Qui succèdera au Supercampeon River ?

Après le format et la Primera B, place désormais au dernier volet de notre présentation du tournoi argentin 2014 avec le guide complet de la Primera Division.

Dernier volet de notre tour d’Argentine, place désormais à la présentation complète du Torneo Transición / Campeonato de Primera División 2014. Même si personne ne jouera sa survie sur les 19 matchs à venir, la lutte pour le titre promet d’être encore extrêmement ouverte. Car particularité argentine, si le format court permet les surprises, l’élite locale se distingue par la grande capacité de ses géants à être en chantier permanent. Meilleure illustration, les multiples et habituels changements d’entraîneurs. Imaginez, Martino, Pizzi, Díaz, les trois derniers coachs titrés ne sont plus au pays et cette saison, huit équipes abordent le dernier tournoi court de l’histoire avec un nouvel homme sur leur banc.

Guide des surnoms

C’est désormais une habitude, afin de vous permettre de profiter pleinement du championnat argentin, petit cours de surnoms avec les 20 équipes de la A.

-          Arsenal Sarandí : el Arse

-          Atlético de Rafaela : la Crema

-          Banfield : El Taladro

-          Belgrano : Los Piratas

-          Boca Juniors : los Xeneizes

-          Defensa y Justicia : El Halcón

-          Estudiantes La Plata : Los Pinchas

-          Gimnasia y Esgrima La Plata : El Lobo

-          Godoy Cruz : El Tomba

-          Independiente : El Rojo

-          Lanús : el Granate

-          Newell's Old Boys : la Lepra

-          Olimpo Bahía Blanca : el Aurinegro

-          Quilmes : el Cervecero

-          Racing : La Academia

-          River Plate : Los Millonarios

-          Rosario Central : los Canallas

-          San Lorenzo : el Ciclón

-          Tigre  : el Matador

-          Vélez Sarsfield : la Verde

De la difficulté de prédire

C’est aussi ce qui fait le charme de ce championnat. Entre les géants historiques, les géants du moment, les géants de retour, il est toujours aussi délicat de prédire le futur champion. L’une des caractéristiques de la présaison est le nombre important de mouvements sur les bancs argentins (preuve supplémentaire de l’aspect tournoi de transition). Sensini qui remplace Burruchaga à Rafaela, Quatrocchi embarqué dans le Quilmes post-Caruso Lombardi, Gallardo à River, Dario Franco chez le promu Defensa y Justicia dont l’ancien coach Diego Cocca prend les commandes du Racing, Gustavo Raggio à Newell’s et Jorge Almirón qui quitte Godoy pour Independiente, remplacé au Tomba par Carlos Mayor, huit équipes ont changé d’entraîneur entre mai et juillet. De quoi ajouter à l’incertitude et l’imprédictibilité d’un championnat au niveau très homogène.

 Gallardo à la tête du nouveau River

Première inconnue, le tenant du titre River. On aurait enfin pu croire que la nouvelle ère Díaz allait s’ouvrir à Nuñez. C’était sans compter sur le départ surprise du coach. Après un tournoi de reconstruction, un titre décroché, la famille Díaz décidait de s’en aller (espérant secrètement la sélection) pour laisser place à un glorieux ancien : Marcelo Gallardo. El Muñeco, déjà candidat lors de la succession d’Almeyda, pose enfin ses valises dans son club et doit d’abord gérer plus de départs que d’arrivée, perd l’un des éléments clés au milieu avec Ledesma, se retrouve au milieu d’une crise Cavenaghi – Trezeguet, puis d’une affaire Teo Guttiérez et aborde un Tournoi sans aucun avant-centre d’expérience valide et un Manu Lanzini sur le départ. Autant dire que le champion, qui reste un traditionnel favori, part avec bien plus d’incertitudes que de confiance.

Deuxième grande énigme, l’ennemi intime Boca. Deuxième d’un dernier tournoi qu’il a longtemps vécu dans la souffrance, les Xeneizes de Bianchi ont dit adieu à leur icône absolue, Riquelme, et semblent entrer dans un nouveau cycle. Départs de Viatri, Sánchez Miño, Rivero, Riaño, Perrotti, Palacios arrivées de Fuenzalida et une bande de gamins talentueux comme Chávez, Calleri, Carrizo, Meli. Beaucoup d’espoirs pour le nouveau Boca dans un tournoi qui ressemble fortement à la dernière chance de Bianchi.

el Granate, valeur sure des candidats au titre

Derrière les deux géants historiques, vous l’aurez compris, la Primera Division ne manque pas d’outsiders. Premier d’entre eux, le plus régulier : Lanús. Toujours dirigé par les frères Barros Schelotto, le Granate, vainqueur de la dernière Sudamericana, conserve la majorité de son groupe, remplace Paulo Goltz par la promesse paraguayenne Gustavo Gomez, attire Matías Ibáñez, Iván Bella Diego Braghieri et reste l’un des grands favoris pour le titre (si ce n’est LE favori).

