Le Sporting Kansas remporte la MLS 2013

On aura laissé passer le temps, voici enfin venue l’heure du bilan de la saison 2013 nord-américaine. L’année qui voit enfin l’Est reprendre le titre.

Sporting Kansas – Real Salt Lake. Loin des favoris des médias, la finale de la MLS Cup 2013 allait pourtant voir s’affronter deux des formations les plus régulières de ces dernières années (nous y reviendront). Traumatisés par le hold-up subit face à DC United en US Open Cup, les Cobalt and Clarets se rendaient donc chez un Sporting devenu favori car jouant à domicile. Après une entame fermée, la première banderille était plantée par Sapong pour le Sporting avant que Findley ne vienne gâcher une énorme occasion moins de 5 minutes plus tard. Les deux formations rentraient aux vestiaires dos-à-dos, l’enjeu avait semble-t-il paralysé tout le monde. Il faudrait un coup d’éclat pour lancer la rencontre : celui de Saborio. Une balle piquée signée Beckerman, un enchainement poitrine demi-volée à l’entrée de la surface du buteur costaricain et le Real Salt Lake ouvrait le score. Libérés, les Royals manquaient d’un poteau (toujours de Beckerman) de breaker rapidement et ainsi tuer le match. Deuxième opportunité à moins de 20 minutes de la fin : un amour de balle piquée de Javier Morales qui s’écrasait également sur le poteau avant de longer la ligne de but. Comme un symbole. Car trois minutes plus tard, Aurélien Collin, qui aurait pu être expulsé quelques minutes auparavant pour une faute sur Findley, surgissait sur corner et ramenait le Sporting. Le spectre de la finale d’US Open Cup resurgissait. Zusi faisait briller Rimando dans les ultimes secondes mais même la prolongation ne changeait rien : la décision allait se faire aux tirs au but. Et toujours la malédiction du Real. A 5-5, huitième tir, Sebastián Velásquez manquait la balle de match. Quelques minutes plus tard, Collin donnait l’avantage 7-6 au Sporting, Lovel Palmer voyait son tir s’écraser sur la barre : le Sporting Kansas décroche le deuxième titre de son histoire, 13 ans après le premier. Peter Vermes, son coach, devenant ainsi le premier à avoir remporté la MLS Cup en tant que joueur et en tant qu’entraîneur.

Le sacre de la régularité, les nouvelles stars

Si le Real Salt Lake devrait encore une fois longtemps croire à la malédiction, la victoire du Sporting ne doit surtout rien d’autre qu’à son talent. Dominateurs dans l’ensemble de la rencontre, les hommes de Vermes ont surtout beaucoup appris des frustrations de la saison passée qui les avait vu, alors meilleure équipe de l’Est, se faire sortir d’entrée de play-offs. Le Sporting de Vermes, outre une défense de fer symbolisée par son français, MVP de la finale,  c’est aussi une formidable équipe caméléon capable d’étouffer son adversaire ou de savoir annihiler celui-ci, allant chercher des victoires malgré une domination subie. Sur le terrain, cela se manifeste par des périodes où le Sporting prend son temps, contrôle un jeu fait de jeu au sol, de passes courtes et d’attaques placées et d’autres au cours duquel son jeu repose sur la profondeur et la qualité de ses latéraux à accumuler les centres. Ce double visage est probablement lié à l’arrivée d’un homme déterminant : Benny Feilhaber. Le Sporting avec Feilhaber était un Sporting qui contrôlait quand celui en son absence misait sur un jeu plus direct. C’est probablement cette étonnante capacité d’adaptation qui aura fait de l’équipe de Vermes une formidable machine à gagner, encore plus au moment des play-offs.

La grande leçon de cette saison aura été le triomphe de la régularité. Entre un Sporting Kansas déjà 2ème meilleure équipe de la ligue l’an passé et cette saison et un Real qui aura réussi plus de 15 victoires pour la quatrième saison consécutive (record de la MLS depuis la fin du shootout), les play-offs, souvent décriés en Europe, n’auront une nouvelle fois pas bousculé la donne.

Diego Valeri, l'élégance des Timbers

Régularité et vieilles habitudes de la MLS comme la débandade à New York, symbolisée par l’échec de la pige de Juninho, l’affaire Henry en milieu de saison et l’habituelle élimination alors que le plus dur était fait en play-offs. Débandade comme la stratégie mexicaine de Chivas, où la stratégie de l’échec total. Au milieu de tout cela, la saison 2013 aura confirmé la fin du cycle Los Angeles et l’émergence de nouvelles stars symbolisée par les Timbers. Après deux saisons compliquées, Portland avait décidé de tout changer en s’offrant un nouveau coach : Caleb Porter. Et l’effet aura été plus que positif. Surprise annoncée en début de saison, les Timbers se sont imposés comme l’une des formations les plus intéressantes à suivre, Porter transformant littéralement cette formation. « Un vrai match de football de haut niveau est comme une partie d’échec. Je veux que mon équipe contrôle le match. Le contrôle est la garantie de victoire. » L’un des coach les plus bavard en conférence de presse aura imposé son 4-3-3 avec Valeri à la baguette et son football total fait d’attaque en nombre et de pressing haut et tout terrain. Portland sera sans aucun doute l’une des équipes à suivre l’an prochain.

Aurélien Collin, LE français de l'année en MLS

Au niveau des joueurs, au milieu des stars des Timbers, du Sporting, du Real et de Mike Magee comment ne pas citer la belle saison de Camilo, le grand oublié du meilleur onze de la saison élu par les instances de la MLS. Meilleur buteur de la ligue, auteur du but de l’année, le brésilien aura porté des Whitecaps restés à quai dans la course aux play-offs. L’espoir est aujourd’hui  à ce qu’il reste mais plusieurs rumeurs l’envoient au Mexique voire en Europe. Notons aussi la belle saison, malgré sa fin totalement manquée, de Di Vaio et de l’Impact qui mérite toute de même les honneurs et laisse espérer une belle saison 2014. Côté français, la grande star de la saison restera Aurélien Collin, homme de la finale et des play-offs côté Sporting même si de son côté, le médiatique Thierry Henry aura réalisé une saison plus que complète (même si moins bonne que l’an passé). Notons aussi la belle saison d’Hassoun Camara avec l’Impact dont on attend bien plus l’an prochain.

Jason Kreis, la légende

Impossible de conclure ce bilan 2013 sans rendre un hommage appuyé à l’incroyable travail mené par Jason Kreis à la tête du Real Salt Lake. A l’heure où celui qui prît les commandes du club au lendemain de sa retraite à 34 ans a décidé de clore son cycle en signant avec la nouvelle franchise new-yorkaise, il est grand temps de lui rendre hommage. Car Jason Kreis c’est bien plus qu’un simple coach pour Salt Lake : il est l’ADN du club. Premier joueur recruté par la nouvelle franchise pour son entrée en 2005 (après avoir été l’une des légendes de Dallas avec qui il a passé près 10 ans à affoler les statistiques), il en sera également le premier buteur (il avait également inscrit le premier but de l’histoire de Dallas en MLS). En 2007, alors qu’il n’a que 34 ans, il prend sa retraite et devient entraîneur d’un Real Salt Lake qui fait surtout rire tout le monde. Il déclarera qu’il ne pouvait plus jouer avec cette équipe, qu’il fallait que les choses changent (15 petites victoires en 64 rencontres disputées). Et les choses vont changer.

Jason Kreis, la plus grande perte du Real

Kreis fait le ménage, fait venir des Kyle Beckerman, Javier Morales, Fabian Espindola, Yura Movsisyan et autres Robbie Findley. C’est le début d’une phase de construction. Les fondations posées, le Real grandit vite. 2008, Salt Lake décroche ses premiers play-offs. 2009, quasi-invincibles à domiciles les hommes de Kreis arrachent leur place en play-offs qui les couronneront quelques semaines plus tard. Systématiquement dans le top 3 de la MLS, le Real est finaliste de la Ligue des Champions en 2011. L’élimination au premier tour des play-offs 2012 va une fois encore tout changer. Kreis décide de nouveau de tout reconstruire. Nouveau ménage, deuxième cycle et encore et toujours l’arrivée de jeunes. Avec un succès relatif donc puisque le Real de Kreis termine sa saison sur deux finales perdues. Et va devoir désormais faire sans son coach légendaire, parti construire ailleurs. Probablement la plus grande perte de la saison pour le club.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.