Rafael Márquez est accusé par les Etats-Unis de servir de prête-nom au blanchiment d'argent du crime organisé. Le capitaine d'El Tri qui s'est exprimé ce mercredi 9 août risque très gros. Cette affaire qui lie le football au trafic de drogue est une nouvelle preuve que le Mexique est touché par un cancer qui ne finit pas de le ronger.

Une photographie qui apparait sur une liste de personnes liées au cartel de drogues, et c'est la stupeur au Mexique. Rafael Márquez est accusé de complicité avec le crime organisé, de trafic de drogue et de blanchiment d'argent. Capitaine durant quatre Coupes du Monde l'un de plus grands joueurs de l'histoire du football mexicain -38 ans, 143 sélections-, Rafael Márquez est une idole au pays et dans le sud des Etats-Unis. Ce qui avait touché des acteurs, des politiques et des hommes d'affaires touche aujourd'hui un sportif mexicain de renommée mondiale.

Blanchiment de la drogue

Ce mercredi 9 août, le Département du Trésor, le ministère des Finances des Etats-Unis, a publié une liste noire où figure l'ancien monégasque. La Liste Clinton est établie par l'Office of Foreign Assets Control (OFAC), l'organisme de contrôle financier dépendant du Département du Trésor. Le capitaine de la sélection mexicaine ferait parti d'un réseau de prête-noms via ses entreprises pour laver l'argent provenant de la vente de drogue. Selon la Département du Trésor, ces opérations concernent une organisation criminelle liée au "Cartel de Sinaloa" et au "Cartel de Jalisco nueva generación" que dirigerait un certain Raúl Flores Hernández.

L'ancien joueur du FC Barcelone est accusé d'utiliser plusieurs de ses entreprises pour prêter son nom à cette activité. Escuela de fútbol Rafael Márquez Asociación Civil, Fútbol y Corazon A.C, Grupo Deportivo Márquez Pardo (qui porte aussi le nom de Pavel Pardo, autre grand joueur de l'histoire récente d'El Tri), Grupo Deportivo Alvaner S.A et cinq autres entreprises ou organisations liées au joueur de l'Atlas Guadalajara sont mentionnées dans l'enquête qui dure depuis plusieurs années.

trafic

Faire partie de cette liste noire implique plusieurs sanctions dont la confiscation et le gel immédiat des biens, immeubles, propriétés et comptes bancaires soumis à la juridiction américaine. Il est aujourd'hui interdit à tout citoyen américain, toute entreprise ou entité américaine d'établir le moindre contact avec les personnes inscrites sur la Liste Clinton. Le visa de Rafael Márquez a aussi été annulé: aujourd'hui, un migrant avec deux pesos en poche qui tenterait la traversée du désert du Sonora a donc plus de chances de poser le pied sur le sol américain que celui qui a été joueur des New Yorks Red Bulls pendant 2 ans.

10 à 30 de prison

Dans l'après-midi, Rafael Márquez s'est présenté de lui-même à la Procuration Générale de la République, l'organe du pouvoir exécutif au Mexique chargé des délits. L'entité a signalé que l'enquête suit son cours et qu'elle travaillait conjointement avec le gouvernement américain. Car il s'agit là d'une affaire qui implique également 21 personnes et 42 entreprises, dont un club amateur de football et un chanteur connu, Julión Álvarez.

En début de soirée, le joueur a improvisé une conférence de presse sur un terrain d'entraînement des Zorros. Aucun logo rouge et noir du club, aucun dirigeant officiel, juste Rafael Márquez. "Je nie catégoriquement tout type de relation avec cette organisation", a-t-il déclaré. D'habitude à l'aise devant les micros, jamais le "Kaiser de Michoacán" n'a semblé autant buter sur ses mots lors de cette allocution. "Je comprends la situation juridique dans laquelle je me trouve et dès maintenant je vais œuvrer pour éclaircir les faits avec mon équipe d'avocats".

Selon le quotidien El Financiero, le ministère des Finances mexicain a demandé à toutes les institutions bancaires de bloquer les comptes de Rafael Márquez. Une action que l'on imagine ordonnée par son homologue américain, suite à la divulgation de liste Clinton. Mais les sanctions risquent d'être plus graves pour l'idole de l'Estadio Jalisco. Les sanctions pour ces violations vont de 10 à 30 ans de prison et des amendes pouvant aller jusqu'à 5 millions de dollars.

Un symbole brisé

Au Mexique, on savait les hommes d'affaires véreux, ses hommes politiques être des criminels et les dirigeants de clubs corrompus. Dans une société brisée, seul le sport aztèque était épargné. Aujourd'hui, c'est l'un des plus grands de ses représentants que l'on accuse. Et peu importe le degré d'implication de Rafael Márquez dans le narcotrafic. Sans modèle politique crédible ni exemple de réussite à échelle mondiale, le Mexique voit l'un de ses seuls représentant encore propre être sali par la drogue. Le signe que le narcotrafic se trouve dans toutes les strates de la société mexicaine. Le symbole que ce pays, après dix ans de guerre contre les cartels, n'en entrevoit pas la fin.

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).