Le football argentin reprend ce vendredi. Avant le coup d’envoi de la deuxième édition de cette coupe de la ligue maradonienne, on vous donne dix bonnes raisons, dix clefs pour vous y intéresser et suivre cette compétition jusqu’en mai.

bandeaubielsa

1. Pour le format improbable

Si vous êtes des habitués du football argentin vous savez combien les dirigeants aiment inventer et surprendre. Pour les novices, accrochez-vous. L’organisation de la première édition valait déjà son pesant de cacahuètes, mais Chiqui Tapia (président de la fédération) et Marcelo Tinelli (président de la ligue) ont une nouvelle fois trouvé une brillante idée. Les vingt-six équipes engagées (avec Sarmiento et Platense qui s’ajoutent aux équipes déjà présentes – car s’il n’y avait pas de relégation, il y avait deux promotions) sont réparties en deux groupes de treize. À chaque journée, six matchs par groupe ont donc lieu. Et comme il manquait un match (6x2=12), s’ajoute un dernier match dit « interzonal » permettant de voir une équipe du groupe A affronter une équipe du groupe B (surtout prétexte à proposer des affiches avec de nombreux clásicos). Une fois que toutes les équipes se sont rencontrées, les quatre meilleures formations de chaque groupe se qualifient pour la phase finale, le premier du groupe A affrontant le quatrième du groupe B et ainsi de suite. Pour les mathématiciens curieux de connaitre l'organisation, tous les détails sont ici.

2. Pour suivre la (fin) de carrière de légendes locales et internationales

Parce que l’Argentine aime ses idoles, qu’elles soient célèbres dans le monde entier comme Carlos Tévez ou locale comme el Pulga Rodríguez. Parce que l’âge n’a pas d’emprise sur les légendes et malgré la quarantaine passée ou approchante, rien n’empêche Leo Ponzio, Pepe Sand et Maxi Rodríguez de performer, de voir Darío Cvitanich recevoir le brassard de capitaine des mains d’un Licha López parti en MLS. Des leaders sur le terrain, dans le vestiaire et souvent l’image du club. Attention, les souvenirs d’hier percutent régulièrement la réalité d’aujourd’hui, mais bien qu’au crépuscule de leur carrière, c’est suivre une (dernière) partie de notre football que de voir évoluer ces joueurs charismatiques et, pour bon nombre d’entre-eux tellement représentatifs de l’Argentine.

velasco

3. Pour découvrir des pépites

Parce qu’on vous connaît et nous savons combien vous aimez dénicher de nouveaux talents. Que vous soyez à l’affût d’un bon coup sur Football Manager ou scout à vos heures perdues, cette liste non exhaustive est pour vous.

