Pour la deuxième année consécutive, les Revs de New England ne participeront pas aux play-offs et ne joueront ainsi rien lors du Decision Day. Comment l’un des fondateurs de la MLS pourra se relever ? Éléments de réponse.
Cette année, New England Revolution n’atteindra pas les play-offs. Après être arrivé en finale de la MLS Cup en 2014, ils ont décroché à la cinquième place en 2015 et ne se sont pas qualifiés pour les play-offs en 2016 et donc en 2017. Ce n’est que la troisième fois dans son histoire que le club enchaîne deux saisons sans play-offs (la plus mauvaise série remontant au « triplé » de 2010-2011-2012). La franchise, qui a été une des pionnières de la ligue étasunienne, s’est séparée ainsi de son coach Jay Heaps après six saisons ponctuées de résultats mitigés. Se relever ne sera pas chose facile pour les Revs l’année prochaine, mais c’est en comprenant d’où viennent les problèmes qu’ils pourraient revenir aux sommets.
Un vaste chantier
Logiquement, la première étape pour avoir de bons résultats passe par la création d’une équipe compétitive. Tom Soehn, qui a remplacé Jay Heaps, doit cependant trancher : faut-il bâtir l’équipe autour de Lee N’Guyen ?
Le capitaine des Revs a récemment été l’unique homme en forme pour son équipe ; il sauva notamment l’honneur d’un coup-franc exemplaire lors de la défaite 6 à 1 face à Orlando. Il est donc facile de comprendre pourquoi l’été dernier son équipe a refusé une offre d’un million de dollar venant du Maccabi Haïfa le concernant. Cependant, construire une équipe autour d’un meneur de jeu de 31 ans n’est peut-être pas la meilleure option pour la franchise ; des voix s’élèvent disant que le vendre serait plus profitable, tant bien l’argent récolté par la vente serait bénéfique pour construire une équipe composée de jeunes talents.

Lee N’Guyen n’a malheureusement jamais été aussi bon qu’en 2014, lorsqu’il jouait avec Jermaine Jones et qu’il amenait les Revs en finale de la MLS Cup. Aujourd’hui, il ne peut porter son équipe seul. New England avait pourtant cette saison des joueurs de qualités devant. Kamara, N’Guyen, Bunbury, Fagundez ou Nemeth ont dû se battre pour une place dans le onze de départ. L’addition de bons talents ne fait malheureusement pas une équipe plus collective ; N’Guyen, Rowe ou Fagundez sont, par exemple, trois joueurs qui excellent dans des passes courtes et rapides, alors que le numéro neuf posté devant eux, Kei Kamara, a gagné ses galons d’attaquant dans un style de contre-attaque. La perte de Jermaine Jones n’a jamais vraiment été comblée et le lien entre l’attaque et la défense est interrompue. Xavier Kouassi avait l’air d’être un bon remplacement, mais plusieurs blessures et expulsions l’ont empêché de prendre une place importante dans l’équipe type.
La défense est aussi un autre secteur à réparer. Deleama était une belle recrue l’année passée, mais on ne peut pas dire la même chose d’Angoua, et les Revs ont définitivement besoin d’un défenseur expérimenté, Chad Marshall par exemple, que les rumeurs envoient loin de Seattle. Le problème est que malgré de réelles ambitions, New England Revolution n’est que la quinzième franchise en termes de salaire. Les deux joueurs désignés qu’ils possèdent, Kei Kamara et Xavier Kouassi, gagnent un peu plus de 800,000 dollars par ans, loin des millions des autres franchises. Valent-ils réellement ces salaires ? Probablement pas. La vérité est que le dernier joueur bien payé des Revs, Jermaine Jones, les a amenés à une finale de MLS Cup et depuis, la franchise n’a jamais voulu investir dans un joueur talentueux et des résultats en berne ont suivi.
Manque d’ambition
Mais pour être honnête, quel joueur –même inscrit comme Joueur Désigné- voudrait jouer pour New England ? Le manque d’ambition du Revolution est reflété dans ses infrastructures. Le club n’a pas de « soccer specific stadium » (un stade bien à eux, dédié au football), et il partage son enceinte avec les New England Patriots. Le Gilette Stadium, qui peut contenir jusqu’à 68,000 personnes (mais qui n’a en moyenne que 20,000 spectateurs), est appelé par FourFourTwo « L’éléphant dans la pièce » de la MLS. Roger Levesque, ancien joueur de Seattle, en dit « qu’en terme d’atmosphère, ce n’était pas un match pour lequel vous étiez particulièrement excité. Je le comparerai plutôt à mes matches d’USL (division 2 aux Etats-Unis, 3 à l’époque) avec Seattle, à Century Field, quand les fans n’étaient assis que d’un côté du stade. C’était juste étrange ». Le dernier coup de couteau vint d’un ancien joueur, Jermaine Jones, qui lors de son transfert au Rapids s’est dit heureux de finalement pouvoir joueur dans un « vrai stade de football ».

Les supporters sont un autre problème pour la franchise. Prenons Portland : leur plus grand groupe de supporter, la Timbers Army, possède environ 5.000 membres dans un stade qui peut contenir 20.000 personnes. Pour New England Revolution, il n’y que peu de groupes de supporters : le plus puissant, les Midnight Riders, comptent environ... 500 membres. Le fait que le stade soit situé à 40 minutes de Boston n’aide pas non plus. Les fans avaient regagné espoir lorsque Boston a annoncé son attention d’être l’hôte des Jeux Olympiques de 2024, ce qui signifiait que de nouvelles infrastructures allaient être bâties. Cependant, Boston n’est pas allé bien loin dans le processus d’organisation, abandonnant sa candidature au profit de Los Angeles, et on ne peut dire que les propriétaires des Revs, les frères Kraft (souvent cités comme les pires propriétaires de franchises MLS) aient des idées à long-terme pour la franchise.
New England sont dans la ligue depuis sa naissance en 1996 et les frères Kraft font parties des tout premiers investisseurs, ceux sans qui la ligue n’aurait jamais vu le jour. Cependant ils souffrent de nos jours de la comparaison avec des nouvelles franchises comme Atlanta ou Orlando qui ont l’air d’avoir de bien meilleurs plans pour le futur qu’eux. Ce n’est qu’anecdotique, mais les Revs sont la seule équipe à ne pas avoir changé (ni de noms, ni de logo), depuis le début de la ligue.
Ainsi, New England a besoin… d’une révolution. Une nouvelle dynamique doit s’installer sous l’impulsion d’un nouveau coach, car même si un stade dédié au soccer serait très important, il est inutile si les résultats ne suivent pas et que les foules ne s’enthousiasment pas pour leur équipe.
 
    
             
    

