
Le championnat national brésilien reprend ses droits ce week-end avec vingt clubs qui chercheront à succéder au Corinthians de Tite, sacré champion en 2015. Présentation du championnat par les deux spécialistes Brésil de LO avec les favoris, les outsiders et les équipes qui devraient jouer le maintien. Lucarne Opposée précise que cet article ne tient pas encore compte des probables pillages européens et chinois à venir cet été sur le marché des transferts.
Le guide
Par Simon Balacheff et Marcelin Chamoin
Les favoris

O Timão est le champion en titre. Et qu’est-ce qui arrive à une équipe sud-américaine auteure d’un succès ? Elle subit un traditionnel pillage de masse. Exit donc Gil, Ralf, Renato Augusto, Jadson et Vagner Love, cinq pièces maîtresses de la cuvée 2015 corinthiana, partis voir si les billets sont plus verts en Chine et sur le Rocher. Bom dia André (Sport Recife), Giovanni Augusto (Atlético MG), le talentueux Marquinhos Gabriel (Santos) et une tripotée de locaux pas forcément de première jeunesse. Victimes de la surprise Audax en estadual et déjà sortis par le Nacional (Uruguay) en Libertadores, les joueurs de Tite auront à cœur de se rattraper auprès des Gaviões da Fiel qui animent sans faillir l’Itaquera. Or à ce jeu-là, le Corinthians et leur coach déçoivent rarement. Au travers du jeu et du potentiel montré depuis début 2016, O Timão semble toujours en mesure de faire mouche. Encore un Tite exploit ?

Le Palestra Italia, de son ancien nom, a été fondée au début du XXe siècle par la communauté italienne, essentiellement composée de marchands. Cela expliquerait-il ce goût prononcé pour les ventes et les achats en masse ? Déjà doté d’un effectif pléthorique en 2015, Palmeiras a enregistré depuis le début de l’année, 14 départs et 10 arrivées ! À la tête du Verdão, Cuca, ancienne gloire maison, a remplacé, suite à une série de résultats médiocres dans le Paulista 2016, un Marcelo Oliveira remercié sans un merci pour la Copa Brasil glanée l’année passée. Ingrat. Chaperonné par le désormais légendaire gardien Fernando Prass, l’ex pailladain Lucas Barrios et papi Zé Roberto (bientôt 42 ans), animé par la pépite Grabriel Jesus (19 ans), c’est un groupe rodé et ambitieux qui représentera O Porco en 2016. Sinon Mouche est parti pour Lanus, mais Tchê Tchê est arrivé. Ho si, c’est drôle.

Au São Paulo FC, l’armoire à trophées prend sérieusement la poussière : nada sur plan domestique depuis le Brasileirão 2008 glané par Miranda, Lugano, Ceni, mais surtout Aloisio et Alex, les deux anciens verts. Des lustres pour un si grand club, une institution continentale. Mais comme chaque année l’espoir revient. À raison puisque l’effectif du technicien argentin Edgardo Bauza est l’un des plus stables, et que tout n’était pas à jeter sur le dernier exercice. Avec le néo-international Rodrigo Caio et le chilien Mena dans l’arrière-garde, ainsi que son talentueux trio offensif Ganso / Michel Bastos / Kelvin, O Tricolor possède toutes les chances de jouer le titre. Le point d’interrogation reste le remplacement du fougueux argentin Calleri en pointe, déjà en partance pour l’Italie. Au fait Lugano est revenu. Lentement. À son rythme quoi.

La Baleine est une valeur sûre en termes de résultat. Malgré un Brasileirão 2015 décevant, Santos aligne tout de même depuis janvier de l’année dernière, deux championnats Paulista et une finale de Copa Brasil. Une valeur sûre, elle l’est également quand il s’agit de couver ses baleineaux : gagnant en maturité au fil des ans, les (très, très) talentueux Gabriel et Lucas Lima sont chauds bouillants pour montrer qu’ils ont l’étoffe des Robinho, Diego, et bien entendu Neymar, leurs glorieux aînés. Cependant le risque est grand de se voir dégraisser par les baleiniers européens et chinois, qui rôdent autour de Vila Belmiro. Sans ces deux loustics, il sera difficile d’alimenter en plancton ce vieux Ricardo Oliveira, artilheiro du dernier Brasileirão 2015. Malgré cela O Peixe reste un éternel favori, prestige oblige. Pelé l’a dit alors hein.