  • Thiago Almada, dix-neuf ans et déjà un statut de patron à Vélez. Attaquant technique, percutant, lucide et efficace, il est la menace offensive du Fortín et permet à ses coéquipiers de l’attaque de briller. Seule ombre au tableau, son hygiène de vie qui risque de freiner sa course au Ballon d’Or. Englué dans une sombre affaire d’abus sexuels, Almada a été écarté du groupe pro (tout comme son coéquipier Miguel Brizuela) le temps que la justice se prononce. Il manquera donc le départ de cette Copa. Sollicité par de grands clubs européens depuis plus d’un an, voire même par Marseille si on en croit les rumeurs, cette affaire risque de faire baisser sa cote pour certains tandis que d'autres pourraient y voir une occasion en or.
  • Alan Velasco, dix-huit ans et seul satisfaction d’Independiente. Si le Rojo fait peine à voir, son jeune attaquant-ailier sait prendre le jeu à son compte. Rapide, technique, percutant, il n'hésite pas à prendre des risques offensivement. Profitez de cette Copa pour le découvrir avant tout le monde, bien avant qu’il n’éclabousse l’Europe de son talent.
  • Darío Sarmiento, dix-sept ans, petit, ailier, gaucher, talentueux, il n’en faut pas plus pour en faire pour certain le nouveau Messi (une pensée pour Marvin Martin et autres nouveaux Zidane). Alors non, Sarmiento n’est pas du niveau de la Pulga (qui peut l’être?), mais il est vrai que son style ressemble à celui de Léo. Estudiantes ne devrait pas pouvoir le conserver longtemps alors le Pincha en profite pour lui donner du temps de jeu (pour mieux le vendre ?) et le résultat est qu’avec des adultes il a bien du mal physiquement. Avec une quinzaine de matchs professionnels, il est encore trop tôt pour savoir son réel potentiel.
  • Fausto Vera, vingt ans et futur capitaine de la selección. Placé devant la défense, Vera est déjà une valeur sûre d’Argentine. Tactiquement, physiquement et techniquement, c’est un cinco complet. Titulaire dans le onze de départ d’Argentinos Juniors, il devra confirmer toutes les bonnes intentions vues lors de la précédente Copa ou en sélection de jeunes et montrer une fois encore qui est el Semillero del Mundo.
  • Lautaro Morales, vingt-et-un ans, est grand artisan de la qualification de Lanús en finale de la dernière finale de Sudamericana. Gardien du Granate, il impressionne sur sa ligne et dans sa lecture. Fiable, il a rassuré une défense qui peinait jusque-là. Face à un Vélez dominateur et multipliant les occasions de buts, il a permis aux siens de s’offrir une finale. Un gardien à suivre.
  • Juan Sforza, dix-huit ans, un milieu de terrain qu’on aimerait voir jouer davantage. Annoncé parmis les meilleurs milieux offensifs du pays, c’est bien en reculant légèrement qu’il a fait ses premières apparitions sous le maillot de Newell’s. La Lepra a potentiellement le meilleur milieu de terrain avec les Cacciabue et Moreno. Ne reste plus qu’à Frank Kudelka à faire confiance à ses jeunes du milieu.
  • Frederico Navarro, vingt ans, meilleur milieu récupérateur de la dernière Copa Diego Maradona. Le pibe de Talleres n’a cessé de briller. Un volume de jeu impressionnant, une grosse intensité dans les duels, celui qui a remplacé Andrés Cubas, a tout pour confirmer. À commencer par la confiance que lui accorde Alexander Medina.

On vous invite fortement à suivre les jeunes de Lanús, champions des réserves il y a un an et qui ont la confiance de Luis Zubeldia. On pense évidemment à Pedro De la Vega (qui doit arrêter de disparaitre pendant certain match), mais aussi à Franco Orozco, Alexandro Bernabeï ou à Julián Aude. Pour compléter cette liste on vous propose d’aller voir les performance de Benjamín Garré à Racing, de Luciano Ferreyra à Rosario Central ou de Matías Palacios si San Lorenzo arrive à lui offrir quelques minutes avant qu’il n’aille découvrir la Suisse contre un gros chèque et sans avoir eu le temps de montrer toute l’étendue de son talent.

4. Pour voir si Boca peut être à la hauteur de son hinchada

On peut remporter un trophée national, être demi-finaliste de la Libertadores et laisser les suiveurs et hinchas sur leur faim. Ce qui est reproché et simple, le jeu proposé ou plutôt l’absence de jeu voire parfois le manque d’envie, ce qui semble impensable qu’en on porte un maillot Azul et Oro. Miguel Ángel Russo se doit de redonner à son équipe une identité de jeu qui colle au club. Il se murmure que Russo enlèverait de son onze un milieu récupérateur pour mettre un créateur, on demande à voir. Deux arrivées notables au dernier mercato, Marcos Rojo, a tout fait pour se libérer de son contrat avec Manchester United, lui le Pincha (personne n’est parfait) et Cristian Pavón de retour de prêt de Los Angeles Galaxy – lui aussi pris dans des accusations d’abus sexuels – en espérant qu’il puisse jouer un jour. Après ses désirs de départ, une fibrose de la cheville a été détectée et Kichan sera opéré et écarté des terrains pour environ deux mois.

