Pour le retour du championnat chilien, la problématique est la même chez les géants. Qu’ils aient réussi ou non leur année précédente, tous initient un nouveau cycle en 2019. Et quelques outsiders entendent bien en profiter.
C’est reparti pour trente journées d’un championnat de première division chilienne qui s’annonce plus ouvert que jamais. Quinze journées sont ainsi prévues d’ici la Copa América histoire de se servir de la compétition continentale qui verra la Roja défendre sa double couronne comme d’une mi-saison. Seize équipes se présentent sur la ligne de départ, Cobresal et Coquimbo dans le rôle des promus.
Nouveau cycle chez les géants
Lorsque l’on évoque la Primera División, trois noms viennent naturellement à l’esprit au moment de remplir la case « candidat au titre ». Premier d’entre eux, le champion sortant, l’Universidad Católica. Formidable machine à efficacité la saison passée, les Cruzados ont perdu leur entraîneur, l’excellent Beñat San José, et doivent donc reconstruire. Gustavo Quinteros, auteur de passages très réussis en Bolivie et en Équateur (du côté d’Emelec et de la sélection), prend place sur le banc et devrait quelque peu entraîner des changements dans la philosophie de la Católica. Côté effectif, au-delà des fins de prêt, peu de départs importants, mise à part sans doute celui de David Llanos, auteur d’une bonne saison. Côté arrivées en revanche, la Católica a réussi plusieurs coups intéressants : elle rapatrie sa pépite Jeisson Vargas, auteur d’une saison moyenne du côté de Montréal, ramène au pays l’international Edson Puch, qui n’aura finalement brillé qu’à Necaxa en Liga MX (sans que ses performances soient finalement très décevantes à Querétaro), récupère César Pinares, venu libre, et conserve ses cadres. De quoi véritablement ambitionner la conservation de son titre avec optimisme.
D’autant que les deux autres grands sont également en reconstruction. Du côté de La U, miraculeux troisième du dernier championnat, Frank Kudelka a affirmé sa mainmise sur son groupe et su imposer ses choix. Conséquence, le club a procédé à un vaste remue-ménage. Car si le départ de Yeferson Soteldo vers le Brésil n’est finalement la conséquence du fait qu’il était probablement le seul joueur bankable du groupe l’an passé, pour le reste, tout est chamboulé. Gonzalo Jara est poussé dehors, Rafael Vaz, l’un des tauliers la saison passée rentre au pays, David Pizarro part à la retraite, Vilches, Lorenzetti et Seymour, qui auraient pu assumer un rôle de cadre, quittent le navire. Rayon arrivées, à l’exception du joli coup Gabriel Torres, deuxième meilleur buteur du dernier championnat, peu de noms ronflants, des recrutements en adéquation avec l’idée de jeu de l’Argentin, en témoigne le duo Sergio Vittor - Lucas Aveldaño en défense, et surtout une vraie cure de rajeunissement dans l’effectif. On repart donc sur un nouveau cycle (près de six joueurs du onze type 2018 sont partis) avec des choix des plus risqués pour Kudelka. Qu’ils soient sur le terrain donc ou en coulisses comme lorsqu’il s’est agi d’annuler la Noche Azul, traditionnel rendez-vous qui permet de présenter la nouvelle équipe aux fans, pour lui préférer un match de préparation en vue de la Copa Libertadores. L’élimination d’entrée face à Melgar, avec deux matchs sans marquer, a déjà mis une forte pression sur l’Argentin, nul doute que le bateau U de Chile va souvent tanguer cette saison. Comme l’an passé, dirons certains, ce qui ne l’avait pas empêché de jouer le titre.
Chez le grand rival, Colo-Colo, le chantier est tout aussi important. Héctor Tapia parti, le premier gros coup du Cacique a été l’attraction de Mario Salas sur le banc. Un technicien qui a déjà plus que fait ses preuves et dont le football offensif a tout pour plaire aux fans albos. Le recrutement va d’ailleurs dans ce sens puisque Colo-Colo a frappé plusieurs gros coups devant : Pablo Mouche, Andrés Vilches mais surtout le duo Gabriel Costa (26 buts, 19 passes décisives avec le Sporting Cristal de Mario Salas l’an passé) – Javier Parraguez (11 buts en championnat l’an passé avec Huachipato) pour épauler la légende Esteban Paredes (meilleur buteur du dernier exercice), ce Cacique a tout pour faire mal à bien des défenses cette saison. Il a en tout cas les armes requises pour aller chercher un titre perdu l’an passé et surtout rattraper une année 2018 totalement catastrophique même si el Eterno Campeón a brillé en Libertadores.
Antofagasta – Concepción en embuscade
La surprise pourrait bien se nommer Deportes Antofagasta. Déjà performants lors du dernier championnat, les Pumas se mêlant même à la course au titre avant de céder et de terminer à une historique quatrième place – meilleure performance de l’histoire du club, ils pourraient bien saisir leur chance cette année. Pour cela, Gerardo Ameli dispose d’un groupe renforcé, effet qualification pour la Copa Sudamericana. L’excellent Agustín Rossi, finaliste de la dernière Libertadores dans les cages de Boca Juniors, arrive pour palier la suspension de Paulo Garcés, Gonzalo Fierro vient apporter son expérience en défense, José Bandéz vient jouer le rôle du nouveau diamant vénézuélien et surtout Tobías Figueroa, troisième meilleur buteur du précédent exercice, vient renforcer une attaque déjà performante (la meilleure du pays la saison dernière). Avec à leurs côtés l’exceptionnel Eduard Bello, Antofagasta a tout pour être l’outsider numéro 1 de ce championnat.
Dans ses pas, on suivra évidemment la très belle Universidad de Concepción de Francisco Bozán. Proposant l’un des plus beaux jeux du championnat, le Campanil a lutté jusqu’au bout dans la course au titre et s’appuiera donc sur bien des certitudes. Du côté de l’effectif, plusieurs arrivées intéressantes. Alexis Rolín et Germán Voboril en défense, Josepmir Ballón et Nico Maturana au milieu, Pato Rubio et ses qualités de buteur devant, Bozán dispose désormais d’un groupe suffisamment étoffé pour venir se mêler à la lutte pour les premières places. Reste à savoir si la Libertadores, et un groupe largement à portée, ne pompera pas trop d’énergie.
Derrière, Fernando Díaz a eu la tête de Martín Palermo à Unión Española, il a donc quitté donc ses fonctions de directeur sportif en fin de saison dernière pour s’assoir sur le banc et se retrouve désormais avec un effectif qui a forcément subi quelques retouches mais semble se renforcer offensivement avec l’arrivée d’un duo Llanos – Caballero plus qu’intéressant sur le papier. Avec le nouveau retour de Felipe Seymour au milieu, les Hispanos sont candidats aux accessits. À leurs côtés, quelques habituels et autres équipes séduisantes en 2018. À commencer par La Calera. Longtemps candidats au titre, les Cementeros s’offrent Walter Bou, ancien de Boca et permettent à Marcelo Larrondo l’opportunité de découvrir le championnat de son deuxième pays de naissance et à Augusto Batalla, ancienne promesse de River Plate, la possibilité d’enfin lancer sa carrière. Huachipato, qui va devoir tout de même retrouver un duo offensif après les pertes de Torres et Parraguez mais qui continue d’activer sa filière vénézuélienne en attirant le magnifique Brayan Palmezano, brillant durant le Sudamericano chilien, O’Higgins qui va désormais devoir faire sans la légende Pablo Calandria, parti à la retraite, et désormais directeur sportif du club céleste, ou encore Everton, le plus mexicain des clubs chiliens (propriété du Grupo Pachuca) et que voit donc arriver sur son banc Gustavo Díaz, en provenance de León (autre club de la galaxie Pachuca). On observera également avec attention le Palestino d’Ivo Basay, déjà auteur d’un bon début d’année en Libertadores, le Deportes Iquique de Pablo Vitamina Sánchez qui s’offre lui aussi son Vénézuélien avec Jacobo Kouffati qui arrive de Chine et enfin, bien évidemment le promu Coquimbo Unido et son duo Pinilla – Pineda devant qui pourra bien endosser le rôle de poil à gratter.
Première journée : les Pumas mordent, la U déjà en crise
Alors que le champion sortant se défait du piège tendu par Coquimbo, que Colo-Colo écarte tranquillement les Hispanos, la U est déjà en crise. Sortie sans but face à Melgar en Libertadores, la bande à Kudelka est accrochée au Nacional par l’autre promus, Cobresal, et commence déjà à animer la rubrique « règlements de compte en coulisses » par médias interposés. Johnny Herrera a déjà envoyé la première missive en s’en prenant ouvertement à ses dirigeants, qu’il accuse de n’avoir pas bien travaillé au moment de construire l’équipe. La saison démarre fort chez les universitaires. Loin des tracas, La Calera débute idéalement, emmenée par son association Boca-River, Bou et Larrondo, Huachipato se défait d’un O’Higgins qu’il a souvent dominé. Mais le gros résultat de la première journée est évidemment pour Antofagasta qui écrase Audax à La Florida avec déjà un but pour Tobías Figueroa et une nouvelle passe décisive d’Eduard Bello.