Aucune trève sur la planète LO. A peine la Coupe des Confédérations terminée, l’Amérique du Nord se réunit aux USA pour la 14e édition de sa Gold Cup. Une édition qui pourrait voir les géants américains et mexicains véritablement menacés. Guide de l’épreuve.
Une longue histoire
Il faut remonter aux années 60 et la création des différentes associations d’Amérique du Nord, d’Amérique Central et des Caraïbes pour que les premiers championnats de la CONCACAF voient le jour (la CONCACAF est créée en 1961). Organisés sur un rythme d’une fois tous les deux ans, les CONCACAF Championship vont ainsi animer la zone pendant près de 30 ans, servant de qualification pour les Coupes du Monde à partir de l’édition 1973 (et de fait prenant un rythme d’une fois tous les quatre ans). Puis il y aura le tournant des années 90. Alors que le Costa Rica réalise un parcours historique en Coupe du Monde (élimination en huitièmes de finale), alors que les USA ont la charge d’organiser la future Coupe du Monde de 1994, la CONCACAF décide de réorganiser sa compétition majeure : la Gold Cup voit le jour.
Si les USA remportent la première édition, le Mexique s’affirme rapidement comme le géant de la zone, remportant quatre des six éditions suivantes même lorsque des géants du Sud sont invités (el Tri s’offre ainsi le Brésil de Dida en 1996 et celui de Kaká, Diego, Robinho et Nilmar en 2003). Reste que depuis l’instauration de la formule Gold Cup, à l’exception de 2000 et la sensation que fut la victoire du Canada, qui avait sorti le Mexique en quarts avant de s’imposer en finale face à la Colombie de Faustino Asprilla, le palmarès n’a que deux têtes, les deux géants de la zone USA et Mexique, ce dernier menant 7-5 au score. Une domination sans partage des deux grands qui semble pourtant remise en question ces dernières années par le traditionnel troisième larron de l’affaire, le Costa Rica et l’émergence des pays de la zone, à l’image de sélections telles que Panamá, Honduras ou Jamaïque. Au point que l’édition 2017 pourrait bien être celle du grand bouleversement. Car si les géants sont toujours aussi puissamment armés, les choix opérés et la progression constante des concurrents rendent la compétition plus ouverte aux surprises. Il suffit pour cela de parcourir les trois groupes pour s’en rendre compte.
Costa Rica : le vrai favori ?
Par Grégory Chaboche
Si le Costa Rica a toujours été l’un des géants de la zone, depuis la fantastique épopée brésilienne, il a franchi un palier qui en fait que les exigences à son égard ont crû. Au point qu’à l’heure où les USA semblent encore se chercher, où le Mexique envoie une équipe expérimentale et voit son sélectionneur préparer la compétition avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, les Ticos ont tout du parfait favori de l’épreuve.
