Le championnat reprend ses droits au Chili avec une nouvelle formule mais des candidats au titre qui restent cependant toujours les mêmes. Présentation de la saison et retour sur la première journée.
S’aligner sur l’Europe est devenu un phénomène de mode en Amérique du Sud. Alors que certains, comme l’Uruguay, décident de revenir aux fondamentaux, d’autres, comme l’Argentine, déjà bien embourbée dans sa formule marathon, et maintenant le Chili, décident de copier. C’en est donc fini des tournois courts de l’autre côté des Andes, le Chili opte à son tour pour le tournoi unique qui va courir sur toute l’année calendaire. Si d’un côté, cela rend le championnat plus lisible, les sept premiers se qualifient pour des compétitions continentales, les deux derniers sont relégués, on peut toujours se questionner sur la pertinence de ces formats « à l’européenne » dans des régions du monde où les effectifs sont totalement bousculés à chaque période de transfert du fait notamment de l’incapacité des clubs à pouvoir suivre sur le plan économique. Quoi qu’il en soit, le format choisi est donc un tournoi unique en phase aller-retour qui couronnera donc, au bout de 30 journées, son champion. Les trois premiers se qualifieront pour la Copa Libertadores 2019 (les deux premiers en phase de groupe, le troisième au 2e tour de qualification), les quatre suivants iront en Sudamericana. Si le format change, finalement, les candidats au titre et aux accessits demeurent.
Entretenir la tradition
Il faut dire qu’une formule sur 30 journées devraient avantager les équipes aux effectifs les plus riche, l’opportunité de « faire un coup » sur 15 journées étant désormais révolue. On devrait donc retrouver les mêmes et traditionnelles équipes qui vont lutter pour le titre. À commencer par le champion sortant, Colo-Colo. Certes le recrutement n’a pas été aussi riche qu’espéré, même si le retour au pays de César Pinares, parti faire une pige de quelques mois (et sept matchs) aux Émirats après un bon passage du côté d’Unión Española, celui de Carlos Carmona, qui devrait apporter expérience et stabilité au milieu et l’arrivée du vieillissant Juan Manuel Insaurralde, dont l’accès à la titularisation était totalement barré à Boca. Bref, malgré un premier titre en 2018, la Supercopa, rien de bien ébouriffant côté Albo et quelques coups de gueule en coulisse (ou dans les médias) à commencer par celui du Mago Valdivia qui sent venir le danger d’un effectif trop peu riche dans la perspective de jouer championnat ET Libertadores, l’inévitable défi de première partie de saison pour tout géant chilien qui se respecte. Il en sera de même du côté de l’Universidad de Chile quant aux objectifs, mais il semble que le recrutement a été bien plus malin du côté des universitaires. En s’offrant les services d’Ángelo Araos, l’un des bijoux d’Antofagasta, et de la merveille vénézuélienne Yeferson Soteldo, la U s’adjuge deux perforateurs supplémentaires et muscle significativement son potentiel offensif, pourtant déjà grand. Les amateurs de LO suivront également avec attention l’évolution d’Armando Cooper, arrivé libre de Toronto. Remise dans le droit chemin par Hoyos, cette U est le candidat naturel au titre, le principal concurrent de Colo-Colo. Signe que les traditions demeurent.
Mais il ne faut cependant pas enterrer le duo Unión Española – Universidad Católica, même si les dynamiques sont bien différentes chez l’un de chez l’autre. Côté Hispanos, la première étape va être celle de la digestion : comment vivre en oubliant la perte d’un titre dans les dernières journées du Transición (et la défaite concédée face à Colo-Colo) ? comment oublier la perte d’une place en Libertadores lors d’un barrage totalement raté face à l’Universidad de Concepción ? L’heure va donc être à la revanche pour Martín Palermo dont le groupe n’est finalement que peu modifié. Certes le magnifique Gustavo Canales a pris sa retraite mais le coach argentin a conservé ses pépites, à commencer par les deux Pablos, Aránguiz et Galdames, s’offre une belle recrue avec le latéral/milieu gauche Misael Dávila, toujours performant à Iquique, et devrait s’appuyer sur un nouveau duo d’attaque, composé de Tobías Figueroa (21 buts en 37 matchs de Primera B argentine avec Guillermo Brown qui a manqué la montée pour deux petits points) et de Gary Tello. Les Hispanos ont largement de quoi prétendre au titre, leur calendrier moins chargé devrait leur permettre d’accumuler rapidement quelques précieux points sur la première partie de saison, les deux matchs de Sudamericana prévus en février/mars ne devant pas poser de véritable surcharge. Le calendrier est encore plus léger pour la Católica mais la dynamique est bien différente puisque les Cruzados entament un nouveau cycle avec l’arrivée du talentueux Beñat San José sur le banc à la place de Mario Salas après une fin d’année 2017 des plus décevantes (onzième du Transición avec seulement quatre petites victoires). Conséquence, il y a eu du mouvement dans l’effectif. Cristopher Toselli est parti au Mexique après 10 ans passés à garder les cages, Matías Dituro, le gardien buteur arrive à sa place avec son coach de Bolívar, le Tanque Silva, si décevant, est rentré au pays, la pépite Jeisson Vargas définitivement partie en MLS. Côté arrivées, quelques prêts intéressant comme celui d’Andrés Vilches mais rien de flamboyant. On compte ainsi s’appuyer sur un nouveau discours et des joueurs avides de se rattraper après les échecs de 2017. Reste à voir si cela suffira pour lutter à armes égales avec les trois autres favoris.
Pluie d’outsiders
D’autant que derrière les traditionnels favoris se cachent aussi quelques outsiders aux dents longues. C’est ainsi le cas d’Everton. La filiale des Mexicains de Pachuca est depuis deux tournois un véritable empêcheur de tourner en rond passant le Transición dans le top 5 après avoir un temps visé le titre lors du Clausura précédent. Sans véritable star mais avec un groupe homogène et cohérent, Pablo Sánchez a ainsi construit une équipe aussi sérieuse que redoutable et surtout conserve un groupe finalement assez stable, les seuls départs étant soit des retours de prêts, soit justement de nouveaux prêts. C’est aussi le cas de l’Universidad de Concepción. Dirigé par l’excellent Francisco Bozán, qui a envoyé le club en Libertadores – même si au final, la U de Conce a été balayée par Vasco – , le Campanil est une menace régulière à l’échelle du championnat qui s’est fortement renforcée, notamment sur le plan offensif avec les arrivées de Jean Paul Pineda, auteur d’un tournoi remarquable avec les Wanderers (sept buts en seize matchs), de Luis Pedro Figueroa, champion avec Colo-Colo et de Santiago Silva, un autre Tanque uruguayen qui a fait son taf en Colombie avec l’América Cali et dont l’association avec Hugo Droguett, meilleur buteur du club lors du dernier tournoi, s’annonce plus qu’intéressante. Un groupe qui se retrouve donc renforcé et qui espère confirmer que sa troisième place au Clausura était plus le reflet de sa valeur que sa modeste dixième place lors du Transición). On suivra également l’évolution d’Audax Italiano, l’une des belles équipes du dernier tournoi qui n’a finalement jamais réussi à basculer du bon côté pour aller jouer le titre jusqu’au bout mais qui s’en sort avec une qualification en Sudamericana et s’offre surtout la légende Sebastián Abreu, 41 ans mais qui a marché sur la Primera B avec Puerto Montt en claquant 11 buts en 13 sorties, terminant ainsi meilleur buteur de la B avec l’Argentin Lucas Simon), le Deportes Temuco, qui ne fait pas de bruit mais sort de deux bons tournois après avoir été totalement redressé par Dalcio Giovagnoli (neuvième du Clausura mais à égalité de points avec le cinquième, sixième du Transición), jouera la Sudamericana et continue de recruter malin (on notera les arrivées de Gustavo Gotti, ancien d’Instituto, de l’excellent Alfredo Ábalos, auteur d’une remarquable saison avec Curicó Unido, de Guillermo Hauché, prêté par le Racing argentin après son passage chez les Hispanos ou encore du jeune Alfredo Pussetto, deux petits matchs (et un but) avec Rafaela), les Pumas d’Antofagasta, qui tenteront le pari Felipe Flores, dont l’aventure mexicaine s’est finie en eau de boudin, et s’offrent l’excellent Juan Ignacio Duma. À ceux-là, il ne faut pas oublier d’adjoindre le O’Higgins de Gabriel Milito, qui ramène à la maison l’excellent Ramón Fernández, si précieux par le passé au club, notamment lors de l’Apertura 2012 et recrute Nicolás Mazzola, ancien espoir offensif argentin (notamment en u17) qui arrive du Gimnasia avec qui il a réalisé un passage plutôt satisfaisant, sans être pour autant génial, ou encore Huachipato, qui a l’habitude de se faire piller de saison en saison, après Sagal, l’heure est venue de perdre Soteldo, mais est toujours aussi malin dans sa politique de recrutement. En atteste les arrivées de Gabriel Torres, excellent buteur panaméen de retour d’un expérience européenne mitigée et d’un nouveau représentant de la filière vénézuélienne du club, José Caraballo.
Reste enfin les grandes interrogations : le Deportes Iquique a mis fin au cycle Jaime Vera en fin d’année dernière, cycle qui l’a emmené jusqu’en Libertadores (avec une victoire face au futur vainqueur de l’épreuve Grêmio) puis en Sudamericana (défaite face à Independiente, futur vainqueur de l’épreuve également) et tenter de reconstruire avec Erick Guerrero, un pur produit local. Pour cela, le club a réalisé quelques jolis coups : Michael Rios Nicolás Royón, Raúl Becerra ou encore Juan Pablo Miño. Reconstruction également pour Palestino, qui a frôlé la correctionnelle l’an passé, et sous la houlette de Germán Cavalieri rêve d’une année 2018 plus calme. Là aussi, de nombreux départs, dont celui de Roberto Cereceda, plusieurs arrivées, dont celle d’un ancien de la maison, César Cortés et surtout de grandes incertitudes. Trois équipes devraient enfin essentiellement lutter pour leur survie : San Luis, Curicó Unido et le promu Unión La Calera, énième point de chute de Brian Fernández.

Première journée : la U chute d’entrée
La première journée offrait un choc entre candidats au titre entre Universidad de Chile et Ungión Española. Il ne fallait que cinq minutes à Misael Dávila pour valider son transfert, les Hispanos de Palermo ouvraient la marque et lançaient le match de la meilleure des manières. Misael Dávila était impliqué dans les bons comme les mauvais moments comme sur la faute concédée sur Rodríguez qui permettait à Pinigol d’inscrire son 10e but avec la U depuis son retour. Pour le reste, on a surtout vu du rouge perforer une défense universitaire des plus larges et un Herrera revêtir le costume de héros. Un temps seulement. Car si Pinilla y est allé de sa traditionnelle barre transversale, ce sont les hommes de Palermo qui se sont montrés les plus dangereux et ont finalement eu la récompense qu’ils méritaient en s’adjugeant la victoire. La U chute donc d’entrée de tournoi, David Pizarro envoie des boites dans la presse d’entrée, historie de rappeler à tout le monde que la U n’est pas un club comme les autres, n’hésitant pas à exhorter les nouvelles recrues à rapidement se mettre au niveau. Ailleurs, Esteban Paredes est toujours immortel, il offre la victoire du champion à Antofagasta, Dituro y va de sa boulette mais ne prive pas la Católica d’un court mais précieux succès, les Dragones d’Iquique remportent le match le plus spectaculaire de la semaine à Viña del Mar et Huachipato réussit le gros coup en s’imposant avec la manière à La Florida face à Audax Italiano.
Les buts
Résultats




