Il aura fallu produire un dernier effort pour finalement décrocher un titre qui avec le recul est d’une grande logique. Au prix d’un dernier succès en championnat, l’Universidad Católica est sacrée championne du Chili pour la treizième fois de son histoire.
Un dernier effort pour s’éviter la mauvaise surprise de devoir tout régler sur une finale (Concepción, à trois points au coup d’envoi pouvant arracher une égalité au général et donc un match d’appui) : telle était la mission de la Católica qui se rendait au Germán Becker pour y affronter un Deportes Temuco qui jouait sa survie dans l’élite. La tension était palpable, elle semblait basculer en faveur des visiteurs lorsque Mathías Riquero était logiquement exclu d’entrée de match pour une horrible agression sur Saavedra. Et pourtant, Donoso exploitait parfaitement un long ballon et faisait parler l’expérience devant Lanaro pour obtenir un penalty que Miguel Aceval transformait. Au quart d’heure, l’opération survie de Temuco partait idéalement. Cela n’allait pas durer. La faute à un Palestino qui pliait l’affaire en quelques minutes face à Huachipato, rendant toute victoire de Temuco inutile, la faute aussi et surtout à des Cruzados qui allaient accentuer la pression. Les occasions se multipliaient sur les cages de Gamonal et si Bertochi perdait le face-à-face décisif de début de deuxième période, celui qui aurait donné de l’air aux locaux, la Católica allait retourner le match, d’abord par Jaime Carreño, d’une demi-volée parfaite, ensuite par Andrés Vilches, à peine une minute après que les échos de l’ouverture du score de l’Universidad de Concepción au Monumental face à Colo-Colo venait de parvenir dans le Sud du pays. La U de Conce s’imposera sur les terres d’un Cacique qui se satisfera d’avoir sauvé sa place en Sudamericana, mais ce sera insuffisant. Car les Cruzados vont tenir leur résultat, à l’image de toute leur saison, et décrochent ainsi leur treizième étoile.
Les miracles de Beñat
Ce succès, c’est celui de Beñat San José. Les habitués de LO ont déjà apprécié son travail du côté de La Paz, où il fut sacré avec Bolívar, ceux qui ont suivi la saison chilienne ont découvert les capacités de construction du jeune coach espagnol. Après avoir récupéré une équipe blessée, la fin de l’ère Salas étant loin des bicampeonato décrochés avec le technicien chilien (le dernier titre avait déjà été célébré au Germán Becker de Temuco, clin d’œil du destin), l’Espagnol a dû fabriquer en se reposant sur plusieurs jeunes encadrés de quelques hommes d’expériences qui ont tenu cette Católica. Des hommes comme Luciano Aued, le pilier de cette équipe, celui qui lui permettait de conserver toujours son équilibre avec le gamin Ignacio Saavedra, 19 ans et un bel avenir qui se dessine. Des hommes comme l’excellent Matías Dituro qui a brillé dans les buts cruzados tout au long de la saison. Des hommes enfin comme la machine à créer Diego Buonanotte, parfois irrégulier, mais dont les fulgurances restent des moments de bonheur. Le triomphe de la Católica, c’est celui d’une machine parfaitement équilibrée, capable de lutter pour grappiller le moindre point, capable de résister et frapper quand l’occasion lui était présentée, à l’image de ce match final du championnat. Leaders, les Cruzados l’ont été 26 des 30 journées du tournoi, imperturbables, insensibles à la pression. C’est le tour de force de Beñat San José, encore un. Il est désormais certain que le jeune entraîneur espagnol ira encore plus haut.
Unión Española sauve sa place
La Católica et Concepción en Libertadores, accompagnés la U et de Palestino, Antofagasta de la révélation Eduard Bello dont on attend avec impatience le retour assuré de jouer la Sudamericana, Colo-Colo aussi, le suspense restait donc derrière pour décider de l’identité des deux derniers qualifiés à la deuxième compétition continentale. Le moins que l’on puisse dire est que cela aura tenu à un rien. Face à La Calera, qui n’avançait plus depuis huit matchs, restant muette depuis sept, Unión Española s’est fait peur. Accrochés au Santa Laura, concédant l’ouverture du score en première période, les Hispanos doivent finalement leur qualification pour la Sudamericana à la faillite totale de Huachipato sur les quatre derniers matchs soldés par autant de défaites, la dernière à La Cisterna lors du sauvetage de Palestino. Tout sera à reconstruire au royaume espagnol du Chili, le départ de Martín Palermo le mois dernier ayant conclu une année de crise, notamment avec Fernando Díaz qui lui a succédé. La qualification continentale devrait cependant ramener un peu de calme. Un calme qui ne sera également l’un des premiers objectifs pour les deux géants Universidad de Chile et Colo-Colo. L’un pourra s’apaiser (quoi que) en jouant la Libertadores, le second, après avoir trouvé l’homme qui reconstruira sur les ruines d’un Albo totalement à la dérive ces derniers mois, à peine maintenu par le rendement exceptionnel de l’immortel Esteban Paredes. Bref, 2018 se termine qu’il nous tarde déjà de vivre 2019. Une saison que Temuco et San Luis vivront en deuxième division, remplacés par Coquimbo Unido, champion de Primera B, et Cobresal, vainqueur de la Liguilla.