Un bel hommage, des surprises et des polémiques. Aucun doute, la Copa de la Liga Profesional est bien lancée.

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En ce 30 octobre 2020, toutes les caméras d’Argentine (et du monde ?) sont tournées vers La Plata et Diego qui fêtait son soixantième anniversaire pour le match d’ouverture de cette Copa (un heureux hasard évidemment). Maradona, capitale du football argentin (et du monde ?), est fêté par Chiqui Tapia et Marcelo Tinelli, respectivement dirigeant de l’AFA et de la Liga Profesional de Fútbol. Si le football local est l’un des derniers championnats sud-américains à reprendre (le dernier étant le championnat bolivien), c’est que le pays traverse la crise de la COVID-19 avec fracas (à laquelle s’ajoute une crise économique dramatique qui plonge le pays dans le noir pour de très longs mois encore). D’abord programmé début septembre, le tournoi local est reporté à deux reprises pour finalement être lancé ce vendredi 30 octobre. Pour que cette Copa de la Liga Profesional, qui ressemble à un tournoi amateur organisé dans le Tarn, des mesures de sécurité ont été mises en place (distanciation, masques, huis-clos, etc.). Avant même le coup d’envoi du premier match, ces règles ont volées en éclat. Tapia et Tinelli ne pouvant s’empêcher de faire des abrazos avec Diego pour le plaisir et pour la photo, tandis que Maradona avait dû sécher la formation sur le port du masque puisque porté ainsi il devenait clairement inutile. Dans le même temps, les fidèles de D10S, ont tenu à participer à la fête malgré l’interdiction d’accéder au Bosque. La hinchada de Gimnasia s’est autorisée une caravana (un cortège) sur la route menant au stade et offrant une magnifique fresque murale retraçant le but du siècle de Maradona face à l'Angleterre.

Feliz cumple DIE60

Première rencontre et premier succès pour le Gimnasia de Maradona. Sans briller, les joueurs du Lobo ont tranquillement disposé d’un très faible Patronato. Un 3-0 qui ne souffre d’aucune contestation. L’Histoire retiendra que le premier buteur de l’histoire cette Copa LPF (qui ne devrait pas survire à cette édition) est le jeune ailier colombien Johan Carbonero qui profite, juste avant la mi-temps, d’une grosse faute de main du portier du Patrón, Daniel Sappa. Le deuxième but est l’œuvre du défenseur central des Triperos, Maxi Coronel, bien servi par un Victor Ayala toujours précieux sur coup franc. Enfin, le pibe Erik Ramírez, tout juste entré en jeu, vient terminer le travail pour offrir une troisième bougie à Don Diego qui peut se satisfaire de prendre la tête du groupe 6.

Si Gimnasia occupe alors la première place c’est que le Vélez - Huracán s’est soldé par un beau match nul 1- 1. Le Fortín de Mauricio Pellegrino avait décidé de faire tourner son effectif, trop préoccupé par la double confrontation face à Peñarol en seizièmes de la Copa Sudamericana. Fernado Gago, Thiago Almada et Federico Mancuello démarraient donc la rencontre sur le banc. Si Vélez dominait largement les débats, confisquant le ballon à son adverse, c’est bien ce dernier qui ouvrait la marque le premier par Beto Briasco. Le Globo de Renato Civelli se contentant  alors de résister en bloc face au jeu élaboré des locaux (le passage de Gabi Heinze a laissé des traces dans l’animation offensive de Vélez) parviennent à tenir face aux assauts. En manque d’efficacité, les joueurs de Liniers vont parvenir à égaliser par l’intermédiaire de Ricky Álvarez. L’ancien joueur de l’Inter nous offre un golazo sur coup franc dans un angle fermé et permet aux pensionnaires du José Amalfitani de sauvé un point.