Autre prétendant logique, San Lorenzo. En pleine conquête de sa première Libertadores, le Ciclón de Bauza s’attend à quelques semaines de transition (décidemment) dans les jours qui suivront la finale retour. Avec le départ de sa merveille Correa, de ses légendes Romagnoli et Piatti, on aurait pu imaginer voir San Lorenzo amoindri. Mais, malgré les incertitudes naissant habituellement des lendemains de succès continentaux (San Lorenzo est bien parti pour enfin décrocher sa première Libertadores), le Ciclón possède toujours l’un des plus beaux effectifs de la ligue et devrait ne pas être loin du titre en décembre prochain.

Attention cependant à Estudiantes. Dirigés par l’excellent Mauricio Pellegrino, les Pinchas ont retrouvé des couleurs lors du précédent tournoi qui vît la légende Verón accompagner une jeune génération au talent fou. Si la pépite Rulli a quitté les cages du club de La Plata, Pellegrino peut encore compter sur Guido Carrillo et attire les prometteurs Ezequiel Cerutti (venu d’Olimpo) et Gabriel Graciano (venu de Colón). Discret mais intelligent, Estudiantes a tout pour confirmer son dernier tournoi.

On suivra également avec attention le parcours de Vélez. Frappé par une cascade de départs (Tobio et Allione s’en vont rejoindre l’ancien coach de la maison Ricardo Gareca à Palmeiras, Canteros s’envole à Flamengo, Copete à l’Atlético Nacional, Zárate retourne à West Ham), le Fortín va devoir s’appuyer sur ses jeunes (15 des 25 joueurs de l’effectif actuel ont moins de 24 ans et sont issus des catégories de jeunes du club) pour prendre la relève d’une génération vieillissante illustrée par le trio Pappa – Cubero – Dominguez derrière mais, en grand habitué à devoir gérer ces périodes, reste une valeur sûre de la Primera Division.

Rayon curiosités, on s’attardera également sur le parcours du nouveau Newell’s toujours dirigé par un ancien de la maison, cette fois-ci Gustavo Raggio, qui rapatrie Ustari et Scocco mais aura du mal à compenser les départs de Banega, Trezeguet, Heinze, Manso, et autres Guzmán. On suivra aussi le rival de Rosario. Central et l’indestructible Abreu qui attire quelques jeunes intéressants comme José Valencia, auteur d’un excellent tournoi avec Olimpo, ou le toujours très bon Fernando Barrientos, vainqueur de la dernière Sudamericana avec Lanús. On portera notre attention sur l’éternel nouveau Racing, désormais dirigé par l’excellent Diego Cocca qui, outre la fierté d’avoir rapatrié la légende Diego Milito, réalise un joli marché avec les arrivées de Grimi, Sanchez, Videla, le retour de Centurión et pourra enfin compter sur Wason Renteria en attaque. Si l’espoir est un éternel refrain d’avant saison au Cilindro, ce tournoi de transition, marqué par le retour de l’ennemi intime Independiente, pourrait bien être celui de la bonne surprise.

el Taladro de Juani Cazares, l'une des attractions du tournoi chez les promus

Du côté du Rojo, la mission accomplie de retour immédiat dans l’élite déjà digérée, ce tournoi marque le début d’un nouveau cycle avec Almirón aux commandes et un marché assez animé qui l’aura longtemps vu espérer voir arriver Mario Yepes. Puisque nous évoquons un promu, on attendra beaucoup du dernier champion de Primera B, le Banfield d’Almeyda (et notre chouchou Juani Cazares) à l’effectif peu remanié. La première saison dans l’élite risque en revanche d’être plus délicate pour Defensa y Justicia. El Halcón, dirigé par l’ancien coach de la ‘U’ Dario Franco devrait profiter de ce tournoi pour apprendre.

N’hésitez pas à regarder le Belgrano de l’excellent Ricardo Zielinski, qui a attiré Jerry Bengtson (déjà adopté par les hinchas du club) et est rapidement devenu l’un des bons clubs de l’élite argentine.

Reste enfin les interrogations : Tigre, qui se montre discret sur le marché comme il le fut lors du dernier tournoi (terminé à la 13e place), Godoy, Rafaela, Olimpo et Quilmes, qui se sont sauvés de justesse mais chamboulent totalement leurs effectifs.

Vous avez désormais toutes les clés pour bien suivre un tournoi de transition qui, par le suspense annoncé, vous offre une occasion idéale de découvrir (si vous ne le connaissez pas), l’un des championnats les plus intéressants d’Amérique du Sud.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.