Le Brasileirão pourrait bien revenir dans le Minas Gerais, dont il était sorti l’année passée après deux victoires du rival Cruzeiro. En effet, 2016 pourrait bien être l’année du Coq au Brésil. Réguliers dans leurs performances depuis 4 saisons, vice-champion en titre, doté d’un groupe stable, renforcé par deux internationaux, l’équatorien Erazo en charnière et Robinho, que l’on ne présente plus, le Clube Atlético Mineiro a toutes les clés en main pour être sacrer roi de la basse-cour. Le point faible de cette équipe se trouve probablement sur le banc : arrivé également en début d’année, le technicien uruguayen Diego Aguirre présente un CV un peu pâlot au regard d’une carrière débutée il y a presque 15 ans. À lui de prouver qu’il est capable de sublimer O Galo, et emmener Lucas Pratto, Junior Urso ou encore le jeune latéral Marcos Rocha vers les sommets.
Ils ont une carte à jouer

L'Inter d'Argel Fucks domine la scène régionale avec un sixième championnat Gaucho remporté consécutivement, malgré de nombreux départs, comme les deux Argentins Lisandro Lopez et D'Alessandro. Alisson parti à la Roma, le club colorado a recruté le gardien Danilo Fernandes en provenance de Sport. L'Internacional a également fait signer le milieu Anselmo, une arrivée qui pourrait précipiter le départ de Nilton. Plus anecdotique, le club a recruté Rivaldinho, le fils de Rivaldo. Cinquième du Brasileirão 2015, échouant aux portes de la Copa Libertadores, l'Inter présente une défense solide avec notamment Ernando, Paulão et William. Au milieu, on attend toujours plus de l'ancien Mancunien Anderson alors que Rodrigo Dourado, 21 ans, pourrait être l'un des joueurs majeurs de l'Inter. On attend également le retour de Valdivia, l'une des révélations de la Copa Libertadores 2015, et blessé depuis le mois de novembre, après avoir subi une rupture des ligaments croisés du genou lors d'un match avec la sélection olympique. En attaque, le duo Eduardo Sasha – Vitinho devrait permettre à l'Internacional de jouer la qualification pour la Copa Libertadores.

Le rival de l'Inter n'a plus remporté le championnat Gaucho depuis 2010. Éliminé dès la demi-finale contre le Juventude, Grêmio a également déçu en Copa Libertadores, éjecté en huitième de finale après deux défaites contre Rosario Central. Le Tricolor inquiète par sa défense friable (30 buts encaissés en 27 matchs en 2016) où seuls le gardien Marcelo Grohe et le défenseur central Geromel sont satisfaisants. Wallace, prêté par Chelsea, déçoit et pourrait être remplacé par Edilson, arrière droit du Corinthians. Grêmio présente pourtant un effectif séduisant, avec des joueurs formés au club comme Walace, Everton, Lincoln, seulement 17 ans, ou encore la pépite Luan et des joueurs plus expérimentés comme Giuliano, Maicon et le numéro 10 à l'ancienne, Douglas. L'attaquant équatorien Miller Bolaños, valeur sûre sur le continent sud-américain, pourrait être l'un des visages du Brasileirão 2016. En revanche, le milieu Walace, présent dans l'équipe-type du Gaucho 2016, pourrait être transféré au Benfica, ce qui serait une grande perte pour l'équipe entraînée par Roger Machado, qui a tout gagné avec le club tricolor dans les années 1990 et rêve de nouveaux succès en tant qu'entraîneur.

Cruzeiro, c’est un peu une vision futuriste de ce qu’il pourrait bien arriver au Corinthians d’ici un an. Après avoir dominé le pays deux ans durant avec un groupe de grande qualité, A Raposa accuse le coup suite à la fuite de ses piliers : Lucas Silva, Goulart, Marcelo Martins ou encore Everton Ribeiro. Les bleus du Minas ont ainsi terminé 2015 à une 8e place bien payée au regard de leur saison chaotique. Pour 2016, la seule grosse recrue effectuée concerne le banc de touche, où l’ancien sélectionneur portugais Paulo Bento a pris place après un championnat mineiro décevant de la part du Cruzeiro. Sur le pré en revanche, toujours pas de nom ronflant en vue mais le choix de la jeunesse et du talent avec la confirmation du jeune meneur de jeu argentin Giorgian de Arrascaeta, qui avait déjà porté le club à lui seul lors de l’exercice précédent.

