Alors que le Toronto FC file tranquillement vers le Supporter’s Shield, l’un de ses joueurs clés, Sebastian Giovinco, ne cesse de briller en MLS. Au point de se demander s’il n’est pas tout simplement le meilleur joueur ayant évolué dans la ligue. Eléments de réponse.
Depuis son arrivée à Toronto en 2015, l’Italien Sebastian GIovinco fait l’unanimité. Avec le TFC, Giovinco marque, délivre, humilie au point d’être considéré comme la meilleure signature jamais effectuée par la MLS. Du point de vue statistique, la Fourmi Atomique a terminé ses deux premières saisons avec les titres de meilleur buteur et meilleur passeur de son équipe (22 buts et 16 passes en 2015, 15 buts et 17 passes en 2016). Il est actuellement meilleur buteur de sa formation (15 buts), deuxième meilleur passeur. Son impact sur les résultats de la franchise est réel, Toronto prend en moyenne 0.56 point par match auquel l’Italien participe contre 0.5 lorsqu’il est absent, l’équipe gagnant un match sur deux avec lui, 40% seulement sans lui. Ces chiffres alimentent bien des débats autour d’une question : Sebastian Giovinco est-il le meilleur joueur à avoir jamais joué en Major League Soccer ?
MLS : le point après la semaine 28
Face à Henry : avantage Giovinco
S’il est vrai que Giovinco n’était pas dans le onze de départ de la Juventus tous les week-ends. Lors de sa dernière moitié de saison à Turin, il est apparu en effet qu’onze fois pour n’inscrire que deux buts, mais si l’on regarde les années précédentes (2012 et 2013), ses statistiques sont bien plus intéressantes, avec 42 puis 30 matches joués (avec respectivement 11 et 3 buts inscrits). Ancien joueur des Red Bulls de New York, Thierry Henry est souvent cité comme l’un des meilleurs Joueurs Désignés à avoir joué en MLS. À la différence du Français, l’italien est arrivé dans une meilleure période de sa vie. Le Français sortait de trois saisons poussives à Barcelone au cours desquelles il a certes garni son armoire à trophées mais sans dépasser les 30 matches en Liga (seulement 21 lors de sa dernière année). En MLS, Thierry Henry a clairement porté les RB en signant 52 buts et 49 passes décisives en 135 matchs disputés avec le club. Mais Giovinco fait mieux. En 91 matchs, l’Italien a déjà inscrit 58 buts et délivré 47 passes décisives. Mais surtout, l’arrivée de Giovinco s’est inscrite dans une vision bien différente de celle de Thierry Henry. Depuis David Beckham, la MLS a ainsi vu arriver de nombreuses stars européennes. De Didier Drogba, Kaká, Steven Gerrard, Andrea Pirlo à David Villa, tous avaient en commun d’avoir avaient l’essentiel de leur carrière derrière eux en bons trentenaires bien tassés qu’ils étaient. L’arrivée de Giovinco ne s’inscrit pas dans cette lignée. Lorsqu’elle arrive à Toronto en 2015, la Fourmi Atomique est encore loin d’être en fin de carrière. À seulement 28 ans, Giovinco avait encore quelques belles années devant lui dans un bon club européen, il était par exemple traqué par le FC Barcelone (et ce, jusqu’à la saison dernière).
Face à Villa : avantage Giovinco
Depuis qu’ils ont rejoint la MLS en 2015, David Villa et Sebastian Giovinco ont été à la lutte pour être le meilleur joueur de la ligue. Quand l’Espagnol inscrit 18 buts lors de sa première saison, l’italien en inscrit 22. En 2016, ce sera 23 buts pour le premier et 21 pour le second. Cette année, Villa a l’avantage pour le moment (19 à 15), mais le trophée du meilleur buteur sera une course effrénée entre les deux joueurs. Cependant, il est certain que Giovinco influence plus le jeu de son équipe que David Villa, ne serait-ce que par leur profil bien différent. Statistiquement, les dernières saisons ont été réalisées avec un nombre plus important de passes décisives comparé à Villa (39 à 21 pour l’Italien), mais surtout, là où Villa est impliqué dans 15 buts victorieux (13 buts décisifs et 2 passes décisives donnant la victoire), l’Italien est impliqué dans 23 buts décisifs avec les Reds (15 buts, 8 passes). Conséquence sur le terrain, le FC Toronto est allé plus loin en MLS Cup chaque année, allant jusqu’à se hisser en finale la saison dernière grâce à la Fourmi Atomique alors que le New York City FC ne s’est pas encore hissé à une finale de conférence, David Villa, muet en demi-finale la saison dernière, subissant notamment un triplé de l’Italien los de la demi-finale retour (tout un symbole).
Face à Beckham : Giovinco, le deuxième tournant
Au-delà des statistiques, des buts, des passes décisives et du simple fait d’exposer son talent, l’arrivée de Sebastian Giovinco a eu un impact énorme sur la Major League Soccer. Comme évoqué précédemment, son arrivée constitue un tournant dans l’histoire d’une ligue qui jusqu’ici voyait surtout arriver des stars trentenaires venues d’Europe depuis l’arrivée de Beckham en 2007. Si le propriétaire de la franchise de Miami a été la signature qui a déclenché l’évolution de la ligue en 2007 (sans lui la MLS n’aurait peut-être jamais eu des joueurs comme Thierry Henry), l’Italien reste l’un des premiers joueurs à venir en pleine force de l’âge. Si Beckham a fait changer la MLS en l’ouvrant au monde extérieur, Giovinco lui a fait franchir un autre palier en lui faisant attirer des joueurs compétitifs. Car depuis son arrivée, la ligue attire plusieurs jeunes talents. Désormais certains joueurs de moins de 30 ans choisissent la MLS plutôt que d’autres ligues européennes, plusieurs équipes, comme le Galaxy (avec Alessandrini ou Dos Santos) et les Sounders (avec Rodriguez et Lodeiro) ont suivi cet exemple en attendant Carlos Vela qui défendra les couleurs de la nouvelle franchise basée à LA la saison prochaine. Mieux, ce sont désormais de jeunes espoirs des Amériques qui rejoignent la MLS à l’image des Josef Martínez, Miguel Almirón ou encore Héctor Villalba tous arrivés du côté d’Atlanta. Avec l'arrivée de Giovinco, la MLS est ainsi devenue crédible.
Au-delà des statistiques, Sebastian Giovinco est définitivement une des signatures les plus importantes de l’histoire de la MLS. Il ne lui manque désormais plus qu’une chose à réussir : remporter la MLS Cup. Alors sera-t-il peut-être définitivement le meilleur joueur de l’histoire de la ligue.


