Il a fallu attendre cinq mois pour que le football reprenne au Chili. À quelques jours du retour de la Libertadores, les clubs de l’élite pouvaient retrouver le rythme de la compétition. Un rythme dont les géants ont bien besoin.

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15 mars 2020, Audax et Universidad de Concepción se quittent bons amis sur un score de parité. Le but de Maximiliano Quinteros qui permet à la U de Conce de ramener un point est le dernier du championnat chilien jusqu’au 29 août. Entretemps, la crise du COVID-19 a frappé, n’a évidemment pas épargné le football local, continuant à le fragiliser (que ce soit les instances ou les clubs). En coulisses, on aura assisté à quelques passes d’armes entre joueurs et clubs, on aura vu de nouveaux présidents nommés, comme Cristián Aubert à la tête d’Azul Azul et donc de la U, ou encore Pablo Milad, nouveau patron du football chilien, élu de deux voix à la tête de l’ANFP au terme d’une élection qui a suscité quelques polémiques (impliquant par ailleurs Cristián Aubert) et qui s’est retrouvé face à un vaste chantier économique et sportif (gestion du diffuseur, soutien des divisions inférieures, etc.). Autre chantier donc, la reprise du football local. Milad s’est d’abord trop rapidement avancé en annonçant un retour du football mi-août alors que le feu vert ne pouvait venir que des autorités. Des autorités qui ont finalement annoncé, via le Président Sebastián Piñera, le retour du football au dernier week-end du mois avec la mise en place d’un protocole et de sanctions parfois assez importantes : citons par exemple l’interdiction de célébrer les buts en se jetant dans les bras de ses coéquipiers (sous peine d’avertissement pour le capitaine), l’interdiction de tousser ou se moucher sur le terrain (sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à des matchs de suspension), l’interdiction d’échanger les maillots (sous peine d’avertissement), le port du masque obligatoire. Les stades ont également subi plusieurs inspections pour être jugés aptes à accueillir le retour d’un football sans supporters. Un football qui a donc pu revenir.

Les géants au tapis

Rien de mieux qu’un duel entre le doyen et le plus titré pour rouvrir le championnat. Au Monumental, Colo-Colo accueillait les Wanderers pour lancer la machine. Toujours dirigés par l’intérimaire du mois de mars, Gualberto Jara, les Albos devaient vivre avec les semaines de tensions ayant opposé joueurs et dirigeants durant la crise, mais aussi avec une place au classement bien en deçà des espérances (douzième à douze points du leader, Universidad Católica). Tout avait bien commencé pour ses hommes qui ouvraient le score peu avant la demi-heure sur un bijou de l’immortel Esteban Paredes, juste conclusion d’une première partie de match qui avait vu les Albos se procurer les meilleures situations. Mais il y avait des signes qui auraient dû servir d’avertissement, notamment le souci entre les lignes, le milieu de Colo-Colo se retrouvant souvent bien dépeuplé, et les largesses défensives à l’opposé du porteur de balle. Alors les Wanderers en ont profité. D’abord sur des frappes longue distance, ensuite sur une touche grattée grâce à un bon pressing et un centre qui trouvait Ubilla seul au second. 1-1 balle au centre à la pause et un Colo-Colo qui allait ensuite peiner pour se montrer véritablement dangereux, parvenant tout de même à reprendre les devants sur penalty, mais qui allait finalement céder sur deux nouvelles erreurs défensives (avec toujours cette liberté laissée aux adversaires côté opposé) qui ont permis au Decano de s’imposer à Macul grâce à un doublé signé Enzo Gutiérrez. Pas vraiment de quoi se rassurer pour Colo-Colo à une semaine du Superclásico

Sauf que du côté de la U, les choses ne sont guère meilleures. À San Carlos de Apoquindo, la U a d’abord pris un bouillon face à un Palestino toujours aussi intéressant dans le jeu et s’en est remis parfois à la chance, comme sur cette tête d’Acevedo qui fuyait le cadre, parfois à De Paul pour tenir. Et en a été rendu à jouer le contre pour débloquer la situation : un long dégagement de De Paul, une mauvaise appréciation d’Acevedo et une combinaison à trois entre Guerra – Larrivey – Montillo, permettant l’ouverture du score. Un but qui a semblé sonner un Tino incapable de réagir ensuite jusqu’à la pause et qui se retrouvait de nouveau assommé dès le retour des vestiaires lorsque Montillo trouvait Larrivey pour le 2-0. Cela pourrait suffire à donner quelques certitudes. Mais, même malgré le confinement, cette U n’en a pas. Alors Palestino s’est remis en action, boosté par le but justement refusé à Campos Lopez. Ce dernier s’offrait une dernière énorme occasion avant de céder sa place à Tarifeño, mais le Tino dominait alors de nouveau la partie. Restait alors au destin à y aller de son clin d’œil en réactivant la « loi de l’ex » : Benegas réduisait l’écart à dix minutes de la fin, l’équilibre déjà fragile de la U était davantage menacé. Il s’effondrait dans les ultimes secondes sur une merveille du Mago Jiménez. Et voilà comment la U ne parvient toujours pas à s’installer en tête et s’offre même quelques doutes tant elle n’est pas protagoniste dans ses matchs.

Deux géants qui s’embourbent, la question était de savoir si celui qui marche sur le pays depuis deux saisons et demi, l’Universidad Católica allait reprendre sa marche en avant. Comme ses deux camarades, la Católica n’a pas gagné. Pire, elle a imité Colo-Colo. Mais le contenu du match face à Unión Española fut bien différent tant les Cruzados d’Ariel Holan ont dominé de la tête et des épaules. Il aura fallu une rareté, une faute de main de Dituro pour permettre aux Hispanos de marquer leur seul but de la rencontre. Il aura fallu ensuite un incroyable concours de maladresses devant le but des offensifs de la Católica pour que ce but reste unique, Zampedri, Lescano et Fuenzalida gâchant tour à tour quand les seuls buts inscrits par les Cruzados n’étaient pas refusés pour hors-jeu. Certes cette Católica manque encore de rythme et de fluidité, mais la défaite a paru bien injuste pour un leader qui ne l’avait pas connue jusqu’ici. La belle affaire de la reprise est donc pour La Calera qui s’impose sur le terrain de Curicó Unido (non sans souffrance), et recolle à la première place.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.