L'équipe carioca a fait pâle figure dans le championnat d’État avec une élimination en demi-finale contre Botafogo. Fluminense a pourtant des raisons d'espérer mieux qu'une 13e place, sa position lors du Brasileirão 2015. Après un début de saison compliqué, marqué par le licenciement d'Eduardo Baptista et le départ de Diego Souza trois mois après son arrivé au club, Fluminense revit depuis l'arrivée de Levir Culpi avec notamment la victoire lors de la première édition de la Primeira Liga. Les problèmes relationnels entre Levir Culpi et la star Fred définitivement réglés, Fluminense va pouvoir attaquer le championnat national avec un groupe d'expérience, notamment en défense où le gardien international Diego Cavalieri sera aidé d'une charnière centrale composée de Gum, au club depuis 2009, et l'ancien napolitain Henrique alors que sur les côtés, on devrait retrouver Jonathan, passé par l'Inter Milan, et Wellington Silva. Au milieu, la perte de Gerson, transféré à l'AS Roma, devrait se faire ressentir. Gustavo Scarpa, auteur d'un championnat Carioca prometteur, devra s'imposer comme le patron du milieu de terrain, avec à ses côtés Pierre, vainqueur de la Copa Libertadores 2013 avec l'Atlético-MG et Cícero, l'un des hommes forts du club tricolor entre 2007 et 2008. En attaque, pour épauler Fred, on retrouvera Marcos Júnior, buteur en finale de la Primeira Liga, Osvaldo et Magno Alves qui, à 40 ans, est devenu le joueur le plus âgé à jouer (et marquer) pour Fluminense.

Après Fluminense, place au frère ennemi avec Flamengo. O Mengão a également déçu dans le championnat Carioca avec, pour la deuxième année consécutive, une élimination en demi-finale contre le futur champion, Vasco. Malgré quelques bonnes surprises cette saison comme Rodinei ou Willian Arão, le club entraîné par Muricy Ramalho, quatre fois champion du Brésil (2006-2008 avec São Paulo, 2010 avec Fluminense) peine à proposer un jeu convaincant. La défense est peu rassurante avec le vétéran Juan (37 ans), de retour dans son club formateur, et le très contesté capitaine Wallace, annoncé en partance. Flamengo cherche à recruter un défenseur, mais les négociations avec le joueur d'Hambourg, Cléber, semblent au point mort. Au milieu de terrain, il est difficile d'établir une hiérarchie, alors qu'en attaque, la star Paolo Guerrero ne donne pas pleinement satisfaction. Derrière le Péruvien, Emerson Sheik est vieillissant (37 ans) et n'a pas le même rendement que la saison dernière. Marcelo Cirino s'est montré convaincant dans le championnat Carioca mais il doit encore confirmer au niveau national. Dans ces conditions, on a du mal à voir Flamengo se mêler à la lutte pour la Libertadores après plusieurs Brasileirão décevants (11e en 2012, 16e en 2013, 10e en 2014 et 12e en 2015).

Bonne surprise du dernier Brasileirão avec une sixième place, Sport a déçu en 2016 avec un championnat Pernambucano moyen, marqué par une défaite en finale contre Santa Cruz. Falcão a laissé sa place sur le banc de touche à Oswaldo de Oliveira, peu avant la finale du championnat. Le départ du gardien Danilo Fernandes vers l'Internacional devrait profiter à Magrão, au club depuis 2005. La défense est commandée par le vétéran et capitaine Durval, élu dans le onze-type du championnat Pernambucano, tout comme l'arrière-gauche Renê. Sur le côté droit, l'international brésilien U23 Maicon aura une carte à jouer tout au long de ce Brasileirão. Le milieu de terrain du Sport Recife s'appuie sur des joueurs étrangers, comme le Colombien Lenis, et l'international chilien Mark Gonzalez, ainsi que l'ancien du Cruzeiro, Gabriel Xavier, en attendant les recrues Diego Souza et Clayton. En attaque, bien que talentueux, le duo Tulio de Melo – Vinicius Arajuo semble un peu léger, et le Costaricien formé aux États-Unis, Rodney Wallace, ne sera pas de trop pour renforcer le secteur offensif.

