Un homme dans la tourmente, des géants qui rassurent, des gardiens en feu et des golazos sur tous les stades, retour sur la deuxième journée de Copa.
Lorsqu’il est question de football en Argentine, les géants ne sont jamais bien loin. Dans ce club de cinq, un sort du lot et place son entraîneur au centre des débats. Avec deux défaites en autant de match de Copa de la Liga Profesional de Fútbol (Oscar du pire nom pour une compétition), Racing fait vivre de douloureux moments à hinchada bien trop habituée à souffrir. D’abord incapable de mettre en place son football lors de la première journée face à l’équipe B de l’Atlético Tucumán dans un Cilindro bien vide pour une lourde défaite 1-4, le Racing s’est de nouveau incliné. À Santa Fe, Unión a fêté sa qualification en Sudamericana en s’imposant 2-0. Si la possession et les occasions ont largement été à l’avantage de la Academia, les errements défensifs le sont également. Preuve en est, l’ouverture du score dès la cinquième minute de Fernando Márquez pour le Tatengue qui fait suite à une perte de balle de Pillud et qui offre un contre bien exploité par les locaux. Trois passes plus tard et avec autant de gestes défensifs ratés, Gabriel Arias est contraint de récupérer le cuir au fond de ses filets. Emmenés par un Matías Rojas entreprenant, les joueurs du Racing tenter bien de réagir mais avec un Hector Fertoli toujours aussi limité, un Augusto Solari imprécis qui touche la barre transversale sur un jolie tête tout en touché avant de quitter les siens pour une nouvelle blessure, les joueurs de Beccacece rejoignent les vestiaires avec un retard d’un but malgré l’énorme occasion non convertit du capitaine Licha López. Revenus sur la pelouse avec la volonté d’enfin mettre l’intensité réclamée par son entraîneur, les joueurs de Racing vont rapidement se calmer. Si Leonardo Sigali est chanceux de ne récolter qu’un carton jaune après un tacle horrible sur le pibe Mauro Luna, il l’est beaucoup moins quand il voit ce dernier doubler la marque d’une belle frappe placée dans le petit filet d’un Arias une nouvelle fois abandonné par sa défense sur un nouveau contre des joueurs de Juan Manuel Azconzábal. Il reste alors vingt minutes pour réagir mais le score ne change plus. Racing s’incline donc une deuxième fois en deux matchs.
Si la crise pointe tout doucement le bout de son nez du côté d’Avellaneda, elle se focalise sur un homme : Sebastián Beccacece. Entraîneur explosif qui ne parvient pas à enchaîner après sa magnifique saison à Florencio Varela (brillant à la tête de Defensa y Justicia avec qui il décroche une belle deuxième place en championnat et surtout une qualification historique en Libertadores). Son passage raté à Independiente (tout n’était pas de sa faute dans ce club à la dérive) rappelle à tous son échec à la U de Chile. Adjoint de Sampaoli avec qui il s’est formé, BKCC reste dans cette philosophie d'entraîneurs volcanique dans sa zone technique et extrêmement exigeants avec ses joueurs et dirigeants. Avant même sa signature à la Acade, les doutes étaient nombreux. Avec une principale interrogation : est-il capable de réussir dans un grand club ? Alors que la gestion des cadres posent problème, Lisandro López et Marcelo Díaz en tête, alors qu’il s’oppose régulièrement à sa direction et après deux performances à l’opposé de ses convictions (basés sur l’intensité, le pressing et les attaques en nombres), force est de constater que le discours ne semble plus passer dans le vestiaire et la réponse semble éloigner Beccacece des bancs des clubs renommés. Les tensions en interne (des médecins bannis des séances d'entraînement), une communication avec les médias qui se tend, poussent l'entraîneur et les dirigeants à se questionner sur leur destin mutuel. Si la rigueur et l’acharnement au travail sont des valeurs chères à BKCC, nul doute que son caractère intransigeant et conflictuel promet de faire de nombreuses étincelles. L’aventure de Racing en Libertadores (huitième de finale contre Flamengo, un champion en titre qui se cherche) devrait sceller son avenir sur le banc des ciel et blanc.
Une centaine de pas plus loin, nous retrouvons Independiente. En pleine reconstruction, le voisin d’Avellaneda se contente de sauver les apparences. À la peine dans le jeu depuis de longs mois et menés dès le premier quart d’heure suite au but de la cuisse de Wilson Morelo, les joueurs de Lucas Pusineri, qui poursuivent leur parcours continental, arrachent leur premier point dans le groupe 2 grâce à une magnifique tête de Lucas Rodriguez à la fin du temps réglementaire et à la double parade de Sebastián Sosa qui repousse le penalty d’Emanuel Oliveira puis, dans la foulée, la reprise de Lertora, à la quatre-vingt-seizième minute. Un match nul frustrant pour les Sabaleros d’Eduardo Domínguez et largement insuffisant pour un géant inoffensif et en panne de résultat depuis bien trop longtemps.
Assurer l’essentiel
Opposés aux deux clubs de Rosario, River Plate et Boca Juniors ont tous deux terminé victorieux. Dans un duel entre Carlos Tévez et Maxi Rodriguez, deux gloires en fin de carrière, ce sont les Xeinezes qui repartent avec les trois points du Coloso del Parque Marcelo Bielsa. Une solide prestation et encore un but pour Carlitos Tévez qui montre qu’à la veille de ses trente-sept ans, il reste encore bien vert. Avec plus de réussite de sa part, l’addition aurait pu être bien plus chère pour la Lepra. Remplacé à dix minutes de la fin, Toto Salvio souffre d’une déchirure musculaire qui le prive de la sélection et qui devrait lui faire manquer l’opposition face à l'Internacional en Libertadores. Un score de 2-0 pour les visiteurs d’un soir qui mine le moral de la Fiera Rodríguez, son aîné de trois années, doit s'avouer vaincu une seconde fois dans cette Copa. Avec un triste zéro point au classement et la blessure d’Alan Aguerre, difficile de faire pire début pour Newell’s qui va commencer à mettre la pression à son entraîneur Franck Kudelka alors que l’ombre d’un certain Gabi Heinze se rapproche.
À domicile, au Libertadores de América d’Independiente (à croire que les Gallinas sont chez elles partout…), River Plate a disposé de Rosario Central sur le score de 2-1. Loin d’être satisfait de la performance des siens, trop irrégulier dans le jeu, Marcelo Gallardo, peut se satisfaire de s’imposer face à un Central très intéressant. Une ouverture du score signée Nico De la Cruz, qui profite de l’excellente lecture de Lucas Pratto qui laisse intelligemment filer le ballon vers le milieu uruguayen. Réduit à dix à l’heure de jeu, Rosario Central va voir El Oso Pratto inscrire le second but (pas le plus compliqué de sa carrière) suite à un bon travail de Jorge Carrascal et du service de Mátias Suárez. Au bout des arrêts de jeu, Emiliano Vecchio, se charge de réduire l’écart sur un penalty parfaitement tiré. Malgré la défaite, ces Canallas pourraient rapidement devenir la bonne surprise de cette Copa. La philosophie de Kily Gonzalez semble fonctionner sur son groupe. Le jeu élaboré proposé devrait rapidement nous offrir la hype de cette fin d’année.
Dernier géant à jouer, San Lorenzo. Le Ciclón de Mariano Soso prend la tête du groupe 5 en bonifiant son match nul à La Paternal de la première journée par une victoire sur un Estudiantes sans idée. Un bijou de Mariano Peralta Bauer pour ouvrir le score. Son contrôle est à montrer à tous les amoureux du foot. Tandis que le second but de la rencontre est l'œuvre d’Ángel Romero. Un merveilleux coup franc qui condamne les espoirs de Leandro Desabato qui devrait commencer à vouloir jouer pour espérer gagner un jour.
Des outsiders en quête de points
Capable de présentation XXL, le Vélez de Mauricio Pellegrino s’est contenté de jouer seulement dix petites minutes face à Gimnasia. Dans une rencontre que nous vous avons fait vivre en direct s’est privé de son entraineur, Diego Maradona tente de se remettre d’une intervention chirurgicale au cerveau, que le Lobo voit les visiteurs ouvrir la marque par le pibe Thiago Almada qui reprend un bon ballon offert par un autre gamin Francisco Ortega. On joue alors la cinquième minute et le Fortín n’offrira plus rien (ou presque) jusqu’aux arrêts de jeu. Entre-temps, les Triperos vont montrer qu’à défaut d’avoir de grosses individualités, ils ont une volonté qui peut tout renverser. Collectivement et malgré des offensives souvent désorganisées, ils vont faire briller le portier équatorien Alexander Domínguez, sans parvenir à tromper sa vigilance jusqu’à la pause. Le carton rouge de Lautaro Gianetti en début de second acte va aider les pensionnaires du Bosque à revenir dans le match. D’abord parce qu’il offre un penalty converti sans trembler par Matías García. Puis, à onze contre dix, les occasions de Gimnasia vont se faire plus nombreuses. Discret en première période, le jeune ailier colombier Johan Carbonero, englué dans une sombre histoire de harcèlent sur une jeune femme, va donner l’avantage aux siens sur une belle frappe. En supériorité numérique et alors que Vélez n’avait rien montré jusque-là, on s’imaginait une fin heureuse pour les hôtes du jour. Mais faute de convertir les nombreuses situations de contre, Gimnasia va laisser filer deux points. La faute à un dernier coup franc, habilement joué par Ricky Álvarez, qui glisse un astucieux ballon à Luca Orellano qui vient placer un bombazo sous la barre d’un Jorge Broun impuissant. Nouveau match nul pour Vélez, le quatrième d’affilé toute compétition confondue qui semble ne plus vouloir gagner.
