Un nul animé entre géants et un tournoi totalement relancé à l’aube de la dernière journée, retour sur la cinquième journée de la seconde phase de la Copa Diego Maradona.

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Enfin un Boca - River

Privé de rencontre entre Boca et River durant une année 2020 compliquée pour toute la planète, l’Argentine avait soif de Superclásico. Une impatience légitime après quatre-cent-trente-huit longues journées d’abstinence et un dernier duel à la Bombonera à l’occasion du match retour en demi-finale de Libertadores en 2019 (une période où les hinchas pouvaient remplir leur stade, c’est dire si ça remonte). Cette rencontre, parasitée par une fin de campagne continentale décalée d’un mois, avait tout pour être un flop. Un enjeu absent (si ce n’est de s’offrir une finale d’une obscure Copa), une hinchada concentrée hors du stade (le virus ne circulant qu’en tribunes), des effectifs amoindris pour blessures (Marcelo Gallardo laissant entendre qu’il alignerait l’équipe Z) et un été austral qui fait monter les températures (jamais un Superclásico ne s’était déroulé si tôt dans l’année).

Et pourtant, tant du côté de Miguel Angel Russo que du côté de Marcelo Gallardo chaque formation a cherché la victoire au risque de s’affaiblir avant d’affronter Santos et Palmeiras. La principale surprise était de voir évoluer Javier Pinola dans le couloir gauche et nous offrir des montées mythiques. Si l’entame de match est à mettre à l’avantage de River, elle est rapidement douchée par l’ouverture du score de Wanchope Ábila magnifiquement servi par Emmanuel Más. Conforté dans son plan de jeu, Boca va pouvoir faire ce qu’il fait de mieux : attendre son adversaire pour mieux le contrer. La fin du premier acte est marquée par le coup de coude de Jorman Campuzano dans la gorge de Jorge Carrascal, et qui ne récolte étrangement qu’un carton jaune. Le Colombien azul y oro s’en sort bien (à cet instant) tant le geste sur son compatriote était violent. Avant ça, Carrascal s’était offert la plus grosse occasion de la première mi-temps, mais sa reprise venait s’écraser sur le poteau d’un Esteban Andrada tout heureux. Un avertissement sans frais pour les Bosteros qui finiront par craquer à deux reprises. Incapable de se montrer dangereux malgré une possession de balle à son avantage, River va accélérer dès le retour des vestiaires. Gallardo fait le choix de jouer le tout pour le tout en lançant Nacho Fernández et Matías Suárez. Un choix payant pour les Millonarios qui haussent l’intensité d’un cran. À force d’insister, Campuzano récolte ce qu’il méritait trente minutes plus tôt, un carton jaune, le second, synonyme de rouge pour un geste similaire au premier. Le milieu de terrain quitte les siens à l’heure de jeu alors que Wanchope (hors-jeu au départ de l’action) s’en allait buter sur Franco Armani bien inspiré peu avant. Réduits à dix, les Bosteros s'exposent davantage. À l’orée du dernier quart d’heure, un pibe va s’illustrer. Tout juste entré en jeu, le jeune Federico Girotti montre toute la qualité de son jeu de tête, une nouvelle fois. Genoux au sol, en duel avec Carlos Zambrano, le pibe catapulte le ballon d’une tête placée, de quoi faire sauter le banc des visiteurs. Quasiment dans la foulée, Rafael Santos Borré profite d’un petit ballon déposé par Ignacio Puto Crack Fernández, pour donner l’avantage à River. Il reste une poignée de minutes et, avec des Xeinezes en infériorité, on imagine logiquement que le score n’évoluera plus. C’était avant de voir Enzo Pérez recevoir à son tour un second carton pour un tacle non maîtrisé et de nous offrir un finish indécis. C’est alors que Sebastián Villa, intenable toute la rencontre, va profiter de l’offrande de Carlos Tévez pour d’un petit ballon piqué. La rencontre se termine avec des joueurs épuisés et sur un bon nul 2-2. 

Quelle finale ?

Avec ce résultat nul entre les meilleurs ennemis, la voie était libre pour les poursuivants. Dans le groupe A, celui de River et de Boca, le chasseur s’appelle Argentinos Juniors. En s’imposant 1-0 face à Huracán grâce à un golazo de son milieu de terrain Matías Romero, le Bicho récupère trois points précieux. Placé en embuscade, il pourrait bien ravir une place en finale à l’occasion de la dernière journée. Une victoire du club formateur del Pelusa face au club qui a révélé le Pibe de Oro dans un stade à La Paternal qui porte son nom tout comme la compétition (ça ne s’invente pas…) et Argentinos pourrait finir premier de son groupe (River et Boca étant davantage préoccupés par les demi-finales retour de Libertadores que par une finale de Copa Diego Maradona). Au Bicho d’en profiter.

Dans le groupe B, le Taladro défait 3-2 à Córdoba, sur un dernier but de Diego Valoyes dans le temps additionnel, n’a plus de marge. S’il occupe toujours la première place, Banfield n’a plus qu’un point d’avance sur un Talleres parfaitement conduit par Alexander Medina et deux points sur Gimnasia, vainqueur 2-1 de San Lorenzo. Une dernière journée qui verra Banfield recevoir San Lorenzo, tandis que le Lobo recevra un Atlético Tucumán en perdition avec le départ programmé de Ricardo Zielinski pour Estudiantes et Talleres qui se rendra à Santa Fe pour y défier le Colón del Pulga Rodríguez, auteur d’un nouveau golazo dans la victoire 2-0 des Sabaleros face à son Decano querido.

Les meilleurs perdants

Du côté des lucky losers, la donne a aussi changée. Si le Clásico Rosarino est toujours possible, il n’est plus si évident. La faute à un Newell’s qui s’est incliné 1-0 à domicile face à Vélez, sous les regards de Tata Martino et de Gabi Heinze, sur un but du défenseur Miguel Brizuela et à une incapacité de la Lepra à faire fructifier ses temps forts. Si certains jeunes (Moreno, Cacciabue, Sforza) laissent entrevoir un bel avenir, le poids dans le jeu et dans le club du jeune quarantenaire Maxi Rodríguez, montre aussi les limites actuelles. Opposé à Racing, qui vient de marquer huit buts en deux matchs, Newell’s n’est pas assuré de finir à la première place quand le Fortín, avec qui il partage la première place, accueillera le modeste Godoy Cruz qui vient d'engager l’ancien adjoint de Diego Maradona à Gimnasia, Sebastián Méndez. Motif d’espoir pour les Leprosos, la rencontre face à Vélez se déroule au milieu de leur double confrontation en demi-finale de Sudamericana face à Lanús.

Un Granate qui pourrait bien faire la part belle à Rosario Central à l’occasion de l’ultime rendez-vous. Victorieux 3-0 face à l’équipe bis de Defensa y Justicia, engagé aussi en Sudamericana, les Canallas auront pourtant beaucoup soufferts. Mais sans efficacité, la domination paraît insignifiante et les joueurs de Kily Gonzalez, eux, l’ont bien prouvé. Joaquín Laso, Emiliano Vecchio buteurs, tout comme Francesco Lo Celso qui s'offre un golazo pour le plus grand plaisir de son frère Giovani, permettent au Canallas de prendre trois points d’avance sur Defensa et Unión. Le Tatengue pourrait bien être le seul danger de Central. Une victoire 3-1 des Santafesinos à Mar del Plata contre Aldosivi qui leur permet d’espérer une finale. En cas de défaite de Rosario Central, un large succès d’Unión sur un triste Patronato leur donnerait la première place et un barrage haletant.

Les buts

 resultats

classement

Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca