Pour leur quart de finale de Liguilla, le classement final du Clausura 2017 a offert un duel entre Monterrey et les Tigres. Lors de ce match aller, les joueurs de l'UANL ont fait exploser les Rayados (4-1) grâce aux doublés de Gignac et Dueñas. Reportage au cœur du Volcán.

Dans les chaudes rues de Monterrey, d’énormes bouquets de fleurs déambulent au soleil. Le 10 mai, c’est la fête des mères au Mexique. Mais ici, pas de colliers de perle ou de dessins enfantins. En Amérique latine, la mère, c’est ce qu'il y a de plus sacré. Les mamans se fêtent comme personne et comme nulle part. Sous ces bouquets multicolores, deux possibilités ; un maillot auriazul aux couleurs des Tigres, ou un maillot rayé bleu et blanc, celles des Rayados. Car en ce 10 mai, plus que le Día de las madres, c’est jour de Clásico regiomontano. Les deux clubs de Monterrey s’affrontent, et le reste n’a plus d’importance. Pour ajouter au piquant de cette rencontre, c’est un quart de finale de Liguilla, les play-offs du championnat. L’équipe vainqueur sera assurément le favori de la compétition.

Un Volcán en éruption

Il faut descendre à l’arrêt Universidad pour arriver au Volcán, l’antre des Tigres. Là, le train aérien qui surplombe la ville continue sa course vers le nord et la banlieue de San Nicolás de los Garza. A l’arrêt précédent, on distinguait déjà le stade de baseball de l’Université autonome du Nuevo Léon, puis l’Estadio Universitario, face à la grande bibliothèque. Au sud, on aperçoit l’emblème de la ville, le Cerro de la Silla, une montagne en forme de chaise. Sur le parvis de la fac, certains étudiant sortent des cours et se dirigent vers le métro. D’autres, directement vers le stade. Aux abords du Volcán, les Libres y Lokos, groupe principal de supporters à qui Gignac dédie ses buts en faisant leur geste, attendent sagement avec leurs grosses caisses. Gignac. Le nom que l’on retrouve le plus sur les maillots des stands autour du Volcán.

 

 

Monterrey est un formidable exemple de l’influence américaine sur le Mexique. On déguste bien de la nourriture mexicaine en dehors du stade ; les animations et les pom-pom girls sur la pelouse font sentir que la frontière n’est qu’à quelques heures de la Sultana del Norte. Mais les Libres y Lokos, eux, rappellent qu’on est bien dans un Clásico décisif. Un message bien reçu par les auriazules qui commencent bien le match. Tout le contraire des Rayados. Après une mauvaise sortie aérienne du gardien, Gignac ouvre le score de manière opportuniste. Un but qui fait exploser le Volcán (1-0, 20’). Le reste de la première période est identique : le milieu Pizarro - Dueñas mange complètement celui des Rayados et devant, Carlos Sanchez et Funes Mori sont maladroits. La tension monte et les mots fusent. La défense rayada craque avant la pause ; César Montes, le jeune central de 20 ans dégage mal et Dueñas double la mise (2-0, 45’).

 

 

Les Fleurs du mal

Au retour des vestiaires, le soleil est tombé, le Cerro de la Silla n’est plus visible. Les Rayados pressent et l’entrée de Cardona arrive enfin, avec celle de Juárez. Mais sur un contre, Pizarro lance parfaitement Sosa qui centre en force pour Gignac (3-0, 69’). Tel un Ronaldo en Ligue des Champions, le Français est peu visible dans le jeu mais se transforme en buteur létal. Les Rayados sont en train de laisser filer sur le terrain un match qu’ils perdent surtout mentalement. La tension monte encore plus d’un cran et Aldo de Nigris, tout juste entré, gifle le gardien Nahuel Guzmán. Rouge. Les Rayados finissent à dix.

André-Pierre Gignac : « je n’ai pas envie de m’arrêter là »

Sur un corner, à cinq minutes du terme, José Maria Basanta, en bon capitaine, marque le but de l’espoir (3-1, 90+1’). Mais sur l’engagement, le meilleur joueur du match vient inscrire le but de la soirée. Jesus Dueñas réceptionne un ballon à l’extérieur de la surface et envoie une mine dans la lucarne de Gonzalez (4-1, 90+2’). La réponse est violente pour Monterrey. A 4-1, il faudrait aux Rayados faire autant que leur adversaire pour aller en demi-finale. Il ne leur reste plus qu’à espérer. Il ne leur reste surtout plus que leur mère chez qui pleurer. En rentrant chez eux, hier soir, elles les attendaient, pour sûr avec un gros bouquet de fleur.

 

Par Diego-Tonatiuh Calmard, à Monterrey pour Lucarne Opposée

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).