Pour cette Gold cup Óscar Ramírez a décidé de choisir un groupe qui sera privé de Keylor Navas resté à Madrid pour la préparation de la saison à venir (et également au vu de la saison passée mouvementée), ainsi que Duarte (Espanyol) et Celso Borges (La Corogne), alors que Rónald Matarrita et Kendall Watson sont sur le flanc pour cause de blessure. Mais la force de ce groupe est son vécu, aucune sélection dans cette Copa Oro 2017 n’accumule autant de sélections et peut s’appuyer sur l’expérience vécue depuis son exploit brésilien. Ce sont d’ailleurs les mêmes cadres qui porteront la sélection aux USA pendant un mois notamment Bryan Ruiz, le taulier de toujours, le capitaine de cette sélection qui sort d’une saison complète avec le Sporting, et Joel Campbell, l’éternel espoir du foot costaricien, l’attaquant de cette sélection qui a très peu joué durant son prêt au Sporting et qui trouve ainsi une magnifique occasion avec cette compétition de briller au haut niveau. A leurs côtés, on trouvera Patrick Pemberton gardien expérimenté de 35 ans. Habituel second derrière Keylor Navas, le gardien d’Alajuelense sera enfin numéro 1 après avoir notamment brillé lors de la Copa América 2016. On suivra également avec attention le duo José Leiton – Jimmy Marín, les deux milieux d’Herediano sont les surprises de ces 23, les deux venant tout juste de disputer la Coupe du Monde U20 en Corée du sud et pourraient prendre du temps de jeu, Marín ayant été le meilleur Tico lors de cette compétition. C’est justement en raison de ce statut de favori que la pression sur les épaules d’Óscar Ramírez sera importante. Au-delà du simple fait d’être à la tête d’un candidat au titre (et d’avoir tiré un groupe largement à sa portée), le sélectionneur va passer un test grandeur nature, lui qui se voit chahuté au pays pour son jeu jugé trop défensif avec sa ligne de cinq derrière, et sera suivi avec attention au pays lors des rencontres opposant les Ticos aux sélections qui lui semblent inférieures sur le papier et qui lui seront offertes lors de la phase de groupe. Attention cependant à la crise de confiance : le Costa Rica n’a pas dépassé les quarts de finale lors des trois dernières éditions et reste sur une Copa Centroamericana quelque peu décevante (même si jouée en l’absence des cadres).
Honduras : objectif rebond
Par Nicolas Cougot
La Centroamericana a justement été l’une des dernières satisfactions de la H. A l’image de l’Allemagne lors de la Coupe des Confédérations, Jorge Luis Pinto avait fait le choix du renouveau, se passant de sept joueurs habituels de la sélection et ainsi procédant à une vaste revue d’effectif. Comme l’Allemagne, le choix avait été payant puisque les Catrachos s’en étaient sortis avec le titre, le quatrième de leur histoire. De quoi gagner en confiance ? C’était sans compter sur la campagne de qualification qui se déroule dans la douleur. Ecrasé par les USA, outrageusement dominé par le Mexique, le Honduras est à la peine dans l’hexagonal final, n’ayant remporté qu’une seule victoire, face à Trinidad y Tobago et, s’il reste encore à portée des USA et du Panamá, semble mal embarqué.
Il y a donc obligation de rebond pour les Catrachos, opération doublée par le drame de la dernière Gold Cup, une élimination au premier tour et une avant-dernière place au général alors que la sélection restait sur trois demi-finales. La chance des Catrachos est aussi leur plus grand ennemi : la faiblesse annoncée du groupe dans lequel ils sont. Car si le Costa Rica semble intouchable, la Guyane et le Canada ne semblent pas des adversaires redoutable (les supporters de la H n’hésitant pas à rappeler le 8-1 passé aux Rouges en 2012). Alors, Pinto va devoir convaincre avec son 4-4-2 jugé souvent trop attentiste au sein duquel on suivra avec attention la vitesse d’Anthony Lozano qui pourrait former avec Alberth Elis et autre Romell Quioto l’une des lignes offensives les plus dangereuse de la compétition. Le rebond attendu par tout un peuple passera par une performance et notamment une place espérée dans le dernier carré.
Guyane : s’inspirer de la Guadeloupe
Par Nicolas Cougot
La présence de la Guyane à la Gold Cup est la récompense d’un travail entamé il y a 5 ans. En 2012, la Ligue de football de la Guyane décide de remettre en marche sa sélection qui, emmenée par son capitaine Jean-Claude Darcheville, réalise alors une belle campagne en Coupe Caribéenne des Nations, s’offrant au passage le scalp d’Haïti en phase de qualification et échouant aux portes des demi-finales, sorti par la Martinique et Cuba, le futur vainqueur. L’année suivante, le tandem Jaïr Karam - Marie-Rose Carême s’installe aux commandes des Yana Dòkò qui se mettent alors à avancer. Lors de la Coupe Caribéenne de 2014, la Guyane prend sa revanche sur la Martinique et s’offre un barrage historique face au Honduras pour gagner une place en Gold Cup 2015. Les Yana Dòkò échouent pour un but. Mais la graine est plantée, la Guyane avance encore et toujours. Jusqu’à 2016, l’année du palier franchi. Placé dans le groupe 2 du troisième tour de qualification pour la phase finale de la Coupe Caribéenne, les Yana Dòkò réussissent leur match référence en s’imposant 5-2 à Port-au-Prince face à Haïti (triplé de Sloan Privat) après avoir été mené 2-0. Ils décrochent ainsi deux sésames : celui de la phase finale de la Coupe Caribéenne, la troisième de rang récompensée par une troisième place au général et surtout une place en Gold Cup, la première de leur histoire.
C’est donc un football qui ne cesse d’avancer qui se présentera à New York pour son tout premier match en Gold Cup. Et rien n’est rendu simple pour les Guyanais puisque l’homme qui devait mener les Yana Dòkò, Florent Malouda, n’est plus certain de pouvoir jouer. En cause une nouvelle règle de la CONCACAF qui s’aligne sur les critères de la FIFA pour l’éligibilité des joueurs qui participeront à la compétition. Détail amusant, les organisateurs ont indiqué que Malouda pouvait jouer mais qu’il était inéligible. Concrètement, personne ne peut l’empêcher de pénétrer sur la pelouse mais s’il le fait, la Guyane encourt une défaite sur tapis vert. Une gageure quand on sait que la Guyane n’est pas un membre de la FIFA et quand on se souvient qu’il y a 10 ans, Jocelyn Angloma, placé exactement dans la même situation que Malouda, menait la Guadeloupe à une folle demi-finale.
Qu’importent les éléments contraires, la Guyane a de quoi venir perturber bien des nations. Bien évidemment, les Yana Dòkò souffrent d’un manque d’expérience criant à ce stade et ce niveau de compétition, mais le groupe de Jaïr Karam et Marie-Rose Carême est composé de cadres habitués aux joutes de l’élite française, Roy Contout, Sloan Privat et Ludovic Baal alors que les supporters du Paris Saint-Germain suivront avec attention le défenseur Kévin Rimane, formé au club et qui évolue avec la réserve mais avait connu les joies d’une entrée en Ligue 1 face à Guingamp l’année dernière. Ces quatre hommes mèneront ainsi une sélection qui a une vraie carte à jouer dans son groupe et peut, en cas de bon match d’ouverture face au Canada, espérer jouer la troisième place.
Canada : montrer son nouveau visage
Par Antony de Varennes
Vainqueur de la Gold Cup 1985 et 2000, le Canada, s’amène aux États-Unis pour prouver au reste de l’Amérique qu’il a changé. Après un quart de final en 2009, la sélection canadienne a toujours terminé son parcours au 1er tour de la Gold Cup depuis 2011. L’ancien sélectionneur du Canada, Benito Floro n’avait pas réussi à faire passer un cap à cette sélection qui pointe désormais au 109e rang mondial. Effectivement, le Canada se cherche présentement, mais avec le nouveau sélectionneur Octavio Zambrano, les espoirs sont revenus, notamment grâce à l’émergence de jeunes joueurs à fort potentiel (voir notre article sur les espoirs canadiens). Cependant, le nouveau sélectionneur n’a eu qu’un seul match avec la sélection jusqu’à présent (victoire 2-1 face au Curaçao), donc la Gold Cup sera un bon indice du niveau canadien qui devra affronter le Costa Rica, le Honduras et la Guyane française. Pour ce faire, le groupe du Canada est quand même innovant avec des joueurs que nous avons vus rarement avec la sélection comme le jeune de 17 ans, Alphonso Davies, Mark-Anthony Kaye qui a eu sa première sélection au premier match d’Octavio Zambrano, Anthony Jackson-Hamel qui a seulement 3 sélections, mais qui performe avec Montréal, Patrice Bernier qui fait un retour avec le Canada après une absence de 2 ans et Lucas Cavallini qui fait un retour après 2 ans également après dit regretter avoir fait ses premières sélections avec l’équipe canadienne. Avec ce groupe, l’objectif du Canada sera de sortir de sa poule, donc une victoire contre la Guyane est primordiale et un nul face au Honduras ou Costa Rica plus que nécessaire. Bref, pour le Canada, son premier match est le plus important, le 7 juillet face à la Guyane.