Au Nord du Brésil, si les trophées nationaux se font rares, la passion, elle, est bien présente. La folie et l’engouement qui rendent éclatante la tunique rouge, noire et blanche du Santa Cruz FC en sont le parfait exemple. Cette liquette est d’ailleurs l’une des rares à pointer de temps à autres le bout de son nez dans les rues des grandes villes du Sud. Il est peut-être osé de placer un promu (deuxième de Série B 2015 derrière Botafogo) parmi les outsiders, mais Santa Cruz a déjà remporté cette saison deux titres avec le championnat Pernambucano contre Sport Recife, et la Copa Nordeste, éliminant notamment en demi-finale, le favori Bahia. Encore en quatrième division en 2011, Santa Cruz n'a plus disputé le Brasileirão depuis 2006 mais a cependant remporté cinq des six derniers championnats Pernambucano. Au club depuis fin mars, l'entraîneur Milton Mendes est toujours invaincu après douze matchs sur le banc. Santa Cruz pourra compter sur son public et sur son attaquant Grafite, ex-Le Mans et Wolfsbourg, qui, à 37 ans, a été élu meilleur joueur du championnat Pernambucano. Grafite a reçu une offre du Vasco et devrait être sollicité même s'il souhaite rester à Santa Cruz où il forme un duo convaincant avec Keno. L'équipe compte sur des joueurs d'expérience comme le gardien Tiago Cardoso, qui a connu trois montées successives avec le club, ou l'ancienne idole du Flamengo, Léo Moura, reconverti en milieu de terrain. Un groupe jeune et racé en mesure d’être la surprise du Brasileirão 2016. Une équipe validée par Laurent Peyrelade et Yoann Hautcoeur donc.

L'équipe dirigée par Guto Ferreira s'impose peu à peu comme la meilleure équipe du Santa Catarina, devant Figueirense, Avai, Joinville ou encore Criciuma. Encore en Série D en 2009, le club fondé en 1973 a remporté le championnat Catarinense cette saison, en disposant en finale de Joinville, avec un but de Bruno Rangel. La saison de Chapecoense dépendra grandement des performances du meilleur buteur du dernier championnat estadual. Meilleur buteur de Série B 2013 (avec 31 buts, un record), Bruno Rangel est revenu au club en 2014 après un court passage à Al-Arabi, pour devenir le meilleur buteur de l'histoire du club. À 34 ans, il a permis à son club de se maintenir l'an dernier avec une 14e place et de découvrir pour la première fois de son histoire une compétition continentale. Après une victoire en huitième de finale de la Sudamericana contre Libertad, le Verdão do Oeste est tombé avec les honneurs au tour suivant, contre River Plate. Chapeco présente également un milieu séduisant avec Cléber Santana et Gil, ainsi que l'arrivée en prêt d'Arthur Maia. Par contre, la défense semble plus friable, même avec l'arrivée de Demerson.
Ils devraient lutter pour le maintien

Malgré les déclarations de l'entraîneur Vinicius Eutropio, qui vise le milieu de tableau, Figueirense devrait une nouvelle fois lutter pour son maintien. L'an dernier, le club s'était sauvé lors de l'ultime journée en battant Fluminense et en profitant d'un match nul entre le Corinthians et Avai. Figueira s'était rattrapé en réalisant un bon parcours en Coupe du Brésil, éliminant notamment Botafogo et l'Atlético-MG avant de tomber en quart de finale, contre Santos. Cette année, après un championnat Catarinense moyen, Figueirense devrait souffrir dans ce Brasileirão même si le club pourra compter sur de bons éléments offensifs, comme Carlos Alberto, buteur en finale de la Ligue des champions 2004 avec le FC Porto, et Rafael Moura, ancien joueur du Fluminense et de l'Internacional, actuellement prêté par l'Atlético-MG.