L’Argentine et les polémiques, une longue histoire d’amour 

Qui dit reprise du football argentin, dit forcément polémiques. Les principaux acteurs n’ont pas perdu de temps en se montrant, une fois de plus, particulièrement ridicule. Comme si le cirque autour de cette Copa (dont l’organisation et le tirage au sort des groupes posent questions) ne suffisait pas, voilà qu’une bataille pour connaitre le stade de la rencontre entre River Plate et Banfield fait rejaillir les luttes de pouvoir qui minent le football local (des clubs comme de la sélection). Retour sur une guerre d’égos : avec son Monumental en travaux, River Plate demandait à jouer ses rencontres à domicile dans son centre d’entrainement appelé River Camp pour ne pas payer la location d’un stade et pour pouvoir rester chez lui (comme le fait le Real Madrid). Pour rappel, Marcelo Gallardo s’est considérablement investit dans l’amélioration de ce centre et des terrains, allant jusqu’à faire de la pelouse du terrain numéro 1 une copie conforme de celui du Monumental. Seules inquiétudes, l’éclairage et le recul nécessaire aux caméras dans la tribune. La première difficulté rapidement surmontée par un éclairage mis aux normes, Rodolfo D’Onofrio et Marcelo Gallardo attendaient les tests des caméras. Sous le regard du président de l’AFA, Chiqui Tapia, qui au terme des essais donne le feu vert au River Camp. Sauf que la veille de la rencontre, Marcelo Tinelli, président de San Lorenzo, de la Liga Profesional de Fútbol et organisateur de cette Copa, décide de contredire l’homme qui lui a offert ce poste en interdisant le River Camp. Tinelli, exige des Millonarios qu’ils trouvent un autre stade en vingt-quatre heures sous peine d’être forfaits, de prendre des sanctions de points, d’argents et d’une suspension de terrain (quand ils en auront un). River et LPF ne trouvent rien de mieux que de mettre la pression sur l’autre à grand coup de communiqués de presse et de photos montrant la qualité du River Camp (en comparaison les stades de Gimnasia et Argentinos semblent ridicules). Cette première bataille est remportée par Tinelli et la LPF puisqu’après un report du match, celui-ci s’est déroulée au Libertadores de América d’Avellaneda, stade d’Independiente où les Gallinas jouent déjà ses rencontres à domicile en Libertadores. Un conflit purement entre politiciens qui se battent sur des terrains bien trop éloignés du football.

Pour ce qui est du jeu, River Plate s’est incliné à domicile (mais pas chez lui) 1-3 face à un Banfield surprenant pour son tout premier match officiel en sept mois (River a déjà joué en Libertadores et devait se montrer mieux préparé que le Taladro). Pourtant tout avait bien commencé pour la bande à Gallardo, dans un match où les espaces sont nombreux. Un but sur corner de Santo Borré dès la septième minute et une possession de balle qui frise les soixante-dix pour-cent. Mais sans avoir le ballon, Banfield va parvenir à se montrer dangereux. Sur les contres du Taladro, Franco Armani tente de préserver l’avantage au score mais doit s’incliner sur deux bons coups de têtes. Le premier est signé Agustín Fontana avant de voir le pibe Giuliano Galoppo donner l’avantage au sien à la mi-temps. La seconde période sera identique au premier acte. Un River qui domine mais qui se montre bien trop maladroit dans le dernier geste et un Banfield qui joue les coups à fond. À l’heure de jeu, le colombien Mauricio Cuero fait parler sa vitesse sur son aile droite. Son centre en retrait imprécis termine au fond des filets suite à une intervention ratée d’une défense en sprint faire son but. Javier Pinola, cherchant à détourner le centre dévié, propulse le ballon dans ses filets.

La dernière polémique de cette journée est plus anecdotique, quoique, ce fait concerne la riche Histoire du football argentin et restera gravé dans le marbre. Si Boca Juniors s’est logiquement imposé 2-1 (Miguel Ángel Russo, après quinze matchs, est toujours invaincu à la tête des Xeinezes) face à Lanús dans une Fortaleza tristement vide, les buteurs locaux ont été éclipsés par le buteur du Granate, Pepe Sand. Véritable légende, José Sand décroche le record du buteur le plus âgé dans un match de première division. Aves quarante ans, trois mois et quatorze jours, il détrône l’immense Ángel Labruna. Sauf que ce but a été marqué… de la main. Une main qui semblait évidente mais qui a échappé à l’arbitre (le VAR n’arrivera qu’en 2021). Une erreur d’arbitrage qui n’a pas empêché le buteur contesté de dire combien Boca a été avantagé dans cette rencontres avec un arbitrage très favorable. Il fallait oser.

