De Palmeiras à la sélection en passant par la tragédie Chapecoense, l’année 2016 au Brésil pourrait bien avoir été celle de la renaissance. Bilan.
Le tour du Brasileirão
Palmeiras, Porcão patron
A l'image du porc Napoléon de l'ami Orwell, le cochon vert de São Paulo a dominé la ferme brésilienne avec une poigne de fer. Palmeiras a résisté aux JO, aux coups de mou et surtout à la pression collée par ses dauphins flamenguista et santista. Le focus sur le champion 2016 c'est par ici, c'était déjà sur LO : La Revanche du Cochon Vert.
Santos, poisson d'argent
Jamais relégué, rarement classé dans la seconde partie de tableau, Santos est une valeur sûre, le symbole de la légende du football brésilien dans son concept général. Tout le monde, respecte Santos. En 2016, les blancs ont fait honneur à ce statut. Ayant pourtant dû se priver de trois de ses titulaires durant un mois lors des JO – en l'occurrence Zeca, Lucas Lima et Gabriel, ce dernier partira même définitivement en Italie après les – O Peixe a toujours fait front aux difficultés sans sourciller. Défense sérieuse incarnée par Vanderlei dans les buts, Ferraz et Braz, milieu joueur avec les révélations Thiago Maia et Vitor, efficaces devant grâce au colombien Copete et au vétéran Ricardo Oliveira, respectivement 10 et 11 buts, les pensionnaires de Vila Belmiro accrochent une sérieuse et méritée place de dauphin. Il faudra compter sur eux pour 2017. Comme toujours.

Flamengo, parfum d'amertume
Une fois encore, le Brasileirão des rubro-negros n'aura pas été de tout repos, une coutume à Rio. Alors que les débuts sont hésitants et que la torcida gronde, le coach Muricy Ramalho, en délicatesse avec sa santé, jette l'éponge. Seules 3 journées ont été jouées et personne d'autre que l'intérimaire Zé Ricardo n'est annoncé. Les supporters font la grimace, et ils ont tort : Bien aidé, il faut le dire, par l'arrivée de Diego, le technicien de seulement 45 ans qui n'a jamais joué pro, va trouver la bonne formule. Emmené par le jeune capitaine Willian Arão ainsi qu'une solide défense (Jorge-Vaz-Réver-Pará), Flamengo va mettre la pression un long moment sur le leader palmeirense. Le Mengão craquera dans les dernières longueurs, alors que le Verdão montrait pourtant quelques signes de fatigue. Il aura seulement manqué un peu de nerf et un Guerrero un peu plus inspiré aux cariocas. Du titre, Flamengo n'aura senti que les fragrances…
Atlético Mineiro, au petit Galo
Pour 2016, o Galo s'était donné les moyens de ses ambitions, à savoir : ramener le titre national, remporté qu'une seule fois en 1971, il y a des lustres donc. Avec Robinho, Fred, Pratto, Cazares, Erazo, Rafael Carioca, Fabio Santos, Junior Urso ou encore le légionnaire Donizete dans ses rangs, l'effectif noir et blanc avait toutes les cartes en mains pour mettre fin à ce jeûne de 45 ans. Sous la coupe de l'expérimenté Marcelo Oliveira, l'Atlético va comme prévu, péter le feu aux avant-postes en inscrivant 61 pions (seulement 1 de moins que le champion), mais littéralement sombrer par l'arrière, terminant 5e pire défense du championnat avec 53 buts dans les cales. Le résultat est une très frustrante et décevante 4e place, qui aura eu raison du technicien mineiro à quelques encablures de la fin. Dit Cortex, que feront ils en 2017 ? La même chose que tous les ans, Minus : tenter de conquérir le Brasileirão !
Botafogo, Atlético Paranaense et Ponte Preta, Rebel Rebel
A ces trois équipes, l'ensemble des observateurs du football brésilien prédisait une saison galère, où la grande méchante relégation viendrait souffler sur leur maison pour les emporter. Que nenni, chacun à sa manière, le trio est venu taquiner les plus grosses écuries, qualifiant même deux d'entre elles pour la Libertadores.
La mieux classée, avec sa superbe 5e place finale, est la plus équilibrée : L'étoile solitaire de Botafogo. Après le départ de Ricardo au SPFC, parti visiblement avec sa poisse sous le bras, les cariocas entament une fantastique série de belles performances qui les propulse en haut du classement, notamment grâce à la solidité du gardien Sidão, au sérieux de Camilo et à l'explosion de deux jeunes artilleurs : Neilton et Sassá, respectivement 8 et 12 pions. Juste derrière, à la 6e et dernière place qualificative pour la coupe continentale, nous retrouvons l'Atlético Paranaense. Le Furacão de Curitiba a tout misé sur la défense cette saison, et ce fut un succès. Le portier olympique Weverton et la promesse de 22 ans Otavio ont dressé une barrière en acier trempé face aux attaques adverses, terminant meilleure défense du tournoi, à égalité avec le champion s'il vous plait. Malgré la recrue du classieux Lucho Gonzales en cours de route, les rouges et noirs ont en revanche patiné devant. Enfin le principal reste cette surprenante place dans le G6, parabens ! A l'inverse des paranaenses, Ponte Preta s'est ruée vers l'attaque. Véritable poil à gratter de ce Brasileirão, la petite guenon de Campinas s'est montrée totalement imprévisible, remportant des victoires de prestige face à Palmeiras, Grêmio, Corinthians ou São Paulo. Grâce à l'un des trois meilleurs buteurs du championnat, William Pottker avec ses 14 buts, Ponte Preta a longtemps cru à la Libertadores avant de rentrer dans le rang, plombée par une défense plus que perméable. Le club gagne au final deux places par rapport à 2015 et finit donc à la 8e place. La guenon grimpe, grimpe...
Ho, hé, ho, hé, Timão abandonné
Que dire de la saison du Corinthians sinon qu'elle aurait probablement été meilleure sans le parasitage extra-sportif ? Pas grand-chose. Ce coup de mou d'après titre était prévisible : comme nous l'annoncions dans notre guide de la saison, le club paulistano avait perdu la majeure partie des cartes maitresses du titre de 2015. A l'image de Cruzeiro, cette reconstruction sur des paris plutôt que sur des certitudes était risquée. Ajoutons à cela le départ déchirant du guide Tite après quelques journées pour la Seleção, ainsi que les ennuis financiers liés à l'entretien compliqué de l'Itaquera, et tout semblait indiquer que le navire corinthiano avait été pillé et laissé à l'abandon. Au vrai, Cristovão Borges et ses ouailles ne s'en sont pas trop mal sortis, luttant toujours pour le haut du panier. Bien drivés par les défenseurs aguerris Fagner et Uendel, c'est un groupe jeune (personne au-dessus de 30 ans ou presque) animé par Marlone, Romero, Balbuena ou Marquinhos Gabriel, qui boucle cette saison 2016 à la 7e place. Là où on les attendait au final.

Les mirages Gauchos
Pour les deux frères ennemis du sud du Brésil, ce Brasileirão 2016 est une histoire de mirages, de ceux que l'on trouve dans les déserts.
Le Grêmio tout d'abord, doté d'un effectif compétitif avec l'olympique Luan, Grohe aux bois, Pedro Geromel/Kannemann en charnière, Douglas, Wallace et Cie, a laissé penser dès les premières journées qu'il allait jouer les premiers rôles. Rodant toujours dans les eaux du G4, puis du G6, le Tricolor do Sul n'a cessé de décevoir pour finalement échoir à une piteuse 9e place, loin, très loin de ce que promettait le potentiel de l'équipe. Roger Machado a été remplacé en cours de périple par Renato Gaucho qui brisera tout de même brillamment le jeûne des gremistas à l'échelle nationale, en ramenant la Copa do Brasil à Porto Alegre.
Pour l'Internacional, les hallucinations visuelles ont carrément tourné au drame. Après les départs des joueurs qui avaient fait du Colorado un demi-finaliste de la Libertadores 2015, tels que l'emblème D'Alessandro, Lisandro Lopez, Charles Aranguiz, Alisson ou encore Réver, Argel Fucks et le board gaucho ont réussi à faire croire que tout se passerait bien, que les recrues seraient à la hauteur, que de toute façon l'Inter est un gros, et que rien ne pourrait lui arriver… On y aura même cru, lors des dix premières journées, quand l'Inter squattait les places d'honneurs, occupant même à trois reprises le fauteuil de leader. Puis vint la chute, une série de 15 matchs sans victoire (5 nuls et 10 défaites…), qui aura logiquement la peau d'Argel Fucks, mais également celle de l'iconique Falcão. Aveugles, le staff et les joueurs ne semblent pas prendre la mesure de la catastrophe, se montrant toujours rassurant en salle de presse. Le retour de Celso Roth sur le banc n'y changera rien, le mythique club du Rio Grande do Sul ne prend que 10 points sur 30 dans le sprint final, et est relégué pour la première fois de son histoire. Destins croisés des frères gauchos donc : quand Grêmio sort enfin de sa traversée du désert, l'Internacional y rentre. Gare aux mirages.
La pire des meilleures saisons de Chapecoense
Cléber Santana, Thiego, Danilo, Dener, Gimenez, Josimar, Bruno Rangel, Gil, Kempes, Lucas Gomes, Sergio Manoel, Matheus Biteco, Tiago, Marcelo, Filipe Machado, Tiaguinho, Ananias, Arthur Maia, Caramelo, Ailton Canela, Caio Junior et son équipe. Avec la 11e place, ces personnes ont réalisé la meilleure saison de l'histoire de Chapecoense. Vai Chape !
SPFC, Cruzeiro et Fluminense, les grands moroses
Qu'elle fut longue cette saison pour le São Paulo FC, Cruzeiro et Fluminense. Le mieux classé des trois est finalement le Tricolor paulistano, pour qui il y aura eu au final deux saisons en une. Lors de la première, l'équipe est dirigée par l'argentin Edgar Bauza, qui emmène ses troupes en demi de Libertadores où ils seront défaits par le futur vainqueur colombien, l'Atlético Nacional. En championnat, Ganso et Calleri scintillent quelques matchs avant de partir en Europe, l'équipe fonctionne sur courant alternatif, à l'image d'un Michel Bastos timoré qui finira trimard, puis fini par totalement décrocher. C'est le moment que choisi Bauza pour filer à la tête de l'Albiceleste, bon vent… Arrive alors ce bon vieux Ricardo, oui celui du PSG et des Girondins, en provenance de Botafogo. Les débuts seront compliqués : flirt avec la zone rouge, invasion du camp d'entrainement par les torcedores, joueurs molestés… C'est finalement grâce à deux gringos (étrangers) que le molho (sauce) va prendre. Recrutés en fin de mercato, l'argentin Andres Chavez et le péruvien Christian Cueva, porteront le Tricolor sur leurs épaules pour finir la saison un peu plus correctement, à 5 petits points de la Libertadores. Cette 10e place reste bien médiocre pour un club de cette stature, et la direction promet du mieux et des titres pour 2017. Comme tous les ans…
A force de perdre ses meilleurs éléments, Cruzeiro a fini par copiner avec le même sort réservé au final à l'Internacional. Sous la houlette du très contesté technicien portugais Paulo Bento, la Raposa réalise un début de parcours catastrophique, avec 4 victoires en 16 matchs, et s'englue salement dans le Z4. C'est Mano Menezes que l'on va donc appeler pour résoudre ce casse-tête chinois. Ça tombe bien, il revient justement de l'Empire du Milieu. Grâce à des leaders répondant présent – Capitaine Henrique, De Arrascaeta, Abila, Sobis, Robinho (le blanc), Willian ainsi que le jeune argentin Lucas Romero – Cruzeiro va rapidement se sortir du pétrin. Malgré une légère rechute en septembre, les bleus terminent finalement à une honorable 12e place au regard de leur position à mi-parcours. Contrairement à l'Inter, Cruzeiro a su se remettre en question et réagir au bon moment.
Enfin Fluminense, ambitieux comme chaque année, y a cru avant de totalement s'écrouler dans le finish. Les premières journées sont chaotiques, probablement en raison du départ précoce du capitaine emblématique des cariocas, Fred, en froid avec le coach Levir Culpi. Mais ce gel de l'hiver austral va rapidement fondre le printemps approchant, et la machine de Laranjeiras va se mettre en route. Dans le sillon des Cicero, Gustavo Scarpa et du jeune Richarlison, le Tricolor de la baie de Guanabara attrape 25 points sur 36, et se place en candidat au podium à 10 journées du terme. Et crack, la cata. Fluminense ne goutera plus à la victoire de la saison (6 défaites et 4 nuls), glissant inéluctablement à la 13e place. Levir quittera même le navire, à la 34e journée, avant qu'il ait totalement sombré. Pathétique et inquiétant.
Sport Recife, Coritiba et Vitoria, rescapés méritants
Ça aura été chaud jusqu'au bout pour le Sport Recife, Coritiba et Vitoria ! Ce dernier ainsi que le Leão ont même été en danger jusqu'à la dernière seconde de la dernière journée du championnat. Les deux clubs qui partagent le même attrait pour les couleurs de Stendhal, doivent en grande partie leur salut aux exploits d'un de leur joueur : Le vieux briscard Diego Souza pour Recife, artilheiro du Brasileirão à égalité avec Fred et Pottker (14 buts), et la révélation Marinho, 26 ans, qui a littéralement porté le Vitoria sur ses épaules dans le rush final. 7 buts dans les 6 dernières journées pour lui ! Pour la Coxa de Coritiba, l'affaire fut un peu moins pénible, notamment grâce aux bonnes performances des jeunes Juninho et Dodô en charnière et Raphael Veiga au milieu, ainsi qu'aux 9 buts de Kléber. Jamais trop en danger, jamais vraiment sauvés, les verts du Paraná assureront leur maintien à l'avant-dernière journée.
Figueirense, Santa Cruz et l'America Mineiro, fin du stage parmi l'élite
Pendant une grande partie de la saison, le club de Florianopolis a pensé ne pas être en danger plus que cela. La raison : une folle invincibilité à domicile et quelques bons nuls à l'extérieur. Mais cela n'a pas suffi, et une série catastrophique dans les dix dernières journées aura raison du club formateur de Filipe Luis. Dommage, tout n'était pas à jeter chez les catarinenses. Leur désarroi fait pourtant pâle figure face à la galère vécue par Santa Cruz et l'America Mineiro. Pour les nordestinos, la verve de Keno et de Grafite, 33 buts à eux deux, n'aura pas suffi : avec 69 buts pris, la pire défense du Brasileirão a coulé le Cobra Coral. Quant à notre lapinou mineiro préféré, avec ses 23 misérables réalisations et ses 58 pions encaissés, il n'y a pas grand-chose à dire. C'était tout simplement beaucoup trop fort pour eux, leur doux pelage nous manquera mais c'est la vie, à la prochaine petit lapin.

L'équipe du Brasileirão 2016
Weverton. En 2016, si l'Atlético Paranaense accroche le G6 qualificatif pour la Libertadores, il le doit avant tout à son imperméabilité. Weverton, 29 ans et un bon petit bout de carrière déjà parcouru, est le principal pilier de la meilleure défense du championnat (avec le champion donc). 32 petits buts encaissés, 16 clean-sheet, Weverton s'est même payé le luxe d'être champion olympique. 2016 c'était son année.
Jean. À 30 ans, Jean a parfaitement réussi sa première saison avec Palmeiras, ponctuée de 6 buts en 34 matchs. Après avoir été utilisé comme milieu au Fluminense, Jean s'est imposé sur le côté droit de la défense par son application et son apport offensif. Il a été une pièce maîtresse de ce Verdão champion en 2016, son troisième Brasileirão après 2008 avec São Paulo et 2012 avec Fluminense.
Vitor Hugo. Second joueur le plus utilisé par Cuca, le défenseur central de seulement 25 ans est le symbole de la solidité défensive du Verdão. Que ce soit aux côtés de Yerry Mina, Edu Dracena ou Thiago Martins, Vitor Hugo s'est montré intraitable au marquage, tranchant dans ses interventions et même décisif devant le but à quatre reprise, donnant même la victoire à ses coéquipiers par deux fois. Impassable.
Pedro Geromel. Le défenseur central de 31 ans du Grêmio, a, cette saison fait partie des 2 ou 3 joueurs qui ont porté l'équipe de Porto Alegre a bout de bras. S’il rate le G6 dans les dernières journées, il est l'un des principaux protagonistes de la victoire des gauchos en Copa do Brasil, qui les envoie au bout du compte en Libertadores. Solide la tronche de geek.
Jorge. Jorge est l'un des joueurs les plus prometteurs du centre de formation du Flamengo et a été l'un des hommes forts de la bonne saison du Mengão. Un golaço contre Figueirense en Sudamericana, un double coup du sombrero sur Camilo, Jorge, 20 ans, représente le futur et a été convoqué par Tite pour le match amical contre la Colombie.
Tchê Tchê. Cette saison, il est le nom que Cuca a le plus couché sur les feuilles de match, soit 37 fois sur 38 ! Pari osé du mercato palmeirense, le joueur de 24 ans a dépanné d'abord en tant que latéral droit avant de passer en milieu récupérateur où il a explosé. Infatigable et habile techniquement, Tchê Tchê est vite devenu un poison pour les milieux adverses. Le poumon du champion.
Willian Arão. Willian Arão a parfaitement confirmé son très bon Brasileirão 2015 avec Botafogo en remettant le couvert cette fois-ci sous les couleurs du Flamengo. L'un des meilleurs récupérateurs de ballons du championnat a pris part à 37 rencontres du Brasileirão et a même reçu le brassard de capitaine. S'il a un peu pioché sur la fin de saison, Willian Arão a été très convaincant pour sa première saison au Flamengo
Dudu. Du talent, Eduardo en a, personne n'en doutait. Mais le petit ailier (c'est un pléonasme ça non ?) a un caractère de cochon et cela le desservait lui, ainsi que ses coéquipiers. Cuca va littéralement transformer le jeune joueur de 24 ans : Le brassard de capitaine qu'il lui passera suite au départ de Prass, va agir comme un prisme, transformant son excès d'énergie du négatif au positif. En plus d'être un leader technique Dudu devient à mi-parcours la principale source d'énergie mentale de son équipe, et c'est bien lui qui soulèvera la coupe le jour du sacre.
Diego. Arrivé à la mi-saison après douze ans en Europe, Diego s'est très rapidement imposé au sein du Flamengo, où il était attendu comme le messie. Buteur lors de ses deux premiers matchs avec le Mengão, Diego est devenue le maître à jouer de l'équipe et a connu une seule défaite en 17 matchs de championnat, permettant à l'équipe de batailler pour le titre. Insuffisant au final, mais la technique et le charisme de Diego ont permis aux supporters de retrouver l'espoir.
Gabriel Jesus. La révélation du championnat, le meilleur joueur du championnat. Très attendu, Gabriel Jesus n'a pas déçu et a mené le Verdão vers le titre du Brasileirão qu'il attendait depuis 1994. Gabriel Jesus (19 ans) n'était pas encore né. Avec 12 buts en seulement 27 matchs, à seulement deux du meilleur buteur, Gabriel Jesus a été décisif pour Palmeiras dans une saison tronquée pour sa part par sa participation victorieuse aux Jeux olympiques. Plus que le futur, il représente désormais le présent pour la Seleção ainsi que pour son nouveau club, Manchester City.
Diego Souza. Sur le papier, le Sport Recife avait l'équipe pour faire une saison correcte. Au lieu de cela, le club flirtera jusqu'à l'ultime minute avec la relégation, ne devant son salut qu'à l'expérience et au sens du but d'un homme : Diego Souza, 31 ans, artilheiro 2016 avec 14 buts, à égalité avec Fred et Pottker. Sauf que lui a réalisé cet exploit en solitaire, ou presque. Chapeau bas.
Entraîneur : Cuca. Arrivé à Barra Funda en mars 2016 pour remplacer Marcelo Oliveira, l'homme de la Libertadores 2013 remportée par l'Atlético Mineiro de Ronaldinho a fait passer Palmeiras du statut d'outsider à celui de caïd du pays. Fin dans ses recrues (Tchê Tchê, Guedes, Mina), habile dans sa gestion humaine (responsabilisation de Dudu, absences de Prass et Gabriel Jésus bien manœuvrées) et surtout bien meilleur tacticien que ce que les critiques laissent croire (Deschamps style, toi même tu sais), Cuca est plus que jamais l'homme du titre pour Palmeiras. O Verdão n'a pourtant pas su le prolonger, c'est ballot.

Révélation
Marinho. Nous avons beaucoup hésité pour la révélation du championnat mais nous avons finalement décidé de récompenser la bonne saison de Marinho, décisif pour son club dans la lutte pour le maintien. Comme Gabriel Jesus, il termine la saison avec 12 buts en 27 matchs avec un coup de fouet sur la fin du championnat puisqu'il a scoré lors des six dernières rencontres. Suffisant pour sortir Vitoria de la zone rouge et pour donc être la révélation de l'année, même s'il nous a déçus en acceptant une proposition en Chine. Que merda.
Mention honorable
Guedes, Jailson, Mina, Moises, Zé Roberto (Palmeiras) / Otavio (Atlético PR) / Robinho, Fred (Atlético MG) / Zéca, Vanderlei, Thiago Maia, Vitor (Santos) / William Pottker (Ponte Preta)
Les 62 buts du champion
Copa Libertadores
Corinthians
Champion du Brésil en 2015, le Timão abordait logiquement la compet' plein de certitudes. Leur parcours en phase de poule illustre d'ailleurs parfaitement cette confiance en soi absolument compréhensible : 4 victoires, un nul et une défaite, la qualification au tour suivante est rapidement acquise. Le point d'orgue est atteint lors du dernier match de poule, où le Corinthians claque un set de tennis au champion chilien Cobresal, dont un contrôle-poitrine/ciseaux de Marlone qui finira en finale du trophée Puskas. Le match comptait pour du beurre, les deux équipes n'ayant plus rien à jouer, mais c'est beau quand même. Après ? le champion brésilien va tomber sur un Nacional uruguayen dont le groupe est rodé aux joutes continentales, bien trop solide pour un effectif paulistano en reconstruction après les départes des hommes du titre : Elimination sur un nul 2-2 à l'Itaquera au match retour, lors duquel les uruguayens ont livré une leçon de réalisme.
Atlético Mineiro
Dauphin du Brasileirão 2015, o Galo est tombé dans un groupe où le seul vrai rival semblait être le mythique Colo-Colo de Santiago du Chili. Avec un nul côté andin et une large victoire 3 à rien à Belo Horizonte, le Cacique est vite écarté, laissant la route libre vers les huitièmes. Une route sans embuche ou presque, puisqu'aux 4 victoires et un nul des mineiros s'ajoute une étonnante défaite 3 à 2, face au tout petit Independiente del Valle équatorien qui, pour sa part, ne faisait que commencer à surprendre son monde. Au tour suivant, l'Atlético croise le fer avec un très très gros argentin : Le Racing de Lisandro Lopez et Óscar Romero (qui devrait casser la baraque en 2017 à Alavès selon Lucarne Opposée). Face aux téteurs de maté, o Galo ramène un bon nul à l'aller puis s'impose 2 à 1 au retour grâce à une réalisation de son argentin Pratto. Un gros coup qu'ils réalisaient là. Malheureusement l'aventure s'arrêtera en quart face à un compatriote : Le São Paulo FC. Dominé d'un petit but au Morumbi lors du premier match (LO y était, le récit du match c'est par ici), l'Atlético pense que le plus dur est fait à la maison lorsque Carlos double la mise au bout de 11 minutes de jeu. C'était sans compter sur le solide défenseur du Tricolor Maicon, qui d'un gros coup de casque a réduit la marque quelques instant plus tard, avant de fermer boutique et éliminer les mineiros.
Grêmio
Placés dans la poule de Toluca (Mexique), San Lorenzo (Argentine) et de la LDU Quito (Equateur), les gauchos n'ont eu en fin de compte que les premiers cités comme réels adversaires. Argentins et équatoriens passant totalement à côté de leur compétition, mexicains et brésiliens se sont qualifiés sans difficulté pour les huitièmes. Classé second à cause d'un nul de plus que les aztèques, le Grêmio va tomber sur l'un des favoris au titre : Rosario Central. Les argentins vont montrer au club de Porto Alegre qu'ils sont de véritables gauchos, eux, en balayant le Grêmio en deux victoires, 0 à 1 puis 3 à 0. Circulez y a rien à voir.

São Paulo FC
Quatrième du Brasileirão 2015, São Paulo devait passer par le tour préliminaire pour participer pleinement aux festivités. Une étape passée sans vraiment se faire peur par les coéquipiers de Calleri et Ganso, qui écartèrent les péruviens de l'Universidad César Vallejo (1-1 au Pérou, 1-0 à SP). Dans la poule du tenant du titre River Plate, le SPFC va batailler avec les boliviens de The Strongest pour accéder au tour suivant. Si les altiplanos réalisent un coup au Morumbi dès la première journée, c'est finalement les paulistanos qui l'emportent à la faveur d'un petit point de grande valeur glané sur la pelouse du Monumental de River. Au tour suivant, le Tricolor prend une large avance de 4 à 0 lors du match aller face aux mexicains de Toluca, puis ne tremblera pas au Nemesio Diez malgré la défaite 3 à 1. Les quarts de finales leur réservent un duel entre auriverdes contre l'Atlético Mineiro, dont ils sortiront vainqueurs comme nous vous le contions quelques lignes au-dessus. C'est finalement un autre Atlético qui aura raison du Tricolor en demi : l'Atlético Nacional de Medellin. Impuissant face au future champion, São Paulo tombe sèchement à la maison deux buts à rien, puis s'incline définitivement en Colombie 2 à 1. Le début d'un année galère pour le SPFC.
Palmeiras
Le strapontin octroyé par la victoire en Copa do Brasil envoyait donc Palmeiras directement en phase de groupe. Cool. Moins cool fut le tirage au sort, qui a réservé au Verdão une poule compliquée, composée du Nacional Montevideo et de Rosario Central. Des clients. Si le Porcão réalise deux jolis coups face à Rosario, avec une victoire à São Paulo et un nul valeureux en Argentine, il échoit finalement à sa place la 3e du groupe, sortant donc du tournoi. Cette fois qualifié en qualité de champion du Brésil, Palmeiras abordera la Libertadores 2017 avec beaucoup plus d'ambition.