Champion de Série B, Botafogo a atteint la finale du dernier championnat Carioca, s'inclinant logiquement contre Vasco. Le Fogão a réussi à retrouver l'élite après une petite saison au purgatoire et l'équipe va bien depuis l'arrivée de l'ancien entraîneur de Monaco et du Vasco, Ricardo Gomes (26 victoires, 9 nuls, 9 défaites). Cependant, l'équipe manque de profondeur malgré quelques éléments de qualité, comme le gardien international Jefferson, 33 ans, le défenseur Emerson ou encore le milieu à tout faire, Airton. En attaque, on surveillera de près Ribamar, 18 ans, qui a été élu révélation du championnat Carioca pour ses débuts en professionnel, avec trois buts (tous contre Fluminense). Originaire de la Cité de Dieu (il y vit toujours), Ribamar devra assumer les attentes le concernant après ses débuts réussis. L'arrivée d'Hernan Barcos, en partance du Sporting mais également pisté par le Corinthians, pourrait aider Botafogo à viser des objectifs plus ambitieux.

Également promu cette saison, les débuts en Série A pourraient être compliqués pour Vitoria, qui a cependant remporté le championnat Baiano après s'être fait peur face au rival, l'EC Bahia. Afin d'éviter la relégation, le club pourra compter sur Marinho, meilleur joueur du championnat Baiano et Dagoberto, l'ancien joueur de São Paulo. L'arrière gauche Diego Renan et le gardien Caíque, 18 ans, pourraient également être des révélations de ce Brasileirão 2016.

Depuis une surprenante 3e place dès son retour à l’élite en 2012, l’Atlético Paranaense a enchainé une 8e puis une 10e place. Pour 2016, O Furacão avance probablement le plus jeune effectif du tournoi, en atteste ses leaders : Walter devant, 26 berges et dix kilos perdus pendant l'intersaison, Nikão au milieu, 23 bougies, Otavio derrière, 22 piges, Weverton aux cages, 28 printemps. Seul le défenseur Paulo André, l'un des leaders du mouvement Bom Senso FC en 2013, et ses 32 anniversaires apportent la caution expérience des rouges et noirs. Mais bon, le club de Curitiba reste sur une honnête performance en estadual et un Brasileirão 2015 pas si moche que cela, de quoi se caler au chaud dans le ventre mou. Mais attention à la bévue. Sinon Paulo André a également joué au Mans. Cocasse.

A Coxa, l’autre équipe de Curitiba, est une habituée du bas de tableau. Toujours à la limite de la cata’, le Verdão du Paraná s’est sauvé à l’ultime journée du Brasileirão 2015. En championnat estadual, Coritiba s’est fait salement ramasser par son rival de toujours, l’Atlético PR donc, sur un score cumulé de 5 à rien. Le nouveau coach Gilson Kleina, ancien adjoint d’Abel Braga à l’OM époque Belmadi, est un spécialiste de la Série B. Les deux recrues vedettes sont le milieu Amaral, tricard à Palmeiras, et ce cher pasteur familier de la porte de Saint-Cloud, Marcos Ceará, 35 ans. Tout va bien donc, on respire, on ferme les yeux, et on avance sereinement.

Venant tout droit de Campinas, l’une des grandes bourgades de l’Etat de São Paulo, Ponte Preta n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler un club qui pèse. Abonné aux divisions inférieures, sans trophée majeur en vitrine, la guenon comme surnom, des joueurs au patronyme improbable (Ravanelli, Pottker, Rhayner), tout laisse à penser que les joueurs d’Eduardo Baptista sont là pour nous faire marrer. Blague à part, si l’histoire et l’effectif de Ponte Preta sentent fort la Série B, les blancs et noirs ont prouvé en 2015 qu’ils étaient loin d’être ridicules avec leurs 13 victoires, leur maintien vite assuré et une chic 11e place. Agile la guenon.