5. Pour voir Gallardo réinventer (une nouvelle fois) son River

On peut être un géant continental et être sans un sou. C’est la triste réalité de River. Alors qu’il semblait proche de quitter le club sur une amère défaite en demi-finale de Libertadores, Marcelo devrait finalement bien honorer son contrat qui prend fin en décembre prochain (et ce, même s’il a remis un coup de pression sur ses dirigeants en début de semaine). Pour rester Gallardo voulait une garantie : être toujours compétitif et ne pas partir au combat qu’avec des jeunes. Parmi les titulaires, seul Nacho Fernández devrait rejoindre le Brésil. Le Lobo a déjà manifesté ses envies de départ et à trente et un ans, il pourrait rejoindre l’Atlético Mineiro. À moins d’une offre qui ne se refuse pas, le reste du groupe devrait être identique à l’an passé. Gonzalo Montiel, courtisé par Lyon et la Roma, a prolongé son contrat, comme prévu. S’il était amené à quitter Nuñez (le joueur l’envisage), Alex Vigo, latéral offensif de Colón le replacerait. Au niveau des arrivées, Gallardo espère boucler trois dossiers. Le premier concerne l’enganche de l’Atlético Nacional et formé à Platense, Agustín Palavecino. Le deuxième concerne le retour au club de Jonatan Maidana qui n’est plus sous contrat à Toluca. Et le dernier, bien plus compliqué, mène à Seba Driussi qui cherche à quitter la Russie.

6. Parce que le marché des entraîneurs implique de grands noms

Hernán Crespo vient de quitter Defensa y Justicia pour São Paulo sur un titre historique en Sudamericana. Un des noms qui revient du côté de Florencio Varela pour le remplacer est celui de Gabriel Batistuta (à croire que leurs destins sont condamnés à éternellement être liés). Sinon, Fernando Gago commence sa carrière d’entraineur sur le banc d’Aldosivi. Juan Antonio Pizzi succède à Seba Beccacece à Racing, pendant que Julio Falcioni démarre un second cycle sur le banc d’Independiente. Diego Dabove a quitté Argentinos Juniors pour s’engager à San Lorenzo (merci Tinelli). Du coup, le Bicho a nommé Gabriel Milito pour le remplacer (le changement promet d’être brutal). Ensuite, Ricardo Zielinski a bien posé ses valises chez Verón à Estudiantes et Omar De Felippe prend la direction de San Miguel de Tucumán pour y diriger l’Atlético.Autant de changements qui attisent notre curiosité et qui devraient faire parler d’eux dans les semaines à venir. 

7. Pour voir les surprises d’hier confirmés leurs belles prestations

Banfield, Defensa, Vélez, Talleres, Argentinos et parfois le Rosario Central de Kily González, nous ont montré de belles choses. C’est bien à l’occasion de cette seconde édition de la Copa Diego Maradona que les promesses peuvent se transformer en certitudes. On aimerait voir une de ses équipes décrocher le trophée pour enfin bousculer les géants.

8. Pour voir si certains arrivent à redorer leur blason

Newell’s, Colón, Huracán ont le matériel pour faire mieux, dans le jeu tout du moins. Quant à Aldosivi (bonne chance Pintita – mais que diable va-t-il faire dans cette galère ?) et Patronato, le duel à distance pour être la pire équipe est souvent épique. Il devrait se poursuivre à l’occasion de cette Copa où, rappelons-le, il n’y aura encore aucune relégation. De quoi se lâcher.

9. Parce qu’il s'agit, certainement, du dernier tournoi sans VAR

« Le VAR sera mis en place en Argentine dès le prochain tournoi ! ». C’était à peu de chose près la déclaration du président de l’AFA, Chiqui Tapia en décembre dernier. Depuis, il a constaté que rien n’était prêt, ni le centre de contrôle qui centralise les opérations à Ezeiza, ni les connexions des stades permettant son utilisation à distance de la VAR (lire ici). Profitons des quelques mois de bonheur qui nous reste, Tapia a annoncé son arrivée (et de son cirque) pour le second semestre, après la Copa América.

10. Pour tout ce que représente l’Argentine et son football

Les beaux gestes, des golazos chaque week-end, des attentats non sanctionnés et des polémiques à chaque match : on ne s’ennuie jamais en Argentine. Ne manque que la folie des tribunes ? Sachez que notre cher Chiqui Tapia a demandé l'accord du gouvernement pour rouvrir partiellement les stades afin d’accueillir trente pour cent des hinchas. « Un match de football sans spectateurs c’est comme danser sans musique », écrivait Eduardo Galeano, alors pour une fois, on ne peut que soutenir Tapia.

Bonus : parce qu’on sera en direct !

rdv

Le programme de la J1

progj1

Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca