
Après un report d'une semaine, le match retour de la finale de Copa do Brasil a enfin eu lieu à Porto Alegre dans l'enceinte du Grêmio. Fort d'une victoire 3 à 1 à l'aller, le Tricolor partait avec un avantage confortable sur l'Atlético Mineiro. Lucarne Opposée était en terrasse à Belo Horizonte, avec les supporters du Galo.
A la veille d'un jour férié célébrant Nossa Senhora Imaculada Conceição, quand même, les supporters de l'Atlético Mineiro remplissent les terrasses des nombreux bars de Belo Horizonte. L'été approche dans la capitale du Minas Gérais, le thermostat a été considérablement augmenté, et les badauds légèrement vêtus flânent dans les rues animées des quartiers branchés de Savassi et Lourdes. La température est parfaite pour sortir sa plus jolie tunique noire et blanche griffée de l'écusson du Galo. Enfin, pour une moitié des belo-horizontinos en tout cas, car l'autre moitié, supportant le rival du Cruzeiro, est également de sortie, avec pour ambition de boire un max de bière et voir le frère ennemi se trouer en terre sudiste.
Les bouteilles d'Original et de Brahma sortent des bars à flux tendu, il en est de même pour les portions de linguiça acebolada ou de pastel de angu. Ça rigole, ça braille, ça s'aère l'esprit. Au vrai les discussions évitent subtilement le ballon rond. Le contexte est pesant : Marcelo Oliveira n'a donc pas survécu à la correction tactique subie lors du match aller de la finale et l'équipe termine donc une saison décevante avec son adjoint sur le banc, en roue libre en attendant l'arrivée officielle de Roger Machado aux commandes de l'équipe. Le cœur n'y est pas, et l'omniprésence de la tragédie vécue par Chapecoense n'aide en rien à rendre cette soirée joyeuse côté mineiro.
C'est d'ailleurs l'heure de l'hommage aux victimes du drame aérien à Porto Alegre. Le brouhaha se fait murmure et, pour la première fois de la soirée, les regards se tournent vers la nuée d'écran de télévision qui ornemente indifféremment bars tendances et bistros du coin. Sur le terrain de l'Arena do Grêmio, un militaire joue solennellement la sonnerie aux morts dans un silence religieux. Des larmes sincères coulent sur les joues de nombreux supporters, des drapeaux et des maillots de Chapecoense teintent les tribunes bleues de petites touches vertes. Tout le monde se sent touché, les brésiliens sont ainsi : d'une empathie sans limite.
Ce lourd instant avalé, on reprend une gorgée de bière, se tape sur l'épaule et finit par y songer : Allez, peut-être qu'ils peuvent le faire quand même. Dans le stade de la capitale du Rio Grande do Sul, les gremistas sont pour leur part excités comme jamais et poussent bruyamment leurs ouailles dès le coup d'envoi. Sur le pré, ces derniers annoncent la couleur dès les premières secondes de jeu : retranchés dans leur moitié de terrain, les cages sont cadenassées et le milieu de terrain verrouillé, comme à l'aller. Logiquement, les mineiros partent donc à l'abordage, en quête du but qui ferait vaciller le solide mental gaucho. Mais Walace, Maicon et Dougals ressortent la même sauce qu'il y a deux semaines, annulant chaque offensive adverse aux abords des 30 mètres, et lançant des contre-attaques tranchantes dans le dos du Galo. Car en effet, avec son 4-3-3 qui se mue en une sorte de 2-3-4-1 (oui, oui) en phase de possession, l'Atlético s'expose plus que jamais à la vitesse dévastatrice de Ramiro et Luan. L'Atlético est volontaire mais toujours aussi brouillon, et n'arrive à rien face à ce Grêmio dont le style italien promet de belle chose pour la saison 2017. En fin de première période, Luan part, fatalement, dans le dos de la défense mineira et oblige Victor à un véritable exploit sur ce duel. La prouesse du capitaine du Galo est célébrée comme un but à Belo Horizonte. Il faut dire que le gardien de 33 ans formé chez l'adversaire du soir, est l'un des derniers représentant de la victoire en Copa Libertadores 2013. Respect.
La seconde période est du même acabit : une rencontre tactique, délicieuse pour les puristes mais d'un ennui terrible pour qui attendait du spectacle. Cela s'en ressent sur les stocks de bière : La plupart des établissements sont déjà à sec en ce qui concerne l'Original, une marque très prisée. D'ailleurs la boisson houblonnée à parfois même été remplacée par la cachaça ou la vodka, annonçant les sorties en boite qui se profilent. Plus le temps passe plus Grêmio voit le titre se rapprocher, d'autant que le danger devient de plus en plus pressant sur les bois atléticanos. Le destin va trancher à la 89e : Bolaños, rentré à la place de Douglas, conclue une offensive gremista. Quelques cruzeirenses, applaudissent, hilares. C'est cuit pour le Galo, qui doit désormais marquer 3 buts pour obtenir la prolongation. Ses supporters ont maintenant l'esprit totalement tourné vers les festivités. Pour l'honneur des noirs et blancs, Cazares profite d'un coup franc tiré par le portier gaucho Marcelo Grohe au niveau de ses 30 mètres, pour égaliser à la 92e d'un improbable mais magnifique tir lobé de 60 mètres. Le match se termine sur une baston générale qui verra Erazo et Kannemann prendre chacun un rouge logique. L'assistance préfère en rire.
Le Grêmio peut enfin célébrer un titre national attendu depuis 15 longues années. A Belo Horizonte, atléticanos et cruzeirenses commandent solidairement de nouvelles tournées. Pour un camp comme pour l'autre la saison aura été décevante. De toute manière, cette année 2016 aura été trop triste pour y gagner quelque chose se consoleront ils. Saude para Chapecoense !