A Belo Horizonte, derrière les géants du CAM et de Cruzeiro, l’América Futebol Clube est le patron des petits. Très populaire, les verts et noirs (et un peu oranges parfois, mais c’est pas jojo) ont décidé de se rebiffer un bon coup en chipant le trophée estadual face à l’Atlético Mineiro. Plus souvent présents à l’étage du dessous qu’en zone VIP, O Coelho aura pour objectif de montrer que ce fait d’arme n’est pas qu’un exploit ponctuel. Avec Claudinei et la jeun Osman, tous deux très en vue en ce début d’année, la tâche s’annonce ardue mais pas impossible. De toute manière, avec un lapin comme symbole et un pépé aux commandes (Givanildo Oliveira, 67 ans quand même), l’America est mimi tout plein et saura sans nul doute attendrir ses adversaires.
Première journée
Par Simon Balacheff
Palmeiras 4 - 0 Atlético PR : Vainqueur de la Copa Brasil en 2015, Palmeiras attaque ce Brasileirão 2016 empli d’ambitions. C’est face à un inquiétant Atlético-PR qu’O Verdão a joint les actes à la parole ce week-end. Si O Furacão du Paraná est bien le premier à se signaler dès le début du match sur une tête hors cadre et mollassonne de son défenseur Thiago Heleno, c’est bien Palmeiras qui ouvre le score au bout de 20 minutes de jeu. Partant dans le dos des zagueiros, le prodigieux Gabriel Jesus reçoit une jolie arabesque de Cleiton Xavier, puis centre en rase-motte pour Roger Guedes qui coupe parfaitement au premier poteau. En seconde période, les hommes de Cuca déroulent, à l’image de Gabriel Jesus et Cleiton Xavier, visiblement heureux de retrouver une place de titulaire après avoir fait banquette l’an passé. Deux ficelles et une passe dé’ pour le premier, doublé d’offrandes décisives pour le second. Si on ajoute à cela les contrôles orientés ravageurs de l’un et le grand pont au calme de l’autre, la note est vraiment salée pour l’Atlético. Il faudra se reprendre très vite du côté des paranaenses.
Flamengo 1 - 0 Sport Recife : Au stade General Silvio Raulino de Oliveira, qui remplacera le Maracana le temps des JO et de ses travaux, Flamengo accueillait le Sport Recife. Bien en place et boosté par un recrutement XXL, O Mengão rentre dans la partie tambour battant, ouvrant le score par Everton, bien assisté par la percée de Willian Arão. Ce premier acte sera ensuite un agréable débat entre milieux de terrain. Mancuello, Cuéllar et Arão pour les hôtes, s’opposant à Diego Souza, Gabriel Xavier et Rythely pour les visiteurs. C’est d’ailleurs par ce dernier que le match bascule : dès le retour des vestiaires, le nordestinho claque une semelle d’écossais sur le tibia de Cuéllar. Un acte dangereux, qui lui vaut un rouge direct et mérité, à la suite duquel, ses coéquipiers résisteront tant bien que mal aux assauts Rubro-negro. Trop imprécis, Guerrero, Emerson Sheik et consort ne parviendront pas à aggraver le score. Le Sport peut s’en mordre les doigts, il y avait peut-être un point à ramener de Rio.
CAM 1 - 0 Santos : Coincé entre l’aller et le retour de son quart de Libertadores contre le SPFC, ce match s’avérait délicat à négocier pour le club de Belo Horizonte. Ce sera mission accomplie pour les troupes d’Aguirre, qui a entièrement changé son 11 pour l’occasion. Et de bien belle manière : si la partie accouchera du plus petit des scores, un but à zéro, inscrit par Cazares dès le quart d’heure de jeu après un magnifique contrôle de la semelle, l’équipe B d’O Galo a dominé Santos de la tête et des épaules. Pourtant devant à la possession de balle, les santistas n’ont jamais su se montrer dangereux, au contraire de Clayton, Hyuri et surtout le buteur donc, Cazares, qui ont pesé sur la défense du Peixe pendant 90 minutes. Cette saison le CAM a du banc, le message est passé.
Botafogo 0 - 1 São Paulo : Même philosophie, même résultat pour le São Paulo FC, qui était en déplacement à Rio face à Botafogo. Sans aucun des titulaires habituels, O Tricolor va s’imposer grâce à une réalisation de Lucas Fernandes, auteur d’un magnifique coup-franc à la 22e minute. Mais contrairement à Santos, Botafogo n’aura pas fait pâle figure lors de cette rencontre, où le prometteur Ribamar a mis à mal la charnière serbo-uruguayenne formée par Vojnovic et Lugano. Tout comme son future adversaire de coupe continentale, São Paulo a montré qu’il avait des arguments en réserve pour jouer le titre.
Coritiba 1 - 0 Cruzeiro : Orphelin de sa vedette uruguayenne De Arrascaeta, A Raposa se déplaçait à Curitiba pour affronter Coritiba, dont les créateurs devaient être en manque d’inspiration le jour de trouver un nom à leur club. Dans le Paraná, Cruzeiro va vivre une longue soirée en subissant les assauts répétés de leur adversaire durant tout le match. Si les joueurs du Minas Gerais ne craquent qu’à la 71e, ils le doivent à leur portier Fábio, étincelant dans ses bois et véritable homme du match. De l’autre côté A Coxa a proposé un jeu intéressant récompensé par le but de Kléber, et repart donc avec trois points déjà important dans la course au maintien.
Santa Cruz 4 - 1 Vitória : Les bahianais du Vitória peuvent en vouloir à leur défense, passée littéralement à côté de leur match. Si l’attaque do Leão da Barra, auteure de la réduction du score de Kieza de manière collective, a fait le taf correctement, l’arrière garde a sombré lamentablement. D’autant plus que dans l’autre camp, Grafite a étalé ses 37 ans d’expérience avec grâce : crochet exter’, petit pont, but pour l’ouverture du score, tête lobé des familles sur le break. Après avoir passé un dernier petit pont pour la route, Grafite laissera sa place à Bruno Moraes, qui mettra les siens à l’abri après un excellent travail de Keno sur le côté gauche. Ce même Keno qui provoquera et transformera un pénalty mérité pour signer cette deuxième goleada de la première journée.
Corinthians 0 - 0 Grêmio : La voilà la première grosse affiche du Brasileirão 2016 ! Une rencontre qui tiendra ses promesses… du moins en ce qui concerne le jeu et l’intensité. Un bon moment pour les puristes donc, qui auront apprécié le choc tactique de ces deux collectifs bien huilés. Maicon, Wallace, Giuliano et Luan pour les Gaucho, Romero, Rodriguinho, Marquinhos Gabriel et Elias pour O Timão, les milieux ont brillés à l’Itaquera. Faute d’adresse dans le dernier geste, les Corinthians et Grêmio se quitteront sur un score vierge. Frustrant, mais prometteur pour la suite du championnat.
Figueirense 0 - 0 Ponte Preta : Résumer un 0/0 entre Figueirense et Ponte Preta est à peu près semblable à le faire avec un Gazelec-Troyes. Dire qu’il n’y a rien à sortir de ce match serait erroné. D’ailleurs, les spectateurs du stade Orlando Scarpelli de Florianópolis ont pu admirer de nombreuses tentatives de frappe. Le souci étant que si elles ne sont pas cadrées, il y a peu de chance qu’elles fassent mouche. Encore une fois, on vanne, on vanne, mais ces deux petits poucets ont été loin d’être pathétiques et rentrent dans leur championnat du bon pied. Sinon Ravanelli a pris un jaune. Pas pour simulation.
America MG 0 - 1 Fluminense : En sortant de son stade seulement vaincu d’un but à zéro, les lapins de l’America MG s’en sortent plutôt pas mal. Dominant de bout en bout la première période, la formation de Rio ouvrira la marque par l’inévitable capitaine carioca Fred : Suite à une belle frappe de Scarpa repoussée par le gardien João Ricardo, Jonathan hérite de la chique et transmet à l’ex-9 de la Seleção qui fusille les cages à 10 mètres. Manquant de réussite dans le dernier geste, l’équipe de Levir Culpi ne parviendra jamais à faire le break. L’America jouera tout de même son va-tout en seconde période, grâce à un Osman pétillant sur son côté droit. La petite équipe du Minas Gerais a paru réellement volontaire et est agréable à voir jouer. Reste à voir si cela sera suffisant pour ne pas vivre une saison galère.
Internacional 0 - 0 Chapecoense : Encore un match nul sur un score vierge pour cette première journée de Brasileirão qui sera passé du tout ou rien selon les stades. A Beira-Rio, l’Inter de Porto Alegre et Chapeco ont livré un match terne à peine animé par le pénalty raté de Paulão côté gaucho, et la double parade de Danilo sur la même action. On distinguera tout de même Lucas Gomes, milieu du Chape Terror, qui a illuminé la soirée de quelques fulgurances techniques, malheureusement mal payées. Les deux formations semblaient en manque d’automatisme, de rodage. Elles ont pourtant eu l’une comme l’autre tout le championnat estadual pour se faire la main. Doivent mieux faire au prochain tour.
Les buts
Résultats
Classement
Photo une : Friedemann Vogel/Getty Images

