Dernier rendez-vous de l’année au Mexique avec cette nuit la finale aller de la Liga MX, cadeau placé à Noël par une Coupe du Monde des Clubs. Dernier rendez-vous entre deux géants du championnat aux ambitions démesurées. Présentation.
L'aéroport de Monterrey était comble, mardi. Des centaines de Regios, supporters des Tigres, s'agglutinaient dans le hall des départs. Avec drapeaux, trompettes et tambour, ils ont chanté et encouragé leurs joueurs. Des aficionados dont auront besoin André-Pierre Gignac et ses coéquipiers, qui sont arrivés à Mexico dans la soirée. Cette nuit, dans le mythique Estadio Azteca (lire Au cœur de l’América, épisode 5 : Estadio Azteca, 50 ans de légendes), les Tigres défient l'América pour le titre de champion du tournoi Apertura 2016. Devant presque 100 000 spectateurs, l'objectif sera de faire un bon résultat. Avant de s'offrir le droit de gagner le trophée chez soi, le soir de Noël, au Volcán, lors du match retour.
Les joueurs de l'UANL arrivent dans la capitale du pays avec la confiance au beau fixe. Après un tournoi bon, sans plus, terminé à la troisième place du classement général, les hommes d'el Tuca Ferretti ont redressé la barre au début de la Liguilla. Ils ont écarté facilement les Pumas en quarts de finale (2-2 ; 5-0) puis Léon au tour suivant (1-0 ; 2-1). Une bonne dynamique incarnée par le retour au premier plan de son buteur providentiel, Dédé Gignac, auteur de cinq buts lors de la Liguilla, soit la moitié de son équipe. Avec le retour des blessés, les Tigres sont assurément confiants.
Deux coaches emblématiques
D'autant que l'América revient d'un long voyage en Asie. Après avoir été éliminé logiquement mais avec les honneurs par le Real Madrid lors de la Coupe du monde des clubs (2-0, les deux buts inscrits dans le temps additionnel de chaque période), las Águilas ont perdu la séance de tirs au but face aux Colombiens de l'Atlético Nacional, terminant quatrièmes. 23 000 kilomètres de trajet aller-retour pour rien, donc. Une compétition qui a coupé la préparation des americanistas et obligé la Ligue à décaler la finale. Difficile donc d'organiser une préparation optimale pour Ricardo La Volpe.

Car cette double confrontation est surtout une opposition entre deux professeurs charismatiques. Deux moustachus, les "bigotones", qui n'hésitent pas à dire ce qu'ils pensent au risque de s'attirer les foudres de leur direction. Du côté des Tigres, Ricardo Ferretti est un grincheux, aboyeur et strict. Il sait pratiquer du beau jeu mais n'hésite pas à le casser en cas de nécessité, souvent au détriment de son esthétisme. De l'autre, à l'América, Ricardo La Volpe, l'un des modèles de Pep Guardiola lui-même, qui a posé beaucoup de problèmes à Zinédine Zidane avec son jeu triangulaire. Cette nuit, à l'Azteca, Ferretti risque de vouloir boucher les issues vers son but. Mais nul doute qu'au retour, dimanche soir, dans son Volcán, on aura droit à deux équipes joueuses qui prendront de nombreux risques.
Vers un Clásico du championnat
Plus qu'une opposition de style, cette confrontation entre les Tigres et l'América revêtit un symbole nouveau. Les deux clubs sont les plus puissants du pays. Les transferts de Javier Aquino d'Espagne, de la pépite Jurgen Damm à prix d'or mais surtout d'André-Pierre Gignac en est le symbole. La venue du joueur de 29 ans ne se compare pas à celles des anciennes gloires parties se couvrir d'or au Moyen-Orient. Du côté de l'América, son hégémonie, son stade Azteca gigantesque et le statut de club le plus titré et le plus supporté du Mexique lui confère des pouvoirs importants. Ces deux institutions cumulent sept finale lors des huit derniers tournois, et ce soir, elle se rencontreront une deuxième fois en finale après celle de l'Apertura 2014. (lire Mexique : America es el más grande), une troisième si on y ajoute la finale de CONCAChampions 2015 (lire CONCACAF Champions League 2016 : América au septième ciel). Sur les huit dernières campagnes, seules trois n'ont pas vu les Tigres ou l'América se présenter.
De là à bousculer la hiérarchie des "Cuatros historicos" au pays des Aztèques ? A long-terme, probablement. Cruz Azul, autre club de Mexico, n'a pas gagné le championnat depuis vingt ans. Le club va quitter son Estadio Azul vétuste et son public le délaisse. Cruz Azul n'est même plus favori aux places de Liguilla, rate tous ses rendez-vous, au point d'avoir la réputation de loser ... Les Chivas, plus grand club de Guadalajara, n'ont remporté que deux tournois en trente ans. Mais ils ont le public et les financements qui vont leur permettre de rattraper leur retard des dernières années. Il s'agirait donc pour le football mexicain d'inclure les clubs de Monterrey dans leur histoire. Ville industrielle en constante mutation, ses clubs richement financés mais parfois isolés font partie définitivement du paysage mexicain, et ce pour longtemps.
Et ce soir, c'est ce que vont tenter de démontrer les Tigres. Réussir une bonne entrée pour, dimanche, remporter leur cinquième titre, le troisième en cinq ans. De quoi rejoindre Santos au palmarès du football mexicain, mais surtout, de dépasser leurs rivaux, les Rayados de Monterrey. En face, l'América, club le plus titré, voudra prendre de l'avance et confirmer son statut de "más grande". Avec le slogan qu'il a adopté et répète fièrement : "Odiame más". Déteste-moi plus. Une provocation condescendante qui colle bien aux résidents de l'Estadio Azteca. Une finale que regarderont jalousement Pumas, Cruz Azul, Rayados etChivas. Et que ne devraient pas manquer les amoureux de foot, pour constater que la Liga MX progresse d'années en années.
    
            

