minute pour voir Mahrez débouler côté droit et servir en retrait Belaïli qui butait sur Ovono, Bounedjah en faisant tout autant sur le rebond. Un Bounedjah qui pensait ouvrir la marque dans la foulée, une fois encore au rebond après une tête de Mahrez repoussée par le portier équato-guinéen. Alors, l’Algérie commençait à balbutier, à manquer d’idée et le Nzalang Nacional de se montrer. Ganet chauffait les gants de M’Bohli sur coup franc, l’excellent Ibán Edu envoyant une frappe magnifique qui passait à un rien du montant du portier algérien. La menace se précisait d’entrée de second acte, M’Bohli sauvant devant Nlavo, mais l’Algérie semblait pouvoir y répondre. Belaïli sur coup franc et la tête de Bensebaini le laissaient penser. Mais au moment où les Fennecs pensaient prendre le match en main, un corner dévié au premier poteau revenait sur Esteban Obiang seul au deuxième qui n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond des filer et glacer l’ambiance. La suite était un assaut algérien sur les buts équato-guinéens. Mais ni Slimani, ni Belaïli, ni même Obiang, proche d’un csc sur un centre d’Atal, ne trouvaient le chemin des filets. Pire, la fin de match était difficile pour les Fennecs qui ne parvenaient plus à sortir proprement le ballon et souffraient même en fin de partie. La sensation devenait ainsi coup de tonnerre : le champion sortant est tombé, il se retrouve même dernier de son groupe au moment de devoir défier l’autre favori annoncé du groupe, la Côte d’Ivoire.

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Fautif sur l’égalisation sierra-léonaise, Badra Ali Sangaré a dû céder sa place sur le terrain après avoir bloqué son genou dans la pelouse. Les cinq changements effectués, la Côte d’Ivoire a donc terminé à dix, Serge Aurier se plaçant dans les buts. Sangaré a depuis donné des nouvelles, « plus de peur que de mal », il sera disponible pour le choc face à l’Algérie.

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Le Sénégal enfin au complet. Décevant depuis l’ouverture de la compétition, le Sénégal va enfin pouvoir compter sur toutes ses forces (si l’on excepte Ismaïla Sarr dont le retour n’est prévu que pour la phase à élimination directe). Aliou Cissé a ainsi pu compter sur Édouard Mendy et Kalidou Koulibaly, enfin négatifs à la COVID-19. Dernière inconnue avant le dernier match du groupe face au Malawi : la présence ou non de Pape Gueye sous le coup d’une suspension par la FIFA.

Hécatombe au Gabon. Alors que Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina ne savent pas encore s’ils pourront revenir sur le terrain mardi, les deux joueurs devant passer une contre-expertise pour juger de l’état de leur cœur, les Panthères se retrouvent décimées par la COVID-19 : l’ailier Denis Bouanga, le gardien remplaçant Noubi Fotso, le latéral gauche David Sambissa, le milieu de terrain Serge Ngouali et l’attaquant Ulrick Eneme Ella sont en effet tous positifs.

Khazri deuxième. En marquant ses vingt-trois et vingt-quatrième but en sélection, Whabi Khazri laisse officiellement derrière lui Santos au classement des meilleurs buteurs de l’histoire de la Tunisie. Le Stéphanois, désormais seul deuxième, est à treize buts du leader, Issam Jemâa.

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17 heures : Cap-Vert – Cameroun

17 heures : Burkina Faso – Éthiopie

 

 

Avec Farouk Abdou (Tunisie - Mauritanie) - Photos : PA Images / Icon Sport

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.