Nouvelle contre-performance au Maradona pour Argentinos Juniors. Après son triste match nul contre San Lorenzo, le Bicho va faire pire en cette deuxième journée. Une défaite 1-0 à domicile contre Aldosivi. Diego Dabove et ses joueurs vont devoir réagir rapidement s’ils veulent accrocher le bon wagon. Vainqueur lors de sa première rencontre, Talleres continue d’impressionner malgré un effectif largement amoindri au dernier mercato. Face à un Lanús euphorique après sa qualification arraché au Morumbi en Sudamericana, la T a multiplié les tentatives. Dix-neuf frappes dans le match dont treize cadrées, si Talleres doit se contenter d’un 1-1 s’est à cause d’un immense Lautaro Morales, gardien du Grana de vingt ans. Le Granate a attendu la fin de la première mi-temps pour débloquer la rencontre. Bien servi par un Pepo De la Vega qui montre qu’il excelle dans les un contre un, Franco Orozco place sa tête et vient tromper un Mauricio Caranta dont les quarante-deux années ne laissent que peu de doutes. La patience de la T sera récompensée en toute fin de match, quand Nicolás Thaller va découper un Rafael Pérez resté aux avant-postes. Une fois encore, le duel sera remporté par Morales qui parvient à détourner le pénalty de Tomás Pochettino. Sauf que cette fois, à la quatre-vingt-douzième, Carlos Auzqui, fraîchement arrivé en prêt de River Plate, vient égaliser dans le but vide. Lautaro Morales a de quoi rager, auteur d’une énorme rencontre, il peut légitimement en vouloir à ses coéquipiers.
Entre golazos et gardiens en feu
Banfield enchaîne un deuxième succès de rang. Après River la semaine passée, le Taladro s’offre le scalp de Godoy Cruz 1-0 grâce à ses colombiens. Mauricio Cuero en premier lieu, dont l’activité est récompensée par un golazo sur coup franc à l’heure de jeu. Puis par l’intermédiaire de Mauricio Arboleda, portier étincellement pour la seconde fois dans cette Copa LPF. À Paraná, le Patrón s’est encore incliné. D’une faiblesse abyssale contre Gimnasia, les locaux se sont une nouvelle fois inclinés. 2-1 à domicile face à Huracán. Deux golazos signés Andrés Chávez et Franco Cristaldo qui offrent au Globo la première place du groupe 6, à égalité avec Gimnasia. Ces deux équipes s'affrontent ce week-end avec la volonté de prendre les commandes du groupe.
À Santiago del Estero, le spectacle était bien présent pour ce Central Córdoba - Defensa y Justicia. Avec quatre buts en moins de trente minutes, il était de bon goût de ne pas rater le début de match. On ne je joue que la deuxième minute et Braian Romero, qui profite d’une erreur grossière erreur de la défense, nous offre un nouveau golazo. Une lourde frappe qui vient se loger dans le petit filet d’Alejandro Sánchez. La réponse des Ferroviarios est immédiate. Deux minutes plus tard Juan Vieyra égalise avant que Marcelo Benítez ne donne l’avantage au Defensa de Crespo sur un coup franc direct qui nettoie la lucarne. Le chronomètre n’affiche pas encore dix minutes que notre soif de but est étanchée. Il faut alors patienter vingt minutes (une éternité dans cette rencontre) pour voir l’égalisation de l’équipe dirigée par un Alfredo Berti sous côté. À deux dans l’axe, Claudio Riaño et Cristian Vega se déjouent de la défense adverse. Ce dernier hérite du ballon au cœur de la surface et trompe Ezequiel Unsain en fracassant sa lucarne dans un tacle rageur. Les deux équipes récoltent ici leur premier point dans la course aux deux premières places.
Autre cancha, autre golazo, celui de Gabriel Risso Patrón contre Arsenal. À Sarandí, le latéral de l’Atlético Tucumán profite d’un ballon repoussé par le gardien pour placer sa reprise dans la cage de Gagliardo. Entame parfaite pour les joueurs du Ruso Zielinski qui se remettent tout juste de leur élimination en Sudamericana face à Independiente. Peu avant l’heure de jeu c’est le capitaine del Arse qui se charge de l’égalisation. Mateo Carabjal est le plus prompt à reprendre le coup franc de Nico Castro qui touche l’arrête de Cristian Lucchetti. Le portier du Decano peut réclamer une main, il n’en sera rien, le but sera bien validé par l’homme en noir (qui arbitre avec un maillot jaune évidement). Dans un match tendu, Emiliano laissera ses coéquipiers finir le match à dix suite à un second carton jaune pour un abrazo un peu trop virulent. L’Atlético va alors multiplier les tentatives, ne voulant pas laisser passer une si belle occasion. Une fois de plus, c’est à la dernière seconde que le but de la gagne va intervenir. Lucas Melano, opportuniste se geste pour glisser un ballon qui traîne dans la surface. Victoire et première place du groupe 1 pour l'Atlético Tucumán.
Les buts