Les principaux absents de la sélection canadienne sont Cyle Larin d’Orlando qui était indisponible en MLS dû à une arrestation en lien avec l’alcool au volant, Will Johnson d’Orlando et Tesho Akindele du FC Dallas. Cependant, si le Canada se rend en quart de finale, un maximum de 6 changements dans le groupe pourra être effectué. Pour ce qui est du onze probable que Octavio Zambrano devrait utiliser, si nous nous fions à son seul match qu’il a disputé, ce sera un 4-2-3-1 avec Borjan en tant que gardien. En défense il devrait avoir De Jong à gauche, James et Jakovic au centre et Aird à droite. En milieu défensif, Samuel Piette et Russell Teibert. En tant que milieu gauche, Junior Hoilet, Raheem Edwards en milieu droit et Patrice Bernier en milieu offensif. Finalement en tant qu’attaquant, soit Anthony Jackson-Hamel ou Lucas Cavallini.
USA : le nouveau rêve américain
Par Antony de Varennes
Le 2e plus gros pays titrés de la Gold Cup, les États-Unis accueillent l’édition 2017. Effectivement, la Gold Cup s’amène et les hommes à Bruce Arena vont vouloir la gagner chez eux pour en avoir une 6e à leur actif. Le visage de la sélection a changé depuis la dernière édition en 2015, puisque le sélectionneur est désormais Bruce Arena, l’ancien entraîneur emblématique du LA Galaxy notamment. Il revient à la barre de la sélection après un passage de 1998 à 2006 lorsqu’il avait gagné 2 Gold Cup (2002, 2005) et remplace l’ancien sélectionneur, Jürgen Klinsmann, qui était en place depuis 2011, remercié à la fin de 2016 après des contre-performances à la Gold Cup 2015 et une mauvaise phase de qualification pour la Coupe du Monde, dont, point d’orgue, une défaite 4-0 face au Costa Rica.
Afin de remporter une nouvelle Gold Cup, Bruce Arena opère une révolution, comme pour marquer la fin de l’ère Klinsmann en faisant appel à un groupe qui compte 16 joueurs de MLS et 4 joueurs de Liga MX. Exit donc les Européens « favorisés » par l’ancien sélectionneur, c’est donc une Team USA new-look qui aborde cette Gold Cup avec notamment quelques absents de taille comme Tim Howard (Colorado, MLS), Michael Bradley (Toronto, MLS), Darlington Nagbe (Portland, MLS) et surtout le trio offensif, alignés lors des dernières sorties, Christian Pusilic (Dortmund, Bundesliga), Jozy Altidore (Toronto, MLS) et Clint Dempsey (Seattle, MLS). Le record de Landon Donovan est donc encore sauf mais si les Américains passent les phases de poules, Arena pourra faire jusqu’à 6 changements et rien ne dit qu’à l’heure du sprint final, il n’ira pas chercher quelques-uns de ces cadres. Le XI probable que devrait utiliser Bruce Arena n’est pas connu puisqu’il change souvent de formation, mais un 4-3-3 ou un 4-4-2 constitué de Brad Guzan en tant que gardien, Jorge Villafaña en défenseur gauche, Omar Gonzalez et Matt Hedges en défense centrale et Graham Zusi en défenseur droit. En milieu central, Kellyn Acosta, Alejandro Bedoya ou Dax McCarty. En attaque, Jordan Morris, Gyasi Zardes ou Dom Dwyer.