Des surprises dès la première journée

En plus de la défaite de River Plate, le premier résultat surprenant est la défaite de Racing à domicile face à l’Atlético Tucumán. Pourtant Sebastián Beccacece avait aligné son équipe type. Mais dans cette rencontre que vous avez pu suivre direct avec nous, le score parait logique. Si Ricardo Zierlinski a fait tourner son onze, en vue du match retour à domicile contre Independiente en Copa Sudamericana jeudi, il a parfaitement préparé ses hommes. Le plan de match a été respecté à la lettre. Un Decano, compact, solide et opportuniste a fait briller sa jeunesse contre une Academia en panne d’inspiration. Pire, les joueurs de BKCC, ne sont jamais entrés dans cette rencontre. Peu de rythme, un pressing irrégulier, une intensité absente, des duels largement perdus. Ce Racing ne ressemble pas à la philosophie de son entraineur. Avec un Hector Fertoli qui joue à l’envers (ce qui est le cas depuis sa signature au club en janvier 2020) et un milieu passif. Bien qu’esseulé sur le font de l’attaque après la blessure de Lorenzo Melgarejo, Lisandro López s’est procuré les meilleurrs occasions sans parvenir à tromper Tómas Marchiori pour ses grands débuts en première division. À ce petit jeu et face à un adversaire à côté de ses pompes, le Ruso Zielinski a donné une leçon tactique avec son 4-4-2. Résultat, un avantage à la pause de 2-0 pour les visiteurs grâce à des buts de Ramiro Carrera et Ramiro Ruiz Rodríguez. En seconde période, Bébé Acosta, rentré en jeu deux minutes plus tôt vient alourdir la marque au terme d’un contre rondement mené. Il y aura bien le golazo du défenseur Mauricio Martínez pour redonner un peu d’espoir à l’Acade. Espoir rapidement douché par le quatrième but de Kevin Isa Luna qui permet à l’Atlético de repartir d’Avellaneda avec trois points un score fleuve de 4 à 1. De bon augure avant la réception d’Independiente en Copa Sudamericana.

Dépouillé au dernier mercato on s’attendait à voir Talleres souffrir face à Newell’s, un prétendant sérieux, pour décrocher cette Copa. Au contraire, non seulement la T à fait jeu égal avec ses pibes, et a ouvert le score par Nahuel Tenaglia. Réduit à dix en seconde période suite à l’expulsion de Fabricio Fontanini, Newell’s a bien égalisé par Nacho Scocco mais sur le coup d’envoi, Tomás Pochettino a redonné l’avantage aux siens sur un bombazo. Dans les cinq dernières minutes, le colombien Diego Valoyes, vient mettre un terme à cette rencontre en corsant l’addition. Dernière surprise, le Defensa y Justicia de Crespo s’incline lourdement à Florencio Varela. Un cinglant 0-3 contre un Colón qui semble enfin retrouver son football. Sur corner, Federico Lertora place sa tête pour un poteau rentrant en début de rencontre. Logiquement dominé et tout heureux de ne pas encaisser de but. Les Sabaleros vont sceller le score du match par el Pulga Rodríguez et Cristian Bernardi en fin de match.

Ailleurs

Pour son premier match en tant qu’entraineur de Rosario Central, Kily González démarre par une victoire 2-1 contre Godoy Cruz. Deux buts d’Ojeda et Gamba (un golazo), offrent un premier succès aux Canallas. À Santiago del Estero, Central Córdoba s’incline face à un Independiente qui peut remercier son gardien de but, le lion (qui est représenté à l’arrière de sa tête) Sebastián Sosa. Le portier uruguayen a repoussé toutes les tentatives des joueurs d’Alfredo Berti qui méritaient bien plus. En début de match, le Rojo avait ouvert le score par un but contre son camp de de Claudio Riaño. Brillant en première période, le Bicho ne parvient pas tromper la vigilance de Fernando Monetti. Si son maillot est splendide, on ne peut pas en dire autant de leur deuxième mi-temps. Réduit à dix, Argentinos Juniors ne peut faire mieux que 0-0 contre un faible San Lorenzo (encore). À Mar del Plata, la rencontre entre Aldosivi et Estudiantes s’est soldé par un triste 0-0. Enfin, dernier match sans but de la journée, la rencontre entre Unión et Arsenal. Le Tatengue étant surement plus préoccupé par la Sudamericana que par cette Copa qui ne passionne pas encore.

Résultats

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Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca