Après le championnat, place au dernier rendez-vous du bilan brésilien, les compétitions continentales et la sélection. Un bilan plus que positif.
1e partie : bilan du Brasileirão - 2e partie : l'équipe de la saison
Libertadores 2017 : Grêmio roule sur le continent
Un vainqueur, deux équipes en quart, trois autres en huitième ainsi que deux reversés en Sudamericana : Le Brésil a été plutôt omniprésent lors de cette Libertadores 2017 (et à priori ce sera le même potage pour 2018). Revue des troupes, en commençant par le lauréat.
Grêmio, Campeão ! Et ce coup-ci ce n’est pas qu’une petite Copa do Brasil. Très vite, Renato Gaúcho a senti que son escouade avait un coup à jouer dans cette Libertadores, et a placé toutes ses billes dans le même sac, au détriment d’un championnat et d’une coupe nationale qui étaient pourtant aussi largement à leur portée. Reste que bien lui en a pris. Directement qualifié pour la phase de poule, le Tricolor de Porto Alegre échoit d’un groupe dont il fait office de loup terrifiant tant il est à sa portée, avec le Guaraní paraguayen, le Deportes Iquique chilien et le Zamora vénézuélien dans les rôles des trois petits cochons. Avec quatre victoires, un nul et une petite défaite sans conséquence, les grêmistas soufflent la concurrence et termine logiquement premier de son groupe. Après avoir disposé des argentins de Godoy Cruz en huitième (0-1 / 2-1), les gaúchos vont réellement trembler pour la première fois de la compétition face à un Botafogo brave, accrocheur, mais moins talentueux, qui finira par s’incliner à la 62e du match retour, à Porto Alegre, par ce bon vieux Lucas Barrios (0-0 / 1-0). En demie, Luan et consorts ne feront qu’une bouché du Barcelona de Guayaquil (0-3 / 0-1), véritable ogre à brésiliens jusqu’alors, pour se hisser en finale et y affronter, enfin, une équipe partageant le même goût pour l’intelligence tactique : les argentins de Lanús. La première manche sera une véritable partie d’échec dont le Grêmio sortira vainqueur, grâce à un pion de Cicéro, qui aura bluffé les bookmakers au passage sur ce coup. Au retour, les gremistas se mettront rapidement à l’abri par Fernandinho et Luan, avant de gérer le reste de la rencontre avec calme, malgré une réduction du score sur pénalty de Sand (1-0 / 1-2). Au final, certes Lanús n’a pas été si facile à défaire, certes Botafogo ne s’est pas laisser terrasser sans difficultés, mais le constat global est assez clair : Grêmio a roulé vers sa troisième Libertadores comme Froome vers les Champs Elysées, sûr de sa force et sans accrocs. Par contre ils n’ont pas eu besoin de salbutamol. A priori.
À cœur vaillant, rien d’impossible. Ou presque en ce qui concerne le parcours de Botafogo. Car au contraire des vainqueurs gaúchos, les cariocas sont partis de loin, très loin, de la seconde phase préliminaire très exactement, lors de laquelle la tâche fut rude contre le mythique cacique chilien de Colo-Colo (2-1 / 1-1). Au tour suivant c’est au terme de la séance de tirs au but, que le Fogão parvient à écarter l’Olimpia d’Asuncíon (1-0 / 1-0 1 tab. à 3) pour, enfin, accéder à la phase de groupe. Un peu de repos ? Que nenni palefrenier : l’Etoile Solitaire hérite d’un groupe de fada, réunissant le champion en titre colombien, l’Atlético Nacional, le légendaire Estudiantes de la Plata ainsi que la future belle surprise de la compétition : Le Barcelona de Guayaquil. À la surprise générale, Botafogo termine en tête du groupe, certifié d’être au tour suivant avant même le dernier match. Histoire de continuer ce beau tableau de chasse, les cariocas se coltinent un Nacional Montevideo dont la légende n’est plus à présenter, néanmoins un brin grippé et aisément écarté (0-1 / 2-0). Le Fogão terminera avec panache, en faisant trembler le futur vainqueur de l’épreuve, Grêmio donc, ne rendant les armes que par un petit but tardif. Malgré un effectif limité et de nombreuses turbulences internes, Jair Ventura a construit une équipe joueuse et enthousiaste, qui a dépassé toutes les espérances. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est lui qui a été débauché le premier, par Santos, une fois la saison terminée.
Mêmes ambitions, mêmes assassins, les trajectoires empruntées cette année par les deux clubs les plus titrés du pays furent assez similaires. Qualifiés, l’un comme l’autre, directement pour la phase de poule, cochon et poisson ont hérité de groupes largement à leur portée : l’Atlético Tucumán (Argentine), Jorge Wilstermann (Bolivie) et un Peñarol mal en point (Uruguay) pour le Verdão, The Strongest (Bolivie), Santa Fe (Colombie) et Sporting Cristal pour le club du Roi. Sans surprise, tous deux sortiront leader de leur groupe sans trop se faire peur, ni même réellement suer. C’est donc le maillot un peu trop sec pour être honnête, que nos deux larrons vont aborder la phase finale, et faire à tour de rôle la même erreur : Sous-estimer les équatoriens du Barcelona de Guayaquil. Les premiers à tomber seront les palmeirenses, dès les huitièmes, au bout d’une séance de pénaltys tragique à São Paulo (1-0 / 1-0 4 tab. à 5), puis Santos donc, au tour suivant et à la maison également, après deux rencontres prise par-dessus la jambe (1-1 / 0-1). Au regard de leur effectif et de leurs moyens, ses deux-là auraient pu/dû faire beaucoup mieux, mais ont clairement péché par excès de confiance. Same player, try again in 2018.
La puissance de feu de l’Atlético Mineiro aura donc été entraperçu en 2017, si, si ! Sans préliminaires, o Galo n’a pas vraiment fait dans la délicatesse au sein de son groupe, composé de Godoy Cruz (Argentine), d’un Libertad piégeux (Paraguay) et de Sport Boy (Bolivie) qui sera « la crampe » des quatre. 17 buts marqués, dont 10 rien que pour les pauvres boliviens, et 6 encaissés, les mineiros prennent des airs de véritable Goliath au moment d’aborder les huitièmes. Sauf le colosse est malade : Son banc est instable et ses résultats nationaux en berne. Son David sera le bolivien Jorge Wilstermann, qui vengera donc ces compatriotes du Sport Boys en passant (1-0 / 0-0). Une année à oublier sur tous les plans pour les atléticanos.
Si vous avez lu notre résumé du Brasileirão, vous le savez déjà : La saison de l’Atlético Paranaense fut fade comme du tofu. C’est dire. Et bien la Libertadores aura été la (très) légère pincée de sel qui aura tenté de relever un peu cette mauvaise soupe du club de Curutiba. A l’instar de Botafogo, le Furacão a démarré sa compétition dès les tours préliminaires, lors desquels il eut fort à faire pour se débarrasser des colombiens du Millionarios (1-0 / 0-1 4 tab. à 2) et des paraguayens du Deportivo Capiatá (3-3 / 1-0). Leur poule sera un peu plus épicée encore : Les compatriotes cariocas du Flamengo, les argentins de San Lorenzo et les chiliens de la Católica. Goûtu. Tout ce petit monde se la donnera sévère lors d’un affrontement final à la Hunger Games, qui verra San Lorenzo et nos amis du Paraná se qualifier lors du money time, au détriment des deux autres. Pimenté. Et puis Santos viendra balancer un gros coup de flotte dans ce bouillon en huitième (2-3 / 0/1), ramenant l’Atlético Paranaense à son triste pain quotidien. En gros, du côté du Furacão, 2017 se résume en une ligne : Avoir trollé le Flamengo.
Lose flamenguista 2017, mode Libertadores enclanché. Vous venez de le lire, Flamengo s’est salement troué dans sa compétition continentale. Sauf que quand l’on y met autant de moyen, on ne frise plus le ridicule, on nage dedans. Tout avait pourtant bien commencé, avec une volée infligée à San Lorenzo (4-0), et puis le ciel s’est gâté. Alors que le Mengão était à une poigné de seconde d’accéder aux huitièmes, la brise argentine aperçu lors du premier match au Maracanã s’est de nouveau fait Ciclon, balayant cruellement les espoirs cariocas par Belluschi à la 91e minute du dernier match. O Urubu sera reversé en Sudamericana, où il effectuera un parcours dantesque ponctué par... une défaite en finale. 2017 est enfin fini pour Flamengo, n’en jetez plus...
On ne change pas une équipe qui gagne, pour la saison de la Chapecoense, également de la partie pour cette Libertadores 2017, c’est par ici (2017, l’année historique de Chapecoense) ! Spoiler : C’est franchement ballot...
Copa Sudamericana : Flamengo échoue à une marche du titre
Pour cette Copa Sudamericana, six clubs brésiliens étaient engagés dans la deuxième compétition continentale, afin de succéder à Chapecoense, sacré champion dans les circonstances que l'on connaît. La première phase est une réussite pour les Brésiliens, puisque seuls São Paulo et Cruzeiro sont éliminés, São Paulo après deux matchs nuls contre Defensa y Justicia et Cruzeiro au terme d'une séance de tirs au but contre Nacional. Le Corinthians, Ponte Preta, Sport et Fluminense se qualifient donc pour la troisième phase et sont rejoints par Flamengo et Chapecoense, qui ont tous les deux terminé la phase de groupes de Libertadores à la troisième place, et sont donc renversés en Copa Sudamericana.
Les clubs brésiliens continuent d'assurer et réussissent un parfait 6/6 lors de la phase suivante. Flamengo prend notamment sa revanche de l'année dernière en écrasant le Palestino 10-2 sur l'ensemble des deux matchs, avec le premier but en professionnel de Vinícius Júnior. Chapecoense réalise pour sa part un nouvel exploit en éliminant aux tirs au but Defensa y Justicia. À l'Arena Condá, Jandrei stoppe deux tirs au but et rend hommage à Danilo, le gardien éternel de la Chape. En huitième de finale, Sport et Flamengo se qualifient lors des deux chocs 100% brésiliens. Sport fait le boulot à l'aller contre la Ponte Preta et Flamengo écrase Chapecoense 4x0 au match retour. Sport et Flamengo joueront les quarts, tout comme Fluminense, qui a battu LDU Quito, dans une revanche de la finale de la Copa Libertadores 2008 et de la Copa Sudamericana 2009, grâce à la règle du but à l'extérieur. Cette même règle est fatale au Corinthians, éliminé après deux matchs nuls contre le Racing.
Alors que Sport est éliminé contre Junior Baranquilla, le Brésil se tourne vers le Fla-Flu. Les deux frères ennemis du football carioca se retrouvent dans cette compétition après l'édition de 2009, où Fluminense s'était qualifié, là aussi après deux matchs nuls au Maracanã. Lors du match aller, Everton marque le seul but du match et permet au Flamengo de prendre un avantage au retour. Un avantage vite effacé, puisque Lucas ouvre le score pour Fluminense dès la 2e minute. Flamengo réagit en cinq minutes avec un coup franc de Diego déposé en lucarne, avant que Renato Chaves n'inscrive un doublé pour Fluminense, portant le score à 3x1. Felipe Vizeu réduit le score, insuffisant pour que Flamengo prenne l'avantage, puisque même si les deux matchs ont lieu au Maracanã, Flamengo est considéré comme l'équipe recevant à domicile pour le match retour. La délivrance intervient à la 84e minute sur un coup de tête de Willian Arão. Le Maracanã explose dans une ambiance indescriptible et Flamengo avance en demi-finale.
Face aux Colombiens de Junior Barranquilla, Felipe Vizeu marque un but à l'aller et un doublé au retour, lui permettant de terminer co-meilleur buteur de la compétition. Flamengo retrouve en finale Independiente, pour une revanche de la finale de la Supercopa Libertadores 1995. Flamengo connaît sa première finale continentale depuis la Copa Mercosul 2001, perdue face à San Lorenzo. Lors du match aller en Argentine, Rever ouvre le score dès la 8e minute pour les rubro negros mais Flamengo s'incline finalement. Au retour, de nombreux débordements ont lieu aux abords du Maracanã. Une nouvelle fois, Flamengo ouvre le score, grâce à au jeune Lucas Paquetá, mais le club carioca va une nouvelle fois concéder l'égalisation. Après la finale perdue de coupe du Brésil contre Cruzeiro, Flamengo connaît une nouvelle désillusion en finale.
Seleção : Des certitudes avant la Coupe du monde
Qu'il semble loin le temps où le Brésil de Dunga se demandait s'il verrait la Russie après seulement deux victoires en six matchs d'éliminatoire. Nommé sélectionneur en juin 2016, Tite a parfaitement relevé la mission, faisant du Brésil un candidat naturel à la victoire finale en Coupe du monde. Après un parfait 6/6 sous Tite en 2016, le Brésil a débuté l'année 2017 par le match de l'amitié contre la Colombie en hommage aux victimes de Chapecoense. De retour aux éliminatoires, le Brésil a été une nouvelle fois convaincant avec une victoire 4x1 contre l'Uruguay (triplé de Paulinho) puis 3x0 contre le Paraguay. Le Brésil enchaîne une huitième victoire consécutive en éliminatoire et devient le premier pays qualifié pour la Coupe du monde après la Russie ! Inespéré il y a un an, le Brésil parvient à combiner résultats et jeu convaincant. Le tout sans réel capitaine, puisque Tite prend l'habitude de faire tourner le brassard.
Le match suivant voit la première défaite du Brésil sous l'ère Tite : une défaite 1x0 contre l'Argentine lors d'un match amical disputé en Australie, alors que – il faut le rappeler – Neymar, Dani Alves, Miranda, Marquinhos, Marcelo et Casemiro n'étaient pas convoqués pour ce match de fin de saison. Qualifié pour la Coupe du monde, le Brésil sera moins flamboyant ensuite, concédant notamment le match nul face à la Colombie et la Bolivie en éliminatoires.
Avec un 4-3-3 solide autour de Casemiro en pointe basse, le Brésil s'appuie sur un trio offensif d'exception, composé de Neymar, Gabriel Jesus et Coutinho. Pourtant, le meilleur buteur de la Seleção en 2017 se nomme Paulinho, avec cinq réalisations ! De plus, lors du dernier match de la saison, un match amical contre l'Angleterre, Tite a aligné le onze suivant : Alisson, Dani Alves, Marquinhos, Miranda, Marcelo, Casemiro, Paulinho, Renato Augusto, Neymar, Philippe Coutinho et Gabriel Jesus. Si à l'heure actuelle, ce onze est l'équipe-type imaginée par Tite, c'était la première fois que ces onze joueurs ont été alignés ensemble, Tite ayant toujours eu à gérer des blessures ou suspensions. Le Brésil sera en Russie dès le mois de mars pour un match amical, mais c'est bien en juin et juillet que la Seleção sera attendue en 2018. Quatre ans après l'humiliation reçue à domicile, le Brésil n'aura qu'un seul objectif : décrocher la sixième étoile.