Reste que les États-Unis ont hérité d’un groupe plutôt abordable avec seulement un adversaire coriace, le Panamá avec qui ils ont fait un nul de 1-1 le 28 mars dernier au Panamá. Les deux autres adversaires sont Martinique et Nicaragua. Ne pas finir premier serait une déception aux yeux de l’USSF, la campagne de qualification n’étant pas encore vraiment convaincante, Team USA joue gros, Bruce Arena une grande partie de sa légitimité.
Panamá : l’autre favori ?
Par Nicolas Cougot
Il y a eu le drame du Rommel Fernández en octobre 2013, il y a eu le scandale d’une demi-finale de Gold Cup 2015 volée par un arbitre américain. Pour le retour sur le sol US, Panamá arrive avec de nouvelles ambitions, forgées à coup de certitudes acquises depuis l’arrivée aux commandes d’Hernán Darío Gómez. Car le sélectionneur colombien des Canaleros a tout changé, installé une philosophie de jeu, fait ses preuves. Au point que Panamá est désormais en course pour une qualification historique à la Coupe du Monde 2018, sort d’une Copa América Centenario au cours de laquelle il a montré sa progression, accrochant en partie le futur vainqueur et ne passant à côté que d’un match, face au futur finaliste. Vaincu chez lui lors de la Copa Centroamericana, Panamá s’est donc installé dans le paysage au point d’arriver en 2017 avec un statut d’outsider voire de favori après avoir été vice-champion en 2013, troisième en 2011 et 2015.
Car c’est un groupe construit sur la durée, aguerri aux joutes internationales qui se présente cette année. Si la légende Román Torres ne sera pas du voyage, si Blas Pérez est blessé, el Bolillo Gómez peut s’appuyer sur un groupe dense et solide composé de nombreux expatriés. De la colonie MLS, Michael Murillo (New York Red Bulls), Armando Cooper (Toronto), Miguel Camargo (New York City), Anibal Godoy (San José), aux expatriés sudams, Roderick Miller (Atlético Nacional), Abdiel Arroyo (Danubio) et la colonie européenne Erick Davis (Dunajská Streda), Ricardo Clarke (Boavista), Gabriel Torres (Lausanne), Ismael Diaz (Porto), le Panamá est armé pour bousculer la hiérarchie et valider son nouveau statut. L’occasion aussi, pour un groupe encore jeune, de continuer à progresser pour s’installer durablement dans l’élite nord-américaine. Avec un groupe largement à leur portée, les Canaleros peuvent aller jusqu’à viser une première place en cas de résultat positif face à Team USA.
Nicaragua : se faire une place
Par Nicolas Cougot
Souvent placé aux portes du top 5 de la zone centro-américaine, le Nicaragua a parfaitement saisi l’occasion donnée par l’absence du Guatemala lors de la dernière Copa Centroamericana pour retrouver les joies d’une Gold Cup que les Nicas n’avaient connu jusqu’ici qu’à une seule reprise dans leur histoire. Pour cela, il leur a fallu passer par un barrage de folie pure et une victoire 3-0 face à Haïti décrochée sur un triplé dans les dix dernières minutes par El Illuminado Juan Barrera. Reste à ne pas revivre le cauchemar de 2009, dernière et unique présence de la sélection à la Gold Cup. Déjà à l’époque, les Nicas avaient hérité d’un géant, le Mexique, d’un francophone, la Guadeloupe et de Panamá. Comme en 2009, le Nicaragua jouera d’entrée contre son concurrent annoncé pour la troisième place, la Martinique prenant la place de la Guadeloupe d’alors.
En poste depuis près de 3 ans, Henry Duartea eu le temps de construire en sélection et valider l’excellent travail mené à la tête de la sélection Azul y Blanco. Une sélection composée pour majorité de locaux et au sein de laquelle le capitaine sauveur Juan Barrera sera la grande attraction. Reste à savoir si ce sera suffisant pour venir se mêler à la lutte pour la troisième place, seule ambition annoncée à portée de main pour le Nicaragua.
