Au terme d’un clásico qu’il n’a pas forcément maîtrisé, Independiente coule son rival d’Avellaneda et s’empare de la tête du championnat. Une tête que deux géants voient de loin.

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Quatre ans que cela n’était pas arrivé, mieux, plus de quatre mille jours que le Rojo n’avait plus été seul roi du championnat. Independiente a souffert chez lui face à l’ennemi de toujours Racing, mais le clásico d’Avellaneda est sien pour la première fois depuis près de quatre ans (novembre 2017). Les hommes de Julio César Falcioni n’ont pas marché sur la rencontre, n’ont pas brillé ni montré un football supérieur à leur adversaire. Mais ont su gagner ce type de match. Independiente a souffert, mais a démontré sa capacité de résilience. Celle qui permet de rebondir après deux éliminations successives en Sudamericana puis en Copa Argentina. Celle qui permet de résister aux assauts d’un Racing qui a mieux débuté le match, contrôlant la possession mais finalement se procurant que trop peu d’occasions par manque d’idée et de profondeur (un centre fuyant et une belle frappe de Licha López à se mettre sous la dent). De son côté, Independiente a laissé passer l’orage et s’est montré le plus menaçant du premier acte, sur deux centres de Palacios, l’un repoussé par Arias dans les pieds de Roa et sauvé sur la ligne, l’autre juste effleuré par el Chino Romero. Le duo Palacios – Romero n’a jamais pu être contrôlé par une Academia qui a véritablement souffert d’un criant manque d’idée (même si les hommes de Pizzi se sont créés une énorme situation en début de second acte – frappe de Miranda repoussée par Sosa dans les pieds de Chancalay seul face au but vide mais qui a trouvé le poteau) et se sont avérés décisifs, le premier passant une fois encore côté droit et servant en deux temps son capitaine buteur pour le seul but du match. Seul but du match car Pizzi a aussi manqué d’idées : celle de sortir Lisandro López une fois mené a sans doute été la pire. Elle a conduit Racing à abuser de longs ballons, à ne plus parvenir à s’approcher de la surface du Rojo et donc à une inévitable défaite. Elle conduit aussi au licenciement du coach de La Acade (il est le quatrième licencié après un clásico), et surtout offre la première place au grand rival tout de rouge vêtu.

Si Independiente s’installe seul, c’est aussi car San Lorenzo est tombé et même assez lourdement. À Santa Fe, la bande à Paolo Montero a explosé en une mi-temps sans montrer la moindre opposition, rébellion ou même réaction. Le Ciclón semblait ailleurs et laissé jouer Unión à sa guise, des Santafesinos parfaitement regroupés en défense et à qui il a suffi de bloquer la connexion Ortigoza – Romero pour contrôler la partie, se contentant ensuite de ramasser les offrandes défensives de San Lorenzo. Emmené par un très bon Ezequiel Cañete, le Tatengue a roulé sur le premier acte, placé trois buts avant la pause et plié l’affaire. Rien n’a ensuite changé, San Lorenzo a paru un temps sortir de sa sieste avant d’y replonger et a ainsi bouclé son déplacement à Santa Fe par une valise remplie de quatre buts.

boca

Cette défaite profite donc à Independiente et aux autres poursuivants, le classement du tournoi étant encore bien dense. Les chefs de file se nomment Lanús, qui s’appuie sur sa légende José Sand pour s’imposer au Ducó en toute fin de match, Newell’s et sa légende Nacho Scocco unique buteur face à Platense, et Colón qui réalise le gros coup en s’imposant sur la pelouse d’un Vélez déjà bien largué. Un Fortín à l’image des deux géants de Buenos Aires, Boca et River. Les Xeneizes ne savent plus gagner, une seule victoire en quinze sorties – record de 1958 effacé, et signent ainsi un cinquième match sans succès pour ouvrir leur tournoi, événement qui ne s’était produit qu’à trois reprises dans l’histoire du club (1915, 1949 et 1984). Il faut dire que face à Argentinos, Boca n’a pas été aidé : digestion d’une « victoire » (aux tirs au but) lors du superclásico en Copa Argentina, terrain aux limites du praticable en raison des fortes pluies, Fabra qui se loupe encore, les nombreux changements de Russo et toujours cette étonnante attitude de non combattant. Sur le rectangle vert de la Bombonera, cela s’est traduit par un premier acte qui a vu Boca rentrer aux vestiaires mené d’un but, incapable qu’il fut de créer véritablement du danger et de véritablement s’extirper du pressing mis en place par la bande à Milito. La réponse en seconde période fut quelque peu meilleures au début avant de nouveau de se retrouver quelque peu impuissant face à un Bicho qui fermait bien les espaces. La « libération » vient d’un coup franc mais le partage des points, quatrième en cinq sortie, ancre Boca en queue de classement, bien loin des ambitions qu’un tel club se doit d’avoir. Du côté de River enfin, les circonstances étaient différentes avec un Marcelo Gallardo qui a laissé quelques titulaires au repos en vue du quart de Libertadores mais le résultat est moins bon. À Mendoza, face à un Godoy Cruz qui ne s’était plus imposé chez lui face aux Millonarios depuis près de douze ans, River est donc tombé. Avec un contenu quelque peu inquiétant, se contentant d’envoyer de longs ballons vers Girotti en première période, ne pressant pas véritablement et exposant ses lacunes défensives. Simple, on n’a pas reconnu un River type Muñeco. Et ce River l’a donc payé, sur deux ballons envoyés dans le dos du duo Maidana – Pinola, et s’incline ainsi pour la deuxième fois en cinq sorties, faisant comme d’habitude à chaque début de tournoi en priorisant la Libertadores, ce qui devrait au final lui coûter un titre, seul manque au palmarès de l’ère Gallardo.

Les buts

Résultats

Sarmiento 1 – 0 Rosario Central

Newell's Old Boys 1 – 0 Platense

Banfield 0 – 1 Talleres

Unión 4 – 0 San Lorenzo

Huracán 0 – 1 Lanús

Godoy Cruz 2 – 1 River Plate

Gimnasia 1 – 0 Atlético Tucumán

Vélez Sársfield 0 – 1 Colón

Boca Juniors 1 – 1 Argentinos Juniors

Independiente 1 – 0 Racing

Arsenal 2 – 2 Patronato

Aldosivi 1 – 0 Defensa y Justicia

Central Córdoba 1 – 2 Estudiantes

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.