Copa Sudamericana : Du rire au drame pour Chapecoense
L'année 2016 au Brésil restera marquée par le terrible accident d'avion de la Chapecoense, qui est passé du rêve au cauchemar. Les débuts dans la compétition avaient pourtant été compliqués pour Chapecoense, qui avait dû batailler face à Cuiabá (défaite 1-0 puis victoire 3-1 au retour) pour se qualifier en huitièmes de finale. Cuiabá, qui ne dispute aucun championnat national (de la Série A à la Série D), était passé près de l'exploit, mais les exploits, ce sera ensuite la Chapecoense qui va les réaliser dans une édition décevante pour les autres clubs brésiliens, Flamengo en tête avec une élimination au Maracanã malgré la victoire au Chili face au Palestino lors du match aller. En huitième de finale, Chapecoense s'est qualifié aux tirs au but face à Independiente (avec quatre arrêts de Danilo) avant de disposer de Junior puis de San Lorenzo au bout du suspense. Chapecoense s'apprêtait à disputer le match le plus important de son histoire avec cette finale contre l'Atlético Nacional mais a vu son rêve stoppé par ce crash, qui a coûté la vie à 71 personnes, dont 19 joueurs et de nombreux dirigeants et membres de la commission technique (lire Tragédie de Chapecoense : 10 portraits pour 71 hommages).

Le palmarès retiendra Chapecoense comme vainqueur de cette Sudamericana 2016 sur une proposition de l'Atlético Nacional, exemplaire tout au long du drame et dont le comportement a permis de rapprocher les Brésiliens et les Colombiens, qui s'affronteront en amical après des rencontres extrêmement disputées depuis la Coupe du monde 2014. Si Chapecoense aurait évidemment préféré perdre la finale, ce titre officiel permettra au club de disputer la Recopa Sudamericana, et ainsi retrouver l'Atlético Nacional, vainqueur de la Copa Libertadores 2016.

Seleção : Tite, l'homme du renouveau
L'année 2016 pour la Seleção restera marquée par le départ de Dunga, remplacé par Tite (lire Tite, un entraîneur emblématique au chevet de la Seleção). Malmené en éliminatoires de la Coupe du monde 2018, le Brésil a été éliminé de la Copa América Centenario au premier tour, une première depuis 1987. Après un nul décevant contre l'Équateur et une victoire 7-1 malvenue contre Haïti, le Brésil s'est incliné contre le Pérou et a donc quitté la compétition dès le premier tour. Une élimination synonyme de licenciement pour Dunga et d'arrivée pour le tacticien Tite (lire Tite, le studieux tacticien).
L'ancien entraîneur du Corinthians a laissé sa place sur le banc à Rogério Micale pour le tournoi olympique, disputé à domicile. Après deux 0-0 frustrants en poule, les U23 du Brésil se sont réveillés, emmenés par leur capitaine Neymar et le défenseur du Paris SG, Marquinhos. L'attaque composée de deux Gabriel (Barbosa et Jesus) ainsi que Luan a enfin répondu aux attentes, battant successivement le Danemark 4-0, la Colombie 2-0 et le Honduras 6-0. En finale face à l'Allemagne, Neymar a d'abord envoyé un coup franc en pleine lucarne avant d'inscrire le dernier tir au but, permettant au Brésil de décrocher au Maracanã son premier titre olympique après de nombreuses frustrations.
Tite a donc pu s'appuyer sur ses bases pour modeler son Brésil, avec comme toujours avec lui, un milieu solide et appliqué. Le Brésil version Tite a disputé six matchs des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 pour autant de victoires. La Seleção a inscrit 17 buts pour seulement un but encaissé et a notamment battu l'Argentine de Messi sur le score sans appel de 3-0. Indiscutablement, le Brésil va mieux et retrouve ses lettres de noblesse avec une première place au classement à quatre longueurs du deuxième, l'Uruguay. Principale interrogation depuis la Coupe du monde 2014, le poste d'avant-centre a été comblé par le jeune prodige Gabriel Jesus, auteur de débuts fracassants avec la Seleção. Avec un doublé dès sa première sélection, l'attaquant de Manchester City en est désormais à 5 buts et 3 passes décisives en seulement 6 matchs et permet au Brésil d'afficher ses ambitions, même s'il faudra attendre la Coupe du monde 2018 afin de pouvoir réellement juger la Seleção de Tite.