Martinique : revivre 2013
Par Nicolas Cougot
Nombreux sont ceux qui se souviennent du beau parcours des Matinino lors de la Gold Cup 2013. Emmenés alors par Fred Piquionne, la sélection avait échoué d’un rien à sortir d’un groupe plus que relevé puisque composé du Mexique et de Panamá notamment. La Martinique avait longtemps accroché le Mexique, restant à un but jusqu’aux arrêts de jeu et était tombée face aux Canaleros sur un penalty en toute fin de rencontre. Malheureusement pour les Matinino, pour leur retour en Gold Cup et une cinquième participation, le tirage n’a pas été des plus cléments, les Martiniquais tombant dans un groupe des plus relevé dans lequel ils croiseront l’hôte USA et Panamá. Alors, la grande question est de savoir s’ils pourront viser la troisième place.
Privé de plusieurs joueurs qui auraient joué un rôle de cadre (Julien Faubert, Kévin Théophile-Catherine, Bruno Grougi et Jean-Sylvain Babin, tous retenus par leurs clubs respectifs), privés d’un Mathias Coureur que les habitués de LO auraient aimé croiser de nouveau (ils se contenteront de (re)lire l’entretien qu’il nous avait accordé), les Matinino s’appuieront ainsi sur quelques valeurs sûres, de Kévin Olimpa dans les buts à un autre Kévin, Parsemain, meilleur buteur de l’histoire de la sélection et danger permanent en passant par ses compères de l’attaque, Steeven Langil et Johan Audel. Ils pourront aussi compter sur un Jordy Delem qui devrait être l’un des hommes à suivre, lui qui a réussi à se faire sa place en MLS avec les Sounders sur le côté droit. Reste à savoir si cela sera suffisant pour gratter une place en quarts de finale, tout devrait se jouer avec le Nicaragua, son premier adversaire du groupe.
Mexique : l’Allemagne d'Amérique du Nord ?
Par Diego-Tonatiuh Calmard
C’est sans sa sélection A que le Mexique se présente dans cette Gold Cup. Avec des joueurs issus exclusivement du championnat local, El Tri compte bien ramener le trophée à la maison. Mais l’objectif pour les joueurs est surtout de bien figurer afin de faire partie du groupe des 23 pour la Coupe du monde.
Chuy Corona, Jair Pereira, Jesus Molina, Jesus Dueñas, Rodolfo Pizarro, Elias Hernández… Seuls ceux qui suivent le championnat local (c’est-à-dire les fidèles de LO) connaissent les noms des tauliers du groupe mexicain pour la Copa de oro de la Concacaf 2017. L’objectif est bien évidemment de gagner ce tournoi. Même avec cet effectif alternatif, que l’on pourrait qualifier d’équipe C - les équipes A et B faisant partie des 23 qui ont disputé la Coupe des confédérations -, El Tri a ses chances, alors que le plateau offre une équipe des Etats-Unis sans fond de jeu et des équipes annoncée plus faibles. Mais au-delà de la victoire finale, l’objectif pour ces joueurs est de bousculer la hiérarchie et de faire partie du groupe mondialiste l’an prochain. Si le contenu collectif observé par la A lors de la Coupe des confédérations a été positif, certaines performances individuelles ont montré leurs limites.
Dans les cages, en cas de bonne performance, le vétéran et capitaine Chuy Corona (Cruz Azul) peut espérer jouer les doublures l’an prochain. En défense centrale, Jair Pereira, (Chivas) à une carte à jouer, ainsi que César Montes (Monterrey C.F), 19 ans, défenseur le plus prometteur à son âge. Assurément, Raúl López (Lat. droit, Chivas), Luis Rodríguez (Lat. droit, Tigres) et Jesús Gallardo (Lat. gauche, Pumas) ont regardé le naufrage de leur compatriote Miguel Layún lors de la Coupe des confédérations. Ces latéraux ont constaté les lacunes défensives du joueur de Porto et que la confiance ne le suit pas. En cas de bonne Copa de oro, l’un de ces joueurs à la possibilité de rejoindre la A très vite. En Russie, les observateurs ont pu remarquer que le Mexique manquait d’un véritable milieu défensif physique capable, avant tout, de gratter les ballons. Si le Mexique risque d’avoir souvent la possession du ballon lors de la Copa de oro, il sera intéressant de voir les matches de Jesús Molina (Monterrey C.F) et Jorge Hernández (Pachuca) au milieu. A la création, les géniaux Orbelín Pineda et Rodolfo Pizarro (Chivas), grands artisans de l’obtention du titre de Clausura 2017, ainsi qu’Erick Gutiérrez (Pachuca), peuvent espérer faire de même lors de ce tournoi et ainsi se montrer comme de possibles mondialistes.
Le point faible de cet effectif alternatif est l’attaque. Alan Pulido (Chivas) s’est fracturé l’humérus, samedi, lors du dernier match de préparation face au Paraguay. Buteur lors de la finale du Clausura, il manquera l’opportunité de remporter le trophée et de se montrer aux yeux de Juan Carlos Osorio. Martín Barragán (Atlas) et Ángel Sepúlveda (Querétaro) qui joueront cette saison respectivement avec Necaxa et Morelia auront du temps de jeu, même si le panorama semble boucher en sélection A avec Chicharito, Jiménez ou même Peralta. Dans un groupe largement abordable, El Tri affrontera le Salvador à San Diego, la Jamaïque à Denver puis ira à San Antonio affronter Curaçao. Le tournoi se déroule donc à domicile pour le Mexique. Une seconde place dans ce groupe et ce serait l’échec. L’objectif est donc de conserver le titre glaner en 2015, mais surtout de montrer qu’à l’image de l’Allemagne en Coupe des confédérations, le Mexique possède une bonne réserve dans son championnat local.
Curaçao : la belle surprise ?
Par Nicolas Cougot
C’est l’histoire d’une sélection qui progresse à pas de géant. Antilles Néerlandaises pendant plus d’un demi-siècle, Curaçao, l’une des six îles du groupement, reprend vie en 2010 lorsque les Antilles Néerlandaises sont dissoutes avant d’attendre 2011 pour être officiellement reconnu par la FIFA et d’en prendre la suite. Le vrai départ date de mars 2015 et l’arrivée à sa tête de Patrick Kluivert. Avant sa pige controversée au Paris Saint-Germain, l’ancien attaquant a mis en place une véritable révolution dont Curaçao tire aujourd’hui encore les bénéfices. Une révolution qui s’appuie sur deux leviers : le premier est d’avoir convaincu une forte colonie de joueurs européens aux origines locales de rejoindre la sélection. On verra ainsi arriver des joueurs comme Eloy Room, Cuco Martina, Leandro Bacuna, Gino van Kessel ou encore Felitciano Zschusschen, encore présent à l’heure de la Gold Cup. La deuxième est d’avoir donné des ambitions dans le jeu à cette sélection. D’un habituel système défensif, Curaçao va adopter une philosophie de jeu offensive, école Ajax, et va alors prendre confiance au gré des résultats positifs qui s’enchaînent. Car la sélection a beau être jeune, elle progresse à une vitesse folle. 150e au classement FIFA en 2016, elle est aujourd’hui à la 68e place, sixième de la zone CONCACAF, et surtout a retourné les Caraïbes en décrochant la Coupe Caribéenne après s’être offert le scalp de la Jamaïque en finale pour la troisième participation de son histoire à la phase finale de l’épreuve.
Les autres membres du groupe doivent-ils donc craindre Curaçao ? Probablement. Car la graine plantée par Kluivert n’a cessé de germer sous la direction de son successeur, Remko Bicentini qui connait parfaitement le contexte local et, après avoir travaillé aux côtés de Kluivert, assure à la perfection l’héritage. La chance de Curaçao est aussi dans le tirage. Placé dans un groupe annoncé pour le Mexique, la sélection caribéenne peut cependant clairement viser la deuxième place, ses concurrents directs se nommant Salvador et Jamaïque. Il faudra donc se méfier de cette sélection composée de nombreux européens évoluant aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre qui voit aussi en sa première à la Gold Cup, un moyen de continuer à progresser et surtout l’occasion idéale de trouver une exposition internationale qui pourrait, comme l’indique Bicentini, « convaincre d’autres joueurs de rejoindre la sélection dans le futur. » Dans un paysage caribéen longtemps dominé par la Jamaïque et Trinidad y Tobago, l’émergence de Curaçao ne fait que commencer, le futur de la zone semble s’écrire dès cette Gold Cup.
Jamaïque : la reconstruction
Par Nicolas Cougot
Car du côté de la Jamaïque, il semble que l’on arrive à un moment décisif, le début d’une nouvelle ère. Oubliée la belle année 2015 où, sous la direction de Winfried Schäffer, les Reggae Boyz avaient conquis tout un continent, Nord et Sud compris, avec des prestations convaincantes au Chili lors de la Copa América et une finale de Gold Cup perdue face à un Mexique trop fort ce soir-là. Oubliée car depuis, les mauvais résultats et notamment une élimination précoce de la route à la Russie 2018 ont coûté la place au sélectionneur allemand et entraîné un changement de philosophie avec désormais l’objectif de reconstruire et de préparer la campagne de qualification à la Coupe du Monde 2022. Star de la sélection 98, double buteur lors de l’historique victoire face au Japon, Theodore Whitmore a pris place sur le banc avec cet objectif.
C’est donc une nouvelle Jamaïque, bien loin de celle de 2015, qui prend part à la Gold Cup. Les expatriés comme Wes Morgan, Michael Hector, Jobi McAnuff écartés, Whitmore mise sur des jeunes locaux à l’image de Kevon Lambert, un temps mis à l’essai par West Ham, et de joueurs évoluant en MLS comme les Andrew Blake, Kemar Lawrence et autres Darren Mattocks. Reste qu’il est difficile de voir en la Jamaïque un favori de groupe comme elle pouvait l’être il y a deux ans. Pour assurer sa deuxième place, il faudra ainsi batailler durement.
El Salvador : à la recherche de la confirmation
Par Nicolas Cougot
Il y a eu le scandale de corruption qui a valu le bannissement à vie de 14 internationaux en 2013, il y a ensuite eu la folie d’une conférence de presse en septembre 2016 au cours de laquelle les internationaux ont révélé les nouvelles tentatives de corruption dont ils ont été les victimes (lire La sélection Salvadorienne entre en lutte contre la corruption). C’est donc une sélection totalement remodelée qui s’est reconstruite ces dernières années sous la direction d’Eduardo Lara, ancien sélectionneur des jeunes colombiens avec qui il a atteint un quart de finale mondial et remporté un tournoi de Toulon. Un travail de reconstruction qui s’est matérialisé dans les résultats, à l’image d’une Copa Centroamericana plus que convaincante à l’image du jeune Roberto Domínguez, 19 ans. Car le Salvador a été la bonne surprise de l’épreuve, décrochant une belle troisième place qui aurait pu être meilleure si la Selecta avait mieux géré quelques tournants de rencontre.
C’est sur cette expérience que le Salvador compte s’appuyer pour réaliser une belle Gold Cup et pourquoi pas espérer un quart de finale comme en 2011 et 2013. Pour cela, Lara peut s’appuyer sur un groupe qui commence à avoir un vécu commun et compte dans ses rangs deux flèches offensives Rodolfo Zelaya et Nelson Bonilla. Dans un groupe ouvert, dans l’ombre du géant mexicain, tout semble en effet possible pour la Selecta qui peut largement lutter à armes égales avec la Jamaïque et Curaçao pour une place en quarts.